Et quelle ligne! Et quel musée!
Certes, la ligne n’est que la première étape, la plus courte, d’un projet faramineux qui prévoit une nouvelle ligne de métro qui va relier le nord est de Central Park au sud de Manhattan, le long de la Seconde Avenue, mais elle réjouit déjà locaux, touristes et commerçants depuis son ouverture le 1er janvier 2017.
Un projet vieux de cent ans
L’extension concerne la ligne express Q, à partir de la 57ème rue (et 7ème Avenue) qui passe désormais par Central Park jusqu’à la Seconde Avenue sur la 63ème rue et remonte jusqu’à la 96ème: les balbutiements d’un projet vieux de cent ans.
Car si le réseau métropolitain est très dense de part et d’autres de Broadway, Downtown, Midtown et plus haut dans l’Upper West Side (avec trois lignes de métro différentes), l’Upper East Side, le quartier le plus riche de New York, n’est desservi que par une seule ligne sur Lexington Avenue, la plus fréquentée du pays avec 1,3 millions de passagers qui transitent quotidiennement avec des rames généralement bondées aux heures de pointe.
J’ai travaillé sur York Avenue, la dernière artère avant la East River, au croisement de la 72ème rue, et expérimenté les vingt minutes de marche, aller et retour chaque jour, jusqu’au à la station Hunter College (68ème rue et Lexington); une balade agréable en été mais un peu plus douloureuse avec la pluie, le vent, ou quand les températures avoisinaient les -15 degrés.
Avec trois nouvelles stations sur la Second Avenue, à la 72ème rue, 86ème et le terminus, à la 96ème, flambant neuves, propres (pas un rat à portée de vue), spacieuses et moins bruyantes pour rétablir l’équilibre de centaines de milliers de travailleurs dans le nord est de New York qui vont pouvoir dormir quelques minutes de plus chaque matin.
Qui a décimé un quartier
Non seulement la nouvelle ligne va désengorger le trafic sur la ligne « verte » (4,5,6) et faciliter la vie des new yorkais qui habitent dans l’ouest de l’Upper East Side mais ce sont aussi des commerces, restaurants et bars qui vont pouvoir profiter d’un regain d’activité grâce à un accès simplifié.
Les travaux de la « première étape » ont commencé à la 96ème rue en avril 2007 et creusé un tunnel de 3,2 km, sur les 13,7 km prévu, jusqu’à la 63ème rue qui a pris dix ans, soit trois ans de plus que le délai initial, au grand dam de la population, et pour un coût total de 5 milliards de dollars.
A cause des détonations utilisées pour creuser sous terre, les émanations de poussière et les aménagements logistiques, d’immenses containers de chantiers mis en place pendant des mois de part et d’autres de l’avenue, la vie de quartier s’est considérablement dégradée avec la disparition de la moitié des commerces et de restaurants locaux qui n’ont pas survécu à la désertion des clients.
C’est peu dire que restaurateurs et commerçants attendaient l’inauguration comme le messie et qu’ils peuvent aujourd’hui entrevoir le bout du tunnel.
Des stations-musées dédiées à New York
Les habitants de l’Upper East Side ont un métro flambant neuf qui est aussi un hommage à la ville de New York, grâce aux oeuvres d’art exposées à différents stations.
« Le Second Avenue Subway offre aux New Yorkais un musée souterrain et honore notre héritage de construction et de merveilles d’ingénierie » a affirmé le gouverneur de New York, Andrew Cuomo. « Les travaux publics » a-t-il continué « ne sont pas seulement fonctionnels, ils sont une expression de qui nous sommes et ce que nous croyons. »
C’est la plus importante installation artistique et publique de la ville.
La station 63rd St. offre des oeuvres en céramiques, mosaiques et verre, quis ont reproductions de photos d’archives de New Yorkais réalisées par l’artiste Jean Shin.
La station 72nd St. illustre la diversité et la richesse de New York avec ses silhouettes en mosaïques à taille humaine, réalisées par l’artiste Vik Muniz dans le cadre de son projet « Perfect Stranger », calquées sur de vrais clichés de New Yorkais.
La station 86th St. propose douze « Subway Portraits » de trois mètres de haut, de personnalités comme Lou Reed, Philip Glass ou Kara Walker, réalisées par Chuck Close