Skip to content →

Le kiosque du Labor Day weekend

 

1. HARVEY

  • L’ouragan Harvey a monopolisé médias et journalistes, autant sur les secours et l’étendue de la catastrophe – 48 morts, des dégâts estimés à 190 milliards de dollars, des centaines de milliers de Texans sans-abri et parfois sans assurances, une hausse du prix de l’essence dans tout le pays – que la singularité du désastre naturel – « a 1000-year flood event », susceptible de se reproduire plus souvent à cause du changement climatique.

 

  • Deux articles importants à retenir sur le sujet:
    • Il y a quelques mois, le Texas Tribune et ProPublica ont publié une longue enquête sur les risques encourus par Houston en cas de pluies diluviennes, en prenant notamment en compte les précédentes intempéries qui ont touché la ville et les solutions temporaires offertes par les autorités:
       

      La tempête qui a frappé la petite maison en briques de la famille Hammond – surnommée l’inondation du « Tax Day » parce qu’elle est tombée le jour de la date limite du dépôt des déclarations d’impôts [2016] – est survenue onze mois seulement après celle qui avait frappé la ville lors du Memorial Day weekend de 2015. Les deux inondations ont tué seize personnes, causé plus d’un milliard de dégâts et provoqué la colère des Houstoniens, dont quelques uns ont choisi de porter plainte contre la ville, incapable de gérer les problèmes d’inondations. Un mois après l’inondation dite du « Tax Day », une autre énorme tempête s’est abattue sur Houston, déversant près trente centimètres de pluies en 24 heures.

       

    • La cover story de Bloomberg Businessweek sur les problèmes de planification urbaine de Houston qui ont rendu la ville bien plus vulnérable aux risques de crues:
       

      Houston s’est considérablement agrandie sans un contrôle efficace des autorités et ce laissez-faire n’est pas le bon moyen de se préparer à une catastrophe (…) aucune ville n’aurait échappé à Harvey sans dégâts mais Houston s’est rendue bien plus vulnérable (…) Couler du béton dans des zones humides empêche le terrain d’absorber l’eau de pluie. Les réservoirs censés l’absorber étaient trop petits. Les normes de construction étaient inadéquats. Les routes sont devenues des rivières, et ont rendu les hôpitaux, restés ouverts, inaccessibles.

 


2. Les nouvelles influences de Washington

 

  • Il est rare de voir passer une semaine sans une couverture consacrée à Trump, qu’il l’ait cherché ou non. Cette semaine, le New York Times magazine s’intéresse à l’un de ses proches, Corey Lewandowski (« How to Get Rich in Trump’s Washington« ), manager de sa campagne pendant quelques semaines, devenu lobbyste après l’élection de son ancien boss tout en continuant de le conseiller en stratégie politique.
    C’est l’exemple typique de cette nouvelle génération de professionnels montés à Washington pour monnayer aux entreprises et particuliers leur accès privilégié au président:

    Le parcours de Lewandowski, d’obscure conseiller politique du New Hampshire à l’une des personnes les plus influentes de la capitale, est emblématique de la façon dont l’élection de Trump à bousculé les hiérarchies à Washington (…) Une personne a proposé 250 000 dollars à Lewandowski uniquement pour apparaître dans l’un des tweets du président.

     

  • Donald Trump avait pourtant promis pendant la campagne électorale de nettoyer le « marécage de Washington » – la formule « Drain the Swamp » lancée au mois d’octobre 2016 pour canaliser les effets catastrophiques de la diffusion de ses propos calamiteux lors de l’enregistrement de l’émission « Access Hollywood » a très bien marché. Mais les premiers mois chaotiques de l’administration ont finalement renforcé les lobbies traditionnels de Washington avec qui Lewandowski travaille désormais dans une nouvelle entreprise créée en juillet dernier, Strategic Advisors.
    Conclusion: « Lewandowski a intégré l’un des traits essentiels du marécage, la capacité à s’adapter ».

