1. « We’re OK, the Country’s not »
- L’info de la semaine à Washington, ce sont les tweets incendiaires et sexistes de Donald Trump à l’encontre de la présentatrice de l’émission politique de MSNBC « Morning Joe », Mika Brzezinski, qui s’était moquée jeudi matin de la fausse couverture du magazine Time – sur laquelle apparaît Trump – accrochée dans plusieurs clubs de golf du président.
- Vendredi, les deux présentateurs ont dénoncé dans le Washington Post « la constante obsession de Trump avec le sang des femmes » en référence aux remarques désobligeantes du candidat républicain contre Megyn Kelly en 2015.
- Dans leur émission ce matin, ils ont affirmé que trois conseillers du président, dont Jared Kushner, leur auraient conseillé il y a quelques mois, de supplier le président de demander à son ami, le patron du tabloïd The National Enquirer, de ne pas diffuser un article révélant leur relation – ce qu’ils ont refusé de faire.
- La plupart des Démocrates et quelques Républicains ont condamné les propos défendus bec et ongle par une Maison Blanche qui agit de plus en plus comme une forteresse assiégée par « les médias libéraux et les élites du pays ».
- Encore une fois: Si n’importe quel politique ou journaliste, présentateur, entrepreneur avait insulté le « petit QI » d’une collègue ou d’une employé et s’était moqué de « son lifting », il aurait été critiqué, forcé de s’excuser et peut-être même viré.
Pas Donald Trump. - Le tabloïd new yorkais Daily News y a consacré sa couverture ce matin avec l’aigle américain en berne et le titre « Humiliation »
2. Mac vs Apple
- Monkey Survey, le site de sondages en ligne, qui a correctement prévu la débâcle des conservateurs anglais début juin, s’est demandé quels auraient été les résultats des élections présidentielles américaines si les électeurs américains avaient été remplacés par des utilisateurs de Windows ou Mac, ou iOS ou Android?
- Les utilisateurs de Windows auraient fait gagner Trump et ceux du Mac auraient encore plus largement fait gagner Hillary Clinton.
3. Les fédéraux à Chicago
- Chose promise, chose due: Trump menaçait depuis des mois (pendant la campagne présidentielle, après son élection et en janvier) d’envoyer les « fédéraux » à Chicago si les autorités locales, le Chicago Police Department et le maire démocrate, Rahm Emanuel, étaient incapables d’arrêter le « carnage » qui ravage la ville.
- En 2016, Chicago a recensé 762 homicides, « plus que les décès par armes à feu de New York et Los Angeles réunis, les deux autres plus grandes villes d’Amérique » et les problèmes de violence et de criminalité continuent à la même cadence cette année avec jusqu’ici 333 homicides et 1 760 fusillades.
- Le Département de Justice américain a annoncé aujourd’hui l’envoi de vingt agents de l’ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives) qui vont faire équipe avec la police locale dans d’une unité spéciale, la « Chicago Crime Gun Strike Force » qui sera opérationnelle dès demain pour le début du long week-end du 4 juillet, fête de l’indépendance, et chaque année, l’un des plus meurtriers de la « Wind City »
4. La Chine à la rescousse des Etats-Unis?
- Malgré la récente déconvenue de Donald Trump avec la Chine, incapable de détendre son voisin nord-coréen, et l’aversion du président américain pour la mondialisation, obnubilé par son programme nationaliste économique « America First », le géant du milieu continue d’investir massivement chez les Yankees:
En 2016, les entreprises chinoises ont dépensé 46 milliards de dollars d’investissement direct à l’étranger aux Etats-Unis, trois fois plus que les 15 milliard dépensés en 2015 (…) Les entreprises chinoises emploient 140 000 travailleurs dans tout le pays, neuf fois plus qu’en 2009 (…)
La plupart de l’activité économique générée à travers les Etats-Unis est produit de la mondialisation, qui a aidé a booster des économies partout dans le monde, y compris en Chine, et qui permet désormais à une classe de gens et d’entreprises fortunés de ces économies d’investir aux Etats-Unis, en créant des emplois dans des régions en difficulté comme dans l’Ohio. (…)
Des centaines de représentants chinois y travaillent [dans l’Ohio], ont ramené leur famille de Chine, achètent des maisons et des voitures et inscrivent leurs enfants dans les écoles locales.. - « Will China save the American Economy? » – The Atlantic
5. Le nouveau Martin Luther King?
- Il a fait la couverture de l’édition dominicale du New York Times au début du mois, le révérend William Barber, qui officie dans la petite église de Goldsboro en Caroline du Nord, est l’une des personnalités religieuses les plus influentes et politisées du pays – et de gauche.
