Bon mardi à tous!
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1. Les Quotidiens
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A. « Back in business »
Le shutdown s’est terminé hier soir après que les sénateurs démocrates aient accepté la promesse de Mitch McConnell de régler le sort des DREAMers avant le 8 février prochain, date à laquelle un nouveau compromis budgétaire doit être trouvé pour financer le gouvernement.
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B. De fausses promesses?
La tactique du président et des Républicains – accuser les Démocrates de privilégier « les immigrés illégaux aux dépens des citoyens américains » a porté ses fruits, et les sénateurs démocrates ont joué la prudence, en acceptant de mettre fin au « shutdown » avec en tête les élections de mi-mandat.
Pour les plus progressistes d’entre eux, qui ont voté non, et beaucoup d’associations de soutien aux immigrés, cette décision est un revers pour les DREAMers, et les paroles de Mitch McConnell, des fausses promesses.
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C. Démissions à la Fédération américaine de gymnastique.
Le président Paul Parilla, le vice président Jay Binder et Bitsy Kelley la trésorière de la fédération américaine de gymnastique (USAG) ont démissionné de leurs fonctions lundi à la suite des témoignages, ces dix derniers jours, de 178 athlètes qui ont subi les agressions sexuelles du médecin sportif, Larry Nassar, dont le sort devrait être fixé demain dans le tribunal du Michigan où il est jugé.Il encourt jusqu’à 125 ans de prison et a déjà été condamné le mois dernier à 60 ans pour possession de matériel à caractère pédophile.
Les survivantes ont décrit une culture du secret dévouée au seul objectif de remporter la gloire olympique pour la gymnastique américaine.
En décembre, on a appris que la fédération avait payé la championne olympique McKayla Maroney pour garder le silence sur les agissements de Nassar.L’affaire a éclaté après la publication d’une enquête de l’Indianapolis Star en mars 2017 sur des problèmes de gestion de plaintes pour abus sexuels qui remontent à plusieurs décennies.
* « Top Executives of USA Gymnastics Board of Directors Resign » – Indianapolis Star
* How Larry Nassar’s downfall started with an email to IndyStar – Indianapolis Star
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D. Le « charcutage électoral » a des limites
Le charcutage électoral, « gerrymandering » en anglais, qui consiste à découper des districts pour avantager un parti aux dépens de son adversaire, est semble-t-il allé trop loin en Pennsylvanie, où la Cour Suprême de l’Etat, plutôt démocrate, a jugé anti-constitutionnelle le dernier découpage électoral voté en 2011 par une Assemblée républicaine.
La Pennsylavnie est un exemple extrême de gerrymandering, avec l’un des découpages électorals les plus biaisées du pays. Depuis 2011, les Républicains ont remporté les mêmes 13 sièges de Représentants sur 18 alors que les votes Démocrates et Républicains ont toujours été au coude à coude.Les critiques évoquent souvent la forme improbable du septième district [illustration en une] en dehors de Philadelphie, censée avantager le Républicain Pat Meehan.
La Cour a demandé qu’un nouveau découpage électoral soit proposé avant le 15 février sans quoi elle se chargera de le faire.
* « Pa. Supreme Court rules congressional map unconstitutional i gerrymandering case, orders change before May primary » – The Daily News
2. Trumplandia: Les vainqueurs du « shutdown »
- Avec son tact habituel, Donald Trump, qui s’était pourtant retenu de tout commentaire sur le shutdown ce week-end pour éviter d’en porter la responsabilité, est revenu à la charge hier soir en se félicitant d’avoir « encore gagné » et en moquant les Démocrates, qui « ont cédé … qui ont joué et qui ont perdu ».
Il a été aidé par les journalistes qui se sont empressés de désigner les républicains vainqueurs et démocrates perdants de ce bras-de-fer plutôt que de comprendre les enjeux de ce compromis …La trentaine de sénateurs républicains et démocrates, surnommée « The Common Sense Coalition » qui a mené les négociations depuis vendredi dernier, a prouvé « qu’il était possible de gouverner en cassant la dynamique ultra-partisane de Washington ».Ce groupe de modérés capables de négocier devrait se sentir renforcé. Un centre assez large qui existe dans les deux chambres du Congrès ne devrait plus attendre la direction d’une Maison Blanche chaotique ou d’un faible leadership parlementaire [pour agir].
Ils ont sans doute plus de choses en commun avec des membres de l’autre parti, qui veulent un gouvernement compétent et réactif, qu’avec les idéologues de leur propre camp.* « Trump signs bill to reopen government – for three weeks – after bi[artisan deal » – The Los Angeles Times
* « The True Winers of the Shutdown Debacle » – The Washington Post
* « Trump signs bill to reopen government – for three weeks – after bipartisan deal » – The Los Angeles Times
- Donald Trump a mis fin aux rumeurs selon lesquelles il voulait remplacer son chef de cabinet, John Kelly, en place depuis août, après que ce dernier ait affirmé à des journalistes que le président, mal renseigné sur la question du mur pendant la campagne, avait depuis évolué sur la question.
Ce à quoi Trump avait répondu: « Un mur est mur, et il n’a jamais changé depuis que la première fois que j’y ai pensé. »Cet après midi, Trump s’est montré rassurant en remerciant John et son « travail fantastique »:Des longues heures et des faux reportages rendent ton travail plus difficile mais c’est toujours formidable de gagner, et peu l’on autant fait que nous!
