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05.03.18

 

Bienvenue dans cette édition spéciale consacrée à la soirée glamour de l’année marquée cette année par l’absence de l’ennemi numéro, Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo et une sélection qui n’a jamais été aussi diversifiée.

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1. LES QUOTIDIENS

  • « Les démons de Nakesha »

    Un reportage émouvant sur une sans-abri de New York City, décédée en juillet 2016 d’une embolie pulmonaire après plusieurs années passées dans la rue, sur une bouche d’air chaud, à l’angle de 46th Street et de Park Avenue.

    Elle s’appelait Nakesha Williams. Elle disait aimer les romans, et les deux discutaient des auteurs qu’elle aimait, de Jane Austen a Jodi Picoult.
    Elle et P.J. [une cadre de JP Morgan qui travaillait à côté et avec qui elle s’était liée d’amitié] papotaient quand elles avaient le temps, où jusqu’à ce que Nakesha tombe dans la paranoïa en parlant des complots et mensonges à son égard.

    P.J réalisa qu’elle en savait très peu sur Nakesha, et sur son passé.
    Presque trois décennies plus tôt, une autre femme s’était intéressée à Nakesha, alors jeune étudiante de 18 ans, qui considérait son avenir sans limites.

    * « Bright Lights, Dimmed in the shadows of homelessness » – The New York Times

 

  • « Tout le monde a peur »

    Les éditions dominicales du Baltimore Sun et du Denver Post  s’intéressent aux répercussions psychologiques de la tuerie de Parkland sur l’ensemble des étudiants américains, susceptibles d’être les prochaines victimes d’un autre Nikolas Cruz, et ce malgré les mesures de sécurité supplémentaires qui doivent être mises en places dans les établissements scolaires.

 

  • Crise des opiacés: Le calvaire des victimes

    Le Kokomo Tribune, le quotidien de la ville de Kokomo en Indiana, a lancé dimanche une série hebdomadaire en six parties sur l’épidémie de drogues qui frappe son district, le comté de Howard, 90 000 habitants, depuis plusieurs années. En une les 44 personnes mortes d’une overdose en 2017, la pire année de l’histoire de la région et de sa ville, Kokomo, 56 000 habitants.

    En réponse, les élus locaux ont tenté différentes approches – des conférences sur la drogue, des évènements où les individus peuvent rapporter leurs médicaments, à un programme de prévention sur la dépendance et le suicide. Même si les discussions sur les manières de ralentir l’épidémie sont nombreuses, la douleur est la même.

    « Il existe deux manières seulement de sortir de la dépendance. Deux. Tu peux affronter le mal, te désintoxiquer et apprendre à rester sobre. Soit je te rapporte à ta famille dans ça » explique Steele lors d’une conférence sur la toxicomanie en août 2017, en tenant dans les mains un sac mortuaire.

    * « Community in Crisis: ‘It Crushed Me' » – Kokomo Tribune

 

 

 

2. OSCAR’S NIGHT

  • Jimmy Kimmel: « This is a Night For Positivity »

    Jimmy Kimmel a acquis cette année un statut particulier après ses déclarations engagées et émouvantes sur le système de santé américain et la tuerie de Las Vegas, sans apparaître aussi « engagé » que Stephen Colbert, Samantha Bee ou John Oliver – par ailleurs excellents.

    C’était sa deuxième cérémonie de suite et il a, comme on s’y attendait, évoqué le scandale Weinstein et la révolution enclenchée à Hollywood avec les mouvements #MeToo, #TimesUp et #NeverAgain, initié par étudiants de la tuerie de Parkland.

    Il a été discret tout au long de la soirée avec quelques interventions pertinentes, comme celle-ci:

    Je me rappelle quand les studios pensaient qu’aucune femme ou minorité ne pouvait jouer les premiers rôles de super héros. Je m’en rappelle parce que c’était l’année dernière.

  • #OscarsSoBoring

    Le problème des Oscars, c’est que c’est la dernière cérémonie de la « Awards Season » qui nous a déjà inspirée avec les Golden Globes, les SAG Awards et au delà d’une liste de lauréats diversifiée, la soirée en elle-même était prévisible et ennuyeuse, à l’exception du discours de Frances McDormand qui a reçu l’oscar de la meilleure actrice pour « Three Billboards Outside Ebbing, Missouri ».

