Une bien triste semaine pour le pays, victime d’une énième tuerie qui a fait 17 morts.
Ca fait neuf jours que la Maison Blanche s’embourbe dans le « Portergate »; des fuites à Wikileaks prouvent ce que tout le monde savait de Assange; l’IRS prête à confisquer les passeports des mauvais payeurs; des nouveaux sites de propagande politique et le New York Times qui vire son éditorialiste.

 

 

1. Les Quotidiens

• « Again »

  

  La 18ème tuerie dans l’enceinte d’un établissement scolaire américain cette année – nous sommes le 15 février – eu lieu hier à Parkland, près de Fort Lauderdale en Floride.

  Le tueur, Nikolas Cruz, 19 ans, ancien étudiant au lycée Marjory Stoneman Douglas renvoyé pour des problèmes de discipline, a débarqué dans l’établissement dans l’ après midi, muni d’un fusil semi-automatique, déclenché l’alarme et ouvert le feu sur les étudiants qui tentaient de s’échapper, puis s’est enfuit dans la panique avant d’être rattrapé par les forces de police.
  12 adolescents sont morts sur le coup, trois autres en dehors de l’enceinte, deux à l’hôpital et on compte quinze blessés.

  Quelques mois plus tôt, Cruz, qui souffrait de troubles mentaux, aurait posté des messages de menace sur internet, transférés à l’époque au FBI. Sun Sentinel

  « Ses anciens camarades choqués racontent qu’en entendant les premiers coups de feu, ils ont tout de suite su que c’était Cruz »

  L’année dernière, devant la menace qu’il représentait pour les autre étudiants, l’école lui a interdit de porter un sac à dos sur la campus. Daily Mail

  La tuerie d’hier laisse trois mille étudiants et leurs familles, traumatisés, une année scolaire interrompue et une communauté brisée.
  Depuis Columbine en 1999, 150 000 étudiants ont été les témoins d’une tuerie dans leur établissement scolaire.

• « This Is [really] Us »

  

  Le New York Daily News, qui milite depuis des années pour un renforcement du contrôle des armes à feu, reprend le titre de la très populaire série « feel good » NBC, « This Is Us » pour contraster avec cette épidémie qui touche et dont sont responsables les élus américains: Depuis le massacre d’une vingtaine d’enfants à Sandy Hook en décembre 2012, 439 personnes ont été blessés par balles dans un établissement scolaire et 112 tués.

  33 000 personnes meurent chaque année de violences par armes à feu.

  Encore une fois les prières n’y feront rien.

  Le Congrès, qui n’a même pas réussi à légiférer sur les « bump stocks » après la tuerie de Las Vegas, semble impuissant devant la toute puissante NRA et des intérêts des fabricants d’armes à feu.

  Seuls les électeurs américains, en faisant pression sur leurs représentants, seront capables de faire changer les choses.

  Ca vaut le détour:
  Les statistiques effrayantes de l’épidémie de violence par armes à feu aux Etats-Unis dans le WaPo

• Même le New York Post tire la sonnette d’alarme

  

 

 

2. Trumplandia: La Floride & le Portergate

• Sur la tuerie de FlorideLe président a présenté « ses condoléances » et offert « ses prières » aux familles des victimes hier après midi sur Twitter en rappelant « qu’aucun enfant, enseignant ou quiconque ne devrait se sentir en danger dans une école américaine. »Ce matin, il a évoqué les troubles mentaux du tueur, dénoncés par les voisins et camarades de classe, qui auraient dû être reportés aux autorités à la façon « If you see something, say something ».
  Sauf que les autorités n’ont pas pu faire grand chose: En février 2017, Trump a abandonné une législation mise en place par Obama visant a éviter que les personnes atteintes de problèmes psychologiques puissent se procurer une arme.

  Dans son discours ce matin, il a tenté de réconforter une nation sous le choc, l’a poussé à s’en remettre à Dieu pour surmonter l’horreur de l’évènement, a promis de travailler avec les autorités locales et fédérales pour renforcer la sécurité dans les écoles et lycées du pays mais AUCUN mot sur un éventuel renforcement du contrôle des armes à feu.

