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Le Kiosque du 30 décembre 2016

Une sélection de ce qui s’est passé depuis notre dernière revue de presse, la semaine dernière.

 

Alliance des extrêmes contre le « Trumpism »

Samantha Bee, la comédienne qui présente une émission hebdomadaire satirique sur PBS a reçu la semaine dernière Glenn Beck, ancien chouchou du Tea Party, l’un des présentateurs télé ultra-conservateurs les plus virulents et polémiques de l’ère Obama.
Pourtant, depuis le début de l’année, cet ancien de Fox News, désormais à la tête de son propre réseau d’information, The Blaze, a adopté un ton bien plus modéré. Surtout, il a été l’un des rares conservateurs à oser critiquer Donald Trump allant même jusqu’à souhaiter l’élection de sa rivale, Hillary Clinton, provoquant la fureur et les critiques de ses confrères.
Il s’est aussi excusé d’avoir insulté Barack Obama et les Démocrates et a même publié une tribune dans le New York Times pour défendre Black Lives Matter mais paye le prix fort pour cette rédemption: Non seulement il est haï par ses anciens confrères, il risque de perdre l’empire que son zèle ultra-conservateur avait aidé à construire.

Lors de sa rencontre avec Samantha Bee, ce dernier a réitéré la nécessité de rester uni pour efficace contre Donald Trump et insisté sur les dangers d’une trop grande polarisation de la population et des médias autour de Trump – y compris les propos de Full Frontal à ce sujet:

Je ne pense pas que tu aies l’intention de faire du mal. J’ai déjà causé du mal et je n’ai aucune intention de recommencer. Je sais ce que j’ai fait. J’ai aidé à diviser la population. Et s’il te plaît, ne fais pas les mêmes erreurs que j’ai faites.

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Quel avenir pour « Pantsuit Nation »?

Le mouvement pro-Hillary créé par Libby Chamberlain sur Facebook au mois d’octobre a rassemblé plus de quatre millions d’abonnés qui ont pu partager pendant des semaines et en « privé » leur enthousiasme et leurs espoirs en attendant la victoire de leur candidate et jusqu’à son improbable défaite.
En l’espace d’une journée, la page est devenue le refuge de tous les déceptions, les craintes et les peurs de cette « nation de tailleur pantalons » avant de se transformer en plate forme de protestation et de solidarité.

Mais l’avenir de cette communauté est remis en cause depuis que sa fondatrice a annoncé sur le réseau social qu’elle publierait en mai 2017 une sélection des meilleurs commentaires:

Comme je l’ai répété à plusieurs reprises, je crois que « Pantsuit Nation » est devenu plus important le matin du 9 novembre qu’il ne l’était le matin du 8 novembre. Notre prochaine mission vise à changer le cours de l’histoire. Nous le ferons à travers vos histoires.

Un choix peu apprécié par les centaines de milliers de membres du groupe qui n’avaient pas prévu que leur commentaires soient publiés, sans leur consentement, pour un projet auquel elles n’ont jamais adhéré – d’autant que le groupe Facebook était privé et accessible uniquement sur invitation. Chamberlain a depuis promis qu’elle demanderait à chacun des commentaires sélectionnés, l’accord de leur auteure.

 

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Milo Yiannopoulos sort un bouquin

The Hollywood Reporter a annoncé cet après midi que le « hater » en chef, et accessoirement, l’un des rédacteurs du site alt-right Breibart, avait signé un contrat avec la maison d’éditions Simon & Schuster pour la sortie en 2017 d’un ouvrage autobiographique intitulé « Dangerous » pour lequel il aurait reçu une avance de 250 000 dollars.

L’annonce a propulsé le journaliste britannique en tête des tendances sur Twitter cet hier après midi, alors même qu’il a été interdit à vie de s’y exprimer cet été à la suite d’une campagne raciste et misogyne lancé à l’encontre de l’actrice afro-américaine Leslie Jones.
Milo a expliqué à l’hebdo cinéma qu’il « pouvait dominer Twitter sans même y avoir un compte » et que plutôt que de saper sa carrière, la mesure drastique prise par Jack Dorsey lui a donné d’autant plus d’exposition médiatique:

« Est-ce Madonna a souffert d’être bannie de MTV dans les années 90?
Est-ce que toute la presse négative autour de Trump l’a empêchée d’être élu? (…)
Tous les angles d’attaques que les forces du « politiquement correct » ont initié contre moi ont lamentablement échoué. Je suis plus puissant, plus influent, et plus fabuleux que jamais et ce livre est le moment pour Milo de devenir mainstream.
Les guerriers de la justice sociale devraient avoir peur, très peur »

Le livre est déjà disponible en pré-vente sur Amazon, sans savoir quel sera son contenu.