    Les films qui auraient dû être récompensés l’ont été: « Get Out » (Meilleur scénario original pour Jordan Peele), « I,Tonya » (Meilleure actrice dans un second rôle pour Allison Janney), « Call Me By Your Name » (James Ivory, 89 ans pour meilleur scénario adapté) et tout le monde est reparti content.

    La cérémonie a enregistré l’un des scores les plus bas avec 32 millions de téléspectateurs seulement.

    * « Oscars winners 2018: The List » – CNN
    * « The scene at our party » – Vanity Fair

  • Les discours.

    Celui de Frances McDormand qui a demandé à toutes les femmes nominées de se lever était très réussi et émouvant.
    Elle a également défendu le concept de « inclusion rider », une clause qu’un acteur peut stipuler dans son contrat pour s’assurer que le casting et l’équipe du film respectent un certain niveau de représentation. Vanity Fair

    Celui de Ashley Judd, Salma Hayek et Annabella Sciorra, qui ont dénoncé les abus de Weinstein, sur le mouvement #MeToo était grave et nécessaire.
    Le plus drôle à été celui de Maya Rudolph et Tiffany Haddish sur les préjugés racistes à Hollywood.

  • Vidéos

    Il fallait quand même quelque chose à se mettre sous la dent, et merci Netflix, qui nous a offert la bande annonce de la sixième et dernière saison de « House of Cards » diffusée cet automne.

    Le géant de la distribution américaine et concurrent de Amazon, Walmart a demandé à trois femmes de réaliser chacun une publicité pour ses livraisons à domicile de ses fameuses boites bleues, #TheWalmartBox, qui ont été diffusées pendant la soirée.

    Celle de Dee Rees, la scénariste afro-américaine de 41 ans a remporté les suffrages.

 

 

 

 

3. De la nécessité du « grand journalisme »

  • Importante piqûre de rappel de Margaret Sullivan, la chroniqueuse média du Washington Post avant la cérémonie des Oscars:

    Le monde a changé depuis les Oscars de l’année dernière – et pour le mieux.

    Donc n’oublions pas ce qui nous a amené ici: du grand journalisme.
    Les grands quotidiens sont sans cesse critiqués et la confiance dans la presse est au plus bas.
    Mais moins de six mois après les révélations du New York Times sur les abus de Harvey Weinstein début octobre – relayées par les enquêtes du New Yorker – la culture américaine est bouleversée.
    Rien ne sera jamais plus comme avant: les cérémonies de remise de prix, les entreprises et la politique du pays.
    Même Steve Bannon, l’ancien conseiller de Trump qui n’a jamais aimé les médias traditionnels – « le parti d’opposition » – reconnaît la force – et la portée de ce qui s’est passé.

    « C’est la première étape, brutale, de quelque chose de tellement puissant » a déclaré Bannon dans une récente interview au magazine GQ sur le mouvement #MeToo.

    * « Don’t forget how the movement that changed Hollywood started: With great reporting » – Washington Post

 

 

 

 

4. #MeToo à l’opéra

 

  • Une longue enquête du Boston Globe révèle le culte de la personnalité entretenu par le chef d’orchestre James Levine sur ses élèves depuis les débuts de carrière au Cleveland Institute of Music, puis au Metropolitan Opera de New York et Boston Symphony Orchestra. Aujourd’hui à la retraite, le maestro nie les accusations d’agressions sexuelles sur ses étudiants.

    Des interviews avec une vingtaine d’anciens étudiants et musiciens de Levine à Cleveland, y compris six proches de l’entourage du maestro, affirment que les agissements sexuels présumés du chef d’orchestre faisait partie d’un vaste système de contrôle de ce noyau dur. Levine a utilisé ses dons musicaux et sa position pour imposer sa autorité et leur dicter quoi lire, comment s’habiller quoi manger, quand dormir – même qui ils aimaient.

    Mais Levine était aussi une figure controversée à l’école, entourée d’un petit groupe de fervents adeptes – des disciples tellement dévoués au maestro qu’on les appelait les « Levinites » – et rejetée par beaucoup d’autres.
    Ce groupe d’une vingtaine de personnes buvait ses paroles, imitait sa façon de s’habiller, évitait ceux qui n’étaient pas des leurs, ne discutaient qu’entre eux sur le campus, partition à la main.
    (…)
    Les récentes révélations ont déclenché des souvenirs douloureux pour certains disciples de Levine à Cleveland, dont la plupart ont soixante dix ans et ont passé leur vie à ne rien dire des secrets du maestro à leurs collègues, conjoints, enfants et petits-enfants.