• Portergate, 9ème jourUne semaine après la démission de l’un de ses conseillers accusé de violences physiques et morales sur ses deux ex-femmes, Trump a finalement déclaré « être totalement opposé aux violences conjugales ».  NYTQuand aux versions contradictoires du chef de cabinet, qui affirme n’avoir été mis au courant de la « gravité » des accusations portées contre Porter que la semaine dernière, et du FBI, qui aurait prévenu la Maison Blanche à plusieurs reprises l’année dernière, c’est pour Steven Perlberg de Buzzfeed
  

  L’épisode le plus exaspérant et déconcertant d’une administration dont la stratégie de communication est souvent marquée par le chaos et la guerre des clans

• David Cohen, l’avocat de longue date de Trump, a confirmé au New York Times avoir acheté 130 000 dollars le silence de la strip-teaseuse Stormy Daniels qui a une relation avec le milliardaire en 2006, avant les élections de 2016. Somme que le président ne lui aurait jamais remboursé. New York Times

 

 

3. « Wikileaked »

• Tout ce qu’on savait sur Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, reclus depuis cinq ans dans l’ambassade équatorienne de Londres: sa mégalomanie, sa misogynie, sa haine de Clinton,
  les campagnes de diffamation lancées contre ses adversaires et critiques, son soutien à Donald Trump pendant la campagne présidentielle sont disponibles noir sur blanc, dans les communications internes entre Assange et une dizaine de « online boosters » entre 2015 et 2017, publiées par l’un des seuls médias à avoir – presque – toujours défendu l’intéressé, The Intercept.

  Wikileaks n’a jamais caché son opposition à Clinton. Assange avait envisagé sa démission du poste de Secrétaire d’Etat en 2010 après la diffusion de câbles diplomatiques américains et a vivement critiqué la décision de Clinton de lancer une action militaire en Libye et dans le Moyen Orient.

  Mais les messages obtenus par The Intercept nous permettent de comprendre les objectifs politiques de Wikileaks avant qu’elle ne plonge directement au coeur des élections présidentielles. Les messages révèlent également le caractère misogyne, sexiste, et parfois même antisémite de Assange, et illustrent parfaitement l’obsession qu’il a de son image.

  Wikileaks n’a pas réagi. Ni l’intéressé. C’est le militant de Wikileaks à l’origine de ce « group chat » qui a fourni à The Intercept, le contenu des conversations.

  * « In leaked chats, Wikileaks discusses preference for GOP over Clinton » – The Intercept 

  Ca vaut le détour: 
  * Le portrait de Julian Assange publié dans le New Yorker cet été et celui de Bill Keller, l’ancien rédac chef du NYT, publié en 2011 dans le NYT magazine, après la publication des câbles diplomatiques américains sur la guerre en Irak et Afghanistan obtenus de Chelsea Manning.

 

 

 

4. L’IRS à l’assaut des passeports des mauvais payeurs

• Pour tous les Américains qui ont oublié de déclarer leurs revenus, ou déclarer une partie seulement, ou qui ne les ont tout simplement pas payé, et que la somme équivaut ou excède 50 000 dollars (42 000 euros), une mauvaise nouvelle:
  

  L’IRS, l’Agence fédérale responsable de la collecte des impôts, va commencer ce mois-ci à refuser de délivrer des passeports aux citoyens américains qui n’ont pas payé leurs impôts et pourra même aller jusqu’à confisquer les passeports de ceux coupables de fraude fiscale.

  Le gouvernement pourra placer en détention les contribuables ayant des impayés importants et les empêcher de quitter le pays.

• Des mesures drastiques, voire disproportionnées, pour ce genre de délit et considérant le montant de la somme: Aux Etats-Unis, les peines fédérales encourues vont jusqu’a seize mois pour un homicide involontaire, un an pour un vol de voiture, quatorze mois pour trafic de drogue et dix-sept mois pour une évasion fiscale.Une nouvelle loi qui a enragé la conservatrice National Review:
  

  Oui, les gens doivent payer leurs impôts. La plupart le font. Mais il y a des limites à ce que le gouvernement peut infliger à ses citoyens dans n’importe quelle situation, et des limites encore plus importantes à ce que le gouvernement peut infliger à des citoyens qui n’ont aucun casier judiciaire.

