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Le danger Facebook
Facebook est devenue une « force politique et culturelle mondiale » avec deux milliards d’utilisateurs mensuels, et 1,2 milliards quotidiens.
C’est l’entreprise d’informations la plus large et la plus influente au monde avec « une audience plus importante que n’importe quel réseau de télé américain ou européen, que n’importe quel journal ou magazine ou site d’info du monde occidental ».
C’est aussi la plus grande force mobilisatrice en politique.
Pourtant, au cours de l’année 2016, le réseau social est devenu un dangereux « vecteur de désinformation » qui a renforcé les « bulles partisanes », créé « un environnement médiatique propice à l’élection de Donald Trump » et bouleversé la Silicon Valley qui est passée « en l’espace de quelques mois d’une ville politiquement désengagée à un centre de résistance contre Trump ».
Comment expliquer et empêcher cela?
Les ingénieurs de Facebook se sont moins intéressés au contenu du fil d’information des utilisateurs – au coeur de problème – qu’aux aux résultats quantifiables des actions des internautes sur le site – la conséquence – car
l’objectif final est d’identifier ce qu’ils veulent, ce qui méritent leur attention et de continuer à leur en donner.
Quant aux solutions à apporter contre « la mésinformation »- ce climat diffus de rumeurs, de propagande et de théories du complot dont est responsable Facebook – pourrait l’obliger à faire quelque chose qu’elle n’a jamais fait: ignorer les likes et dislikes de ses utilisateurs.
* « Can Facebook fix its own worst bug » – The New York Times magazine
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L’effet bulle des médias toujours plus important
« Comment est-ce que les grands médias américains ont pu louper le phénomène Trump? (…)
Certains conservateurs ont accusé la presse à grande majorité démocrate de prendre parti pour Clinton, mais ce soit-disant parti-pris ne tient pas puisqu’aucun organe de presse n’a ignoré l’histoire des emails de Clinton, tout le monde s’est gargarisé sur la correspondance [piratée] de John Podesta [son directeur de campagne] que Wikileaks a servi sur un plateau d’argent.Pour Nate Silver, de FiveThirtyEight, c’est l’hyper-homogénéité idéologique des « newsrooms » (à 93% démocrates) qui expliquent la « myopie de la presse »; même constat pour Steve Bannon, ancien président de Breitbart qui affirmait au lendemain de la victoire de Trump: « La bulle médiatique est le symbole ultime de ce qui ne tourne pas rond dans ce pays, c’est une cercle de gens qui se parlent entre eux sans avoir aucune idée de ce qu’il se passe ».
Mais [ces explications] sont le symptôme [d’une situation] et pas sa cause.
Et quand on en vient aux causes, il existe une autre façon de penser le problème (…)
On trouve cette réponse sur une carte.
Où est-ce que les journalistes travaillent et est-ce que [cette distribution] changé ces dernières années? (…)
Les médias nationaux travaillent dans une bulle qui n’existait pas il y a une dizaine d’années.
Cette bulle ne cesse de grossir. Concentrée le long des côtes, elle est géographique et politique. Si tu es journaliste, il a beaucoup de chances pour que tu vives dans une circonscription pro-Clinton – et très certainement l’une des plus « pro-Clinton ».
Et tu as même de la compagnie puisque si tu es un lecteur de Politico, il y a beaucoup de chances pour que tu sois un citoyen de Bubbleville, aussi.
Au début des années 2000, il existait encore une sorte d’équilibre entre les magazines, radio et télés concentrées depuis plusieurs générations entre New York et Los Angeles, et de nombreux quotidiens et leurs journalistes éparpillés un peu partout sur le territoire, dans des grandes, moyennes et petites villes.
Ca n’est plus le cas aujourd’hui.
Les employés travaillant pour les quotidiens et hebdomadaires sont passés de 455 000 dans les années 90 à 173 000 en 2017, à cause notamment des baisses de revenus publicitaires et montée d’internet, qui ont touché en premier les zones les plus rurales.
* « The Media Bubble is worse than you think » – Politico
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Thou Shalt Not Kill
L’Histoire d’une jeune fille adoptée qui découvre que son père biologique est dans les couloirs de la mort, et qui décide malgré tout de construire une relation avec lui: L’homme n’a rien à voir avec le crime odieux commis vingt ans plus tôt (le viol et le meurtre de deux femmes à quelques années d’intervalles).
Gina Grimm n’a pas été autorisée à assister à l’exécution de son père qui a eu lieu lundi dernier dans le Cummins Unit du centre pénitentiaire d’Arkansas. Il est l’un des huit condamnés à mort que le gouverneur Asa Hutchinson voulait voir exécuter en dix jours avant la fin du mois d’avril, date à laquelle l’une des drogues utilisées pour l’injection létale expirait – seulement quatre d’entre eux ont été exécutés.
