C’est la cover story de The Economist cette semaine: Un constat alarmant sur la faillite de la justice pénale et du système carcéral aux Etats-Unis, l’une des sociétés démocratiques les plus répressives au monde, dont la situation pourrait encore s’aggraver avec la nouvelle administration
- Le système carcéral américain est le plus important au monde: Plus de deux millions de prisonniers, dont la moitié sont Afro-Américains.
- Les prisons et le système des libertés conditionnelles coûtent chaque année 80 milliards de dollars au gouvernement fédéral.
- Les Etats-Unis représentent 5% de la population mondiale mais 25% de la population carcérale mondiale.
- Les Etats-Unis ont 7 fois de prisonniers que la France, 11 fois plus que la Hollande et 15 fois plus que le Japon.
- La « guerre contre la drogue » lancée sous Richard Nixon a engendré une « incarcération de masse » pendant plusieurs décennies jusqu’à l’élection de Barack Obama: Entre 1980 et 2008, le nombre de prisonniers est passé de 500 000 à 2,3 millions.
- La réforme de la justice pénale mise en place par Eric Holder, le ministre de la justice de Barack Obama, qui a permis de diminuer ce nombre pour la première fois en trente ans, vient d’être annulée par son successeur, Jeff Sessions: Ce dernier a demandé aux juges d’appliquer sanctions et peines minimum avec le plus de sévérité possible – malgré le consensus des Démocrates et
Le nombre de prisonniers devrait donc augmenter à nouveau.
- Les USA emprisonnent ses citoyens pour des délits qui ne méritent pas la prison comme la possession de drogues, prostitution et imposent des condamnations très dures pour des infractions mineures
La loi dite « Three Strikes, you’re out », la « loi des trois coups » votée en 1994 sour Bill Clinton, peut condamner à la prison à vie un prévenu condamné pour un troisième crime ou délit. - L’incarcération de masse brise des familles, empêche les anciens détenus d’obtenir un emploi (à cause de règles fixées par les Etats) et aurait contribué à augmenter de 20% le taux de pauvreté aux Etats-Unis.
- A retenir:
Arrivé un certain point, les coûts de l’incarcération dépassent les bénéfices.
Les prisons sont chères – les complexes doivent être construits, les gardiens payés, les prisonniers nourris. Les détenus, enfermés, ne peuvent ni travailler, ni soutenir leur famille, ni payer des impôts. L’argent dépensé dans les prisons ne peut être dépensé dans d’autres programmes qui pourraient essayer réduire la criminalité, en engageant davantage de policiers, en améliorant les écoles dans les quartiers défavorisés.
Et surtout, enfermer des mineurs peut les rendre plus dangereux en les laissant côtoyer des criminels.
- Un budget minimal consacré à la réhabilitation des détenus et des politiques très disparates entre les Etats.
- 5% des prisonniers américains ont accès à un programme de réhabilitation.
- L’excellent documentaire d’Ava duVernay 13th est à voir absolument pour comprendre la relation entre racisme, emprisonnement des Afro-Américains et l’explosion des prisons aux Etats-Unis ces quarante dernières années.
- « America’s Prison are failing. Here’s how to make them work » – The Economist