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09.10.17

 

1. « Christophe Colomb, ton bateau coule »

 

 

  • Aujourd’hui c’est Columbus Day, un jour censé célébrer la découverte de l’Amérique, que de nombreux Américains, surtout d’origine italienne, célèbrent depuis la fin du XVIIIème siècle, et officialisé comme « national Holiday » en 1934 par le président Roosevelt – seuls les Etats de Hawaii, Alaska, Oregon, Dakota du Sud et Vermont ne le célèbrent pas.

 

  • Mais Christophe Colomb n’a rien d’un héros pour les victimes de la colonisation espagnole, les communautés amérindiennes du pays, hallucinées à l’idée qu’un explorateur italien ait pu « découvrir » des terres qu’ils habitaient depuis des siècles » et surtout responsable du génocide dont elles ont été ensuite les victimes.
    La critique de cette vision européano-centrique de l’histoire de l’Amérique n’a cessé de se renforcer, surtout depuis les années 90 quand certaines villes libérales (Boston, Denver, Berkeley et dernièrement Los Angeles en Californie) ont commencé à rebaptiser la fête nationale, le « Indigenous Day » en hommage aux premières populations du continent.
    Aujourd’hui, ce sont les statues de Christophe Colomb que certains veulent voir déboulonner.

 

  • Le mois dernier, une des statues de Christophe Colomb a été vandalisée à Central Park, et depuis, celle qui trône sur l’une des places les plus fréquentées de la ville, Columbus Circle, est surveillée 24heures sur 24.
    Entre temps, le maire de Blasio a demandé à une commission d’enquêter sur les « symboles de haine » – plaques et statues qui célèbrent des personnages ambivalents – qui parsèment la ville, y compris celle du navigateur, au grand dam de la communauté italienne qui le célèbre avec ferveur chaque année.

 


2. Corker vs Trump

 

 

  • Ce week-end, le président américain a accusé le sénateur républicain du Tennessee, Bob Corker, de ne pas se représenter pas en 2018 parce qu’il aurait refusé de soutenir sa campagne, et lui aurait refusé une place au sein de son administration.

 

  • La réponse cinglante de Corker dimanche matin a été retweetée 140 000 fois et aimé près de 400 000 fois en 36 heures:
     

    C’est triste que la Maison Blanche soit devenu une garderie pour adultes. Quelqu’un a sûrement a oublié de venir travailler ce matin

    Dans une interview accordée au New York Times le même jour, Corker a affirmé que le « reality show de Trump » pouvait conduire le pays « à une Troisième Guerre Mondiale », qu’il était « inquiet » du président, comme « tous ceux qui aiment ce pays » et qu’il parlait au nom de la plupart de ses collègues républicains du Congrès.

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  • Encore beaucoup de bruit pour rien et une attaque contre un membre du Congrès, qui plus est de sa majorité, en pleine discussion sur la réforme fiscale, n’est pas de bonne augure pour un président qui n’a toujours pas réussi à passer l’une des mesures phares de son programme devant le Congrès: Corker n’a rien à perdre et tout à gagner en dénonçant l’attitude de plus en plus aggressive du président* « Trump Campaign’s embrace of Facebook shows company’s growing reach in elections »The Washington Post

 


3. Les profits de Facebook

  • Les excuses naïves de Zuckerberg, enregistrées après Yom Kippour, dans lesquelles il s’excuse de ne pas avoir bien fait son travail l’année dernière en laissant des internautes mal-intentionnés utiliser Facebook pour diviser le pays, plutôt que le rassembler, ont omis un détail important: Les 450 millions de dollars engrangés en publicités par Facebook durant les élections présidentielles.
    C’est sans la raison pour laquelle peu d’attention ont été portées sur le contenu de ces publicités et l’identité des annonceurs.

 

  • Sur cette somme colossale, 70 millions ont été dépensés par l’équipe de campagne de Trump, et sur les quatre derniers mois seulement.
     

