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14.09.17

 

1. Le « A » word.

 

  • #Amnesty Don était la tendance de Twitter hier soir après l’annonce d’un accord entre Nancy Pelosi et Chuck Schumer, les chefs des minorités démocrates de la Chambre des Représentants et du Sénat et Donald Trump sur DACA, autour d’un dîner qui avait fait jaser un peu plus tôt dans la journée chez les Républicains et pour cause: Il aurait trouvé un terrain d’entente avec l’opposition pour remplacer le programme de protection temporaire des jeunes migrants, le DACA qu’il avait décidé de supprimer avec perte et fracas il y a dix jours. Ce matin les « Dreamers » étaient aux yeux du président « de jeunes individus diplômés, accomplis et bons qui travaillent. »
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  • Conscient d’une côte de popularité qui ne peut descendre plus bas – elle tourne autour de 33% – Trump a joué la stratégie politique classique en choisissant une décision soutenue par la grande majorité de la population (88% des Américains s’agissant du DACA) mais en risquant tout de même de s’aliéner sa base électorale la plus extrême.
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  • Ca n’a pas raté: on a immédiatement assisté à une vague d’indignation de la droite pro-Trump: médias et politiques ont accusé le président de trahir sa base électorale en amnistiant les « dreamers » (c’est Breitbart qui a choisi ‘Amnesty Don’ en référence à Lyin’ Ted et Lil’ Marco utilisé par Trump pendant la campagne) sans avoir pu assurer le financement du mur. Car les Démocrates ont également affirmé que le financement du mur n’était pas inclus dans l’accord; des conclusions peut être trop hâtives et démenties par la Maison Blanche mercredi soir et par Donald Trump sur Twitter jeudi matin.
    Le président l’a répété cet après midi: il n’y aura pas d’amnistie des « dreamers » si le financement du mur n’est pas accepté.

 

  • A retenir: Pour la première fois depuis huit mois, Donald Trump arrive à conclure des accords car il négocie directement avec les Démocrates sans passer par les Républicains, minés par les courants et luttes d’influence au Sénat et à la Chambre des Représentants.

 


2. Donald, le président en téflon

 

  • Les médias grand public ne cessent de mettre en garde les Démocrates: critiquer Donald Trump, dénoncer son manque de résultats, brandir les collusions avec la Russie pendant la campagne ne leur permettront pas remporter les élections de mi-mandat dans un an. Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré les six premiers mois catastrophiques de son administration, ses dérapages sur Twitter, Trump est toujours considéré comme un « outsider » qui bouscule le système, que les électeurs apprécient et que les Démocrates sont incapables de fragiliser.
    Pire encore: La plupart des idées lancées par des leaders de gauche pour tenter de récupérer les électeurs perdus – l’université gratuite, hausse du salaire minimum à 15 dollars, et même l’assurance santé universelle  – sonnent creux chez ceux qui n’appartiennent pas à la base.

 

  • « Les gens pensent qu’il apporte du changement donc c’est difficile de dire qu’il ne tient pas ses promesses » explique la sondeuse démocrate Celinda Lake, et c’est bien toute la complexité du phénomène Trump.« Teflon Don confounds Democrats » – Politico

 

 


3. The Red Pill

 

  • Fox News s’est fait l’écho cette semaine d’un nouveau phénomène, ignoré dans les médias grand public, celui du nombre croissant de libéraux qui « prennent la pilule rouge ». En anglais, « taking the red pill » fait référence aux « gens de n’importe quel âge et n’importe quelle ethnie qui postent des vidéos sur YouTube décrivant leur « red pill moment »: la prise de conscience qui les a poussé à rejeter les idées de gauche imposées depuis leur enfance par les amis, les enseignants, les médias d’information et de divertissement ». La « red pill » renvoie au film Matrix Matrix, au cours duquel Keanu Reeves doit choisir entre la pilule bleue qui va le renvoyer dans l’ignorance et la rouge qui va l’amener « à poursuivre sa quête et à se réveiller, sachant qu’il s’agit d’un voyage sans retour et potentiellement douloureux vers la connaissance et la fin de l’illusion. » (Les Observateurs).
    L’exemple cité par Fox News est plus terre-à-terre, il s’agit d’une afro-américaine, surnommée « Red Pill Black », qui affirme « [se foutre] de Charlottesville, du KKK ou des suprémacistes blancs » qui ne sont qu’un fantasme des libéraux plus qu’une véritable menace.

 

  • Autre exemple de « red pill », c’est celle insidieusement administrée à des jeunes internautes crédules par des personnalités qu’ils admirent: Le suédois PewDiePie, le plus célèbre joueur de jeux vidéos sur YouTube (sa chaîne a 57 millions d’abonnés) et provocateur assidu a récemment provoqué un tollé en prononçant le « n-word » lors d’une démonstration qui a entraîné la réaction indignée de ses supporters, pour qui ce dérapage ne fait pas de lui un raciste.
    Mais ce n’est pas la première fois que la star de YouTube est sanctionnée pour des propos déplacés: Disney et Youtube ont annulé leur collaboration avec lui après que le Wall Street Journal a trouvé sur son compte de 57 millions d’abonnés neuf vidéos comprenant des blagues antisémites et imageries nazies.
     
