1. Twitter Man v Rocket Man
- Sur le dossier nord-coréen, l’obsession de la Maison Blanche ces derniers jours, Susan Glasser explique dans Politico:
Qu’il le reconnaisse ou non, Trump a une ligne rouge – une décision que de nombreux représentants de la Défense américaine considèrent comme une escalade dangereuse et auto-infligée de la véritable crise qui a éclaté avec la Corée du Nord (…)
« Le problème, c’est que l’administration fait croire que si la Corée du Nord finit de développer ses missiles balistiques intercontinentaux, et qu’un missile doté de l’arme nucléaire peut toucher les Etats-Unis, ça change tout. Ce n’est pas vrai et ça ne l’a jamais été » affirme Dennis Blair, ancien directeur du renseignement national.« Twitter Man v Rocket Man » – Politico
- Le lauréat du Pulitzer 2017 pour son enquête sur les activités de charité de Trump, David Farenthold s’est récemment intéressé aux difficultés que rencontre son empire, notamment ses clubs et hôtels qui rapportaient beaucoup d’argent en accueillant réceptions, galas et même tournages et qui souffrent aujourd’hui des premiers mois très controversés de la présidence:
La clientèle change. Les propriétés de Trump accueillent de nouveaux clients qui veulent profiter de lui ou du gouvernement. Mais elles perdent la clientèle sur laquelle elles se sont développées: des groupes non politisés qui veulent juste louer une chambre (…) Sur les deux cent groupes qui ont loué des chambres, conférences ou parcours de golf depuis 2014, 85 ne sont plus des clients de Trump, la plupart pour des raisons autres que politiques, mais une trentaine affirme être partie à cause de la carrière politique de Trump.
« Trump’s divisive presidency reshapes a key part of his private business » – The Washington Post
- Enfin Trump, beaucoup critiqué la semaine dernière pour son rapprochement avec les Démocrates « Chuck et Nancy », a essayé de rassurer sa base électorale ce week-end en retweetant un meme incendiaire dans lequel on le voit frapper une balle de golf qui atteint Hillary Clinton de dos et la renverse.
Il a déjà retweeté des memes mais qui attaquaient des journalistes de CNN pas son ancienne adversaire politique.
« RT’s = endorsements? Trump’s retweets of outlandish memes a signal to his base » – Washington Post
2. Emeutes à St Louis
- Les manifestations, qui ont éclaté vendredi soir à St Louis, dans le Missouri, après l’annonce de l’acquittement de l’officier de police Jason Stockley, responsable de la mort d’un Afro-américain, Anthony Lamar Smith, en 2011, ont duré tout le week-end et nécessité l’intervention musclée de la police anti-émeute, responsable de l’arrestation de quatre vingt personnes.
Comme dans d’autres affaires, [cet acquittement] prouve la difficulté de rendre la police responsable de la mort d’Afro-américains, quelles que soient les preuves. Mais ce qui inhabituel ici, c’est le verdict du juge après que Stockley ait renoncé à un procès, qui donne un aperçu du raisonnement derrière l’acquittement d’un homme qui a dit à son partenaire, en parlant de Smith, « On va tuer ce connard ».
Le juge a conclu « que les gens disent toutes sortes de choses dans situations très stressantes », que les cinq coups de feu ont été tirés en même temps comme l’avance la défense – alors que l’accusation note un cinquième et dernier coup de feu mortel tiré à quelques centimètres de Smith; que Stockley n’a pas placé un revolver dans la voiture de Smith, après sa mort, pour justifier la légitime défense, malgré le témoignage des collègues de l’officier et ne comprend pas ce qui aurait poussé Stockley à assassiner un automobiliste.
S’il y a une nouvelle leçon à retenir de cet épisode tragique, c’est cet aperçu de la logique douteuse, des rumeurs qui se transforment en faits et des justifications insensées qui permettent d’innocenter des officiers blancs malgré la preuve qu’ils ont assassiné des automobilistes noirs.« This Judge’s Excuses for Acquitting Jason Stockley of Murder are Pathetic » – Slate
3. La communauté LGBT, reine des Emmys
- Stephen Colbert l’annoncé en début de soirée, jamais les Emmys n’avaient nominé autant d’artisites issus des minorités, et les grands gagnants d’hier soir appartiennent à la communauté LGBT avec un second Emmy d’affilé pour Kate McKinnon, star de l’émission satirique Saturday Night Live, qui a remercié au passage Hillary Clinton – qu’elle a imité durant toute la campagne 2016; Lena Waithe, co-auteure avec Aziz Ansari de l’épisode « Thanksgiving » de la série Master of None, inspirée par son propre coming out: « le monde ne serait pas aussi beau si vous n’y étiez pas » a-t-elle lancé dans un discours émouvant. La série « Black Mirror » a remporté un Emmy pour l’épisode « San Junipero » et enfin une interview exclusive de Stephen Colbert avec RuPaul, la drag queen la plus célèbre de la télévision américaine.
