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L’enquête sur l’ingérence russe n’en finit pas
L’histoire semble redondante mais elle est déterminante pour comprendre l’embarras dans lequel se trouve aujourd’hui la Maison Blanche vis-à-vis de la Russie.
* Il existe aujourd’hui deux enquêtes sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles et d’éventuelles collusions entre des associés de Trump et des agents russes:
L’une menée par une commission mixte du Sénat, indépendante qui a assuré cette semaine l’intégrité de son enquête.
Une commission parlementaire et permanente, en charge du renseignement enquête également sous la direction du Représentant républicain Devin Nunes.
* Samedi 4 mars: Donald Trump accuse le président Obama de l’avoir mis illégalement sur écoute, lui et certains membres de son équipe de campagne durant la période de transition (9 novembre 2016 – 20 janvier 2017)
* Lundi 20 mars: Le directeur du FBI, James Comey affirme qu’il n’existe aucune preuve que Obama aurait demandé la mise sur écoutes du président-élu.
* Mardi 21 mars: Deux représentants de la Maison Blanche, fraichement nommés, organisent une réunion secrète avec Devin Nunes à la Maison Blanche et lui présentent des documents confidentiels, appelés « Incidental collection »: ce sont les communications de citoyens américains interceptées par les agences de renseignement lors d’écoutes réalisées sur des officiels étrangers.
La Maison Blanche s’est volontairement impliquée dans une enquête soi-disant « indépendante » de la Commission parlementaire, dans laquelle plusieurs membres de l’administration sont des suspects potentiels, pour orienter les soupçons contre le président Obama et valider les accusations du président Trump.
* Mercredi 22 mars: Devin Nunes va présenter ces informations au président et organise une conférence de presse devant la Maison Blanche dans laquelle il annonce avoir reçu des informations « alarmantes » sur le président de la part de sources « secrètes », des lanceurs d’alerte – le tout sans en informer les membres de la Commission parlementaire
– « White House Officials Helped Give Nunes Intelligence Reports » – The New York Times
* Lundi 28 mars: Ses collègues de la Commission demandent à Devin Nunes de se retirer de l’enquête, ce qu’il refuse, en recevant le soutien de la Maison Blanche et du porte parole de la Chambre des Représentants, Paul Ryan.
* Jeudi 30 mars: Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale du président, accepte de témoigner (« J’ai des choses à raconter, et j’ai vraiment envie de les dire ») devant les deux commissions chargées d’enquêter sur les ingérences russes, en échange d’une immunité si .
Mike Flynn avait affirmé à la télévision le 25 septembre dernier: « Quand on vous donne l’immunité, ça veut dire que vous avez probablement commis un crime »
– « Mike Flynn Offers to Testify in Exchange for Immunity » – The Wall Street Journal
Et ce matin le président continue à le défendre en affirmant que son ancien conseiller est victime d’une chasse aux sorcières de la part des médias et Démocrates« Flynn est un électron libre qui n’a rien à perdre. Le camp de Trump devrait s’inquiéter »
* Cet excellent portrait de Michael Flynn dans le New Yorker: « Michael Flynn, General Chaos » – New Yorker
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Jusqu’ici tout va bien, sauf pour la Maison Blanche
La Russie est plus que jamais est au centre de toutes les discussions, et l’exécutif est chaque jour un peu plus fragilisé par les révélations quotidiennes des médias.
Mais tous ces scandales ont été déclenchés par le président et certains de ses conseillers et Secrétaires qui n’ont cessé de mentir sur leurs relations avec des représentants russes – même lorsqu’il n’y avait rien à cacher.
Plutôt que de se concentrer sur la mise en place de son très ambitieux programme, l’administration s’est engluée dans ses propres affaires qui devraient prendre des mois à être éclaircies et qui mobilisent d’importantes ressources au Congrès américain.
Il existe d’autres menaces et problèmes de taille dans le monde auxquels doivent faire face les Etats-Unis – notamment la Corée du Nord.
Autrement, Comme Joe Scarborough l’affirmait ce matin, les médias n’ont jamais été aussi solides et rentables, tout comme le pouvoir judiciaire et ses juges qui ont préservé leur intégrité et indépendance face aux attaques répétées de la Maison Blanche, et le pouvoir législatif qui vient d’obliger la Maison Blanche à retirer l’une de ses promesses phares de la campagne, l’American Affordable Care Act.
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Trump durcit le ton avec les rebelles
Depuis le retrait de l’American Health Care Act, la Maison Blanche menace ceux qu’elle estime être responsables: Les Représentans républicains du Freedom Caucus, proches du Tea Party.
* Il y a eu Steve Bannon, qui a tapé du poing sur la table durant les négociations en expliquant à ces élus qu’il n’avaient pas d’autres choix que de se ranger derrière le président et la majorité républicaine. Sans succès.
