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Trump vire le directeur du FBI qui enquêtait l’ingérence russe pendant les élections présidentielles
On en vient vraiment à se demander si Donald Trump ne prendrait pas les Démocrates et le reste de la population américaine pour des imbéciles et des ignorants.
Le président américain a viré mardi après midi le directeur du FBI après avoir « suivi » les recommandations de son ministre de la justice, Jeff Sessions, selon lesquelles il serait incapable de gérer efficacement l’agence de renseignements.
James Comey tient, malgré lui, le haut de l’affiche depuis la campagne présidentielle lorsqu’il a d’abord suscité la colère des Républicains en disculpant Hillary Clinton dans l’enquête sur sa messagerie privée, puis provoqué la haine des Démocrates en décidant le 27 octobre 2016, 11 jours avant le scrutin, de rouvrir cette même enquête après la découverte de nouveaux emails dans l’ordinateur du bras droit de Clinton, Huma Abedin.
Une démarche, saluée à l’époque par le candidat républicain, qui aurait provoqué la défaite de la candidate démocrate aux élections.
James Comey a d’ailleurs défendu cette décision devant le comité judiciaire du Sénat américain la semaine dernière en expliquant que Mme Abedin aurait « forwardé » à son mari, Anthony Weiner, des milliers de emails susceptibles de contenir des informations confidentielles – Le Bureau a rectifié les propos de Comey en précisant qu’il ne s’agissait que de deux chaînes de emails.
C’est cette erreur et la gestion globale de l’enquête sur Hillary Clinton – close l’année dernière – qui aurait convaincu l’administration de tourner la page de l’ère Comey.
La décision rarissime de Jeff Sessions, qui s’est récusé début avril de toute investigation sur la campagne du président ou sur celle d’Hillary Clinton, de demander le renvoi du directeur du FBI qui enquête actuellement sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles, est un abus de pouvoir de l’administration qui peine à cacher l’ambition d’étouffer l’affaire – Trump insiste lourdement depuis plusieurs jours sur l’absence de preuve et qualifie cette enquête de « charade » aux frais du contribuable.
Les Démocrates ont immédiatement demandé la mise en place d’une commission indépendante pour poursuivre l’enquête car « il est impossible de faire confiance à l’entourage du président. »
Les Républicains ont été discrets comme d’habitude, ont soutenu le président et certains ont même demandé à ce que Hillary Clinton soit finalement inculpée.
Quant aux agents et employés du FBI, ils ont été très surpris de la nouvelle apprise sur les chaînes d’info (comme leur directeur) – On pourrait d’ailleurs s’attendre à des fuites de la part du Bureau ces prochains jours contre le président et son entourage.
Encore une fois, l’administration affirme qu’il n’y a rien à voir mais agit comme s’il y avait tout à cacher.
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« Yates we can »
Sally Yates, ancienne procureure générale adjointe du président Obama, est à la une de tous les quotidiens aujourd’hui après une entrevue assez mouvementée devant le Sénat lundi après midi pour répondre à deux épisodes qui ont défavorablement marqué les premières semaines de l’administration Trump et lui ont coûté son renvoi précipité:
* Quelques jours après l’investiture de Donald Trump, elle a prévenu le président que son conseiller à la Sécurité Nationale, Michael Flynn, avait menti au vice-président Mike Pence sur la nature de ses relations avec l’ambassadeur russe à Washington et qu’il aurait pu être l’objet d’un chantage des autorités russes, elles aussi au courant.
Donald Trump n’a rien fait jusqu’à ce que les révélations de Mme Yates apparaissent en une du Washington Post, deux semaines plus tard, et poussent Flynn à la démission – fuites dont elle affirme ne pas être l’auteur.
La justification de Sean Spicer, porte parole de la Maison Blanche mardi après midi sont édifiantes: ils n’auraient pas accordé d’intérêt « aux déclarations » (il s’agit des discussions ultra confidentielles impliquant la sécurité du pays) de Mme Yates parce qu’elle était démocrate.
Le président Obama, qui a précipité le départ de Flynn de la Defense Intelligence Agency, l’une des agences du renseignement des Etats-Unis, en 2014, a conseillé au président-élu le lendemain de son élection se méfier de lui: Trump a répondu en offrant à Flynn l’une des plus importantes positions de son cabinet.
* Yates a également défendu hier sa décision de ne pas soutenir le premier décret présidentiel sur l’immigration (la première « travel ban ») signé à la vite le 27 janvier 2017 car le président avait affirmé à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’une « muslim ban » uniquement dirigée contre les populations musulmanes
* Ce qu’on retient de cette audience de plus de trois heures, c’est le professionnalisme, l’éthique et l’intégrité de Mme Yates qui a su répondre calmement aux attaques parfois rudes des sénateurs républicains.
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EPA accueille des pollueurs.
L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA en anglais) dirigée par le climatosceptique Scott Pruitt, a viré vendredi la moitié des membres de l’un de ses plus importants comités scientifiques, « dernier signe de la volonté de l’administration Trump de limiter les capacités de l’Agence à réglementer sur l’environnement en réduisant le rôle de la recherche universitaire ».
Un porte parole de l’Agence a indiqué que Mr Pruitt voulait remplacer ces scientifiques par des représentants des industries polluantes, celles-là même que l’EPA est censée réguler: « Il pense que [l’Agence] devrait avoir au sein de son comité des gens qui comprennent l’impact de ses régulations sur la communauté ».
