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03.10.17

 

1. « Ce serait le début de la fin »

 

  • L’horreur de Las Vegas – 59 morts et 527 blessés – ne changera rien au problème des armes à feu comme les précédentes tueries de masse aux Etats-Unis.
    Hier, dans un discours sobre, le président américain a dénoncé « le mal absolu », s’en est remis à Dieu pour traverser cette période difficile sans évoquer une quelconque réforme des lois actuelles, synonyme du « début de la fin » de Trump selon Steve Bannon:

    • Il perdrait de nombreux électeurs, encore plus passionnés et intransigeants sur la protection de leur Second Amendement que sur l’immigration, où une loi d’amnistie des Dreamers est encore envisageable.
    • Il perdrait le soutien de la NRA, qui l’a soutenu depuis le début de sa campagne et qui très influente auprès de ses électeurs.

     

  • Mais Trump reste imprévisible et compte tenu de la presse favorable qu’il a reçu lors des deux accords bi-partisans obtenus avec les Démocrates (sur le plafond de la dette et les Dreamers) et il existe une infime chance pour qu’il trouve un terrain d’accord avec « Chuck et Nancy », les représentants des minorités démocrates au Congrès, sur un renforcement du contrôle des armes à feu.* « Bannon warns: ‘end of everything’ if Trump supports gun controls »Axios

 

  • Les couvertures des quotidiens américains ce matin, entre colère, désillusion et lassitude
  • David Becker téléchargeait les photos du concert sous une des tentes quand il a entendu les premiers coups de feu – Le récit dans Time magazine

 


2. Sans mobile apparent

 

  • A part sa couleur de peau, blanche, Stephen Craig Paddock n’a pas le profil typique du tueur de masse à cause de son âge (64 ans), de sa situation professionnelle (un retraité) et financière (il avait beaucoup d’argent) et inconnu des services de police – ce qui lui a permis d’amasser un arsenal.
    Sans motivation précise, la police de Las Vegas a utilisé le terme controversé de « loup solitaire » pour caractériser Paddock

 

  • Les républicains et la droite en général, incapable d’adresser le problème des armes et effrayés à l’idée de s’aliéner la très puissante NRA, ont trouvé le coupable idéal: les troubles psychiatriques du meurtrier.
    « Diagnostiqué ou pas, la tuerie de Vegas est un problème de santé mentale » explique la rédactrice du site internet conservateur RedState car « les soins psychiatriques sont très chers et le contrôle des armes ne l’est pas » …et le drame de Las Vegas fait partie des risques liés au Second Amendement, qui « honore le droit des individus à se défendre soi-même ».

 

  • Pour Donald Trump, le responsable est « le mal » qu’il a cité à trois reprises dans son discours lundi, « aucune mention des armes à feu, de la santé mentale ou de terrorisme domestique » mais a dénoncé « le mal absolu » ce qui est … inutile – The Atlantic

 

  • Les comédiens des « Late Night shows » ont réagi avec beaucoup d’émotion, notamment Jimmy Kimmel, originaire de Las Vegas:
     

    Quand quelqu’un avec une barbe nous attaque, on met les téléphones sur écoute, on vote un décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis de certains ressortissants étrangers, on construit des murs, on prend toutes les précautions nécessaires pour s’assurer que ça ne se reproduira pas mais quand un Américain achète une arme à feu et tue d’autres Américains, on ne peut rien faire pour empêcher cela (…)
    Je ne comprends pas pourquoi nos soi-disants élus continuent à laisser passer ce genre d’e tragédies et surtout pourquoi est-ce qu’on leur permet de laisser faire ça.

    Tous ont dénoncé le manque de réaction des politiciens et du Congrès. Pour Stephen Colbert, « la barre est tellement basse en ce moment, que le Congrès peut devenir un héros en faisant passer la moindre chose »; pour Trevor Noah, « Si après un massacre vous dites [en référence à Sarah Sanders, porte parole de la Maison Blanche, en conférence de presse l’après midi même] que ce n’est pas le moment de parler [du contrôle des armes] alors qu’il y a des fusillades tous les jours, quand est-ce que c’est le bon moment? »

 

  • Si les services de renseignement ont rapidement exclu la piste de Daesh malgré les revendications de l’organisation terroriste, beaucoup de médias européens ont relayé l’information en première page. Bizarre.

 


3. Les tueries de masse

 

  • Axios a réalisé un graphique des tueries de masse depuis 2013 aux Etats-Unis
     
  •  

  • Vox a résumé le problème des armes à feu en 17 cartes.

