Au sommaire ce mercredi 17 mai 2017
1. ComeyGate 2.0: Une chronologie et des récurrences
2. Les conservateurs: « The Monthy Python Movement »
3. Violences de la garde rapproché de Erdogan à Washington
4. Les Etats-« emojis » d’Amérique
5. A l’intérieur de l ‘Apple Park
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1. « La plus longue semaine de l’histoire de la politique américaine »
La plus importante crise de cette jeune administration rassemble trois éléments récurrents:
* les fuites des agences de renseignements et de la Maison Blanche aux journalistes ont joué un rôle essentiel pour dévoiler
* Les erreurs et mensonges de Donald Trump, dont il est le seul responsable,
* Une équipe de communication abandonnée
Travaux pratiques sur les évènements de ces deux dernières semaines:
- Mardi 09 mai 2017 – Le ComeyGate
Renvoi brutal du directeur du FBI (par lettre officielle), James Comey en pleine enquête du Bureau sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles américaines et l’éventuelle collusion du Kremlin avec des proches du candidat républicain.
Les justifications de Donald Trump/Sarah Sanders: Il a suivi les recommandations de Rod Rosenstein, ministre adjoint de la justice, qui ont conclu que Mr Comey ne peut diriger efficacement le Bureau. - Mercredi 10 mai 2017 – Les autorités russes dans le bureau ovale
- Rencontre entre l’ambassadeur russe à Washington,Sergey Kislyak et le Ministre des Affaires Etrangères, Sergei Lavrov et le président Trump à la demande de Vladimir Poutine, à la Maison.
Les journalistes russes sont autorisés a assisté à la rencontre dans le bureau ovale mais les journalistes américains sont tenus à l’écart. - New York Times: Donald Trump aurait demandé à trois reprises à James Comey l’assurance de sa loyauté, ce que ce dernier a refusé.
- New York Times: James Comey aurait demandé davantage de moyens pour continuer l’enquête sur l’ingérence russe dans les élections à Rod Rosenstein et au Sénat.
- Rencontre entre l’ambassadeur russe à Washington,Sergey Kislyak et le Ministre des Affaires Etrangères, Sergei Lavrov et le président Trump à la demande de Vladimir Poutine, à la Maison.
- Jeudi 11 mai 2017 – L’interview vérité
Donald Trump admet (interview donnée à NBC) qu’il a décidé de renvoyer Comey parce qu’il refuse de lâcher l’enquête sur la campagne présidentielle - Vendredi 12 mai 2017 – Les « tapes »
- Donald Trump menace James Comey (via Twitter) s’il venait à révéler des informations compromettantes à la presse sous peine de ressortir « des enregistrements » qu’il semble avoir gardé de ses discussions avec lui.
- Sean Spicer, le porte parole de la Maison Blanche ne nie pas, ni ne confirme l’existence de ces enregistrements en conférence de presse.
- Lundi 15 mai 2017 – Les révélations du Washington Post:
Le quotidien révèle que Donald Trump a partagé des informations ultra-confidentielles lors de sa rencontre avec les autorités russes la semaine d’avant.
Informations concernant les menaces terroristes de Daech qui ont été transmises par Israël
Le général McMaster, secrétaire à la Sécurité Nationale, nie les échanges - Mardi 16 mai 2017 – Le « mémo de Comey », LE SMOKING GUN?
- Trump confirme (via Twitter) avoir discuté de la lutte contre le terrorisme avec les Russes dans le bureau comme sa position de président l’y autorise.
Ces infos ultraconfidentielles ou « code words » ont été fournies par Israël. - The New York Times: Trump aurait demandé au directeur du FBI, James Comey, de mettre fin à l’enquête fédérale sur le général Michael Flynn le lendemain de sa démission du poste de conseiller à la sécurité nationale: Il a menti au vice-président Mike Pence sur la nature de ses discussions avec l’ambassadeur russe à Washington, Sergey Kislyak, le 29 décembre 2016, le jour où le président Obama a annoncé les sanctions contre les Russes pour s’être ingéré dans les élections présidentielles.
Sally Yates, ministre de la justice par intérim, a prévenu fin janvier le président des mensonges de Mr Flynn et ce dernier n’a rien fait jusqu’aux révélations du Washington Post qui détaillent le 9 février le contenu des discussions de Flynn et Kislyak: la levée des sanctions imposées par Obama sur la Russie. - Les Démocrates et médias parlent d’une obstruction de justice qui a peu de chances de mener à la destitution du président.