Le Chicago Review of Book a annoncé dans la foulée qu’il ne publierait aucune critique des ouvrages de la maison d’édition en 2017, « en réponse à cette validation de haine » – une position immédiatement dénoncée par Breitbart comme « une guerre des discours ».

 

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The Intercept accuse le Guardian et le Washington Post de propager des fake news

Ces derniers jours, dans un article publié sur son site, The Intercept et une interview dans l’émission du très conservateur Tucker Carlson sur Fox News, le journaliste-militant, Glenn Greenwald a affirmé que le Washington Post et le Guardian propageaient des fake news. Une accusation lourde pour un personnage respecté dans le monde des médias malgré ses positions anti-gouvernementales et pro-lanceurs d’alerte.

La semaine dernière, Glenn Greenwald s’est attaqué au Washington Post sur Fox News. Le quotidien a révélé début décembre que le FBI et la CIA avaient conclu que les piratages russes du Comité National Démocrate et de John Podesta – et leur diffusion par Wikileaks – visaient non seulement à déstabiliser la campagne présidentielle mais l’influencer en faveur de Trump.

Greenwald a affirmé qu’il fallait prendre ces accusations avec beaucoup de précautions étant donné le manque de preuve – si elles existent, elles n’ont pas été rendues publiques par les agences de renseignement par « peur d’exposer leurs sources et leurs méthodes ». Dès lors, accuser la Russie n’est qu’un stratège politique des démocrates pour discréditer le prochain président – des propos que Tucker Carlson a accepté avec un grand sourire.

Dans article publié hier matin, il a accusé The Guardian d’avoir menti sur des propos qu’aurait tenu Julian Assange et a souligné comment « ces fausses déclarations – des fabrications – se sont propagées un peu partout sur internet par des journalistes, qui ont poussé des centaines de milliers de gens (voire des millions) à consommer de l’intox »

Capture d’écran de l’article de Julian Assange dans le Guardian, le 24 décembre 2016

. Une dénonciation qui visa à « souligner, une fois de plus, que ceux qui dénoncent avec véhémence les fausses informations, et veulent que Facebook et d’autres géants de la technologie suppriment du contenu pour mieux les combattre, sont souvent les auteurs les plus agressifs et intéressés ».

L’article du Guardian reprend l’interview qu’a eu une journaliste italienne de La Reppublia avec Assange. Ce dernier y affirme que « l’élection de Clinton aurait été une consolidation du pouvoir en place pour la classe existante aux Etats-Unis » tandis que la « nouvelle structure » plus « fragile » qui déstabilise les réseaux de pouvoir existants, est :susceptible d’apporter de nouvelles opportunités de changement aux Etats-Unis », pour le meilleur ou pour le pire. 

Ce que le journaliste du Guardian a interprété comme une éloge d’Assange et une attaque contre Clinton.

Une fraude journalistique pour Glenn Greenwald, reprise par le site pro-russe RT et Breitbart, le site alt-right dont il a par ailleurs salué « l’intégrité » car il a « donné la voix aux gens qui en sont normalement démunis » et qui a eu « plus de succès que les médias libéraux à trouver de nouveaux moyens de défier l’establishment ».

 

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Comment aider Planned Parenthood avec humour?

En achetant ce tote disponible sur le site Power and Light Press pour la modique somme de quinze dollars et dont les recettes seront reversées à Planned Parenthood, directement menacé par la prochaine administration Trump.
Le sac en toile a le mérite de rappeler les différents services gratuites offerts par l’association un peu partout à travers le pays, avec les hashtags #standwithplannedparenthood et #wewontgoback:

« mammograme, frottis, examen gynécologique, test et traitement de maladies sexuellement transmissibles. Information et conseil sur la santé sexuelle et reproductive, test de dépistage du cancer, test de grossesse. Services prénatales, et accès abordable aux moyens de contraception. »

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Mort du père de la « Red Solo Cup »

Solocup.com

La « red Solo Cup » est aux Américains ce que le ballon (de rouge) est aux Français, un large gobelet en plastique qui a accompagné les fêtes arrosés de millions d’adolescents et d’étudiants.

Le créateur de ce verre jetable, Robert Leo Hulseman, est mort la semaine dernière à 84 ans, près de quarante ans après la mise sur le marché de ce qui deviendra le produit phare de The Solo Cup Company, une entreprise familiale créée par son père en 1936.

Son succès? Il est large, résistant (en polystyrène) et pas cher – disponible dans tous les délis et « 99 cents » store des Etats-Unis, et « bien sûr, sa couleur rouge, qui cache ce que l’on boit vraiment » – Boire dans la rue, parcs et plages est interdit aux Etats-Unis.
La compagnie est spécialisé dans tous les containers à emporter (plastique et papier) mais la red cup reste le best-seller incontesté et a même fait l’objet d’une chanson.

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