    Pour Media Matters:

    [PewDiePie a développé une relation symbiotique avec les trolls influents de l’alt-right qui le soutiennent activement en essayant en même temps d’influencer ses propos et d’attirer un peu plus de supporters dans leurs rangs (…) Parmi ses abonnés figurent des personnalités influentes comme Alex Jones et Mike Cernovitch qui affirment que le backlash dont il est victime est le résultat d’une attaque injuste des médias mainstream et ceux qui se sentent offensés, les « guerriers de la justice sociale ».

 


4. Le « Chad »

 

  • Nouvelle lubie de l’alt-right américaine repérée dans l’excellente newsletter de Will Sommer sur les médias conservateurs, Right Richter, le « Chad », qui signifie en slang, l’argot américain, un jeune blanc citadin, diplômé et célibataire d’une vingtaine d’années originaire d’un milieu aisé.
    Ce genre de « frat boy », archétype du populaire quarterback américain, représenté par des memes le comparant aux « puceaux faibles et sans allures » souvent libéraux ou républicains modérés inonde les communautés alt-right présentes sur le site de partage 4Chan.
    Mais pour beaucoup, le « Chad » est « pour formuler simplement, un mec mignon qui n’a aucun problème à attirer les filles »
     

 

 


5. Les coûts de l’épidémie

 

  • L’épidémie d’opiacés (héroïne, fentanyl et anti-douleurs prescrits sur ordonnance) qui ravage les Etats-Unis ces dernières années a un coût humain de plus en plus lourd – 62 000 morts par overdoses en 2016 – mais elle a également des conséquences financières catastrophiques dans certains Etats, comme la Virginie Occidentale, et sur l’économie du pays en général.
    Howard Birnbaum interrogé parle New Yorker:

    Ce sont pas seulement les employeurs et les employés qui perdent en productivité mais c’est l’ensemble de la société civile. Si les gens n’ont pas d’emplois, ils n’ont pas d’argent à dépenser au supermarché, en essence. C’est le vieil effet multiplicateur: le fardeau socio-économique ne se limite ni à l’individu, ni à de l’entreprise mais à la communauté toute entière.

     

  • Une estimation de coût de l’épidémie tournait autour de 78 milliards de dollars en 2013 sachant que les toxicomanes, les overdoses et décès ont doublé depuis trois ans.

 


6. ESPN vs Trump

 

  • Des journalistes qui critiquent le président, ça arrive tous les jours. Des journalistes qui le qualifient de « suprémaciste blanc » qui « s’est surtout entouré d’autres suprémacistes blanc », c’est plus rare. Une porte parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, interrogée en conférence de presse sur les propos de la journaliste afro-américaine Jemele Hill, qui appelle son patron, la chaîne sportive américaine ESPN, à la virer, c’est du jamais vu.
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  • Résultat des courses: Jemele Hill s’est excusée auprès de ESPN pour l’avoir mis dans l’embarras, ESPN a accepté les excuses sa journaliste star en rappelant qu’elle avait le droit d’exprimer ses opinions personnelles sauf sur une plateforme qui puisse faire penser qu’elle parle en leur nom.
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  • Les propos de Jemele Hill sont partagés par beaucoup de journalistes et commentateurs afro-américains dont le plus influent d’entre eux, Ta-Nehisi Coates affirmait la semaine dernière dans un essai que l’idéologie de Trump est la suprématie blanche 

 


7. Sean Spicer sur Jimmy Kimmer

 

  • Notre mascotte nationale, Sean Spicer, ancien porte parole – haut en couleur – de la Maison Blanche a donné sa première interview à Jimmy Kimmel Live et c’est très drôle 
     

 


8. Must Read: Le nouvel art de la guerre russe

  • La cover story du dernier New York Times magazine sur les organes d’informations russes officiels tels que RT ou Sputnik, présents dans tous les pays occidentaux et que Poutine utilise pour essayer de « casser le monopole mondial de l’information anglo-saxone:
     

    La transformation et l’accélération des technologies de l’information, affirme Peskov [porte parole du Kremlin] ont différencié l’économie mondiale de sa valeur réelle. La perception seule peut influencer les marchés voire les effondrer: « Nous n’avons jamais observé de bulles comme celles présentes dans la première économie mondiale, les Etats-Unis ». Ce nouveau flux d’informations a produit de nouveaux conflit d’intérêts et qui s’est transformé en une guerre de l’information.
    Peskov affirme que cette guerre de l’information n’est pas le choix de la Russie qui n’a fait que « se défendre » en citant « les révolutions de couleur » des Etats d’Europe de l’Est et d’Asie centrale qui ont écarté du pouvoir les gouvernements pro-russes d’Ukraine [Révolution Orange en 2004], de Géorgie [Révolution des Roses] et du Kirghistan [Révolution des Tulipes en 2005] au milieu des années 2000. La Russie accuse les ONG américaines d’avoir fomenté ces bouleversements. Mais aujourd’hui, comme le soutient Pesko, un simple compte Twitter peut bouleverser l’ordre géopolitique mondial. « Maintenant, tu peux toucher des centaines de millions de personnes une minute ».

    « RT, Sputnik and Russia’s New Theory of War » – New York Times magazine


9. Couverture du jour

Published in Revue de presse