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16.10.17

 

 

Le cauchemar Mike Pence

 

 

  • Plus Trump représente un danger pour l’avenir des Etats-Unis, plus le vice président Mike Pence, « le seul officiel de la Maison Blanche à ne pas pouvoir être viré », semble être une alternative plausible pour les Démocrates et les Républicains. Sauf que contrairement à son boss, une girouette politique qui a grandi à New York, a fréquenté l’élite internationale et reste ouvert aux progrès sociaux, Mike Pence est un conservateur zélé et carriériste ultra-religieux: Vi Simpson, une adversaire démocrate de l’Indiana, pense qu’il aimerait « revenir sur les toutes avancées économiques et politiques dont ont bénéficié les femmes » ces soixante-dix dernières années, à commencer par la contraception. Lorsqu’il dirigeait l’Indiana Policy Review Foundation, il a affirmé que « les femmes célibataires ne devraient pas avoir accès aux moyens de contraception. »
     

    « Je suis chrétien, conservateur et Républicain, dans cet ordre. »
    Mike Pence

     

  • Lorsqu’il est devenu l’une des figures du Tea Party après l’élection d’Obama, il a fermement milité pour l’interdiction de l’avortement quelles que soient les circonstances, y compris le viol et l’inceste, à moins que la mère soit en danger de mort. Il a provoqué un boycott national de l’Indiana lorsque, gouverneur de l’Etat, il a signé le Religious Freedom Restoration Act qui légalisait la discrimination envers les homosexuels – avant, sous la pression, de revenir sur la loi.
     

    Deux sources se souviennent de Trump qui provoquait Pence sur ses positions concernant l’avortement et l’homosexualité (…) Quand la discussion a abordé les droits des homosexuels, Trump s’est tourné vers Pence en plaisantant, « Ne lui demandez pas, il veut tous les prendre. »

    * « The Danger of President Pence » – The New Yorker

 

 

 

2. « Des dealers en blouse blanche »

 

 

  • Le pouvoir de la DEA visant à limiter la circulation des opiacés, ces anti-douleurs extrêmement puissants responsables de la pire épidémie que le pays ait connu, a été volontairement été limité grâce à l’action concertée du Congrès, des lobbys et des distributeurs des médicaments qui ont fourni, sans aucun contrôle, des centaines de millions de pilules à des pharmacies véreuses et des cliniques spécialisées dans la douleur, accélérant une crise qui, ces vingt dernières années, a provoqué la mort de deux cent milles personnes.
    Les révélations ont été faites par le « lanceur d’alerte », Joe Rannazzisi,
    qui dirigeait au sein de la DEA, qui dépend du Ministère de la Justice, la division en charge de réguler et d’enquêter sur les activités de l’industrie pharmaceutique: 
    Comment l’industrie du médicament a fait plier la DEA avec des millions de dollars et beaucoup d’influence.

 

  • Trois entreprises de distribution de médicaments qui contrôlent 85 à 90% du marché, Cardinal Health, McKesson, and AmerisourceBergen, sont selon Rannazzisi, responsables de cette situation car elles ont distribué des quantités astronomiques de pilules à des médecins ou cliniques, sans en avertir la DEA, comme la loi l’oblige. Ces dernières rejettent la responsabilité sur les médecins et cliniques qui ont signé les ordonnances de médicaments à leurs patients.
    Dans cette crise, médecins, cliniques et distributeurs avaient tout intérêt à vendre le plus de médicaments pour engranger le plus de profits, quelles qu’en soient les répercussions.

 

  • En 2008, le DEA a condamné McKesson à une amende de 13 millions de dollars et Cardinal Health à 34 millions – des décisions considérées comme injustes qui les ont poussé à contre-attaquer en utilisant l’argent et l’influence nécessaire pour limiter le pouvoir de la DEA. 
    Des dizaines d’avocats travaillant pour le DEA sont passés du côté de l’industrie pharmaceutique attirés des emplois bien mieux rémunérés (le phénomène de « revolving door ») et connaissant parfaitement le fonctionnement du Département et des règles.
    Dès lors, le nombre de poursuites à considérablement diminué.

 

  • En 2015, une loi a été proposée devant le Congrès pour s’assurer que « les patients avaient accès aux anti-douleurs dont ils avaient besoin » interdisant à la DEA de saisir des commandes de médicaments qui leur sembleraient suspectes. L’auteur de cette loi n’est autre que Linen Barber, un ancien de la DEA qui est devenu entre temps spécialiste des litiges avec la DEA dans un bureau d’avocats.

