L’élection de Donald Trump est considérée par beaucoup de Républicains comme un désaveu criant des Américains contre la politique étrangère de Barack Obama qui aurait affaibli et discrédité les Etats-Unis sur la scène internationale.
Dans une tribune publiée début décembre dans le New York Times, Mark Moyar, un historien de la guerre du Vietnam et directeur d’un think tank conservateur, The Foreign Policy Initiative se félicite de voir le monde trembler à nouveau devant l’Amérique de Donald Trump.
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les relations internationales seraient dictées par la peur ou l’indifférence que suscite les Etats-Unis dans le monde et envers les autres pays. A chaque fois que l’Amérique est apparue inoffensive ou conciliante, elle l’a payé par un revers diplomatique ou l’agression d’une de ses zones d’influence.
L’historien donne plusieurs exemples:
- En 1950, la Corée du Nord a envahi la Corée du Sud après que le président Truman (1945-53) ait décidé de retirer la Corée du Sud de son périmêtre de défense.
- Lyndon B. Johnson (1963-69) a tenté d’éviter un guerre au Vietnam en attendant la même réaction du Nord-Vietnam qui a répondu en agressant le Sud du pays
- La « timidité » du président Jimmy Carter (1977-81) aurait « précipité des nations dans le communisme » et la prise d’otage de l’ambassade américaine en Iran
- « La passivité d’Obama devant les provocations et son incapacité à faire respecter « la ligne rouge » avec la Syrie [qui visait à prévenir l’utilisation d’armes chimiques sur les populations civiles et dont Assad s’est finalement servi pour tuer 1 500 personnes] ont mené la Russie, la Chine et d’autres adversaires à gagner du terrain aux dépens des Etats-Unis »
Au contraire, la « théorie du fou » développé par Nixon dans les années soixante-dix qui laissait croire aux chefs d’Etats étrangers qu’il était irrationnel et incontrôlable pour les dissuader de toute action contraire aux intérêts américains, a été efficace jusqu’au scanadale du Watergate.
« En 1980, comme en 2016, les Américains ont élu quelqu’un qui a été clair sur ses intentions d’effrayer les nations ennemies. Aujourd’hui même les Démocrates libéraux applaudissent Reagan pour avoir mis l’Union Soviétique à ses pieds [sic]. Pourtant, en 1980, les positions dures et nationalistes de Reagan sur la politique étrangère provoquait les mêmes condamnations de « belligérance » qui émanent des critiques éclairés un peu partout dans le monde à l’encontre de Trump.
Cette approche réaliste des relations internationales est partagée par de nombreux conservateurs, qui ont vivement critiqué ces dernières années l’attentisme, voire le désintérêt de l’Administration dans l’évolution géopolitique mondiale, et incapable de s’affirmer devant les « tough guys », Vladimir Poutine, Erdogan, ou récemment Duterte.
Pour ses défenseurs, Obama a réussi à faire économiser des milliards de dollars au Trésor américain et épargner les vies de milliers de soldats en refusant de s’engager dans des conflits majeurs à l’étranger; il a également redoré le blason des Etats-Unis sur la scène internationale, terni par huit ans de Bush Jr et ses slogans néo-conservateurs de « choc des civilisations » ou « d’axe du mal ».
Pour Moyar, l’amour vache doit à l’avenir guider les Etats-Unis dans sa gestion des relations internationales et de l’ordre mondial:
En tant que pays le plus puissant au monde, et le seul dont le leadership peut sauver l’ordre mondial, les Etats-Unis doivent se soucier davantage du respect international qu’il inspire plutôt que de l’affection qu’il suscite auprès des élites internationales. La future administration est obligée de retourner vers ce précepte après huit de sécheresse. Les Américains et leurs alliés devraient être soulagés. Les ennemis de l’Amérique ont le droit d’avoir peur.
Internationaliser la technique de bullying masteurisé par Donald Trump contre tous ses détracteurs ou critiques durant la campagne, et l’appliquer cette fois-ci à l’encontre des pays étranger et de leurs leaders, les effrayer pour mieux les contrôler, c’est une autre façon pour les Conservateurs américains « de redonner sa grandeur à l’Amérique ».