« On ne peut pas placer la barre plus bas »
Trump, le parti républicain et la politique américaine ont sombré ce weekend après la diffusion d’une vidéo de 3 minutes datée de 2005 où l’on entend le milliardaire américain se vanter d’aller « attaquer les filles », « de ne pas leur laisser le choix » avant de continuer avec des propos encore plus obscènes.
Ses excuses, au cours desquelles il affirme ne « pas être parfait », avant d’aller attaquer Bill Clinton en le traitant de violeur, n’ont guère convaincu.
Ce matin, FiveThirtyEight donnait 81.6% de chances à Hillary de gagner contre 18.4% pour son adversaire, ce qui limite l’intérêt du deuxième débat qui aura lieu à Saint Louis, dans le Missouri, ce soir et où les candidats devront répondre aux questions d’un panel de citoyens, à la manière d’une conférence de presse.
De nombreux Républicains ont appelé Trump à se retirer de la campagne, ce que ce dernier a formellement refusé de faire, a-t-il annoncé via Twitter. D’autres ont officiellement retiré leur soutien, à l’instar de John Mc Cain, Condoleeza Rice, Arnold Schwarzenegger et de dizaines de députés et de sénateurs convaincus que la Maison Blanche est désormais hors de portée, et qui tentent de sauver les meubles au Sénat et à la Chambre des Représentants qu’ils contrôlent depuis 2014.
Le New York Times en a recensé plus de 150 Républicains qui se sont officiellement distancés de leur candidat depuis le début de sa campagne.
Mike Pence, le colistier de Trump, a fermement condamné ses propos, tout comme Paul Ryan, qui l’a « désinvité » symboliquement d’un meeting qui s’est tenu hier dans le Wisconsin mais ils continuent bel et bien à soutenir leur candidat – comme ils l’ont fait après toutes les polémiques, dérapages et controverses qui ont marqué cette campagne.
Un parti républicain au bord de l’implosion comme on a eu pu la constater sur les chaînes télé qui ont offert de beaux moments de cacophonie.
Certains médias, comme le Daily Beast, ont affirmé que Donald Trump « [avait] perdu les élections » car « ni les Indépendants, ni les Républicains vont pouvoir se relever de cet épisode (…) Et [qu’il] est temps pour eux de se diriger vers les issues de secours ».
Il reste encore quatre semaines avant Election Day et avec tous les rebondissements que cette campagne a offert jusqu’ici, il est peut être imprudent d’annoncer un perdant dès aujourd’hui.
D’autres notent avec humour que les Bush ont finalement réussi à endommager la machine Trump, via leur neveu, Billie Bush, co-animateur de l’émission Access Hollywood en 2005 et interlocuteur du milliardaire dans la fameuse vidéo diffusée vendredi par le Washington Post.
Le quotidien rapporte que la chaîne NBC était en possession de l’enregistrement depuis quatre jours et attendait le feu vert de ses avocats pour la diffuser avant qu’elle ne tombe dans les mains du Post qui aurait mis seulement quelques heures avant de la rendre public.
On vous conseille les billets humoristiques de Andy Borowtiz dans le New Yorker qui s’en est donné à coeur joie ce weekend: « la barre ne peux officiellement pas tomber plus bas » pour les Républicains, dont les « experts prédisent qu’ils pourraient s’en remettre d’ici à 2096 » ou enfin qui aurait vu Mike Pence tenter s’enfuir du bus de campagne de Trump avant d’être finalement rattrapé ».
Plus sérieusement, la bloggeuse Kelly Oxford a invité ses abonnées et autres anonymes à témoigner sur Twitter des abus sexuels dont elles ont été victimes, comme ceux évoqués avec fierté par Trump en 2005. Près de 10 millions de femmes ont répondu à l’appel en une journée.
On ne comprend pas trop l’intérêt de la vidéo de de Niro contre Donald Trump dans laquelle il résume avec beaucoup d’adjectifs parsemé d’insultes ce qu’une grande majorité de la population et des médias pensent et affirment depuis plusieurs mois déjà.
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Clinton fait profil bas
De l’autre côté, on ne crie pas victoire trop vite depuis que Wikileaks a diffusé les extraits des discours payés et prononcés par Clinton devant Wall Street, après son départ du Secrétariat d’Etat et avant l’annonce de sa candidature à la présidence.
« Si son adversaire n’était pas un prédateur sexuel, les discours de Clinton serait dévastateurs » pour sa campagne car la candidate y défend une « position publique » devant les électeurs et une « position privée » avec les forces dominantes, telles que les banques, fond d’investissements, etc…
Une duplicité, vivement critiqué par Bernie Sanders lors des Primaires, et qui reste aujourd’hui l’un de ses points faibles aux yeux des Américains.
Pour Matthew Yglesias de Vox, « Clinton peut dire ce qu’elle veut dans une conférence privée avec des banquiers brésiliens et ça n’influencera pas sa capacité d’action dans le futur » même si « beaucoup de décisions publiques sont prises sans que le public en soit informé ».