« Qu’est-ce qui est encore moins populaire que Donald Trump? A peu près tout ce que font Paul Ryan et Mitch McConnell » commente cette semaine Jonathan Chait dans une tribune du New York magazine.
Très critiques à l’égard du candidat républicain pendant les Primaires et la campagne de 2016, Paul Ryan, porte parole de la Chambre de Représentants, et Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, sont devenus en quelques mois, les avocats de la nouvelle administration et les complices de son programme « nationaliste économique », « America First ».
L’année dernière, Donald Trump a réussi le pari fou, sans aucune expérience politique et avec un passé démocrate, de remporter la candidature républicaine et gagner les élections présidentielles.
Une aubaine pour le Grand Old Party, après huit ans dans l’opposition, de mettre enfin en place un programme conservateur avec l’aide du président, d’une majorité au Congrès, d’une trentaine de législatures et de gouverneurs à travers le pays: l’abolition et le remplacement d’Obamacare (leur unique obsession depuis 2010), la réforme fiscale et la dérégulation de Wall Street
Sauf que Donald Trump a passé les quatre premiers mois de présidence à remplir son propre agenda, « America First », à coups de décrets présidentiels plus polémiques les uns les autres, pour satisfaire sa base électorale, la seule légitimité du président le plus mal-aimé de l’histoire du pays, dont l’administration est minée par les scandales et les critiques.
Et aucune importante législation n’a été votée par le Congrès.
Entre temps, les leaders du GOP ont tout accepté pour pouvoir faire avancer leur programme, quitte à remettre en cause les principes conservateurs et malgré les oppositions au sein de leur propre majorité.
Paul Ryan a affirmé que la travel ban contre les ressortissants musulmans « n’était pas une loi contre la religion », a précipité le passage de l’American Health Care Act devant la Chambre de Représentants sans attendre les conclusions du Comité du budget et a défendu « A New Foundation for American Greatness », la proposition fantaisiste et erronée du budget 2018 qui n’a rien à voir avec le conservatisme fiscal.
Mitch McConnell faisait lui partie des 22 sénateurs républicains, dont les campagnes sont financées par l’argent de l’industrie du pétrole et du gaz, qui ont envoyé une lettre ouverte au président fin mai, en lui demandant de se retirer de l’accord de Paris sur le climat.
Le GOP contemporain est aujourd’hui le seul parti majoritaire d’une démocratie occidentale à rejeter les conclusions de la science sur le changement climatique et à « s’opposer à l’assurance-maladie, comme principal bénéfice de la citoyenneté ».
Certes, le parti doit faire face à la réalité de la présidence de Trump et à l’importance de sa popularité auprès des électeurs républicains. Certes, comme l’avance Charlie Sykes, « le conservatisme américain est devenu anti-libéral, uni par la haine des médias et de la gauche ».
Mais que dire du renvoi du directeur du FBI, James Comey, de Sally Yates, la ministre de la justice par interim, des attaques incessantes contre les médias, contre la décision des juges de la cour d’appel fédéral (la travel ban), les critiques envers les pays alliés, notamment européens, l’Otan, le soutien sans failles à la Russie, le partage d’informations confidentielles avec des officiels russes dans le bureau ovale?
Comme en conclut Charles P Pierce dans Esquire:
Aujourd’hui, aucune personnalité influente du parti républicain n’est prête à dénoncer les désillusions de l’abruti dans son bureau ovale. (Rappelez vous son discours de jeudi, quand il a parlé de sa réforme fiscale qui passait facilement au Congrès? Il n’y a pas de réforme fiscale. Est-ce que quelqu’un lui a rappelé?). La réponse à ce genre de comportement à été jusqu’ici d’être complice des fictions de la Maison Blanche. Notre république est vraiment devenue bananière.