1. Marionnettes
- Les journalistes, commentateurs, internautes, et médias internationaux n’avaient qu’un seul mot à la bouche ce week-end: les propos incendiaires du président contre les « fils de pute » de joueurs qui osent mettre un genou à terre pendant l’hymne national et les témoignages de solidarité des joueurs hier sur le terrain.
- Vendredi soir, Trump, en meeting en Alabama pour soutenir un candidat de l’establishment républicain, Luther Strange contre le favori, Roy Moore, soutenu par Breitbart et l’extrême droite américaine [pour remplacer le siège de sénateur de Jeff Sessions], a donné de « la viande rouge sanguinolente à un troupeau de Déplorables affamés qui l’a dévoré » provoquant la réaction au quart de tour des médias, médias sociaux et de l’opinion publique. Nouvelle démonstration de la facilité avec laquelle Trump manipule les médias et l’opinion publique, et qui n’a eu pour effet que de renforcer les opinions des libéraux et des conservateurs autour de cette pseudo-guerre culturelle sur la liberté d’expression et le patriotisme.
- Dans son éditorial ce matin, le Wall Street Journal s’inquiète de cette « politisation de tout »:
Les démocraties saines aiment débattre de politique mais laissent une plus grande place à la société civile et la culture qui rassemblent plus qu’elles ne divisent. Avec la politisation de la Ligue Nationale de Football et de l’hymne national, les Etats Divisés d’Amérique affichent un niveau toxique de polarisation et de défiance.
Et la faute à qui? Au président, qui plutôt de rester au-dessus des débats politiques en cherchant à unifier le pays, ne fait que le diviser pour rassurer sa base de déplorables et détourner l’attention des médias de ses échecs législatifs.
2. Et tout le monde en profites
- Les unes des journaux américains ce matin revenaient tous ce matin sur cette épisode d’unité visible chez les joueurs de football et leur équipe: Les témoignages de solidarité ont côtoyé les nombreux éditos enflammés sur la défense de la liberté d’expression, les valeurs de l’Amérique, la beauté du sport,…
- Mention spécial à la une du Chicago Sun-Times dédié au premier Amendement de la constitution
- Comme le note Michael Calderone dans sa newsletter « Morning Media » publié par Politico, ce n’est pas la première fois que l’administration Trump demande à des entreprises privées de condamner les propos de leurs employés. La porte parle de la Maison Blanche avait appelé ESPN à virer sa journaliste afro-américaine Jemele Hill à près avoir traité le président de suprémaciste blanc.
3. Le drame de Puerto Rico
- Le président a twitté 17 fois sur la polémique qu’il a remis à jour vendredi soir contre les jours de NFL qui ne respectaient pas l’hymne national mais rien sur l’île américaine de Puerto Rico, ravagée par l’ouragan Irma puis Maria, encore plus destructeur la semaine dernière. Beaucoup des 3,4 millions de résidents de l’île des Caraïbes n’ont plus d’eau, ni électricité, et la nourriture manque – Selon le New York Times, 80% des terres agricoles ont été ravagées.
Les dégâts matériels et physiques empêchent l’accès aux moyens de communication, et beaucoup sont incapables de prévenir leur proche car les réseaux cellulaires sont en panne. Le gouverneur de Puerto Rico a demandé davantage de moyens ce week-end de la part du gouvernement fédéral qui n’ont pas encore été distribués.
« Puerto Ricans describe horror in the streets after Hurricane Maria » – HuffPost
4. Recherche Reforme désespérément
- Les Démocrates et Conservateurs savent que la dernière proposition dite « Graham-Cassidy » visant à supprimer et remplacer Obamacare est une fraude qui n’a pour but que de rassurer la majorité sur sa capacité à faire passer une mesure majeure: Sans même avoir reçu les chiffres du Comité du Congrès sur le Budget, vingt millions d’Américaines perdraient leur assurance à travers la suspension de subventions destinés à Medicaid (le programme d’aide aux plus défavorisés) et aux assurances privées.
- Pour convaincre les sénateurs républicains indécis, Lindsey Graham et Bill Cassidy ont révisé leur copie ce week-end et décidé de leur donner davantage de subventions à leur Etat, pour rassurer les électeurs et les empêcher d’en payer le prix aux prochaines élections du mi-mandat l’année prochaine – On parle dont de l’Arizona (John McCain),du Kentucky (Rand Paul), de l’Alaska (Lisa Murkowski) et le Maine (Susan Collins)
- Problème: selon le Washington Post, ces derniers seraient toujours aussi sceptiques à l’encontre d’une proposition qu’il n’aime guère « fondamentalement »
- Ce soir, débat télévisé sur CNN entre Cassidy, Graham d’un côté et les sénateurs indépendants, Bernie Sanders et Amy Kobluchar du Minnesota.
