Donald Trump a lu hier soir devant les deux chambres, les juges de la Cour Suprême des Etats-Unis, le chef et membres du cabinet, les invités de la First Lady son premier discours de l’Uniom.
Et c’était pas très rassurant.
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1. Les Quotidiens
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A. Les sans-abris en Californie
En l’espace de deux jours, les deux plus grands quotidiens californiens consacrent leur une au problème des sans-abris qui malgré les centaines de millions de dollars débloqués par San Francisco et Los Angeles pour leur venir en aide, n’arrivent pas à arranger la situation, qui pourrait commencer à affecter l’économie du tourisme dans la Bay Area.
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B. Racisme dans l’Utah
- Les incidents à caractère racistes ont augmenté dans l’Utah depuis l’élection de Donald Trump, comme un peu partout dans le pays, que ce soit dans les lieux publics, sur les réseaux sociaux, dans les lycées ou au travail.Percy Pearson, un coach de football (américain) de Salt Lake City explique:
Grandir black dans l’Utah, je ne pense pas que ceux en dehors de notre communauté savent comment nous percevoir et nous approcher la plupart du temps. A chaque qu’on fait la une de l’actualité c’est parce qu’on a enfreint la loi ou on fait du sport.
Ca influence la façon dont les afro-Américains élèvent leurs enfants et ça renforce l’idée au sein de cette communauté que le gouvernement n’a pas sensibilisé assez la jeunesse sur l’histoire du peuple noir, le commerce des esclaves, les lois Jim Crow.
Pour Kevin Atkinson, victime de propos racistes:
Il existe une sorte de PTSD [état de stress post-traumatique] au sein de la communauté a cause cette tension permanente qui nous a été imposée et qui s’est transmise de générations en générations.
- * « Racism in Utah: In the workplace, on social media and inside schools » – The Spectrum
2. « A New American Moment » … pour certains seulement.
- Il y a avait peu de chances pour que le discours de Trump, lu avec brio sur un téléprompteur hier soir devant le Congrès américain ne soit pas un succès: Après tout, l’économie est en plein boom, le chômage n’a jamais été aussi bas, les entreprises américaines et étrangères reviennent investir dans le pays et la réforme fiscale a enrichi les plus riches et ravi les marchés financiers.Et comme tout le monde le sait, Donald Trump sait « très bien » se tenir lors des moments importants.
Il n’existe aucun autre politicien américain qui dans une seule soirée défend le congé parental, décide de ne pas fermer Guantanamo, de renforcer l’arsenal nucléaire, baisser le prix des médicaments, de s’attaquer au trafic de drogue, et de donner une seconde chance aux prisonniers – Axios
- C’était assez ironique de voir un président parler de nation « puissante » alors qu’elle n’a jamais été aussi divisée, d’appeler à l’unité d’un pays alors qu’il n’a cherché qu’à satisfaire sa base électorale aux dépens du reste de la population, de promouvoir la collaboration entre les partis alors qu’il n’a fait que prendre des décisions unilatérales à coups de décret-lois et tout fait pour détruire l’héritage de son prédécesseur.Et Peu de médias ont finalement relevé la rhétorique anti-démocratique de certains de ses propos, des menaces à peine caché contre la Justice et les agences de renseignements:
Ce soir, je demande au Congrès de renforcer l’autorité de tous les Secrétaires de Cabinet pour qu’ils puissent récompenser les « bons travailleurs » et virer les fonctionnaires qui sapent la confiance du public et trahissent les Américains.
- Les Républicains étaient en extase totale. Ils se sont levés une cinquantaine de fois pour applaudir le président.
Les Démocrates, dont beaucoup étaient en noires, sont restés assis, de marbre, la plupart de la soirée – c’est d’ailleurs pour cela que Trump ne s’adressait qu’à une partie de la salle.
3. « La grande machine à brouiller les pistes »
- Le parti de la loi et l’ordre (le GOP) qui s’attaque aux institutions censées maintenir la loi et l’ordre pour satisfaire les priorités d’un président qui veut tout faire pour discréditer l’enquête de Mueller sur les activités de son équipe de campagne (et d’éventuelles collusions avec les Russes) pour influencer le résultats des dernières élections présidentielles … est une première.
- Après le renvoi de James Comey, par Trump, en mai 2017, c’est au tour d’Andrew McCabe, le directeur adjoint a été forcé de démissionner lundi. On sait déjà que Rod Rosenstein, l’adjoint de Sessions à la Justice, qui supervise Mueller, est la prochaine cible, et le nouveau chef du Bureau, Christopher Wray a été pressé de renvoyer tous les « pro-Clintons » au sein du FBI.
