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La bataille de Berkeley

 

L’université californienne de UC Berkeley est devenue depuis l’élection de Donald Trump l’un des foyers les plus actifs de résistance et d’opposition aux politiques du nouveau président mais aussi le théâtre d’affrontements violents entre groupes des deux extrêmes.
 
Des manifestations étudiantes ont dégénéré ce weekend dans le campus de la Bay Area, l’une des plus importantes universités publiques de Californie (40 000 étudiants) mais aussi l’une plus libérales et politisées du pays – Michel Foucault y donné plusieurs séminaires en 1975.
 
Ce qui fait la réputation de Berkeley, c’est la tradition du militantisme étudiant né dans les années soixante à travers le mouvement pour la liberté d’expression.
Il existe aujourd’hui une centaine d’associations et de groupes politiques estudiantins au devant des manifestations le lendemain du 8 novembre, mais ces rassemblements sont devenus le prétexte d’affrontements violents entre militants anti-fascistes et supporters al-right et néo-nazis. 
 
Début février, une conférence organisée par des étudiants conservateurs et autorisée par l’administration, censée recevoir l’ancien journaliste-provocateur de Breitbart, Milo Yiannopoulos, a dû être annulée après le débordement de manifestations orchestrées par des « militants masqués » ou « antifas » qui ont fait plusieurs blessés et causé près de 100 000 dollars de dégâts.
La plupart d’entre eux n’appartenaient pas à l’université.

 
Le président des Etats-Unis avait alors menacé de suspendre les subventions annuelles de l’Université reçoit du gouvernement fédéral soit près de 370 millions de dollars.
 

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De nouvelles violences ont éclaté ce weekend entre activistes d’extrême gauche et d’extrême droite relayées en direct sur les médias sociaux.
 

 
 
Il s’agissait d’un rassemblement « Patriot Day » organisé par des militants conservateurs pour défendre la liberté d’expression – l’argument traditionnellement utilisé contre les opposants de gauche qui refusent, selon eux, d’accepter sur le campus des voix différentes, polémiques, alt-right, etc…
Les affrontements, qui ont précédé la manifestation, ont éclaté entre jeunes néo-conservateurs et groupes al-right (y compris des milices antisémites, néo-nazies et para-militaires) et de l’autre côté, féministes et antifas, la plupart cagoulés.
 
Les deux camps reconnaissent s’être déplacés uniquement pour se battre.
C’est la troisième fois cette année après la venue de Milo Yiannopoulos en février et la marche des « proud boys » en mars.
Les étudiant organisateurs ont condamné ces violences, et appelé au contraire au dialogue.

 
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L’administration a elle aussi condamné les évènements et arrêté une vingtaine de personnes.
 
Comme l’explique une journaliste d’Esquire, il ne s’agit pas simplement d’affrontements entre pro et anti-Trump, comme certains médias ont pu « simplement » le décrire:
 

Les manifestants anti-fascistes habillés en noir ne sont pas venus à Berkeley pour affronter des personnes qui votent pour Trump.
Ils ont répondu à des appels à la participation de groupes spécifiques d’extrême droite et néo-nazis à la manifestation de la « Journée des Patriotes ».
La violence de l’extrême gauche et de l’extrême droite repose sur des frictions qui existaient bien avant la présidence de Trump et que l’élection du nouveau président a envenimé.

 
Certains médias ont récupéré les évènements pour condamner la partie adverse: DailyKos avance que « la violence des Déplorables était planifiée depuis longtemps », la vidéo d’une féministe antifa, frappée au visage par « nationaliste blanc » a fait le tour d’internet.
Breitbart de son côté dénonce « l’intolérance libérale » qui a essayé d’empêcher la manifestation, sans mentionner une seule fois les dérives racistes de certains supporters de Trump.
 
Hier, l’un des journalistes de la revue conservatrice, National Review, s’inquiétait des dérives et du manque de fermeté de l’administration envers les deux parties
 

Les campus et les citadins progressistes ont un choix à faire.
Est-ce que nous sommes un Etat de droit? Si oui, il faut qu’ils défendent la liberté d’expression, qu’ils punissent les émeutiers, et expulsent ceux qui dérangent l’environnement éducatif, quel que soit leur idéologie. Il ne doit y avoir aucune sympathie, ni clémence envers ceux qui ne respectent pas la loi, qu’ils soient guerriers de la justice sociale ou néo-nazis

 

Aujourd’hui, l’une des plus prestigieuses universités du pays est devenue l’otage de rivalités entre extrêmes qui empêchent un dialogue nécessaire entre les étudiants, qu’ils soient de gauche ou de droite, et qui sont utilisées par les politiques et certains médias.

 

Published in Blue States Education Politique