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Le kiosque du 23.07.17

 

1. Samuel Huntington, le prophète de l’ère Trump

  • Samuel Huntington, professeur de science politique à Harvard, auteur en 1996 du « Choc des Civilisations », devenu l’une des théories de Relations Internationales les influentes de l’après Guerre Froide, serait selon Carlos Lozada du Washington Post, un « prophète de l’ère Trump »:
     

    Le travail de Huntington, qui s’étend du milieu du 20ème au début du 21ème siècle, se lit comme une longue critique sur le sens et le but de l’Amérique, qui ne saurait expliquer les tensions qui marquent l’ère Trump. Huntington décrit et anticipe à la fois les divisions de l’Amérique autour de ses principes fondateurs et que l’avènement de Trump a aggravé. Huntington avait prévu la montée du nativisme blanc en réponse à l’immigration hispanique. Il a capturé la dissonance entre les classes ouvrières et les élites, entre le nationalisme et le cosmopolitisme qui a marqué la campagne de 2016.
    (…)
    Plus qu’un choc des civilisations, c’est le conflit de la pensée de Huntington qui est évidente. Un Huntington considère d’un côté les Américains comme exceptionnels et unis non pas par le sang mais par une même croyance. L’autre renie cette idée et pense que l’Amérique trouve son essence dans la foi, le langage, la culture et les frontières. Un Huntington considère les groupes et identités qui entrent dans l’arène politique comme une revalorisation de la démocratie américaine. L’autre les considère comme des identités pernicieuses et anti-américaines.

    * « Samuel Huntington, A prophet for the Trump Era »Washington Post

 


2. Amazon vs Whole Food

 

  • Amazon, géant du commerce en ligne a annoncé le mois dernier le rachat de la chaîne de supermarchés Whole Food pour un montant record de 13 milliards de dollars qui lui permet d’être propriétaire de 450 antennes, souvent immenses, répartis dans la plupart des grandes villes américaines.
    Un mariage presque contre nature tant la culture et les ambitions des deux compagnies s’opposent nous explique John Herrman dans le New York Times magazine:
     

    Mackey [co-fondateur et PDG de Whole Foods] incarnait une sorte nouvelle stratégie marketing qui a émergé dans les années 90 pour se consolider dans les années 2000: celle d’un capitaine d’industrie plus discret, d’une chaîne [de distribution] nationale dévouée à sa communauté et d’un employeur compatissant (…) En même temps, le consommateur est devenu plus consciencieux – et plus aisé – dans le choix de ses achats qui ont une finalité matérielle et morale à la fois. A l’éthique de l’assiette s’ajoute l’éthique du travail.
    (…)
    Après 25 ans de croissance, Whole Foods – victime d’une expansion trop importante et d’une économie ralentie – est entrée dans une période d’incertitude qui s’est soldée par sa vente.
    Le grand dessin d’Amazon, de l’autre côté, est de dominer et de ne pas d’offrir d’autre valeur ajoutée à la société que des prix toujours plus bas et la livraison de ses produits.  La compagnie ne s’est jamais soucié de l’avenir du travail et de son amélioration. Travailler dans un entrepôt Amazon est difficile, souvent sous traité et caché des consommateurs. Selon une étude du Times, même dans les bureaux, la culture d’entreprise sans pitié.

    * « What Will Service Work Look Like Under Amazon » – The New York Times

 


3. New York I still love you

 

  • Il est l’auteur d’un des plus célèbres blogs sur la gentrification de New York depuis plus de dix ans, « Jeremiah’s Vanishing New York » sous un nom d’emprunt, Jeremiah Moss, le héros de l’un de ses bouquins, qui ont eux moins bien marché, et a décidé pour la sortie de son livre, « Vanishing New York: How a Great City Lost Its Soul » de révéler son identité: Il s’agit de Griffin Hansbury, un psycho-analyste et travailleur social et transgenre de 46 ans, originaire du Connecticut, qui a débarqué à New York il y a plus de vingt ans pour étudier à New York University.
     

    Le blog est rapidement devenu une extension naturelle de la voix écrite de Hansbury et un exercice cathartique, « Ca m’a servi de support pour exprimer ce que je ressentais, ce que je voyais à une époque où personne ne se rendait compte » explique Hansbury. « J’étais une sorte de Cassandre. Je disais aux gens: « New York est en train de changer, quelque chose est en train de se passer » et les gens répondaient « New York change tout le temps, ça n’a pas d’importance. T’es juste nostalgique. Ce que les gens aiment toujours me dire d’ailleurs.(…)
    Mais Hansbury insiste, l’hyper gentrification ne l’a pas rendu pessimiste. « Si j’étais pessimiste, je n’écrirais pas un bouquin, je ne tiendrai pas un blog, Je ne serai pas assis ici avec vous. Les New Yorkais doivent se réveiller, comprendre que ce n’est pas naturel, que ce n’est pas inévitable. Faire ça pendant dix ans est la chose la plus optimiste que je puisse imaginer parce que je veux que ça change. Et je suis sûre qu’on peut changer cela.