 

  • La première tuerie de masse « moderne » a eu lieu en 1966 à l’université du Texas de Austin. Son auteur, Charles Whitman, marié, 25 ans, était considéré par ses proches comme « un fils idéal, un bon boy scout, un excellent Marine, un étudiant modèle, un travailleur et un mari aimant, et un sniper hors pair qui a tué quinze personnes (dont sa mère et sa femme) et blessé 33.
    * « 96 Minutes » – Texas Monthly

    Une photo de Charles Whitman en couverture du Time magazine en aout 1966
  • Depuis 1968, plus de civils américains sont morts tués par d’autres concitoyens que l’ensemble des soldats tombés au combat. – Axios

 

    • Showtime a diffusé la semaine dernière le premier des huit épisodes de « Active Shooter: America Under Fire », une série documentaire sur les pires tueries de masse de ces dernières décennies (Aurora, San Bernardino, Charleston, le Washington D.C. Navy Yard, Santa Monica, Oak Creek, Orlando et Columbine.) qui donne la parole aux survivants, premiers secours, familles des victimes.

 

 

 


4. Facebook, Rien ne va plus

 

 

 

  • Zuckerberg a promis qu’il serait plus efficace cette année pour « rassembler et non pas diviser les internautes », ce qui signifie empêcher un pays étranger d’essayer d’influencer la vie politique américaine comme la fait avec brio la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016 puisque on a appris que les cent mille dollars qu’elle a dépensé à l’époque en milliers de publicités sur le réseau social aurait atteint quelques dix millions d’internautes.
    Les publicités évoquaient des sujets sensibles sur l’immigration illégale, les droits des homosexuels, la messagerie privée d’Hillary Clinton et incitaient les internautes à aimer des pages évoquant les mêmes thèmes. 

    * « Facebook’s Russia-Linked Ads Came in Many Disguises » The New York Times

 

  • Entre temps, la compagnie a engagé un millier d’employés pour contrôler le contenu et le financement des publicités sur sa plate formeRecode

 


5. « Je travaillerais jusqu’à ma mort »

 

 

  • Autre récit de l’excellente série « The Forgotten: The issues at the heart of Trump’s America »

    Les gens vivent plus longtemps, et des vies plus chères, souvent sans filet de sécurité. Si bien qu’un nombre record d’Américains âgés de plus de 65 ans travaillent – environ un sur cinq. Cette proportion n’a cessé d’augmenter ces dix dernières années, plus vite que n’importe quel groupe. Aujourd’hui neuf millions seniors travaillent contre quatre millions en 2000.

    * « The New Reality in Old America »The Washington Post

 

 


6. Le calvaire des enseignants-chercheurs

 

 

  • La série passionnante « Outside in America » du Guardian, qui s’intéresse à des individus au bord de la crise et engage les lecteurs à réagir à leur histoire et proposer des solutions, aborde cette semaine la pauvreté dans l’enseignement supérieur, notamment chez les enseignants-chercheurs, dont certains sont obligés de se prostituer ou dormir dans leur voiture pour survivre.
     

    Le nombre d’enseignants-chercheurs a augmenté en même temps que le financement des universités publiques a baissé de 25% entre 1990 et 2009. Les établissements privés ont tout intérêt à engager ces professeurs à mi-temps: Ils sont moins chers que ceux à plein temps, ne reçoivent aucune aide sociale ou payent pour leurs recherches, et leurs heures peuvent être limitées pour qu’ils ne puissent pas toucher une assurance maladie. 
    C’est pour cela qu’on les appelle les « fast food workers du monde académique »

    * « Facing Poverty, academics turn to sex work and sleeping in cars »The Guardian

 


7. Le Netflix des news

 

  • « Je pense que l’avenir sera un Spotify ou un Netflix dédié à l’information » affirme Mark Little, fondateur de Storyful qui vient de créer à Dublin, une nouvelle entreprise média avec Aine Kerr, appelée Neva Labs, qui servirait « d’assistant personnel » censé l’information dont vous avez besoin, et qui devrait ouvrir en 2018 – The Irish Times
     

    La compagnie veut utiliser l’intelligence artificielle pour restaurer la vérité et la confiance dans la distribution de l’information à un moment où les entreprises de haute technologie ont été critiqué pour leur rôle dans la diffusion de « fake news »

     

  • Little et Kerr ont présenté leur projet sur Medium:
     

    La quantité d’informations qui inonde notre vie quotidienne à dépassé notre capacité à la traiter (…) On veut aider ceux qui s’intéressent à l’actualité à éviter d’être surchargé d’informations ou d’être distraits inutilement en contrôlant « raisonnablement » leur expérience en ligne. On veut construire les outils et filtres dont les individus ont besoin dans un monde où le seul garant de son information est lui-même.

    * « Notes on a new beginning » – Medium

 


 

8. Couverture du Jour

 

  • La couverture du dernier California Sunday magazine sur la galère financière des étudiants américains: « The College Try »
     

 

Published in Revue de presse