5. L’Amérique laissée pour compte
- Pour Mike Allen de Axios c’est l’un des rapports les plus déconcertant de ces derniers mois, celui publié aujourd’hui par Economic Innovation Group qui montre que si les Etats-Unis continuent de s’enrichir, c’est au profit d’une minorité située dans des enclaves géographiques bien délimitées (par le code postal « zip codes ») et au détriment du reste du pays – les « laisser pour compte » si chers à Donald Trump.
- Les zones favorisées accueillent la plupart des emplois, de la croissance, des travailleurs diplomés en meilleure santé – Seattle, San Francisco, Austin ou plus petites comme Gilbert en Arizona ou Plano au Texas. Les deux tiers des investissements en capitaux sont destinés à la Californie, New York et le Massachusetts.
Aujourd’hui la plupart des emplois reviennent aux gens diplômés qui habitent dans des communautés dynamiques: C’est un cycle qui s’auto-renforce.
- Les conditions économiques et sociales des régions défavorisées ne font qu’empirer, surtout dans les anciennes régions industrielles du MidWest et Nord Est – celles qui ont « swingé » pour Donald Trump lors des dernières élections.
« Ce n’est pas un problème républicain ou démocrate, les deux partis représentent ces régions en difficulté. Mais les disparités financières entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas renforcent les clivages politiques, et aucune solution n’a été proposée jusqu’ici pour remédier à cela. »
6. Rentabilité oblige
- Le New York Times a réalisé un classement des 50 entreprises américaines les plus rentables entre 1926 et 2016 et sans grande surprise, Apple, l’une des plus jeunes, arrive en première position devant Exxon Mobil, Microsoft, General Electric, IBM … Amazon est 14ème, Coca-Cola 15ème, Facebook (la plus jeune) est 28ème et McDonalds est 31ème.
7. « Carlos Danger » en taule
- C’était l’une des étoiles montantes du Parti Démocrate, marié à Huma Abedin – la conseillère de Hillary Clinton – l’un des plus jeunes parlementaires du pays, candidat à la mairie de New York … qui a tout perdu en sextant des mineurs.
L’un des traits de caractère d’Anthony Weiner, c’est sa pugnacité, que ce soit en politique (l’excellent doc Weiner sur le personnage) ou au coeur du scandale: il ne se laisse jamais abattre.
- Non content d’une première humiliation publique – révélée par Andrew Breitbart, le père du site d’infos – qui l’a fait démissionner du Congrès américain en 2011, il a continué à sexter des mineurs et leur envoyer des photos de ses parties intimes, cette fois-ci sous le pseudo « Carlos Danger » qui a ruiné sa campagne plutôt réussie à la mairie de New York, en 2013 – après avoir juré être guéri en couverture du New York Times magazine.
Ce n’est pas fini.
Il a continué ses activités salaces durant la campagne présidentielle de 2016, a été dénoncé et c’est le FBI qui s’en est mêlé et a effectué une perquisition dans l’appartement du couple, où les disques durs des ordinateurs ont été réquisitionnés, et dans lesquels les agents ont trouvé des emails entre Clinton et Abedin. C’est cette découverte qui a poussé James Comey à écrire au Congrès dix jours avant le scrutin pour les informer de l’éventualité de la réouverture d’une enquête sur la messagerie privée de Clinton – un geste qui lui aurait soi-disant coûté les élections.
- Anthony Weiner, 53 ans, vient d’écoper de 21 mois de prison aujourd’hui, dix mille dollars d’amende, sera fiché comme délinquant sexuel pendant trois après la fin de sa détention.
Le seul content dans cette histoire, c’est le New York Post qui déteste encore plus Weiner que l’actuel maire de la ville, Bill de Blasio.
8. The Opposition
- La dernière émission de la chaîne câblée Comedy Central, intitulée « The Opposition », présentée par Jordan Klepper, devrait être l’équivalent pour la droite alternative de ce que le Colbert Report avait été pour les Républicains. Le comédien reprendra le rôle de reporter qu’il a tenu trois ans dans The Daily Show (avec Trevor Noah) mais cette fois-ci pour dénoncer, à la manière des trolls d’internet, les mensonges et manipulations du pouvoir, des médias grand public, de la classe dirigeante à travers théories du complot, fake news et autres absurdités inspirées par les programmes de vraies célébrités alt-right Alex Jones, Breitbart ou Rush Limbaugh.
Il sera entouré des chroniqueurs qui joueront les bloggers et animateurs radio racistes tels que Tomi Lahren, Dana Loesch, Milo Yiannopoulos.