    Sans que le public le sache, le site servait de plate forme à un intense barrage de publicités destinées aux supporters de Trump qui ont eu un maximum d’impact autour des débats présidentiels

     

  • Non seulement, le réseau social a été vital pour l’élection de Trump mais elle il a aussi servi de relais payant aux trolls russes pour évoquer des sujets controversés qui devaient servir le candidat républicain, et tout ça parce que ça lui a fait gagner des centaines de millions de dollars. D’où la nécessité d’imposer davantage de transparence dans le fonctionnement de cette organisation dont on a du mal à envisager encore l’étendue du pouvoir.
     

    Les larges sommes investies par la campagne de Trump auraient pu atteindre tous les utilisateurs de Facebook aux Etats-Unis, ou envoyer plusieurs publicités aux électeurs clés. Le bombardement en ligne, plus important et cher que celui de Clinton, était invisible aux médias et à l’électorat, grâce à des messages très personnalisés qui permettent aux annonceurs de cibler plus facilement leur audience.

 


4. Le flop politique du week-end

 

 

  • La guerre culturelle s’est invitée à nouveau dans les stades à l’initiative du vice président Mike Pence qui est venu assister dans son Etat d’Indiana à la rencontre entre les Colts et les 49ers de San Francisco quelques minutes seulement: il a quitté le stade parce que des joueurs des 49ers s’étaient agenouillés durant l’hymne national – ce qu’ils font depuis septembre 2016, alors accompagnés du quarterback Colin Kaepernick.
     
  • Pence s’est justifié en expliquant qu’il refusait de voir des athlètes « déshonorer le drapeau » alors qu’ils protestent symboliquement contre les violences policières et le racisme dans leur. On a rapidement appris que la décision avait été préméditée, sans doute fomentée par le président, et qu’elle aurait coûté près d’un demi-million de dollars de logistique et de transport aux contribuables américains.
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  • Comme l’explique Paul Waldman dans le Washington Post
     

    Hier, le vice président Mike Pence a défendu l’hymne national contre des joueurs de football qui protestent contre le racisme et les violences policières. Si ce genre de comportement vous dégoûte, mauvaise nouvelle: L’administration va continuer à exploiter cette guerre culturelle ces trois prochaines années.

     

  • Hier soir, Jerry Jones, le propriétaire des Dallas Cowboys est tombé dans le piège tendu par l’administration et a menacé de mettre sur la touche tous les joueurs qui « déshonoreraient » le drapeau. Une décision saluée par le président.

 


5. Harvey Weinstein, suite et fin

 

  • L’article du New York Times détaillant les accusations de harcèlement sexuel du magnat d’Hollywood, Harvey Weinstein, contre de jeunes actrices, assistantes et mannequins sur plus de trente ans, a secoué le monde du cinéma qui est plutôt discret sur l’affaire provoquant la colère des victimes les plus célèbres du producteur, Ashley Judd et Rose McGowan.
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  • Shanon Waxman, fondatrice et rédactrice en chef de The Wrap, accuse le New York Times, où elle travaillait en 2004 d’avoir étouffé son enquête sur les allégations faites à l’encontre de Weinstein et raconte que Matt Damon et Russel Crowe l’auraient personnellement contacté pour démentir que Fabrizio Lombardo, à la tête de Miramax en Italie, avait été engagé dans l’unique but de « s’occuper des femmes de Weinstein » quand celui-ci voyageait dans le pays.
    Dean Baquet, rédacteur en chef du New York Times a démenti que le quotidien ait refusé de publier une telle histoire parce que The Weinstein Company était l’un de ses annonceurs mais plutôt parce que l’histoire ne reposait que sur le témoignage « off the record » d’une des victimes. 

 

 

 


6. Couverture du jour

 

  • Un hommage aux victimes de la tuerie de Las Vegas, “October 1, 2017: One Day in a Nation of Guns,” de David Plunkert.

 

 

 

 

Published in Revue de presse