* Le weekend dernier, le président a fait semblant d’être ouvert aux Démocrates et à l’idée d’une coalition politique pour faire passer son programme sans le soutien du Freedom Caucus. Aucune réaction des intéressés.
* Il a remis le couvert hier, sur Twitter, en utilisant « une stratégie que les membres du Congrès redoutent », c’est cibler personnellement des élus:
Si @Jim_Jordan et @Raul_Labrador s’étaient ralliés, on aurait un excellent système de santé et une réforme et des réductions d’impôts … Ou sont @RepMarkMeadows, @Jim_Jordan et @Raul_Labrador? #RepealANDReplace
* Donald Trump s’est dit prêt à considérer les membres du Freedom Caucus comme des adversaires politiques au même titre que les Démocrates en prévision des élections de mi-mandat: Il mettrait tout l’appareil politique du parti républicain a disposition de candidats qui lui sont fidèles contre eux.
Le Freedom Caucus va saper tout le programme républicain s’ils ne se rallient pas et vite. Nous devons les batters, et les Dems, en 2018
Labrador, l’un des responsables du Freedom Caucus, a répondu hier après midi:
« Le Freedom Caucus est resté à tes côtés quand les autres t’ont lâché (…) Souviens toi qui sont tes vrais amis. Nous essayons de t’aider ».
Ces élus de la droite dure bénéficient d’une base électorale très fidèle mais qui soutient également le président: C’est une stratégie risquée pour l’administration que d’essayer de les isoler et de les dénoncer mais aussi pour ces élus d’avoir l’air de saper sa présidence et son programme.
* « Trump goes after Freedom Caucus ringleaders » – Politico
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Un département d’Etat vide
Les premières semaines de Rex Tillerson comme Secrétaire d’Etat ne sont pas très rassurantes pour le Département et les fonctionnaires qu’il dirige avec qui il n’a eu presque aucun contact, préférant la compagnie et les conseils de son cercle restreint qui n’a aucune expérience en matière de gouvernement et de politique étrangère. Il n’a pas bronché devant les 30% de réductions budgétaires prévues par « America First » pour l’année 2018 – et qui a peu de chances de passer.
Huit semaines après être devenu le premier diplomate du président Trump, l’ancien chef d’ExxonMobil est isolé, séparé du corps des bureaucrates du Département d’Etat à Washington et à travers le monde.
Son style de gestion très distant a créé une confusion croissante chez les représentants étrangers qui ont du mal à comprendre où les Etats-Unis se situent sur des sujets clés.
Il suscite la méfiance des employés de carrière du Département d’Etat (…)
Une situation qui menace de saper le pouvoir et la portée du Département d’Etat, la cible d’une réduction budgétaire de 30% de la part de l’administration Trump.
Comme la Maison Blanche, Tillerson se méfie de l’appareil bureaucratique et semble vouloir se passer le plus possible de leur participation et de leur conseils dans la gestion du Département d’Etat: Il a nommé peu de fonctionnaires aux postes clés qui seraient susceptibles de l’aider à Washington et dans ses déplacements à l’Etranger.
Il refuse de communiquer, ni de voyager avec la presse (pour faire des économies).
Il suit les mêmes habitudes que lorsqu’il travaillait pour Exxon Mobil sauf qu’il s’agit ici du Département d’Etat des Etats-Unis et que les citoyens ont le droit de savoir ce qu’il s’y passe.
* « Secretary of State Rex Tillerson spends his first weeks isolated from an anxious bureaucracy » – The Washington Post
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Les cinquante meilleurs Podcast selon le Time
Le Time nous a offert une sélection des meilleurs Podcasts:
* S-Town, par les producteurs de Serial qui a l’air génial – Crime
* Alice isn’t Dead, par les créateurs de Welcome to Night Vale – Fiction, mystère
* Missing Richard Simmons, mal-aimé par le New York Times qui dénonce une violation de la vie privée
* Pod Save America, par des « Obama Bros », c’est très orienté et free style mais intéressant.
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Article du Jour
Superbe reportage du New York Times sur ces Juifs ultra-orthodoxes qui décident de quitter leur communauté, leurs familles et leurs amis, fermés au monde extérieur et l’unique association qui les accueille, « Foodsteps »
* « The High Price of Leaving Ultra-Orthodox Life » – The New York Times magazine
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Couverture du jour
« La présidence Trump est dans un trou … et c’est mauvais pour l’Amérique et pour le monde »
C’est tentant d’être soulagé que la présidence de Trump soit un fiasco. Pour ceux qui doutent de son programme et s’inquiètent de son manque de respect pour les institutions, leur meilleur espoir est aujourd’hui qu’il accomplisse quelque chose. Cette logique est séduisante mais mauvaise. Après des années de blocage, Washington doit avancer. Le sommet qui arrive avec Xi Jinping, le président chinois, prouve combien l’Amérique reste la nation indispensable. Une président vulnérable peut être dangereux
* « The Presidency is in a hole. And that is bad for America – and the World » – The Economist