    * « Jeremiah Moss was Here »Village Voice

 

 


4. « Malade et méprisé »

 

  • Nouvel épisode de la série du Washington Post consacrée à l’Amérique Rurale et aux problèmes de santé, de chômage qui la rongent, après « Malades ou juste désespérés? » et « Générations malades », le quotidien a enquêté sur les stigmates sociaux liés aux personnes qui n’ont pas de travail, ne peuvent et survivent grâce aux aides de l’Etat
     

    Pour Tyler, l’effondrement de l’industrie minière [de Virginie] a laissé deux types de personnes dans ces montagnes. Ceux qui travaillent. Et ceux qui ne travaillent pas: les chômeurs, les malades, les toxicomanes et les gens qui comme sa famille, appartiennent à ces trois groupes. Ceux qui travaillent se mélangent rarement avec ceux qui ne travaillent pas, à l’exception de brèves rencontres à l’épicerie, à l’école ou pour Tyler, le long de la route, où il sait qu’il va recevoir la charité de certains [automobilistes] et le mépris des autres.

    Il existe un fossé dans la tête des blancs à faible revenu, entre ceux qui travaillent, même s’ils galèrent, et ce qui est historiquement appelé « White Trash » explique Lisa Pruitt, professeur à l’Université de Californie (…) « La pire chose à faire quand tu habites dans les campagnes américaines au milieu de blancs qui gagnent mal leur vie, c’est de ne pas travailler. » Il y a une mentalité qui veut que seuls les « White Trash » feignants acceptent la charité.

 

 


5. Les éditions dominicales des quotidiens

 

  • Neuf morts dans une affaire de trafic d’être humains
    La police de San Antonio, prévenue par des employés de Walmart, a retrouvé une quarantaine de personnes cachés dans semi remorque garé depuis la veille au soir sur le parking de la grande surface: Neuf d’entre eux étaient déjà morts de déshydratation et vingt sont aujourd’hui dans une situation très critique.
    Un cas typique de trafic d’être humains qui a mal tourné, et l’un des plus mortels de ces dernières années aux Etats-Unis – AP

 

  • Le virus Zyka, ennemi public numéro l’année dernière, est tombé dans l’oubli cette année mais il a tout sauf disparu et le danger est réel. – Press Register

 

  • La prochaine étape du véganisme: des fermes sans animaux – San Francisco Chronicle

    Les jeunes végétaliens soutiennent un activisme qui va au-delà de partager des recettes de cupcakes sans lactose. Concernant le droit des animaux, ils ne veulent pas seulement améliorer leur vie à la ferme. Ils veulent éliminer tout simplement les animaux de la ferme, une proposition assez osée étant donné le pouvoir économique des fermes animales américaines.

     

  • Le coût de la violence – Chicago Tribune

    Une étude révèle que les blessures par armes à feu coûtent des dizaines de millions de dollars chaque année [aux victimes], et que les frais médicaux ont tendance à augmenter. Les données – obtenues par le Tribune après des mois de négociations avec la ville – montrent que les hôpitaux ont facturé plus de 450 millions de dollars pour soigner quelques 12 000 victimes d’armes à feu recensées par la ville entre 2009 et le milieu de l’année 2016

 

  • Le quotidien évoque les cinquante ans des émeutes de Détroit, qui ont eu lieu en 1967 – Detroit Free Press

    La ségrégation et les préjugés [de l’époque] ont empêché d’offrir une bonne couverture et perspectives des évènements. la communauté afro-américaine était sous représentée dans l’actualité et souvent ignorée. L’absence de blogs et médias sociaux a également empêché l’expression des revendications et frustrations de l’époque dans la ville et la banlieue. On s’est demandé qu’est ce que ça aurait été de vivre cet été 1967 avec les outils et la technologie actuelle.

  • Le New York Daily News tient une rubrique appelée « Opioid Nation », une série d’articles sur la crise des opioïdes qui touche New York City et le reste du pays.

    Les psychologues et centres de désintoxication sont témoins d’une augmentation dramatique du nombre d’étudiants dépendants aux opioïdes et à l’héroïne. Cette recrudescence s’accompagne d’une augmentation d’overdoses mortelles dans la ville, puisque le NYPD enquête aujourd’hui sur 1 370 morts liées à la consommation d’opioïdes – une augmentation de 46% depuis 2015 – NY Daily News

 

 


  • A Ecouter:
    La journaliste star du New York Times qui suit Donald Trump depuis des années, aujourd’hui l’une des plus connectées de Washington et de la Maison Blanche – elle a décroché une énième interview, et quelle interview!, avec le président cette semaine. Elle réponds aux questions de David Remnick le rédacteur en chef du New Yorker et raconte les coulisses de son travail entre la capitale et New York, ses rapports avec le président.

    Passionnant!

 

Published in Revue de presse