Donald Trump a promis qu’ils seraient épargnés par le durcissement des lois contre l’immigration, mais le premier cas d’expulsion d’un jeune DREAMer d’origine mexicaine a été signalé cette semaine et si les faits sont avérés, ce sont des centaines de milliers d’autres adolescents et jeunes immigrés qui seraient directement menacés partout dans le pays.
Juan Manuel Montes vient de porter plainte contre l’administration Trump devant une cour de Californie mardi pour avoir été illégalement déporté au Mexique alors qu’il bénéficie de la protection du Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA), mis en place par Barack Obama, qui protège les mineurs arrivés illégalement sur le territoire américain, sans aucune justification des autorités.
le Department of Homeland Security, en charge du contrôle et de la sécurité des frontières et toutes les questions relatives à l’immigration, a reconnu mercredi que le jeune Montes, 23 ans, était effectivement un DREAMer et son statut valide jusqu’à la fin 2018 tout en affirmant que l’intéressé aurait quitté les Etats-Unis pour le Mexique, sans en informer les autorités et l’aurait rendu inéligible pour le programme DREAM.
L’intéressé a démenti les faits: il aurait été arrêté par les forces de l’ICE (Immigration & Enforcement Agency) en Californie le 17 février dernier sans avoir pu présenter sa carte d’identité et son statut de DACA laissé dans la voiture d’un ami. Embarqué de force, sans passer par un juge ni un avocat, il aurait été expulsé le jour même vers le Mexique.
Le National Immigration Law Center qui représente Montes a demandé il y a plusieurs semaines au DHS de rendre public les conditions de son arrestation – ce que le Département refuse pour des raisons de confidentialité.
L’incident, révélé mardi par USA Today, a mis en émoi les communautés immigrées et les 750 000 DREAMers répartis un peu partout aux Etats-Unis, dont un tiers en Californie.
Les réseaux sociaux ont également pris part à la consternation à travers le hashtag #justiceforjuan, des manifestations ont eu lieu devant certains bureaux d’immigration et une pétition en ligne a été envoyée au Secrétaire du Département de la Sécurité Intérieure (DHS en français), John Kelly, qui déclarait au même, dans son premier discours officiel, que la nation américaine était « danger ».
Steve King, un Représentant de l’Iowa, a salué le geste des agents de l’immigration via Twitter mardi
First non-valedictorian DREAMer deported. Border Patrol, this one's for you. https://t.co/56z1b8xrJ2 pic.twitter.com/iNjKd9FHtM
— Steve King (@SteveKingIA) April 18, 2017
Si Trump a promis durant la campagne d’arrêter et de renvoyer les immigrés en situation irrégulière à commencer par les membres de gangs, les criminels et autres « bad hombres », il a affirmé « avoir un grand coeur » et s’est engagé à défendre le programme DACA mis en place par son prédécesseur.
John Kelly a récemment rassuré les DREAMers que le DACA était « bien en vigueur » et le porte parole de la Chambre des Représentants, Paul Ryan, avait également affirmé aux intéressés qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter.
Ce serait donc le zèle de certains agents de l’Immigration and Customs Enforcement qui auraient outrepassé les directives présidentielles pour expulser un jeune immigré en situation régulière – qui est toujours assigné à résidence au Mexique, loin de sa famille installée en Californie.
C’est absolument scandaleux que des agents de la police des frontières s’autorisent à prendre des décisions qui bouleversent la vie et le futur des individus en toute impunité (…) l’ICE doit être maîtrisée et interdite de violer gravement les droits constitutionnels des gens.
Angelica Salas – directrice de « Coalition for Humane Immigrants Rights (CHIRLA)
On ne sait pas encore les tenants et les aboutissants de cette histoire, mais le cas de Montes, arrivé aux Etats-Unis à l’âge neuf ans, est précisément ce que craignaient beaucoup d’associations de défense des droits des Immigrés en situation irrégulière et tant que les faits ne seront pas clairement établis, et la responsabilité de chacun admises par les différents partis, les DREAMers ont toutes les raisons de s’inquiéter.
Vox résume la situation:
Tout signe qui prouverait qu’un bénéficiaire du programme DACA a été arrêté par les agents d’immigration serait la preuve que l’administration n’opère aucune discrimination parmi les immigrés en situation irrégulière [les DREAMers ne sont pas résidents permanents] et que les peurs qui existent au sein des communautés immigrés sont tout à fait justifiées.
La crédibilité de l’administration et de ses critiques est en jeu dans cette affaire.
Si le DHS dit la vérité sur l’affaire Montes, le scandale créé par USA today sera exemple parfait du refus de croire aux rapports officiels [agressivement défendus par John Kelly dans un discours cette semaine] même l’opportunité de diffuser les conditions de l’arrestation lui ont été données depuis longtemps (…) mais les explications ne cessent de changer
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