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14.11.17

Bon mardi après midi. Roy Moore est presque out, Donald Jr. a fait copain avec Julian Assange,

 

1. Les Quotidiens

 

– « Negative Partisanship »

Le quotidien de Gadsden, Alabama, mardi 14 novembre 2017

Roy Moore, candidat au siège de sénateur de l’Alabama, laissé vacant par le départ de Jeff Sessions au ministère de la Justice, qui vient de battre le candidat officiel des Républicains aux Primaires grâce à un programme ultra-conservateur, a été accusé par le Washington Post d’avoir couché avec une mineure de 14 ans lorsqu’il en avait 32.
Tout le week-end, l’actuel président de la Cour Suprême d’Alabama, a nié les faits, crié au complot, soutenu par le site alt-right Breitbart qui a essayé de discréditer le quotidien (« fake news » libérales) et ses victimes. –
Axios

 

 

La plupart des électeurs de l’Alabama et les journaux ont défendu bec et ongle Moore à l’exception de l’Anniston Star, qui a publié samedi une tribune soutenant le travail des journalistes contre le « tribalisme » de certains lecteurs. CNN

Le « negative partisanship » [l’esprit de parti] explique la réaction de certains Républicains face au scandale Moore. Les gens sont davantage motivés par la haine l’autre parti que le soutien du leur. « Il hait les mêmes gens que moi! »
C’est la glue qui relie cette coalition si fragile [des partisans de Moore] – Reliable Sources

 

Lundi, Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat de demandé la démission de Moore. Le témoignage d’une cinquième victime, agressée sexuellement par Moore à l’âge de 16 ans, a poussé les plus conservateurs comme Laura Ingraham de Fox News à faire de même.
Roy Moore refuse toujours de démissionner.

 

 

– Liberté de discriminer

 

 

La Cour Suprême des Etats-Unis doit décider aujourd’hui si la Californie peut imposer à des centaines de cliniques anti-avortement, appelées « Crisis Pregnacy Centers » d’informer leur patientes que l’Etat offre des avortements et autres soins de santé à très bas prix, voire gratuits.
Les cliniques affirment que cette loi enfreint leur liberté d’expression: « forcer quiconque à faire la publicité gratuite pour l’industrie de l’avortement est impensable – surtout quand il s’agit du gouvernement ». – San Francisco Chronicle

Sauf qu’il s’agit ici d’un problème de santé et de droit de la femme plutôt que de la liberté d’expression. Notons encore une fois comment est-ce que la sacro-sainte défense du « free speech »  est utilisée à des fins politiques, celle de la lutte contre l’avortement tout comme la liberté de religion est utilisée pour discriminer les homosexuels.

 

 

– Opioid Nation

 

 

Le NYPD a saisi en août dernier, dans l’appartement d’un couple de cinquantenaires mexicains dans le Queens à New York, 64 kilos de fentanyl, un opiacé de synthèse extrêmement dangereux, cinquante fois plus puissant que l’héroïne, la drogue la plus mortelle du pays – la plus importante saisie de fentanyl dans l’histoire des Etats-Unis susceptible de tuer 32 millions de personnes selon la DEA

Le couple travaillait pour un cartel de drogue mexicain, et était venu vendre la drogue estimée à plusieurs millions de dollars. Ils voyagent comme des VRP de luxe, séjournent dans des appartements et quartiers aisés pour ne pas éveiller les soupçons et vendent en gros à des détaillants triés sur le volet. – Washington Post

 

 

2. Trumplandia

 

Reproduit de Pew Research Political Polarization report; Graphique: Axios Visuals

 

– L’extrême polarisation de la vie politique américaine ces vingt dernières années entre les Démocrates et les Républicains est marquée selon Jim VandeHei de Axios par six évènements importants:

1. Newt Gringich au début des années 90 qui a commencé à utiliser langage très belliqueux et antagoniste dans la politique à travers notamment l’idée du bien et du mal entre Démocrates et Républicains.

2.Fox News à partir de 1996, qui joué sur cette politique de plus en plus en agressive et partisane, reprise à gauche par MSNBC, le tout arrosé d’infos en continu sur CNN qui a transformé la gouvernance en un reality show

3. Facebook puis Twitter qui ont « socialisé et démocratisé » les arguments mais aussi la rage des internautes.

4. John McCain, aujourd’hui un anti-Trump, qui choisit Sarah Palin comme VP – défendue à l’époque par Bannon – précurseur d’une rhétorique populiste reprise par le Tea Party.

5. Facebook a « algorithmé » cette rage auprès de ses utilisateurs en leur donnant exclusivement ce qu’il veulent pour engranger des clics, des commentaires, des partages et faire du profit à travers les fils d’information.

6. Trump qui utilise Twitter qui normalise et radicalise la rage, aussi bien que les réactions des politiciens, la joie de ses électeurs et la haine de ses adversaires.

La politique devient plus personnelle, polarisée et pugnace, surtout à droite. Ca va s’empirer avant de retomber car ces tendances gagnent encore du terrain.