 

  • Peter Marino, l’un des parlementaires qui a introduit la loi devrait être nommé responsable du Bureau de Contrôle National des Drogues, une position connue sous le terme de « drug czar ». Certains parlementaires et sénateurs s’y opposent depuis ce matin.

    * « The Drug Industry’s Triumph over the DEA » – The Washington Post

 

 


3. Cy Vance véreux?

 

  • « Aucune contribution durant mes sept années d’exercice comme procureur [du comté de New York] n’a eu d’impact sur ma prise de décisions » affirme Cyrus Vance, qui doit justifier celle de ne pas avoir poursuivi Harvey Weinstein pour une agression sexuelle en 2015, malgré l’existence d’un enregistrement audio pris à son insu dans lequel il admet les faits et avant de recevoir un chèque de dix mille dollars de l’avocat du producteur quelques semaines plus tard. 
    C’est peut-être le souvenir de l’enquête bâclée contre Dominique Strauss-Kahn et les doutes entourant sur la victime qui ont poussé Cy Vance à préserver sa réputation plutôt que de rechercher la justice: Pour Trump comme pour Weinstein, il affirme que les preuves étaient insuffisantes.
    Sauf qu’il a également décidé de ne pas poursuivre Ivanka et Donald Trump Jr pour fraude en 2012, contre l’avis de ses enquêteurs qui travaillaient sur l’affaire depuis deux ans et après la visite de l’avocat de Donald Trump, Mark Kasowitz, qui lui a offert 25 000 dollars pour sa campagne de réélection.
    * « Ivanka and Donald Jr. were close to being charged with felony » – Propublica
    * « Why the Manhattan District Attorney Let Harvey Weinstein Walk » – New York magazine

 


4. The Dream Coalition

 

 

  • Une nouvelle association, Dream Coalition, vient d’être créée pour pousser le Congrès à protéger les immigrés arrivés illégalement sur le territoire lorsqu’il étaient enfants, les fameux #Dreamers, qui sont devenus la cible des ultra conservateurs et de Donald Trump. 
    Ses fondateurs? Des leaders du monde des affaires, de la vie publique et politique, des élus qui s’engagent à ce que les « Dreamers » puissent vivre, travailler, servir et étudier aux Etats-Unis sans la menace d’être déportés.
    Parmi les membres: Le directeur de Apple, Tim Cook; Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’Etat de Bill Clinton, Randy Falco, le président de Univision, le plus important réseau de télévision latino aux Etats-Unis, les maires de New York, Chicago, Los Angeles, Boston, D.C., les gouverneurs de Rhode Island, de Caroline du Nord, Washington et du Colorado.

 


5. Le reste de l’actualité

 

  • L’otage américain, Joshua Boyle, retenu prisonnier cinq ans en Afghanistan avec femme et enfants, et libéré la semaine dernière, pensait que l’élection de Trump comme président des Etats-Unis était une blague – New York magazine

 

  • « On m’a récemment demandé si « Crooked » Hillary Clinton comptait se représenter en 2020? Ma réponse a été, ‘j’espère!’ « 
    Il a également affirmé qu’après avoir remplacé Anthony Scalia par Neil Gorsuch, il serait capable nommer trois autres juges de la Cour Suprême d’ici à 2021: Anthony Kennedy, 81 ans; Ruth Bader Ginsburg, 84 ans (« combien elle pèse? Trente kilos?) et Sonia Sotomayor, récemment nommée par Obama, sous prétexte qu’elle aurait du diabète. – Axios
  • Colin Kaepernick, ancien quarterback des 49ers, le premier à avoir mis le genou à terre l’année pour protester contre les violences policières et le racisme aux Etats-Uniss, et qui s’est retrouvé sans emploi cette année, porte plainte contre la Fédération Nationale de Football, qui aurait tout fait pour qu’aucune équipe ne le réengage.

 

  • Ces journalistes dont la carrière a explosé grâce à Trump: Katy Tur, Sopan Dep, David Fahrenthold, Barry Blitt, Sam Sanders – Columbia Journalism Review

 


La couverture du jour

 

  • La couverture du 50ème anniversaire du New York Magazine’s, « My New York, » présente les croquis de l’artiste Alex Katz, 90 ans, sur les passagers du métro new yorkais, le même travail qu’il avait fait dans les années lorsqu’il était étudiant à Cooper Union. Le lundi 9 octobre, il a pris la ligne C direction le nord de la ville, puis la B pour redescendre. La différence entre les années 40 et notre génération: les téléphones portables ont remplacé les livres et les magazines  

 

 

 

 

 

Published in Revue de presse