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11.11.17

 

1. De nouvelles accusations

 

 

Le Washington Post a révélé jeudi que Roy Moore, le candidat républicain aux prochaines élections sénatoriales d’Alabama, serait sorti avec des adolescentes à la fin des années 70, début des années 80, alors âgé d’une trentaine d’années. Les témoignages de quatre femmes corroborés par plusieurs témoins et une trentaine de sources laissent peu de place au doute.
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell ainsi que le National Review ont demandé sa démission:

Les allégations contre Roy Moore sont dégueulasses – et si vous n’arrivez pas à admettre cela à cause de votre appartenance politique, vous êtes aussi dégueu – National Review

Ce dernier a démenti toute conduite inappropriée et assuré avoir toujours demandé la permission aux mères des jeunes filles avant de les fréquenter. Gross.
Il refuse d’abandonner sa candidature malgré les pressions du parti républicain, et fort du soutien sans failles de Steve Bannon, il pourrait se maintenir jusqu’aux aux élections, dont il était jusqu’ici le favori, du 12 décembre prochain en Alabama.

 

Le New York Times publiait en une hier  les témoignages de cinq femmes qui accusent le comédien Louis C.K. de harcèlement sexuel, confirmés par l’intéressé dans un communiqué dans l’après midi, qui en a choqué plus d’un.

« Je pense que la ligne rouge a été franchie quand tu te déshabilles et que tu commences à te masturber. J’ai appris plus tard, trop tard, que quand tu as du pouvoir sur une autre personne, leur demander de regarder ta bite n’est pas une question, c’est une situation embarrassante pour elles. Le pouvoir que j’ai eu sur ces femmes est qu’elles m’admiraient. J’ai utilisé ce pouvoir de manière irresponsable (…) J’ai passé ma longue et belle carrière à dire et parler de ce que je voulais. Je vais prendre du recul et prendre beaucoup de temps pour écouter. Merci.

Certes, le comédien admet les faits, l’abus de pouvoir mais il a attendu les révélations d’un quotidien national pour avouer. L’année dernière, interrogé sur les accusations formulées par la comédienne Roseanne Barr à son encontre, Louis C.K., avait changé de sujet au nom de la protection de sa vie privée.

Depuis, Netflix a annulé les deux shows prévus avec l’artiste, tout comme HBO qui devait diffuser une émission spéciale avec le comique ce mois-ci et la compagnie The Orchard qui devait distribuer son film « I love you Daddy » et il fait la une du New York Post ce matin

 

 

2. Une affaire Murdoch?

 

Comme je l’écrivais hier, le Département de Justice américain est prêt à donner son feu vert à la mégafusion de 85,4 milliards de dollars prévue de longue date entre le géant des télécommunications, AT&T et le géant du divertissement et des médias, Time Warner, à la condition, annoncée cette semaine, qu’ils se séparent soit de Turner Broadcasting, propriétaire de CNN, soit de DirecTV, son bouquet satellite, acquis en 2015. Une suggestion refusée catégoriquement hier par le président de AT&T alors que les médias et de nombreux cadres des deux géants sont persuadés que Donald Trump, qui hait la chaîne d’infos, est derrière cette requête du DoJ, le Department of Justice. Vanity Fair

Une autre théorie a émergé vendredi, celle que Rupert Murdoch, un ami du président, soit derrière la tentative de faire vaciller la fusion:

Selon les cadres avec qui j’ai parlé, la théorie est que Murdoch aurait encouragé Trump à saper le deal pour venger l’offre d’achat de 80 milliards de dollars faite par Murdoch à Time Warner en 2014. « Un concurrent direct, qui n’a pas pu nous acheter, serait en train d’influencer un processus juridique? C’est de la corruption sur de la corruption. » affirme un cadre de Time Warner. « On en a déjà assez du président. » Un porte parole de Murdoch a qualifié les allégations de « risibles et complètement fausses ».
Même s’il n’existe aucune preuve, Murdoch a toujours critiqué l’idée de cette fusion et l’idée d’une alliance entre Trump et le patron de Fox News, qui est devenu la chaîne de propagande officielle de l’administration, est bien plausible. Vanity Fair

Si le DoJ s’oppose à la fusion, le président de AT&T, Randall Stephenson, défendra le projet devant les tribunaux.

 

 

3. Cambridge Analytica

 

La société anglaise de communication stratégique, Cambridge Analytica, a contacté Julian Assange au cours de l’été 2016 pour obtenir les emails piratés de Hillary Clinton, au moment même où elle a commencé à travailler pour la campagne de Donald Trump a révèle hier le Wall Street Journal.
Julian Assange aurait refusé et les contacts en seraient restés là.

Les services secrets américains affirment que des hackers russes ont piraté en 2016 le Comité National Démocrate et la boite de messagerie de John Podesta, le directeur de campagne de Hillary Clinton, et ont transmis ces documents à Wikileaks qui les a diffusés à des moments clés de la campagne présidentielle (juste avant la Convention démocrate en juillet puis tout au long du mois d’octobre précédent le scrutin).
Le président de Cambridge Analytica dément toute collusion avec la Russie.
Plus croustillant encore, Cambridge Analytica est détenu en partie par la richissime famille Mercer, généreuse donatrice de la campagne de Trump, qui finance Breitbart depuis 2014, les activités de Steve Bannon et même Milo Yannopoulos. Le patriarche, Robert Mercer, président du fond d’investissement le plus rentable au monde, Renaissance, a du quitter ses fonctions à cause de la mauvaise publicité qu’il reçoit depuis les élections et le statut de « financier de l’alt-right » dont l’ont affublé les médias

 

 

4. « It’s MAGA Day’s »

Steve Bannon a donné jeudi une interview télévisée au New York Times, un an jour pour jour après la victoire historique de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Une journée qu’il a rebaptisé « MAGA Day » pour Make America Great Again, et qu’il compte célébrer avec la même ferveur que les Français célèbrent Bastille Day.

C’est étonnant de voir Bannon dans les locaux du Times, son ennemi juré juste après … Mitch MCConnell, le chef de la majorité républicaine au Sénat, qu’il veut voir démissionner le plus tôt possible – après le passage de la réforme fiscale, et très certainement avant les élections de mi-mandat en 2018.

Selon lui, la résurgence du « nationalisme blanc » est un non-sens, une fabrication de la gauche, « du New York Times et MSNBC » et n’a rien à voir avec la rhétorique parfois outrancière du président, « la personne la moins raciste qu’il connaisse ».

 

 

5. Un empire en danger?

 

 

La nouvelle couverture de The Economist est pour le moins explicite: Un tour présidentiel de l’Asie ne peut occulter le fait que l’Amérique s’est repliée sur elle même, s’affaiblit elle et le reste du monde. »

Jusqu’ici, la politique étrangère du président a été moins pire que promis (…) Le séjour de douze jours du président en Asie montre que le président américain n’est pas totalement désengagé du monde. (…) Ses instincts sont atroces. Il pense ne rien avoir à apprendre de l’histoire. Il aime les hommes forts comme Poutine ou Xi Jinping. Son affection pour les généraux est aussi fort que son dédain pour les diplomates (…) Mais le pire coup que Trump a infligé est au « soft power » américain. Il méprise l’idée que les Etats-Unis doivent défendre les valeurs universelles que sont la démocratie et les droits de l’homme. Non seulement il admire les dictateurs, mais il salue leur violence, comme les meurtres en séries de suspects aux Philippines. Il ne le fait même pas par diplomatie mais par conviction.

Non ce n’est pas Ronald Reagan

 

Published in Revue de presse