- Trump, qui a déjà essayé de se débarrasser de Mueller cet été, sait qu’il ne peut pas le virer, donc il fait tout pour discréditer son enquête, et ceux qui la mènent, le FBI et le Département de la Justice, aux yeux de l’opinion publique, en exploitant notamment cette théorie du complot chère à l’alt-right, à ses supporters, à Fox News, et à un nombre croissant de conservateurs, celle que le Deep State chercherait à le renverser.
- Lundi, la Commission du Renseignement de la Chambre des Représentants, dirigée par le Républicain Devin Nunes, un proche de Trump, a décidé, sans l’accord des Démocrates, et contre l’avis du Département de Justice, de « déclassifier » certains passages d’un rapport « confidentiel » qui accuse le Département de Justice et le FBI d’avoir utilisé des sources « pro-Clinton » pour mettre sur écoute un conseiller de Trump.
Ce « mémo » pourrait justifier le renvoi de Rod Rosenstein, que Trump déteste.Sean Hannity a déjà prévenu ses 3,5 millions de téléspectateurs que ce rapport révélerait « le plus grand scandale politique de l’histoire du pays » et que l’enquête de Mueller ferait passer le Watergate pour un vol de snickers dans drugstore ».Les Démocrates affirment de leur côté que ce rapport est plein d’erreurs, et a publié un contre-rapport qui n’a pas été autorisé à être publié.
Le directeur du FBI s’est aujourd’hui publiquement opposé à sa publication car il « contient des informations erronées » et pourrait révéler les méthodes d’enquêtes de la Justice et du Bureau.Le chef de cabinet a affirmé qu’il devrait être rendu public très prochainement.
Pour Mike Allen:
Cette stratégie fonctionne encore mieux qu’on ne le pense. Trump a présenté Hillary comme l’ennemi de l’Etat, et elle a perdu. Il a convaincu les Républicains que les médias étaient l’ennemi de l’Etat. Et le plus inquiétant c’est qu’il est train de convaincre l’opinion publique que le FBI est l’ennemi de l’Etat. »
* Axios AM. / « 1 big thing: The great disorientation machine » . Axios
- Le journaliste nous résume tous les faits, IRREFUTABLES qui ont eu lieu entre des membres de la campagne de Trump et les Russes, lors des élections présidentielles et pendant la période de transition, et qui justifient la mise en place d’une enquête spéciale.
4. MoviePass, un danger ou aubaine pour les salles de ciné américaines?
- MoviePass est un forfait mensuel de 9,95 dollars – un dollars de plus que le prix moyen d’un ticket – qui permet à ses abonnés de voir un film par jour dans tous les cinémas y adhèrent.
La compagnie rembourse aux cinémas tous les tickets vendus à un prix négocié à l’avance, en espérant que la plupart de ses abonnés n’iront au cinéma pas tous les jours.La formule ne plait à tout le monde, et notamment à AMC, la plus grande chaîne de cinéma américaine, à qui MoviePass a demandé trois dollars sur chaque ticket vendu ainsi que 20% des revenus supplémentaires gagnés grâce à la vente de popcorns et boissons.Pour faire plier la compagnie, MoviePass, surnommé « le Netflix du cinéma » a momentanément bloqué l’achat de tickets de cinémas dans les dix plus grandes locations de AMC.
- MoviePass, qui a atteint les 1,5 millions d’abonnés, déclare être responsable de 62% des revenus de AMC – qui ne seraient en réalité que de 4% – et aurait aidé à re-dynamiser une industrie en berne, concurrencée par les services de vidéo à la demande des chaînes câblées, Netflix, Hulu et Amazon.
- Les ventes de tickets de cinéma ont baissé de 6% l’année dernière pour un total de 1,24 millards de tickets, la plus baisse fréquentation depuis 1995A suivre.* « Is MoviePass here to stay? » – The Atlantic
* « A Brief History of Movie Pass and its Feud with AMC » –Uproxx
5. Une liberté d’expression qui coûte cher
- Depuis l’élection de Donald Trump, les Americains ont exercé leur liberté d’expression et leur droit à « s’assembler pacifiquement » à une allure frénétique: Selon le Crowd Counting Consortium, il y aurait eu plus de 8 700 manifestations ces quinze derniers mois.
Au delà de l’agitation et des remous, c’est le prix de la liberté d’expression qui a augmenté.
