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Les « Yellow Journalists », ces nouveaux vendeurs de Fake News

C’est l’un des reportages les plus choquants consacrés au désormais très controversé débat sur les fake news, ces fausses infos qui auraient aidé à élire le candidat républicain il y a deux semaines.
Le Washington Post publiait dimanche le portrait de deux millenials, Ben Goldman et Paris Wade, originaires de Long Beach en Californie, qui ont publié depuis juin dernier quelques 500 articles pro-Trump qui leur aurait rapporté des dizaines de milliers de dollars et des centaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux en quelques mois.
Le titre est tellement important pour attirer le lecteur qu’il ne correspond pas forcément au contenu même de l’article qui n’excède souvent pas les 200 mots.

The Star Ledger - Edition du 22 novembre 2016
The Star Ledger – Edition du 22 novembre 2016

« Des opportunistes du monde digital moderne »

Ces deux serveurs au chômage ont surfé sur la vague pro-Trump au début de l’été dernier conscient de la capacité des rumeurs, gros titres et fausses infos à attirer de l’audience, de la publicité et de l’argent.
Chaque opportunité trouvée dans les recoins des sites alt-right et d’extrême droite est l’occasion d’une histoire, d’une opinion, d’insinuations capable de rapporter des milliers de clics et des bucks – si les algorithmes de Facebook décident de ne pas le censurer.
Plus les titres sont tapageurs et agressifs, voire scandaleux, écrits en lettres capitales avec points d’exclamation et onomatopées, plus les internautes iront cliquer sur la page et renflouer les poches de ces deux anciens étudiants.

Le site s’appelle LibertyWritersNews et compte aujourd’hui plus de 800 000 abonnés sur Facebook et 40 000 sur Twitter. Tous les articles accrocheurs présents sur la page d’accueil contiennent des « Whoa! », « Nasty », « Whew », « Breaking » ou encore « OMG » sur des sujets quasi-instantannés, prêts à être perimés le lendemain, souvent dirigés contre le maintream media, Démocrates et Libéraux que leurs lecteurs adorent détester.

 

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Page d’accueil de LIbertyWritersNews.com le mardi 22 novembre 2016

Dans une période de débat constant sur le rôle que les sites internet ultra-partisans, fausses informations et les médias sociaux jouent dans l’Amérique divisé de 2016, LibertyNewsWriters illustre comment les sites internet utilisent Facebook pour puiser dans une idéologie montante, qui part de rien pour influencer des millions de personnes et faire en même temps des profits. Il y a six mois, Wade et son business partner, Ben Goldman, étaient au chômage. Aujourd’hui ils sont à la tête d’un site internet qui a rapporté 300 000 abonnés au mois d’octobre seulement et ils feraient tellement d’argnet qu’il se sentent gênés d’en parler de peur qu’on demande de leur en prêter

Aucun intérêt pour le contenu ni ses conséquences

Ces deux dîplomés de l’université du Tennessee, élevés dans des familles libérales, décus par Obama pour qui ils ont voté en 2008 et 2012, ont été recrutés il y a plus d’un an pour écrire sur des sites alt-right, où ils ont appris le peu d’intérêt accordé à la véracité des faits rapportés et ont compris qu’il était rentable de satisfaire les attentes des internautes plutôt que les faire réfléchir.

Leur source d’inspiration? Alex Jones, ce présentateur radio – télé – internet, conspirationniste, connu pour ses coups de colère et ses insultes qui a fondé le site infowars.com et que le président Trump à d’ailleurs remercié personnellement de son soutien la semaine dernière.

Il arrive que Wade se demande ce que c’est d’écrire un article auquel il croit. « Dans un monde parfait », dit-il, je devrais nuancer et équilibrer mes propos, faire de longs paragraphes qui prennent plus de dix minutes à écrire. Ca fait réfléchir les gens. Mais il n’en écrit jamais, dit-il, parce que personne ne cliquerait dessus, donc à quoi ça sert?

Ces deux jeunes hommes nourrissent de mensonges une foule d’internautes violents, parfois extrémistes sans vraiment penser aux conséquences de leurs écrits, puisque ces lecteurs sont censés savoir »qu’il ne faut pas prendre au sérieux leurs hyperboles et leurs enjolivements » et lorsque certains commentaires affirment le contraire, ils préfèrent changer de sujet.
Ils ont décidé de prendre fait et cause pour l’Amérique de Trump et comptent bien de le rentabiliser.

Published in A lire dans la Presse