 


3. La malédiction des Kushner

  • En 2007, après un séjour en prison pour évasion fiscale et subornation de témoin, Charles Kushner, à la tête d’un empire immobilier dans le New Jersey, Kushner Co., décidait de conquérir New York City en y réalisant la plus importante transaction immobilière de l’époque (1,8 milliard de dollars), l’achat du 666 Fifth Avenue.
    Son fils, Jared, époux d’Ivanka Trump, devait gérer la propriété et si possible agrandir le parc immobilier dans le reste de la ville.
    Quelques mois plus tard a eu lieu la crise financière de 2008 et l’immeuble de 41 étages situé dans le quartier Midtown de Manhattan, est devenu un véritable un gouffre financier qui empoisonne la compagnie depuis maintenant une décennie.
    Businessweek a publié une longue enquête à ce sujet: 

    Le payement [ils doivent encore 600 millions de dollars] est dû dans dix huit mois et certains s’inquiètent que [Jared] Kushner utilise ou ait déjà utilisé sa position de pouvoir pour aider l’entreprise familiale même si conformément aux règles éthiques imposées par le gouvernement, il a cédé ses parts [de la compagnie] aux membres de sa famille. Les enquêteurs fédéraux enquêtent désormais sur les finances du Kushner et ses transactions commerciales, comme pour les autres proches de Trump dans le cadre d’une éventuelle collusion entre l’équipe de campagne du candidat républicain et la Russie. Kushner a déjà témoigné deux fois devant les commissions du Congrès et démenti avoir utilisé sa fonction au profit de l’entreprise familiale.

     

  • Depuis deux ans, les Kushner et autres représentants de l’entreprise parcourent le monde entier à la recherche de potentiels investisseurs: Banques et une compagnie d’insurance israéliennes, Bernard Arnault, un fond souverain sud-coréen, un développeur saoudien, un cheikh du Qatar et un groupe d’assurance chinois – sans succès.

 


4. Misère à Los Angeles

  • Reportage du Los Angeles Times dans les « ateliers de misère » de Los Angeles qui exploitent les ouvriers pour satisfaire les demandes toujours plus exigeantes des grandes marques de vêtements à bas prix, à l’instar de Century 21, et qui grâce à une législation obsolète de la ville, échappe à toutes poursuites légales ou/et financières.
     

    Forever 21 affirme inspecter nombre de ses usines de vêtements à l’étranger pour assumer « sa part de responsabilité dans la protection des employés » mais ne le fait pas à Los Angeles car en Californie c’est le Département du Travail qui est censé protéger les ouvriers, ce qui n’est pas le cas de ses usines dans certains autres pays.
    Aujourd’hui, devant la compétition toujours plus importante du commerce en ligne, le budget des marques comme Forever 21 demandent des prix toujours plus bas à leurs fournisseurs

     

  • Les ouvriers qui travaillent dans ces ateliers de misère, des « sweatshops » en anglais, gagnent moins que le salaire minimum en vigueur à Los Angeles – de dix dollars de l’heure, il est passé à 12 en juillet dernier – entre sept et cinq dollars de l’heure et jusqu’à 3,5 dollars!
    La plupart de ces ouvriers sont des travailleurs immigrés sans papiers.

    Ces usines et fournisseurs ont été condamnés à payer des centaines de milliers de dollars de dommages et intérêts à leurs ouvriers. Forever 21 n’a pas déboursé un centime (…) La compagnie bénéficie d’une loi vieille de 18 ans censée éradiquer les « sweatshops » qui permet aux ouvriers de récupérer leur salaire directement de leur patron ou de toutes compagnies pour laquelle il travaille. Or Century 21 est revendeur et non pas un fabricant, et n’a donc rien à voir légalement avec ces usines 

     

  • Une plongée assez terrifiante dans ces usines de couture où les travailleurs sont payés 90 centimes (de dollars) pour coudre un débardeur.

 


5. Inégalités

  • Pour comprendre l’inégalité croissante dans le monde du travail, Neil Irwin du New York Times a comparé la position d’un agent d’entretien d’une grande entreprise américaine dans les années 80 à celle d’aujourd’hui, et le constat est sans appel:
     

    « [Ces quatre dernières décennies], les entreprises américaines ont adopté une nouvelle stratégie de gestion [des employés] qui se concentre sur les compétences essentielles en sous-traitant tout le reste. Cette approche a rendu les compagnies plus flexibles et productives et engrangé des profits colossaux pour les actionnaires; mais elle a augmenté les inégalités et explique pourquoi beaucoup d’Américains de classe moyenne souffrent dans une économie en bonne santé.

    Dans l’économie actuelle, des millions de travailleurs américains ne sont plus considérés comme des atouts dans lesquels investissent des entreprises mais des coûts qui doivent être minimisés. »

 

 

Published in Revue de presse