C’est ce qu’a laissé entendre hier soir le New York magazine en révélant qu’un « groupe d’informaticiens et d’avocats » avait contacté l’équipe de campagne de Clinton pour la pousser à demander un nouveau décompte des votes dans trois états dans lesquels ils auraient des doutes sur une éventuelle manipulation ou piratage des résultats: le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie.
Une véritable breaking news à la veille du weekend de Thanksgiving, alors que la date de limite de ce type de requêtes expire vendredi dans le Wisconsin, lundi en Pennsylvanie et mercredi prochain dans le Michigan.
Selon ces experts, qui sont rentrés en contact jeudi dernier avec les proches de Clinton, la candidate aurait reçu « 7% de votes en moins dans les comtés qui utilisent des machines de votes électroniques comparés à ceux qui s’appuient sur des scanners optiques ou des bulletins de vote. »
La journaliste insiste néanmoins sur le fait qu’aucune preuve de piratage ni de manipulation n’a été détectée et que seule une étude indépendante pourrait lever le voile sur « ces modèles suspicieux ».
Rappelons que le président Obama a accusé durant la campagne présidentielle le gouvernement russe d’avoir piraté le Comité Démocrate National alors que le candidat républicain avait insisté sur les défaillances du système électoral américain en affirmant que les élections étaient truquées – ce que sa rivale a d’ailleurs toujours critiqué.
Aujourd’hui, Trump accumule 290 grands électeurs contre 232 pour Clinton, une marge relativement importante même si le Michigan (16 grands électeurs) n’a pas encore déclaré de vainqueur à cause de résultats trop serrés.
Le Wisconsin a été remporté avec une marge de 27 000 voix seulement par le candidat républicain et la Pennsylvanie avec une avance de 68 000 voix. Si le Michigan penche finalement pour Clinton et qu’un nouveau décompte des voix dans les deux états donnaient une majorité à la candidate démocrate, elle remporterait le collège électoral.
Une éventualité incroyable au terme d’une campagne déjà mémorable, pour toutes les mauvaises raisons.
Hillary Clinton a concédé la victoire à son rival il y a tout juste deux semaines, et malgré le traumatisme de ces résultats, le pays, la Maison Blanche et la nouvelle majorité ont déjà commencé une transition que « le président souhaiterait la plus douce possible ».
Quant au futur Commander-in-Chief, il a affirmé aujourd’hui, par l’intermédiaire de Kellyanne Conway puis au New York Times, qu’il ne comptait pas poursuivre d’enquêtes sur la Fondation Clinton et sur la gestion de la messagerie privée de l’ancienne Secrétaire d’Etat.
Il affirmé « vouloir passer à autre chose » en affirmant que son adversaire « avait déjà assez souffert » et qu’il « n’avait aucune envie de s’en prendre aux Clintons ».
Un message qui contraste avec l’un de ses fameux slogans de campagnes, « lock her up », l’un des préférés de ses supporters qui n’ont pas apprécié ce revirement et l’ont fait savoir hier – 17 000 commentaires sont parus à la suite de l’article paru sur Breitbart News en une après midi.
Si l’ancienne candidate démocrate demandait un nouveau décompte des voix, elle ouvrirait une boîte de Pandore qu’il serait difficile de refermer.
L’article du New York magazine a provoqué la réaction de plus 30 000 internautes sur Facebook et partagé près de 12 000 fois en quelques heures seulement, et a sans doute du raviver l’espoir chez de nombreux supporters de Clinton.
En vain?
Vox a rapidement noté les limites des explications apportées par le groupe de scientifiques. Concernant les différences de votes entre machines électroniques et celles qui utilise du papier (bulletin ou scanner): « C’est tout à fait possible que les machines électroniques soient utilisées dans les comtés qui favorisent Trump – par exemple, ceux avec beaucoup d’électeurs blancs des zones rurales, qui ont massivement soutenu Trump un peu partout dans le pays ».
Les autres raisons d’être sceptique sur ces allégations, c’est que le Wisconsin appartient au Midwest qui a largement voté pour Trump aux élections, que le Michigan utilise des bulletins de vote, et pour lequel les experts n’ont pas expliqué la légitimité d’un nouveau décompte, et enfin et surtout, le fait que les proches de Clinton, prévenu il y a plus de cinq jours, n’ont entrepris aucune démarche.
Même constat pour Nate Silver de 538 qui qualifie ces allégations de BullShit
To follow: some *very* quick analysis which suggests the claim here of rigged results in Wisconsin is probably BS: https://t.co/SYlE76bnmQ
— Nate Silver (@NateSilver538) November 23, 2016
et Nate Cohn du New York Times,
It's hard to stress how weak this is. https://t.co/H3xSvrHT8y
— Nate Cohn (@Nate_Cohn) November 22, 2016
L’info était reprise ce soir par Breitbart News, qui laissait entendre que l’équipe de campagne de Clinton venait de rencontrer ces experts – ce qui n’a été confirmé par aucun des parties.
Clinton a concédé l’élection et avait affirmé lors du dernier débat présidentiel, au cours duquel Trump avait menacé de ne pas reconnaître les résultat du vote, que c’était contraire à la tradition politique américaine.
L’ancienne candidate devrait sans doute en rester là.