    * « In the Maestro’s thrall » – The Boston Globe

 

 

 

5. Le dossier Steele

 

  • Une enquête du New Yorker sur l’un des éléments clés de l’enquête du procureur indépendant Bob Mueller sur d’éventuelles collusions entre la Russie et l’équipe de campagne de Trump: Le dossier Steele, du nom de cet ancien espion des services secrets britanniques, engagé par Fusion GPS en juin 2016 pour conduire une « opposition research » sur le candidat républicain.

    Quand Steele a rapporté au FBI ses soupçons concernant Trump au cours de l’été 2016, c’était pour respecter le protocole de [sa société] Orbis [qui consiste à alerter les autorités s’ils tombent sur des informations concernant la sécurité nationale d’un pays] plutôt qu’une aberration politique.

    Steele apprendra après la victoire de Trump que Fusion GPS a été engagé par le cabinet d’avocats Perkins Coie qui représente la campagne présidentielle d’Hillary Clinton et du Comité National Démocrate.

    Le dossier [publié dans son intégralité par Buzzfeed en janvier 2017] décrit une collusion entre Trump et la Russie, suggère que sa campagne aurait reçu des informations confidentielles du Kremlin, y compris sur ses adversaires politiques et démocrates.
    Il affirme également que les agents russes cultivent Trump comme un atout depuis cinq ans, et possèdent des moyens de pressions contre lui, notamment des vidéos compromettantes à caractère sexuel, dont celle d’une rencontre avec des prostitués russes qui auraient uriné sur un lit, à sa demande.
    (…)
    Le soutien initial du Congrès pour une enquête sur l’ingérence étrangère dans la démocratie américaine s’est transformé en une lutte amère entre démocrates et républicains.
    Les supporters de Trump avancent que Steele n’est pas un lanceur d’alerte mais un malfaiteur – un apparatchik de Clinton qui a collaboré avec les services secrets américains pour fabriquer de fausses charges contre Trump et ses associés, dans un effort odieux visant à annuler le résultat des élections de 2016.

    Selon cette théorie, ce n’est pas le président qui doit être l’objet d’une enquête mais ceux à l’origine de cette enquête, à commencer par Steele.
    « Ils essayent d’abattre l’ensemble de la communauté du renseignement » a dit Steele un jour à un ami. « Ils m’utilisent comme un bélier pour le faire

    Aucun des éléments du dossier n’a été à ce jour démenti.
    Steele continue de travailler pour sa firme à Londres, où la publicité autour du dossier lui a rapporté beaucoup de clients.

    * « Christopher Steele, the man behind the Trump dossier » – The New Yorker

 

 

 

 

 

6. Vidéo: « Weinstein »

 

  • C’est le premier long reportage sur l’affaire Weinstein diffusé dans l’émission « Frontline » sur PBS qui offre les témoignages de nombreuses victimes du producteur depuis le début des années 80 jusqu’à l’enregistrement audio de la mannequin,Ambra Battilana, dans une chambre d’hôtel de New York, publié dans le New Yorker.
    A voir ICI

 

 

 

7. On vit une époque formidable

  • Une loi contre le mariage des mineurs de moins de dix sept ans a été suspendue à cause d’une association conservatrice, la Family Foundation of Kentucky. Insider Lousiville

 

  • Né au Japon et désormais produit à Brooklyn? Le saké.
    Brooklyn Kura est la première distillerie de saké à ouvrir dans l’Etat de New York et la quinzième seulement du pays. Elle a ouvert en janvier dernier du côte de Sunset Park, et vous pouvez la visiter et y boire. New York Times

 

  • Le Département d’Etat américain – l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères – n’a encore rien utilisé des 120 millions de dollars qui lui ont été donnés lutter contre les risques d’ingérence russe lors des prochaines élections américaines en novembre prochain. The Hill

 

 

 

 

8. Couverture du jour

  • “Golden Opportunity”, la 24ème couverture de Chris Ware pour le New Yorker qui revient sur le mouvement #MeToo et la carrière des femmes à Hollywood:“Pendant trop longtemps on a oublié que si des actrices comme Clara Bow, Marilyn Monroe ou Lupita Nyong’o étaient des stars de cinéma, ce sont aussi des êtres humains sujets à tous les aléas de la vie.”

Published in Revue de presse