Conclusion: Trump a fait la même chose avec Bannon quelques semaines avant son renvoi donc rien n’est moins sûr sauf le fait que le président ne peut trop se permettre de perdre une tête d’affiche aussi respectée que Kelly en ce moment.* « Are Trump and Kelly heading for divorce? » –Vanity Fair
3. Fake news, Real Violence
- Selon CBS qui cite une enquête du FBI, Brandon Griesemer, 19 ans, natif du Michigan, aurait passé une vingtaine de coups de fils au bureau de CNN d’Atlanta et menacé de tuer ses employés, notamment les juifs et les Afro-Américains.
En septembre dernier, le jeune Griesemer avait proféré les mêmes menaces contre un Centre Islamique.La chaîne prend ces menaces contre ses employés et bureaux partout dans le monde très au sérieux.Même le site conservateur RedState dénonce le silence de la droite américaine.Quand un loup solitaire se réclamant de Daech frappe, les conservateurs et surtout les supporters de Trump critiquent les libéraux qui essayent de dépeindre le terroriste comme mentalement instable ou dérangé plutôt que motivé par sa religion ou ses croyances. Ce serait stupide d’ignorer les accusations de Fake News lancées par le président et son mouvement MAGA depuis les primaires républicaines. Ce serait aussi stupide d’ignorer cet homme qui crie « Fake News » que d’ignorer un Islamiste Radical qui crie « \Allāhu akbar » en proférant des menaces (…) même s’il ne s’agit ici que de menaces.
- Le fait d’avoir été « inculpé, arrêté et libéré le même jour » contre une caution de dix mille dollars est la preuve selon The Intercept, « de la posture laxiste de l’administration Trump vis-à-vis de la suprématie blanche et d’autres violences perpétrées par les blancs. »
* « Feds: Man threatened to kill CNN employees » – CBS
* « The Bigot threatening CNN Got Out of Jail in Time for Dinner » – The Intercept
4. La photo du jour
- Envoyé par The Atlantic hier:
Yvonne Rolzhausen, rédactrice et « fact-checkers » pour The Atlanticdepuis plus de trente ans nous explique (et dévoile avec cette photo) son travail qui consiste à vérifier « des détails spécifiques, des citations ou des généralités » d’un article, et à « s’assurer que les faits sont corrects, tout comme les faits qui servent les différentes opinions ».Pour une pièce très longue et détaillée [comme cet extrait de « What ISIS Really Want », le reportage de Graeme Wood publié mars 2015, l’article le plus sur internet cette année là] je peux contacter un dizaine de sources et poser une centaine de questions à son auteur. Le processus peut prendre quelques heures (pour un très court article) à des semaines ou même des mois (pour un complexe qui pose des risques juridiques).
5. Le nouveau best-seller sur la Maison Blanche, « Media Madness »
- Après le brûlot de Mickael Wolff, c’est l’autre grande sortie de ce début d’année du côté de Washington: « Media Madness, Donald Trump, The Press, and the War over Truth » de Howard Kurtz
L’intérêt de l’ouvrage est qu’il a été écrit par un journaliste de Fox News qui lui aussi a pu observer de l’intérieur le fonctionnement de la nouvelle administration.
Selon le site conservateur Regnery Publishing, qui ne tarie pas d’éloges sur « Media Madness », on y apprend:
+ « Pourquoi Trump aime les journalistes, les rencontre secrètement et leur offre un accès sans précédent »,
+ « Comment l’élite et la plupart des journalistes détestent ouvertement Trump »
+ « Comment les médias sont obsédés par la Russie »
+ « Comment Ivanka et Jared Kushner ne sont pas les libéraux que les pundits en font. »Selon Aaron Blake, du Post, le livre de Kurtz pourrait faire plus de dégâts que celui de Michael Wolff car « c’est un présentateur de Fox News, souvent critique sur la façon dont les médias traitent Trump » qui raconte les premiers mois chaotiques de la Maison Blanche – avec plus de sérieux que Wolff.
Lui a retenu:+ Trump fait tout le contraire de ce qu’on lui dit que ses conseiller appellent un « defiance disorder »: On lui avait déconseillé d’envoyer Sean Spicer contester la taille de la foule lors de son inauguration. Cette fois-il il aurait reconnu son erreur.
+ Accuser Obama de l’avoir mis sur écoutes et interdire les personnes transgenres dans l’armée ont pris de court ses conseillers les plus proches.Sortie le 29 janvier.
6. On vit une époque formidable
- Netflix, qui affiche une forme olympique avec 8 millions d’abonnés en plus au dernier trimestre, des revenus en hausse et prévoit d’investir 8 milliards de dollars dans du contenu original cette année, a tout de même perdu 39 millions de dollars de contenu qui n’a pas été diffusé à cause du scandale Kevin Spacey (« House of Cards » et « Gore »). CNN
7. Couverture du Jour
- Un peu de légèreté avec cette couverture du New Yorker consacré au mois de janvier, le “Cruellest Month”, signée Roz Chast:
“Je voulais montrer l’horribilité du mois de janvier. On est en plein hiver, plus aucune trace de l’automne. A 4 heures et demi de l’après midi, la nuit tombe et là je me dis, Est-ce que j’ai besoin de quelque chose? Mais à quoi ça sert? Pourquoi s’embêter? Aucun intérêt de sortir. C’est un peu le mois ‘Pourquoi pas s’ouvrir une conserve de thon?’”