 

 

3. Même le café est politique

Sean Hannity, présentateur de Fox News, et ami de Donald Trump, boycotté par des annonceurs dont les cafés Keurig, après avoir défendu Roy Moore, le pervers sexuel de l’Alabama, a appelé au boycott de la marque de café – enfin à la destruction violente de ses machines, si possible filmée et postée sur Twitter – et soutient officiellement la Black Rifle Coffee Company – avec pour slogan intelligent « les Hipsters n’ont pas inventé le café – également soutenue par Donald Trump Jr. Business insider
Aujourd’hui même boire du café est devenu politique.

 

 

 

 

 

 

4. Must Reads

 

La Correspondance secrète entre Donald Trump Jr et Wikileaks

The Atlantic a publié hier une enquête révélant la communication entre Wikileaks et Donald Trump Jr entre septembre 2016 et jusqu’en juillet 2017; une communication que les deux partis ont toujours rejeté, et qui renforce un peu plus les soupçons de collusion entre le candidat républicain et les Russes.

En effet, Wikileaks, certain de la victoire de Clinton, a souvent pris le parti de Donald Trump (« J’aime Wikileaks« ) contre la candidate démocrate durant les élections, en publiant à des moments clés de sa campagne – les emails du comité national démocrate peu avant la convention du parti en juillet 2016 puis ceux du directeur de campagne de Clinton tout au long du mois d’octobre jusqu’au jour du scrutin; des documents piratés par des hackers russes au service du Kremlin selon les agences de renseignement américaines.

C’est Wikileaks qui contacte presque à chaque fois le fils du candidat, pour que son père parle de l’organisation, qu’il lui fournisse ses fameuses déclarations d’impôts, qu’il conteste le résultat des élections en cas de défaite, ou encore que Julian Assange devienne ambassadeur d’Australie.
Les emails publiés par The Atlantic appartiennent à des milliers de documents fournis par l’avocat de Donald Jr aux commissions du Renseignement du Sénat et de l’a Chambre des Représentants dans le cadre de l’enquête sur d’éventuelles collusions entre les Russes et l’équipe de campagne de Trump.

Donald Jr affirme que les emails publiés ont été pris hors de leur contexte. Wikileaks n’a pas voulu commenter. L’organisation soit disant neutre et transparente prise en flagrant de soutien à un candidat raciste et misogyne parce que son fondateur hait Hillary Clinton.

 

– « L’Etat le plus secret des Etats-Unis »

 

 

L’enquête du Kansas City Star menée sur plusieurs mois par onze journalistes de la rédaction a été saluée par l’ensemble de la profession comme la preuve de la nécessité du journalisme local, s’intéresse à l’un « des gouvernements les plus secrets de la nation, où la confidentialité est de rigueur. »

Du bureau du gouverneur aux agences de l’Etat, des services de police aux relations d’affaires en passant par les soins de santé, aux étages de la Chambre et du Sénat, un voile est tombé ces dernières années sur l’administration quel que soit le parti politique.

Que ce soit l’agence de protection de l’enfance qui tente de dissimuler des erreurs professionnelles, l’anonymat entourant les auteurs des lois votées au parlement, où encore la police autorisée à ne rien divulguer dans des affaires de bavure policière, le gouvernement fonctionne sous une chape de plomb qui l’empêche d’être redevable aux près de ses concitoyens.

* « One of the most secretive, dark states: What is Kansas trying to hide? »Kansas City Star 

 

 

 

On vit une époque formidable

  • Les crimes racistes en hausse
    Les statistiques de FBI montrent une recrudescence des violences contre les Afro-Américains, les Juifs, les Musulmans, la communauté LGBT – AP

 

  • The Skimm, la newsletter matinale devenu une marque multi-produits pour six millions de lecteurs, surtout des lectrices, va introduire de l’audio et de la vidéo dans ses missives. Nieman Lab

 

  • Tinder et Grindr refusent d’évoquer le rôle de leur plateforme dans la prolifération récente des maladies sexuellement transmissibles – Vox

 

  • Amazon vient d’acheter les droits de diffusion télévisés mondiaux de « The Lord of The Rings », basé sur le roman de J.R.R.Tolkien pour 250 millions de dollars et réaliser la série télé, en plusieurs saisons, du blockbuster. Deadline

 

 

 

La Couverture du Jour

 

 

C’est la couverture dont tout le monde parle cette semaine, celle du mensuel masculin qui sacre Colin Kaepernick, ancien quarterback des 49ers, viré l’année et incapable de retrouver une équipe, “citoyen de l’année” avec pour intitulé “Colin Kaepernick ne sera pas réduit au silence”.

C’est un choix bien entendu symbolique étant donné la polémique suscité par le mouvement « Take A Knee » qu’il a débuté l’année dernière, repris en début de saison par d’autres joueurs de la NFL, que Trump a utilisé au nom d’une guerre culturelle pour satisfaire sa base.

Ce n’est pas un choix polémique puisque GQ est un magazine libéral qui s’adresse des lecteurs à tendance libérale qui n’a aucune espèce d’influence de l’autre côté de l’échiquier politique. En tout cas, tout le monde en parle. C’était le but.

Published in Revue de presse