1. « The Unexpected Addict »
- Le 03 août dernier, le Birmingham News lançait sur son site internet un appel pour localiser des proches d’April Nicole Carpri, une femme de 34 ans, dont le corps, retrouvé mort chez elle trois semaines plus tôt dans la ville de Elsen, était disponible pour être enterré.
Deux mois plus tard, elle est en une du même quotidien d’Alabama sous le titre « The Unexpected Addict » ou « comment l’héroïne a détruit une conseillère en toxicomanie ».
Ses amis ont toujours du mal à comprendre comment Capri a terminé dans une tombe anonyme. Il y a seulement quatre ans, cette diplômée de l’Université d’Alabama avait un métier, une maison en banlieue, un mari et un enfant. Elle a tout perdu à cause de l’héroïne alors qu’elle a réussi à ce que de nombreux patients en décrochent. Carpri est l’une des 150 personnes mortes cette année dans le comté de Jefferson d’une overdose de drogue. La plupart causée par de l’héroïne ou du fentanyl, un puissant opiacé de synthèse.
* « The Unexpected Addict: How Heroin destroyed an Alabama drug counselor » – The Birmingham News
- Une énième de l’épidémie d’opiacés qui frappe le pays depuis des années et provoqué la mort de 62 000 en 2016.
2. Facebook et la démocratie américaine
- L’introduction de Mike Allen/Axios avant son interview avec la COO du groupe, Sheryl Sandberg en dit long:
L’histoire de la décennie ressemble à un roman: Un ennemi des Américains a cherché à manipuler notre écosystème de médias sociaux, qui n’est soumis à aucune régulation, pour tenter d’influencer le cours des élections et faire élire comme président une ancienne star de la télé-réalité, obsédée par Twitter – dans ce qui restera l’une des plus grandes surprises de l’histoire des Etats-Unis.
- The Atlantic prend le relais avec une excellente analyse de ce que « Facebook a infligé à la Démocratie américaine » et « pourquoi ce phénomène était si difficile à anticiper ». Plusieurs facteurs entrent en jeu:
Dès 2012, une étude a montré qu’une initiative de Facebook (« Get out the Vote » qui visait à inciter les jeunes à voter) pouvait avoir des répercussions électorales importantes, surtout dans le cadre du collège électoral des Etats-Unis dans lequel un petit nombre d’Etats ont un impact disproportionné sur le résultat à l’échelle national. Même si la compagnie s’est toujours défendue d’être neutre et de ne pas utiliser ses produits pour influencer le vote des électeurs, d’autres s’en sont chargés à leur place.
Le fil d’informations de Facebook qui fonctionne comme un « journal personnalisé » empêche les internautes de confronter leurs opinions à celles différentes des leurs ce qui tend à créer une « bulle de filtrage » qui rend impossible tout débat national. L’équipe de Trump en charge de la campagne numérique a brillamment utilisé ces deux facteurs: Elle a dépensé 70 millions de dollars de publicités sur Facebook lors des quatre derniers mois de campagne, en diffusant des centaines de milliers de pages d’informations et de désinformations, destinés à des populations ultra-ciblées – qui les a rendu difficile à identifier. Sachant que Facebook est aujourd’hui le leader dans la distribution d’informations, l’impact a été total.
Le problème n’est pas qu’un Républicain ait battu un Démocrate, c’est est que les fondements du système électoral – les nouvelles que les gens voient, les évènements auxquels ils croient, les informations qu’ils lisent – ont été déstabilisés.
* « What Facebook did to American Democracy » – The Atlantic
L’économie du Dollar Store
- Dans un pays de plus en plus fracturé économiquement entre les grandes villes et les côtes riches et dynamiques et l’intérieur pauvre, déserté et malade, les « dollar stores », ces grandes surfaces à très bas prix, apparaissent un peu partout dans les régions les plus défavorisées, les zones rurales de l’intérieur du pays, comme Dekatur, une petite ville de mille habitants située dans l’Arkansas, où même Walmart, la plus importante chaîne de supermarchés à du fermer ses portes.
Les deux chaînes les plus importantes, Dollar General, (14 000 magasins à travers les Etats-Unis) et Dollar Tree (plus de treize mille enseignes) dépassent à elles deux les 22 375 magasins de CVS, Rite Aid et Walgreens, les plus grandes chaînes de pharmacies américaines.
« Les dollar stores parient sur le fait que nous allons avoir une classe pauvre permanente aux Etats-Unis » explique Garrick Brown, directeur de la recherche sur les ventes à la société Cushman & Wakefield. « On part du principe que les emplois ont disparu, qu’ils ne reviendront jamais, et que les choses ne s’arrangeront pas dans ces endroits.
Dollar General, qui compte ouvrir un millier de nouveaux magasins cette année dans le cadre d’une stratégie d’expansion de 22 milliards de dollars dans les communautés rurales et pauvres, représentent « non pas un déclin mais un renouveau économique, ou du moins une survie » pour ses habitants.* « Dollar General Hits a Gold Mine in Rural America » – Businessweek
Hollywood: What & Who’s next?
- Le problème du harcèlement sexuel était jusqu’ici l’un des secrets les mieux gardés à Hollywood où la mentalité de producteurs comme Weinstein est, de son propre aveu, ancrée dans les années soixante-dix où tout était soi-disant permis – Roman Polanski le paye toujours.
D’autres têtes devraient tomber, les complices dénoncés, mais c’est peut-être et enfin le signal d’un changement drastique de comportements à Hollywood vis-à-vis des femmes – The Los Angeles Times
- Des enquêtes ont été ouvertes à New York et à Londres pour corroborer les témoignages des plus récentes victimes.
- Le frère de Harvey Weinstein, Bob Weinstein pourrait être lui aussi viré de la compagnie qui pourrait rapidement tomber en banqueroute si ses projets, comme ceux commencés avec Amazon, étaient suspendus.
A VOIR:
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- Le documentaire de Netflix sur l’écrivaine et essayiste américaine « Joan Didion: The Center Will Not Hold » dont les écrits provocateurs dans les années 70 et 80 sur des sujets de société ont inspiré des générations de jeunes Américains.
- Le documentaire de l’excellente émission d’investigation Frontline de PBS sur « la guerre contre l’EPA » mené par son directeur, le climatosceptique Scott Pruitt, contre les lois de protection de l’environnement mises en place par Barack Obama ces huit dernières années.
La Couverture du Jour
- L’homme le plus puissant au monde n’est pas Donald Trump mais Xi Jinping, le président chinois, écrit The Economist dans son éditorial de cette semaine.
Selon le magazine, certes, l’économie chinoise reste derrière les Etats-Unis qui disposent également de la plus importante armée au monde, mais « le leader du monde libre s’entend mal avec les autres leaders étrangers et est incapable d’imposer son agenda politique à la maison ».
Au contraire, le président du plus grand Etat autoritaire plus de succès à l’étranger. Son contrôle sur la Chine n’a jamais aussi puissant depuis Mao, qui gouvernait un pays chaotique et très pauvre. M. Xi est l’un des moteurs de l’économie mondiale.* « Xi Jinping has more clout than Trump. The World should be wary » – The Economist