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Comment le clan Clinton a réussi à discréditer Wikileaks

Les fakes news, Trump en bien profité durant cette campagne électorale extraordinaire jusqu’à être élu président des Etats-Unis d’Amérique – mais le clan Clinton et certains médias « libéraux » aurait également eu recours à la désinformation pour tenter de discréditer Wikileaks selon The Intercept.

 

Twitter / Wikipedia

Au mois d’octobre dernier, dans la dernière ligne droite avant un scrutin électoral qui s’annonce comme un slam dunk pour Hillary Clinton, Wikileaks annonce la diffusion quotidienne de milliers de emails piratés dans la messagerie son directeur de campagne, John Podesta.


C’est la seconde fois en quelques mois que l’organisation de Julian Assange, qui n’a jamais caché son inimitié pour Clinton, met les Démocrates dans l’embarras.

Au mois de juillet, Wikileaks avait diffusé la veille de l’ouverture de la Convention Démocrate, les emails piratés du Comité Démocrate qui confirmait les soupçons de favoritisme des dirigeants du parti envers Hillary Clinton durant les Primaires.
Dans les deux cas, pas de révélations incroyables ou de scandales capable d’envoyer Clinton en prison, mais des révélations peu flatteuses sur l’organisation de la campagne, les phrases toutes préparées de la candidate, les attaques contre Sanders, les éventuels conflits d’intérêts de la Fondation Clinton ou encore les luttes internes autour du couple Clinton et de leur fille Chelsea.
Des informations qui n’ont fait que renforcer les doutes des électeurs américains sur l’honnêteté d’Hillary Clinton – une tactique déjà employée par les Républicains qui n’ont cessé durant les dix-huit mois de campagne de dénoncer le scandale de sa messagerie privée et de la Fondation Clinton – qui s’est révélée payante.

 

L’un des grands succès de Wikileaks, les emails piratés du DNC au mois de juillet

 

Pour tenter de limiter les dégâts occasionnés par la diffusion quotidienne des emails de John Podesta, les Démocrates ont déclaré qu’ils étaient « fabriqués » et « bricolés » et ne devaient pas être pris en compte. Des affirmations qui n’ont jamais été prouvées mais qui ont été relayés par de nombreux médias « libéraux » qui soutenaient Clinton.
L’idée était d’accuser Wikileaks d’être le pion de Poutine qui cherchait à influencer les élections américaines et ses résultats – confirmée par la CIA vendredi dernier – pour faire élire Donald Trump.

Donc toute promotion de ces emails, à la télé, dans les journaux et sur internet revenait, selon les Démocrates, à faire le jeu des Russes et aider Trump.
A l’époque Politifact avait affirmé que « si la plupart des emails n’ont pas été modifiés, [les experts] pensent qu’il y a une chance que quelques-uns aient été trafiqués » – Des propos partagés dans cette analyse par des spécialistes de la cybersécurité et une ancienne avocate de la NSA.

Pourtant la campagne de Clinton n’a pas été capable de fournir une preuve que certains des derniers emails piratés [ceux de Podesta] était frauduleux. Nous avons demandé à la campagne et ils nous ont redirigés vers le piratage du Comité National Démocrate, les inquiétudes du gouvernement sur les fausses preuves de fraude électorale, et faux sites d’infos qui diffusent de fake news sur les emails de Wikileaks.
(…)

Pourquoi est-ce que les proches de Clinton ne fournissent pas de preuves que les emails ont été trafiqués, en publiant par exemple les originaux?
Les experts pensent à un calcul politique.

En affirmant que les emails peuvent être faux, ils n’ont pas à répondre des faits énoncés dans ces emails.

Pour Glenn Greenwald, le fondateur de The Intercept, la désinformation du camp Clinton qui a été relayé par le mainstream media et les réseaux sociaux, est aussi dangereuse que celles produite par les sites alt-right pour favoriser Donald Trump

Affirmer que les emails diffusés par Wikileaks étaient falsifiés ou faux – et doivent dès lors ne pas être pris en compte – constitue de la désinformation diffusée non par des adolescents de Macédoine ou le Kremlin mais par des médias établis comme MSNBC, The Atlantic ou Newsweek. Et cette désinformation s’est répandue comme une traînée de poudre sur internet, a été lue et partagée des dizaines de milliers de fois par des gens déterminer à y croire. Le résultat de cette campagne délibérée de désinformation, c’est que quiconque s’est intéressé à ces emails s’est vu dire qu’ils étaient faux.

Des journalistes sérieux ont relayé des fake news uniquement par ce qu’elles servaient leur candidat et ont volontairement tenté de discréditer Wikileaks sans jamais s’être rétractés depuis – même après les aveux d’un supporter pro-Clinton recueillis dans le Daily Beast au mois de novembre.

Le problème ici va bien au delà de l’hypocrisie. Les plaintes à propos des fakes news sont typiquement accompagnés d’appels à des solutions qui impliquent la censure ou la suppression, que ce soit du gouvernement ou des géants de la technologie comme Facebook. Mais en attendant de s’entendre sur une définition précise des fake news et en attendant qu’on reconnaisse qu’elles ont été diffusés par ceux-là mêmes qui les dénoncent le plus, les dangers posées par ces solutions sont toutes aussi importantes que le problème en lui-même.

Published in A lire dans la Presse fake news