- Les autres gagnants de la soirée: les histoires de femmes (« The Handmaid Tale » avec cinq récompenses dont meilleur drame, « Big Little Lies » et « Veep ») et « Saturday Night Live » (neuf récompenses dont Alec Baldwin pour son rôle de Donald Trump, « Cet Emmy est pour vous Mr le président »)
- L’autre évènement de cette soirée, c’était l’apparition de Sean Spicer pour confirmer la taille de la foule présente au Microsoft Theater de Los Angeles, une référence à sa première conférence de presse du 20 janvier à la suite de l’inauguration du président, qui avait poussé McCarthy à l’imiter dans « Saturday Night Live », qui a surpris tout le monde mais déçu beaucoup de journalistes.
Déçu également, le New York Post, de voir qu’un show normalement consacré au divertissement soit devenu si politisé
- Signe des temps qui changent: « Ces dix-sept dernières années, HBO a reçu le plus de nominations pour les Emmys que n’importe quelles chaînes de télévision ou du câble » et si elle arrive toujours en tête en 2017 avec 110 nominations, elle est directement menacée par Netflix, qui en a reçu 93, alors que la compagnie a commencé ses programmes originaux il y a à peine quatre ans.
« Emmys 2017: HBO needs to watch its back » – Quartz
4. Rolling Stone à vendre
- Créé dans un loft de San Francisco il y a cinquante ans par un jeune hippie passionné de musique, Jann S Wenner, qui en est toujours le rédacteur en chef et propriétaire, le magazine Rolling Stone, l’un des plus emblématiques de la contre-culture américaine dans les années 70, 80 et 90, est aujourd’hui à vendre.
La vente potentielle de Rolling Stone souligne les difficultés du paysage médiatique actuel [pour une publication indépendante] marqué par une baisse de la publicité papier et de la circulation (…)
La décision des Wenners [père et fils] est aussi le signe de la fin d’une époque marquée par de célèbres rédacteurs en chef. Plus tôt ce mois-ci, Graydon Carter, le rédacteur de Vanity Fair et star mondaine a annoncé son départ du magazine après 25 ans. Robbie Meyers, la rédactrice de Elle, Nancy Gibbs de Time magazine et Cindi Leive de Glamour ont également annoncé leur départ.
- Si le magazine a accueilli les plus grandes plumes, Hunter S Thompson avec son fameux “Fear and Loathing in Las Vegas”, Tom Wolfe, lancé la carrière de la photographe Annie Leibovitz avec la fameuse couverture de John Lennon nu en position foetale sur Yoko Ono en 1981, et publié des analyses – celle de Matt Taibbi sur Goldman Sachs, « The Great American Bubble Machine » en 2010 et enquêtes importantes, « The Runaway General » qui a mis fin à la carrière du général Stanley McChrystal, Rolling Stone a été au coeur d’un scandale en 2014 à la suite d’un article invérifiable sur un viol collectif à l’Université de Virginie, rempli d’erreurs journalistiques fondamentales qui lui a coûté trois millions de dollars et a entaché sa réputation.
« Rolling Stone, Once a counterculture Bible, Will Be Put Up for Sale » – New York Times
« Why the days of the ‘celebrity editors are now over » – New York Post
5. « The Cartoon Bank »
- Ou comment Conde Nast a mis la pression financière sur les dessinateurs du New Yorker.
En 1992, l’un dessinateur du magazine, Bob Mankoff, créé « the cartoon bank », une plate-forme qui rassemble et vend tous les dessins qui n’ont pas été sélectionnés par l’hebdomadaire – elle en compte aujourd’hui 85 000 – dont la plupart des profits étaient distribuées aux artistes.
Quand Mankoff deivent responsable du service « illustrations » du New Yorker en 1997, il vend la banque de données à Conde Nast, propriétaire du magazine, mais continue d’en être le président jusqu’en 2008, date à laquelle la plate-forme réalise son plus important chiffre d’affaires, sept millions de dollars.Il y a une dizaine d’années, ces dessinateurs – des freelances qui se battent chaque semaine pour une quinzaine de dessins qui seront publiés dans le magazine papier – pouvaient compter sur des revenus supplémentaires [à travers ‘The Cartoon Bank’ qui protège et vend leurs illustrations via The New Yorker]. Certains recevaient des chèques de 8 000 dollars par mois, d’autres de 2 000. Aujourd’hui même ceux qui touchent le plus de royalties, ne reçoivent plus que centaines de dollars par mois.
Depuis, Conde Nast a montré peu d’intérêt pour « The Cartoon Bank », les royalties des dessinateurs ont décliné, le site internet marche à moitié, le personnel qui le gère est inexpérimenté et Condé Nast a décidé de faire davantage de profits sur la vente des dessins (50/50 contre 70/30 pour les dessinateurs auparavant).
« How Conde Nast Put the Squeeze on New Yorker Cartoonists » – Paste Magazine
6. Couverture du Jour
- « Falling Beauty » de Gayle Kabaker dans le numéro automne du New Yorker