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Le racisme expliqué aux jeunes conservateurs américains

Tomi Lahren, 24 ans, « l’enfant soldat » des médias conservateurs, célébrée pour ses positions incendiaires, était l’invitée du Daily Show, où elle s’est confrontée à Trevor Noah, très en forme, qui lui a expliqué pourquoi et comment est-ce qu’elle véhiculait quotidiennement des préjugés racistes à ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.

La campagne de Trump a été soutenue sur les sites conservateurs et alt-right par une brochette de « commentateurs politiques » qui n’ont ni l’éxpérience, ni les impératifs du journaliste, mais qui grâce à une rhétorique « politiquement incorrecte » défendue par le futur président et célébrée par ses supporters, ont été propulsés en quelques mois sur le devant de la scène médiatique.
La plus jeune et l’une des plus populaires, Tomi Lahren, impressionne par son franc-parler et son agressivité: une marque de fabrique qui a fait son succès en lui rapportant des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux.

Le Kiosque disait d’elle en septembre:

Indépendante, ambitieuse, “courageuse” selon ses propres termes, Lahren appartient à cette nouvelle génération de conservateurs qui n’ont pas peur d’utiliser le thème de la race pour dénoncer les problèmes auxquels fait face l’Amérique quitte à être traitée de raciste. Elle n’a pas non plus de problème non plus à comparer le Ku Klux Klan avec Black Lives Matter, et rejette le politiquement correct
(….)
Elle est fière d’être blanche comme vous devriez fière d’être “noir” et a du mal à comprendre les protestations des minorités du pays, “qui sont pourtant nées avec les mêmes droits”. Issue d’une famille de Marines, elle respecte son drapeau et son pays, et propose à Kaepernick de le quitter s’il a tant de critiques à lui adresser.

Deux mois plus tard et la Trumpocalypse à peine digérée, les propos très controversés de Lahren sont d’autant plus dangereux qu’ils font désormais « partie intégrante du mainstream média » – ses vidéos ont été regardées plus de 70 millions de fois sur Facebook.
D’où l’intérêt de cet interview de Trevor Noah qui dévoile un par un les préjugés racistes sur lesquels reposent chacun des arguments de la jeune pundit.

Revenons donc sur ces préjugés et idées reçues, qui sont partagées par des millions de jeunes Américains aujourd’hui:

  • Non Black Lives Matter n’incite pas à la violence, ni aux émeutes, ni aux pillages. De nombreux rassemblements peuvent dégénérer de cette manière, et s’il est important de condamner les exactions de certains, on ne peut pas criminaliser tous les militants, dont la plupart sont pacifistes.
  • Les cinq policiers morts à Dallas en juin dernier des mains d’un dérangé qui a affirmé vouloir venger ses confrères afro-américains tués par la police n’a rien à voir non plus avec Black Lives Matter.
    Trevor Noah lui explique que ce n’est pas que parce que Trump a des supporters dans le KKK, que lui-même soutient le KKK, et qu’il est irresponsable de dire que tous les policiers sont racistes parce que dans la plupart des villes des Etats-Unis, la majorité des contrôles ou des bavures touche la communauté afro-américaine.
  • « La vraie diversité est celle de la pensée et non pas de la couleur » avance Tomi Lahren qui poursuit, « je ne vois pas les couleurs », ce à qui Trevor Noah répond, « Je n’ai pas de problème avec ceux qui différencie les couleurs, mais c’est la façon dont on traite les couleurs qui est plus importante »
  • Affirmer que Black Lives Matter est le nouveau KKK, est non seulement faux car le KKK n’a jamais cessé d’exister, mais c’est irresponsable car c’est minimiser ces actes (dans le passé) et son idéologie.
  • A propos de Colin Kaepernick qui ne s’exprime pas de la « bonne façon » selon Lahren, Trevor Noah réponds:

    « Donc on a un Afro-américain aux Etats-Unis qui essaye de faire passer un message, s'[il] marche dans la rue, on dit que c’est un voleur,  s'[il] proteste dans une manifestation, on dit que c’est casseur, et s’il met un genou à terre, c’est encore le mauvais choix, mais alors quelle est la bonne façon pour un Afro-américain d’attirer l’attention aux Etats-Unis?

    Ce à quoi Lahren n’a pas vraiment répondu à part la défense sacré du drapeau qui ne doit en aucun cas être utilisé à des fins politiques que celle du patriotisme.

C’était un débat très clair et courtois qui a été salué par de nombreux médias (Time magazine, Los Angeles Times, The Daily Beast, The Atlantic, Slate, Washington Post, Rolling Stone, New York magazine) qui ont salué le travail de Trevor Noah qui a patiemment déconstruit chacun des arguments simplistes, caricaturales et racistes de son invitée.

 

 

Published in Médias Trumplandia