Baltimore, l’une des villes les plus sanglantes du pays
Baltimore, l’une des villes les plus « mortelles » des Etats-Unis, a été marquée ces dernières années par une recrudescence de la violence, notamment par armes à feu: 937 fusillades en 2015 ont entraîné la mort de 300 personnes, le taux de mortalité le plus élevé pour des blessures par balles du pays: 1 victime sur 3 comme la Nouvelle Orléans et Washington, plus que New York (1 victime sur 5) et que Chicago (1 victime sur 6)
Dans une série en trois parties, le Baltimore Sun est revenu sur cette dynamique sanglante qui représente un défi pour les habitants, les quartiers et les autorités de la ville
Quinzell Covington a commencé sa carrière criminelle à la fin des années 90, à l’âge de treize en accompagnant ses « cousins et ses amis », ceux qui l’ont aidé à grandir dans la rue, exécuter un homme.
Ce jour là, il a gagné le respect de ses aînés sans jamais éprouver le moindre remords pour celui qui a perdu la vie ce jour là. « A quinze ans, c’était lui qui tirait » et sa pratique n’a cessé de s’améliorer les douze années suivantes, au cours desquelles, il a appris où viser pour faire le plus de dégâts et où tuer pour éviter d’être vu ou filmé par les caméras de surveillance.
« L’évolution de Covington en un tueur s’inscrit dans une tendance visible un peu partout dans le pays, dans laquelle la violence par armes à feu consiste désormais à tirer pour tuer »
La violence ces dernières années est devenue bien plus mortelle qu’elle ne l’était auparavant avec des meurtres en plein jour, de la « justice expéditive » ou des « contrats » qui ne laissent aucune place a l’erreur, qui serait de laisser des victimes vivantes ou des témoins de la scène.
Ce sont les gangs qui décident aujourd’hui du type de violence à pratiquer dans les rues, et la tendance actuelle n’a plus guère de considération pour la communauté qui l’entoure, et qui en bien souvent victime.
« Si les motifs des tireurs varient, les experts et ceux qui ont été pris dans les échanges de coups de feu ont noté une forme de cruauté dans les rues où les criminels sont équipés d’armes plus sophistiquées qu’ils n’utilisent pas pour intimider leurs ennemis ou les voler. Ils les utilisent pour éliminer les gens avec plus d’efficacité »
L’une des explications tient aux armes utilisées qui contiennent davantage de munitions, et qui sont bien plus performantes qu’auparavant.
« Les coups de feu à la tête ont été multiplié par cinq en vingt ans; les deux tiers des victimes d’homicides le sont soit d’une balle dans la tête, soit de plusieurs balles ».
« La plupart des victimes se connaissent, anciens amis ou vivent dans le même quartier, et elles sont blessés généralement de très près: Des querelles de quartier deviennent des querelles de familles, et les affaires deviennent alors personnelles, et ne s’arrêtent jamais. Elles sont liées à l’argent, au sexe, à la petite copine, à la fierté ou à un manque de respect quand il ne s’agit pas de trafic de drogue » rapporte l’un des policiers interviewés.
Les jeunes qui ont grandi dans la rue sont accoutumés à la violence et à la mort et peu d’entre eux semblent aujourd’hui redouter.
Daphné Alston, qui a perdu son fils en 2008 et dirige l’association M.O.M.S. à Baltimore explique: « C’est une culture dans laquelle ils vivent. Ce ne sont pas les balles qui se logent dans les revolvers et qui tuent. C’est la pauvreté, l’absence de logements, le manque d’éducation, d’autorité parentale, de transport, de religion qui munissent les armes. Tout ce à quoi ils n’ont pas le droit et c’est pour cette raison qu’ils tirent »
1/3: « Shoot to Kill »
2/3:« Seeking Mercy » sur le quartier de Coldstream Homestead Montebello dit « The Chum », le quartier le plus violent de Baltimore
3/3: « Deadly Odds » s’intéresse aux hôpitaux et personnel médical confrontés aux blessés, qui arrivent chaque jour plus nombreux, dans des conditions toujours plus sérieuses.