- Le mémo de Mr Comey mentionne également l’emprisonnement des journalistes qui publient des informations confidentielles
- Trump confirme (via Twitter) avoir discuté de la lutte contre le terrorisme avec les Russes dans le bureau comme sa position de président l’y autorise.
- Mercredi 17 mai 2017 :
- Rod Rosenstein, le ministre adjoint de la justice, a nommé hier un « conseiller spécial », Robert Mueller, ancien directeur du FBI, pour poursuivre l’enquête du FBI sur l’ingérence russe dans les élections, et répondu aux demandes des Démocrates.
Pas sûr que cet homme intègre, et ami de James Comey soit une bonne nouvelle pour Donald Trump, qui a exprimé sa frustration ce matin
- Rod Rosenstein, le ministre adjoint de la justice, a nommé hier un « conseiller spécial », Robert Mueller, ancien directeur du FBI, pour poursuivre l’enquête du FBI sur l’ingérence russe dans les élections, et répondu aux demandes des Démocrates.
- La revanche du Comey n’est pas terminée: Détaché des contraintes de confidentialité lié à son statut au sein de FBI, Comey peut désormais parler librement et il pourrait avoir d’autres révélations contre le président.
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2. Les conservateurs: « The Monthy Python Movement »
- Le Wall Street Journal qui a été plus que patient avec le président depuis son investiture, voire son élection était dubitatif ce matin:
La présidence de Trump n’a été qu’une succession de turbulences, ce qui semble être ce qu’il recherche. La dernière en date concerne le partage de renseignements confidentiels avec les Russes – et quel que soient les détails de cet incident, toute présidence ne peut traverser qu’un certain nombre de turbulences avant de voler en éclats (…)
Des millions d’Américains sont au courant des travers de Trump mais ont pensé qu’il valait le risque. Ils ont pensé, ou espéré qu’il assumerait les exigences de sa position. S’il en est incapable, il va trahir leurs espoirs et sa présidence se noyer devant leurs yeux - John Podoretz du New York Post n’y va pas de main morte:
Aujourd’hui tout ce qu’on peut dire sur Donald Trump, c’est qu’il est un mauvais président – en partie parce qu’il ne peut s’empêcher de se créer des problèmes, de son propre chef.
Oui les médias sont contre lui, et les Démocrates veulent sa peau. Mais tous ceux qui veulent trouver des excuses au président parce qu’il est mal traité à Washington et serait desservi par son propre staff ignorent le fait principal: qu’il est train de bousiller la situation politique comme personne ne l’avait fait auparavant.
Ce n’est que le 117ème jour d’une présidence qui est censée en compter 1 460.
Mais après les blessures sidérantes auto-infligées de ces deux derniers jours, il n’est pas irraisonné pour la première fois de se demander s’il n’a pas déjà servi la majorité des jours qu’il était censé servir. - National Review est plus modérée en attaquant l’hystérie collective qui s’est emparée des Démocrates et médias mainstream contre la Russie:
Biensûr la meilleure chose serait d’avoir un président qui ne fait pas d’énormes bourdes avec la Russie. Ce n’est pas le cas. Mais en essayant de créer la panique ou des scandales pour le destituer, les anti-Trump s’imaginent défendre l’Amérique contre une force chrétienne et fasciste pourrait endommager la capacité du président à gérer des crises bien plus sérieuses.
- Cette fois-ci, selon Politico, « les Républicains auraient atteint le point de non-retour avec Trump ». C’est la menace la plus grave que rencontre aujourd’hui Donald Trump depuis le fameux enregistrement de « Access Hollywood » et à l’époque il n’était pas président.
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3. Violences de la garde rapproché de Erdogan à Washington
- Les images sont d’une violence inouïe, et elles n’ont ni lieu en Turquie, en Corée du Nord ou même en Russie mais aux abords de la Maison Blanche. Hier un groupe de militants et manifestants kurdes s’étaient rassemblés à Washington pour la première rencontre officielle entre le président turc Erdogan et Donald Trump.
La garde rapprochée de Erdogan s’est violemment attaquée aux manifestants, malgré la présence policière et aucun des agresseurs ne semble avoir été arrêté.