La constitution la garantit dans tous les espaces publics: C’est un droit civique qui a des coûts civiques. En 1992, la Cour Suprême a statué que le gouvernement ne pouvait imposer des tarifs aux manifestants par rapport aux frais de sécurité estimés (…) Résultat: C’est le contribuable qui subventionne les discours des manifestations pacifiques comme les 200 marches de femmes en janvier dernier, mais aussi celles de personnalités bien plus controversées, même si elles ne recherchent que le conflit. C’est le privilège du provocateur, et plus il est incendiaire, plus le coût sera élevé et plus les gens ordinaires le payeront de leur poches.
- Le coût pour les villes, pour les universités peut être énorme: Richmond en Virginie a dépensé 570 000 dollars pour une manifestation organisée par un groupe d’extrême droite en septembre dernier qui a réuni une dizaine de personnes seulement.La ville de Berkeley, qui a été le théâtre d’émeutes entre Antifas et partisans de l’alt-right l’année dernière a dépensé un million de dollars supplémentaire pour renforcer les effectifs de police et de pompiers pendant les différentes manifestations.Les cinq rassemblements d’extrême droite qui ont eu lieu à la très libérale université publique de UCBerkeley en 2017 lui ont coûté près de cinq millions de dollars.
* « The High Cost of Free Speech, From Charlottesville to the Women’s March » – Businessweek
6. »Brave » de Rose MCGowan
- Publié chez Harper Collins, « Brave » de Rose McGowan, l’une des premières femmes à avoir témoigné publiquement contre Harvey Weinstein, malgré le contrat de confidentialité qui lui imposé le silence pendant vingt ans.Comparant sa carrière d’actrice à celle d’une prostituée, McGowan a explique la décision de raser sa tête comme un « cri de ralliement » contre le régime qui l’a transformé à l’époque en ultime « fantasy fuck toy by the Hollywood machine ».* « Rose McGowan’s memoir Brave details alleged rape by Harvey Weinstein » – The Guardian
7. On vit une époque formidable
- Amazon, JP Morgan Chase, Berkshire Hathaway: Trois des plus grandes entreprises américaines ont décidé de s’associer pour créer leur propre assurance santé, limitée dans un premier temps à leurs employés, mais susceptible à long terme, si elle réussit, de déstabiliser l’industrie toute entière. The Hill
- Suzann Pettersen, joueuse de golf, qui connait Trump depuis des années, affirme qu’il triche au golf, avec l’aide de son caddie notamment, change la location des balles, n’a que faire des règles, avec le seul souci de gagner. VG
- Clouée au lit à cause d’une grippe, Dell Gilliam, originaire du Texas, s’est faite passée pour Sean Hannity, présentateur star de Fox News – dont le compte avait été temporairement fermé – en créant un pseudo similaire sur Twitter, et a été contacté deux heures plus tard par … Julian Assange, qui voulait lui des infos compromettantes sur un parlementaire démocrate. Daily Beast
- Le gouverneur républicain de Caroline du Sud, Henry McMaster, a décidé mardi que le jour du Super Bowl, dimanche prochain, serait celui en l’honneur du drapeau américain. Le Super Bowl aura lieu à Minneapolis donc aucune chance qu’il y ait polémique en Caroline du Sud. The Hill
- Et encore un cliché de plus sur la femme française face au harcèlement sexuel, cette fois-ci dans le New Yorker
- Un juge du Michigan affirme que le docteur Nassar aurait abusé sexuellement 265 gymnastes pendant ses vingt années à la fédération américaine et l’université de Michigan State. Daily Mail
8. La couverture du jour
- « Le gay le plus dangereux des Etats-Unis », c’est la « cover story » assez intrigante du dernier numéro de Newsweek, sur le militantisme radical et violent du révérend gay Ray Broshears.
Les passages à tabac comme celui subit par Broshears étaient courants, surtout à Tenderloin [le quartier chaud de San Francisco]. Au début des années 70, la ville était devenue la « Mecque des Gays » mais ils étaient encore la cible des gangs du quartier. Broshears affirme avoir eu une liste de tous les gays assassinés – dont les meurtres n’ont jamais été élucidés. Les gays de San Francisco étaient selon lui en danger à cause des gangs et des flics corrompus censés les servir et les protéger des habitants de la ville.
Allongé sur son lit d’hôpital, le visage et les mains tuméfiés, Broshears était furieux et voulait se venger. La violence contre les siens – des gays pauvres et vulnérables, les drag queens et les transexuels – devait cesser. Il voulait, comme il l’a raconté plus tard à un journaliste, inspirer la terreur dans l’esprit de tous les jeunes punks qui tabassaient les pédés.
- Deux jours plus tard, Broshears donnait une conférence de presse annonçant la fondation de la première milice gay: Les « Lavender Panther » en référence aux Black Panthers, dont il avait également copié le logo.* « The Most Dangerous Gay Man in America Fought Violence with violence » – Newsweek