Les Républicains reprochent aux scientifiques de privilégier l’environnement au détriment de la création d’emplois et de la bonne marche des certaines entreprises: la présence d’agents économiques au sein du comité, chargé d’évaluer les recherches scientifiques de l’Agence, devrait limiter la portée environnementale des études qu’elle fournit au gouvernement pour préparer les règles et restrictions sur tout ce qui est gestion des déchets jetés ou émissions de gaz à effet de serre qui favorisent le changement climatique.
* « EPA Dismisses Members of Major Scientific Review Board » – The New York Times
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« The New Gold Rush »
Ou comment la Silicon Valley est devenue la retraite doré de nombreux anciens conseillers politiques de Washington, qui mettent désormais leur expérience du pouvoir au service des compagnies high-tech.
Le plus connu d’entre eux est sans doute Eric Holder, ancien ministre de la justice du président Obama (2009-2013) engagé par Uber en février pour enquêter sur les accusations de harcèlement sexuel au sein de la compagnie.
La plupart d’entre eux ont travaillé dans les campagnes présidentielles de candidats, Barack Obama (2008 et 2012), John McCain (2008), Mitt Romney (2012), Hillary Clinton (2008 et 2016) ou au sein des Administrations et sont partis capitaliser leur carnet d’adresse, compétences politiques et relationnelles dans les riches entreprises de haute technologie:
« D’une certaine manière, une campagne ressemble beaucoup à une start-up. Tu dois construire rapidement et être préparé à dépenser des millions de dollars pour persuader les gens que ton candidat a raison » explique Matt David, chef marketing de l’application Tinder.
Ses propos rejoignent ceux de Travis Kalanick, le fondateur de Uber, lors d’une conférence: « Nous sommes en plein campagne électorale et le candidat est Uber et l’adversaire est connard appelé Taxi ».
Uber, Lyft and Airbnb, des compagnies dont les créations ont outrepassé les lois existantes, sont les manuels scolaires de ce que les politiques sont à mêmes de combler
Les méthodes employées en situation de crise sont par exemple les mêmes: Appel à l’action sur les réseaux sociaux, interpeller les élus politiques, et du porte à porte si nécessaire pour convaincre les citoyens, consommateurs et utilisateurs de se mobiliser pour la compagnie.
L’arrivée de conseillers politiques venus de Washington correspond enfin à la fin de la campagne présidentielle qui a laissé nombre d’entre eux libres de se réorienter, Républicains et Démocrates confondus.* « Silicon Valley is ‘officially a retirement community for D.C. political vets starting fresh outside the nation’s capital » – The Los Angeles Times
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Les étudiants progressistes aussi intolérants que leurs confrères conservateurs?
Oui à en croire les dernières échauffourées entre partisans et opposants de Donald Trump et de ses supporters dans les universités du pays, notamment celle libérale de UC Berkeley en Californie qui a été le théâtre de violentes émeutes déclenchées par la visite de personnalités conservatrices (Milo Yiannopoulos et Ann Coulter) et qui ont dû être annulées pour des questions de sécurité.
Une situation dénoncée par les organisateurs républicains comme une violation de leur liberté d’expression et la preuve de l’intolérance de certains étudiants progressistes.
Un argument qu’il est de plus en plus difficile de critiquer comme l’explique Politico:
Pendant des années, les conservateurs ont été traités d’intolérants, souvent pour de bonnes raisons. Mais les conservateurs vous diront aujourd’hui que ce sont les progressistes qui sont intolérants, en utilisant notamment l’excuse du politiquement correct comme un moyen d’oppression. C’est d’ailleurs devenu un thème important de la campagne, et l’une des principales raisons invoquées par les électeurs de Trump.
Des récentes recherches universitaires montrent que les préjugés et le degré d’intolérance s’équivalent entre les conservateurs et religieux et les progressistes et les Athées.
Dans une étude intitulée « Predicting Ideological Prejudice » publiée dans la revue Psychological Science, Mark J.Brandt explique que les préjugés se fondent avant tout sur des oppositions idéologiques auxquelles se rattachent des considérations sociales et économiques:
Les supporters conservateurs sont censés s’opposer aux progressistes, gays et lesbiennes, transgenres, féministes, Athées, ceux qui reçoivent les aides de l’Etat, les immigrés en situation irrégulière, les noirs, les scientifiques, les Hispaniques, les syndicats, les bouddhistes, musulmans, hippies, hipsters, démocrates, les goths, immigrés, les plus défavorisés et les nerds.
Les progressistes de l’autre côté ne devraient pas s’entendre avec les conservateurs, fondamentalistes chrétiens, aux riches, Tea Party, grandes entreprises, Chrétiens, Mormons, aux militaires, Catholiques, la police, hommes, blancs, Républicains, religieux, aux gens de milieux favorisés.
Exemple: Parce que les policiers sont perçus généralement comme étant plutôt conservateurs, les progressistes auront peu de tolérance envers eux.Certains diront que l’intolérance des conservateurs est plus dommageable que celle des progressistes car elle cible des groupes plus vulnérables; mais les conservateurs répondront que les progressistes dominent culturellement la société, contrôlent les médias, les universités, Hollywood et l’éducation.
L’un des moyens les plus efficaces pour entamer un dialogue entre les deux partis est de rentrer en contact avec son « adversaire » et de partager un objectif commun et « neutre » avec lui explique Mr Brandt.
* « Why Liberals aren’t as tolerant as they think » – Politico