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4. Les Etats-« emojis » d’Amérique
- Axios a transformé les figures de Chernoff en emoji pour rendre compte de la situation des Etats du pays: Voir le graphique interactif ICI
- Pour comprendre les codes
- La couleur de peau correspond au nombres des gens qui ne sont pas assurés: plus c’est vert, moins il y a d’assurés et plus c’est jaune, plus les habitants sont couverts par une assurance santé
- Les Sourcils: Plus ils penchent de chaque côté, plus le taux de chômage est important
- Les yeux: plus ils sont gros, plus les taux de diplôme chez les plus de 25 ans est important
- Les cernes: Ceux qui en ont le plus sont ceux dorment le moins
- La bouche: Plus elle est grande, plus l’indice de pauvreté est important
- Le menton: Plus il est visible, plus le taux d’obésité sera important
- On en déduit qu’il fait bon habiter dans le Vermont, le Minnesota, le Massachusetts, Hawaï et généralement le Nord Est des Etats-Unis. Tous les états du Sud sont en petite forme: La Floride, La Géorgie, Alabama, Mississipi, Louisiane, Oklahoma, Texas.
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5. A l’intérieur de l ‘Apple Park
- C’est la « cover story » de Wired magazine ce mois-ci: Le nouveau campus de Apple construit aux alentours de Cupertino en Californie et l’un des projets architecturaux les plus impressionnants de ces dernières années: « pas les immeubles de bureaux qui deviennent rapidement ennuyeux » mais quelque chose de nouveau, « le meilleur office du monde » confié à l’excellent Norman Foster.
- C’est une immense boucle de huit bâtiments, de 461 mètres de diamètre d’une superficie de 260 000 m2, haute de quatre étages disposant de trois sous-sols qui peut accueillir jusqu’à 12 000 employés sur 260 000 m2.
C’est la dernière grande obsession de Steve Jobs qu’il a imaginé pour l’avenir de sa compagnie et l’un des défis les plus ambitieux de Apple. - Présentée par Jobs devant le conseil municipal de Cupertino en juin 2011, dernière apparition avant son décès au mois d’octobre suivant, le projet de « Apple Park » a été accepté a l’unanimité en octobre 2013. Le projet, évalué à cinq milliards de dollars a mis trois ans à être construit (2014-17) et les premiers employés ont commencé à s’installer ce mois-ci.
- Pourtant le projet de cinq milliards de dollars est de plus en plus critiqué sur plusieurs points:
- Architectural: « Un cocon rétrograde pour le Los Angeles Times ou « une réserve snob et isolée en contradiction avec l’école urbaniste branchée du siège social »
- Social: La structure rigide de Apple Park « ne peut s’adapter aux éventuelles évolutions des façons de travailler. Autre point important: Il n’y a pas de garderie.
- * « Campus: An exclusive Look inside the Mothership » – Wired
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6. Le reste de l’actualité
- Politique: Atmosphère lourde & irrespirable à la Maison Blanche, Trump est sombre et amer, ses conseillers tétanisés, même Jared Kushner est visé par les critiques. The New York Times
- Médias: « Jimmy Fallon était au sommet du monde jusqu’à ce que Trump soit élu ». L’humour potache et apolitique de cet ancien membre de Saturday Night Live n’a pas résisté à l’atmosphère ultra-politisé de l’Amérique de Trump qui s’est supplanté par des « woke »comédiens et anciens disciples d’un humour bien ironique de politique de Jon Stewart: Jon Oliver, Seth Meyer, Samantha Bee – The New York Times
- Cinéma: Michael Moore est en train de réaliser un documentaire sur la présidence de Donald Trump intitulé « 11/9 » (le « 09 novembre », lendemain des élections présidentielles américaines et clin d’oeil à son autre documentaire sur la présidence de George W. Bush, « Fahrenheit 9/11 ») produit par les frères Weinstein – Variety
- Mode: le combishort (« rompers ») pour les frat-boys (fils à papa américains antipathiques, propres sur eux, souvent misogynes et qui parlent fort) – New York Post
- Armée: Chelsea Manning sort de prison aujourd’hui. Elle avait été arrêté en 2010 après avoir fourni à Wikileaks des 700 000 câbles diplomatiques sur la guerre en Irak et en Afghanistan. Barack Obama a transformé a réduit sa peine de 35 ans de prison à seulement sept ans et un changement de sexe. – Reuters