  * « The IRS Is Coming for your passports » – National Review

 

 

5. Des nouveaux sites de propagande

• Une nouvelle tendance est en train de faire des émules chez les Républicains américains: Des sites de propagande politique imitent les sites d’infos traditionnels en publiant des articles publiés par des faux journalistes pour soutenir les élus et attaquer leurs adversaires.Kelli Ward, sénatrice de l’Etat de l’Arizona, a récemment posté sur son site internet officiel, l’édito favorable d’un site d’infos local, The Arizona Monitor, similaire à ceux publiés sur le site de The Arizona Republic, le quotidien le plus lu de l’Etat, pour apparaître plus crédible.Sauf que The Arizona Monitor est un blog anonyme pro-Ward critique envers tous ses adversaires politiques, Républicains y compris.
• De nombreux Républicains s’y sont mis, un peu partout dans le pays: Le Maine Examiner dont les journalistes sont anonymes et le propriétaire inconnu, qui se décrit comme « un simple groupe de « Mainers » qui veulent publier les informations sur le Maine », travaillerait pour le compte du Parti Républicain local.Quant à Devin Nunes, le Représentant de Californie et instigateur du Memogate, son comité de campagne a lancé un site de news appelé The California Republican qui publie régulièrement des articles très élogieux à son égard.Pour Kathleen Hall Jamieson, directrice de l’Annenberg Public Policy Center de l’Université de Pennsylvanie:
  

  C’est l’appropriation d’une certaine crédibilité. Utiliser la crédibilité de grands organes d’information à des fins partisanes peut à terme remettre en cause leur crédibilité auprès des lecteurs.

  La tendance devrait se renforcer, surtout au niveau local:  » C’est une évolution logique de l’histoire de la désinformation numérique » affirme Glasser, professeur à NYU

  * « Kelly Ward touts endorsement from fake-news site » – Politico

 

 

 

6. Twittosphère v. NYTimes

• L’embauche mardi après midi de la journaliste Quinn Norton au sein du Comité éditorial du New York Times pour discuter du « pouvoir, de la culture et de la technologie » a provoqué un tollé dans la Twittosphère car les positions, parfois controversées, de cette femme de 44 ans ne sont pas du goût de beaucoup de lecteurs de la Gray Lady – comme les éditorialistes de droite, Brett Stephens et Davis Brooks.Des internautes ont ressorti d’anciens tweets dans lesquels elle utilise le terme « fag » et le « n word », et où elle avoue être amie avec des « plusieurs néo-nazis » mais dont « elle ne partage pas les opinions ».
• Mardi soir le quotidien qui affirme avoir découvert ces informations le jour même a viré Norton pour le plus grand soulagement de la Twittosphère. »Je suis désolée de ne pas pouvoir travailler avec eux. J’aurai préféré trouvé un terrain d’entente mais [les dirigeants du New York Times] préfèrent jouer la sécurité face aux réactions d’internet vis-à-vis des opinions de leurs éditorialistes » a déclaré Norton mardi soir.
  Elle laisse également entendre que le journal était bien au courant de certains propos provocateurs tenus sur les réseaux sociaux et qu’il n’a fait que céder à la pression des internautes. The Daily Beast

 

 

7. On vit une époque formidable

• Dégage Bill
  Les Démocrates qui soutiennent le mouvement #MeToo et veulent rallier le plus de femmes possible contre Donald Trump aux élections de mi-mandat en novembre prochain ont demandé à Bill Clinton de garder ses distances. Politico
• Un vol à risques
  Les passagers du vol UA1175 en partance de Californie à destination de Hawaï ont vu la coque de l’un des moteurs de l’avion se décoller en plein vol obligeant les pilotes à atterrir en urgence à Honolulu. Tous les passagers étaient sains et saufs. Buzzfeed
• Photos
  4 548 photographes de 125 pays différents ont soumis 73 044 images. Le concours World Press Photo en a sélectionné 42 dans 15 catégories. Les voici
• USA Today
  Nicole Carroll, 50ans, dont 18 passés à The Arizona Republic, sera la nouvelle rédactrice en chef de USA Today et succédera à Joanne Lipman, le mois prochain. USA Today
• Netflix
  Ryan Murphy, producteur de « American Horror Story » et « American Crime: The People v. O.J. Simpson » sur la chaîne câblée FX, vient de signer un contrat d’exclusivité de cinq ans avec Netflix, évalué entre 250 et 300 millions de dollars. Variety

 

 

8. La couverture du Jour

• C’est l’une de mes artistes préférées, la française Malika Favre qui à travailler pour Marie Claire, le New Yorker, le New York Times, nous offre une nouvelle couverture superbe pour le Washington Post magazine.