Le mélange de piété et de politique offert par Barber pourrait apporter un nouveau souffre de vie et de direction à la gauche politique américaine pour s’opposer au programme de Trump.
- L’ ancien amateur de football américain à la carrure imposante est souvent comparé à Martin Luther King, grâce à des sermons « qui mélangent les principes d’amour, de justice et de compassion avec une vision américaine de la morale inscrite dans la constitution » et capables de « surpasser les valeurs morales longtemps revendiquées par les conservateurs. »
- Avec son mouvement de désobéissance civile, « Moral Mondays », créé en 2013 pour protester contre le programme du gouverneur républicain de Caroline du Nord, Pat McCroy, il veut former « une armée d’activistes dans les Etats les plus conservateurs et mettre le problème de la pauvreté au centre de la politique américaine », une sorte de continuation du travail inachevé de Martin Luther King, assassiné en 1968, peu après avoir annoncé le lancement d’une campagne pour améliorer la vie des pauvres.
Barber porte son message à travers le pays, depuis des chaires, devant des syndicats et des militants « millenial », dialogue sur le podcast de Bernie Sanders et est souvent l’invité de la chaîne libérale MSNBC. Sa plus grande prestation a été celle de la convention nationale démocrate au cours de laquelle il a reçu une standing ovation lorsqu’il a appelé une « armée de défibrillateurs moraux » à « choquer le coeur de la nation »
- « Rev. William Barber builds a moral movement » – The Washington Post
« Religious liberals sat out of politics for 40 years. Now they want in the game » – The New York Times
6. La vidéo du Jour
- La dernière campagne publicitaire de la National Rifle Association joue sur les profondes divisions idéologiques dont souffre le pays depuis l’élection de Trump pour recruter de nouveaux membres.
- On y voit une Amérique en quasi-guerre civile, dans laquelle « les médias, les écoles, les élites d’Hollywood et le président Obama » sont responsables des violences contre le président Trump et ses supporters, et « le seul moyen d’arrêter ça, c’est de combattre cette violence de mensonges avec le poing fermé de la vérité ».
- Les autres vidéos créées à l’occasion de cette campagne « Freedom’s Safest Place » sont toutes aussi alarmantes, à la limite de la caricature, à l’instar de « The Demons at our Doors », « You haven’t met America », « Real Empowerment ».
7. Le reste de l’actualité
- Neil Gorsuch, juge de la Cour Suprême des Etats-Unis nommé il y a quelques mois par le nouveau président pour remplacer le conservateur Anthony Scalia, est très à droite sur la religion, les armes et les droits des homosexuels. Il avait pourtant affirmé lors de son audition devant le Sénat qu’il n’existait pas de juge démocrate ou républicain. – The Los Angeles Times
- Consommation d’opioïdes: la police de Dayton dans l’Ohio affirme avoir utilisé de la Naxolone, le médicament miracle qui renverse le effets de l’overdose, à vingt reprises sur le même toxicomane. Un abus dénoncé par un politicien de Middletown qui suggère que les forces devraient arrêter de répondre aux overdoses d’opioïdes pour éviter de gâcher les ressources de la police. – Dayton Daily News
8. La couverture du Jour
- Difficile d’énumérer les couvertures qu’a fait Trump ces dix-huit derniers mois. Cette semaine, il est en couverture de New York magazine et The Economist.
- Qu’apprend-on de nouveau? Trop rien si ce n’est que Trump exploite les divisions (villes contre campagnes, travailleurs contre étudiants) pour satisfaire sa base électorale très loyale et les scandales de la Maison Blanche, jusqu’ici relayés et limités à Washington devraient bientôt se répandre dans le reste du pays.