La mort de Mme Grimm a pris plus de temps que prévu à du surpoids de Mr Jones Jr, plus deux cent kilos et un problème avec le seringue qui aurait été mal introduite.
Sur la route de Little Rock [capitale de l’Arkansas] plus tard dans la journée, Grimm a ressenti une pression sur la poitrine, une profonde angoisse dont elle n’a pas réussi à se libérer. Elle est contente d’être venu en Arkansas pour dire au revoir à son père. Plus inattendu, elle s’est liée d’amitié avec une communauté de militants [contre la peine de mort] dont elle ne connaissait pas l’existence.
Mais même les messages de ses amis et de sa famille [adoptive] n’ont pas réussi à la calmer ce jour là.
Tout ce qu’elle voulait c’est rentrer chez elle le plus tôt possible pour retrouver ses enfants et essayer de commencer son deuil.
« J’ai juste besoin d’être dans un endroit normal »
* « How a Daughter’s Search for her biological father led her to an execution in Arkansas » – The Intercept
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La plus grande bibliothèque du monde
The Atlantic s’intéresse au projet grandiose entrepris par Google en 2002 qui visait à scanner la plus grande collection de livres au monde, des millions d’ouvrages empruntés aux bibliothèques des universités du Michigan, De Harvard, du Congrès américain.
Dix ans plus tard, « Project Ocean » a numérisé 25 millions de livres pour un coût estimé à 400 millions de dollars grâce « un exploit technologique et logistique »: Des dizaines ingénieurs ont mis au point des stations automatisées capables de scanner mille pages par heure…
En août 2010, Google a annoncé qu’il existait 129 864 880 livres dans le monde et qu’ils allaient tous les numériser pour les rendre disponibles dans un moteur de recherche appelé Google Book Search.
Jusqu’à ce que les écrivains et éditeurs aient vent du projet et immédiatement dénoncé une violation des droits d’auteur à une échelle mondiale.
Le projet de Google était au départ de recenser uniquement tous les livres, titre, auteur, date de publication et d’ ajouter un court extrait dans une base de données et s’est transformé en une numérisation de masse, sans demander au préalable le droit de copier.
La possibilité de donner une seconde vie aux livres en ligne représentait à la fois une formidable opportunité financière pour les auteurs et éditeurs, mais quid des anciens ouvrages, de ceux qui appartiennent ou non au domaine public?
L’accord Google Book Search qui offrait un accès illimité de ses ressources aux bibliothèques, reversaient une partie des bénéfices aux écrivains et éditeurs, et un retour sur investissement pour Google mais donnait aussi à la compagnie le monopole de l’industrie de l’édition numérique et un pouvoir illimité sur la « connaissance: en général.
L’accord n’est jamais passé et Google dispose aujourd’hui d’une banque de données de 25 millions de bouquins inutilisables.
* « Torching the Mordern-Day Library of Alexandra » – The Atlantic
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L’homme le plus malchanceux au monde
Otto Warmbier, originaire de Cincinnati dans l’Ohio, était en première année à l’Université de Virginie, lorsqu’il est parti visiter la Corée du Nord, avec une trentaine d’autre jeunes étudiants originaires du monde entier, encadré par un tour operateur spécialisé dans les régions à risques (Afghanistan, Tchernobyl, Turkménistan,…). Le « New Year’s Party Tour » s’est déroulé sans problème pendant cinq jours jusqu’au départ à l’aéroport de Pyongyang où le jeune homme de 21 ans a été arrêté pour, selon les autorités nord-coréennes, « avoir perpétré un acte hostile contre la RPDC [La République populaire démocratique de Corée].
Six semaines plus tard, il a été condamné lors d’un semblant de procès à quinze ans de travaux forcés après avoir admis son crime: avoir essayé de voler des pancartes de propagande dans son hôtel.
Il est emprisonné dans une location tenue secrète depuis 482 jours et « le monde semble l’avoir oublié » même si le Département d’Etat affirme que « le gouvernement américain cherche à assurer sa libération ».
Certains experts pensent qu’il pourrait être utilisé comme un bouclier humain contre les menaces américaines et son sort dépend aujourd’hui des relations entre les Etats-Unis et la RPDC.
En attendant il pourrait subir le même sort des 120 000 autres prisonniers nord-coréens condamnés à travailler 12 heures par jour dans des goulags.
* « Otto Warmbier has been a prisoner of North Korea since the start of 2016. Has America forgotten him? » – Time
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Les unes du dimanche 30 avril 2017