Wikileaks s’est invité aux élections présidentielles américaines le mois dernier avec la diffusion de milliers de emails appartenant au Comité National Démocrate, la veille de l’ouverture de la conférence du parti, entraînant la démission de sa présidente, Debbie Wasserman Schultz.
Si Bernie Sanders a obtenu la preuve que le parti démocrate a bien essayé de favoriser leur leader, Hillary Clinton, à ses dépens, on retiendra de ces fuites la très probable implication des services secrets russes dans ce piratage et la volonté manifeste de Julian Assange d’affaiblir le parti.
Julian Assange, réfugié depuis quatre ans dans l’ambassade équatorienne à Londres, affirme depuis plusieurs semaines qu’il possède d’autres preuves capable de faire inculper Hillary Clinton, notamment sur les rapports d’influence qu’elle aurait exercé en tant que Secrétaire d’Etat au profit de la fondation Clinton et qu’il a promis de diffuser avant le 08 Novembre prochain.
Les démocrates redoutent depuis « une surprise d’Octobre » capable de ruiner leurs chances de victoire face à Donald Trump. Les médias américains, également inquiets de cette éventualité, s’interrogent eux sur les motivations personnelles de Julian Assange et sur l’ambition de Wikileaks dans ces élections présidentielles.
« Ces derniers mois, les tweets de Wikileaks font plus penser à ceux d’un centre de recherche chargé de saper Hillary Clinton que les mises-à-jour d’une plateforme non-partisane de lanceurs d’alerte » notait la semaine dernière The Intercept.
La publication en ligne, lancée par Glenn Greenwald en 2014 et spécialisée dans le « Whistle-blowing », a également dénoncé le manque de précaution de Wikileaks dans la diffusion des emails du Comité National Démocrate, dont certains contenaient numéros de sécurité sociale, téléphone, et cartes de crédit des donateurs du parti.
Des critiques partagées par Edward Snowden, le lanceur d’alerte qui a révélé en 2013 l’immense entreprise d’espionnage de la NSA sur les citoyens Américains et qui est depuis exilé en Russie.
Julian Assange a critiqué Edward Snowden de vouloir s’attirer les faveurs de Clinton. Il a également impliqué la candidate démocrate, pour laquelle il n’a jamais caché son inimitié, dans le meurtre d’un membre de son parti, Seth Rich, tué le 10 juillet dernier à Washington D.C., qui serait à l’origine des fuites du Comité National Démocrate.
La police n’a arrêté aucun suspect, la famille a condamné les rumeurs d’Assange et aujourd’hui beaucoup de médias conservateurs prennent fait et cause pour Wikileaks: Breitbart.com ou The National Review qui est allée jusqu’a la surnommer « le meilleur ami de Trump« .
Si Assange a publiquement menacé Hillary Clinton, il est resté plutôt discret vis-à-vis de Trump: Lors d’un passage sur HBO, il a déclaré travailler sur le piratage de ses impôts (« tax return ») que le milliardaire américain refuse de divulguer, avant de se rétracter le lendemain, en évoquant une simple plaisanterie.
Roger Stone, le conseiller occulte de Donald Trump a affirmé cette semaine être entré directement en contact avec Julian Assange pour discuter de la diffusion progressive des emails de Clinton – des propos qui n’ont pas été confirmés par ce dernier
Interrogé sur les deux candidats à la présidentielle, le fondateur de Wikileaks a refusé de prendre parti, indiquant que c’était comme « choisir entre le choléra et la blennorragie » – une maladie sexuellement transmissible.
Un argument également partagé par Jill Stein, la candidate du Green Party, pour qui Julian Assange a donné une conférence depuis Londres la semaine dernière, et qui se verrait bien jouer les trouble-fêtes en Novembre prochain.
« Peut-on faire confiance à Julian Assange et Wikileaks? » s’interrogeait dans une tribune le New York Times lundi, aujourd’hui rien n’est moins sûr.