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27.03.18

 

 

1. Les quotidiens

  • Les Etats-Unis virent une soixantaine d’espions russes.

    Pour punir le Kremlin, accusé d’avoir tenté d’empoisonner un ancien espion russe réfugié en Angleterre, les Etats-Unis ont suivi l’exemple de l’Europe et décidé d’expulser une soixantaine de diplomates russes considérés comme des espions au service du Kremlin.
    Trump n’a pas (encore?) commenté cette décision sur Twitter.

 

 

  • Décès de Linda Brown, icône des droits civiques aux Etats-Unis

    Linda Brown Thompson, celle qui a donné son nom à l’arrêt « Brown v. Board of Education of Topeka » pris par la Cour Suprême des Etats-Unis en 1954, est morte dimanche dans le Kansas, à l’âge de 76 ans.
    Cette fameuse décision a jugé inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques, d’abord au niveau des Etats, puis l’année suivante, au niveau fédéral avec l’arrêt « Bolling v. Sharpe ».

    Linda était en « third grade » [l’équivalent du CE2] quand son père, le révérend Oliver Brown, est devenu le principal plaignant d’une action collective concernant la constitutionnalité d’une loi du Kansas, appliquée par d’autres Etats, obligeant la séparation des étudiants blancs et noirs dans les écoles publiques.
    La décision a permis à sa fille d’aller étudier dans une école, autrefois réservée aux blancs, à côté de leur maison plutôt que de prendre le bus pour aller étudier dans une école réservée aux étudiants noirs, située à plusieurs kilomètres.

    * « Civil Rights icon Linda Brown, a 1961 Central Graduate, dies in Topeka » – Springfield News-Leader

 

 

  • Puerto Rico, l’autre conséquence des ouragans.

    Morovis, Puerto Rico. Magdaliz Medina lutte chaque jour pour se procurer le minimum vital: l’électricité, l’eau et de la nourriture. Mais il existe un autre défi bien plus sinistre auquel elle doit faire face six mois après le passage de l’ouragan Maria qui a ravagé son île: Une stabilité psychologique et la dépression qui la frappe chaque jour dans son habitat délabré. 

    « Je m’assois et je pleure toute la journée », raconte Medina, 42 ans, qui vit sans eau ni électricité depuis plus de six mois. « J’étais déprimée avant la tempête et Maria n’a fait qu’empirer les choses »

    Puerto Rico doit faire à une véritable de crise de santé mentale à travers toute l’île. Les autorités doivent non seulement remettre en place le réseau électrique et les autres services de base mais doivent également répondre aux besoins de soutien psychologique des habitants. USA Today

     

 

 

2. Trumplandia:

 

Autrefois, la nation se réunissait pour écouter les messages de Franklin Delano Roosevelt au coin du feu ou pour regarder des événements comme le premier homme sur la lune. Ce soir, elle se réunit pour écouter une actrice porno raconter sa liaison avec le futur président, et le paiement offert par son avocat pour qu’elle garde le silence.
Rendre sa grandeur à l’Amérique. 

 

  • Erratum le kiosque du 26 mars 2018:

    Deux femmes affirment avoir entretenu une liaison avec Trump en 2006 et j’ai confondu les sommes d’argent touchées pour acheter leur silence, ainsi que leur provenance.

    • Karen McDougal
      Quatre jours avant les élections présidentielles de 2016, le Wall Street Journal révèle que Trump aurait entretenu une liaison de plusieurs mois, dix ans plus tôt, avec Karen McDougal, playmate pour Playboy à l’époque, et que le National Enquirer, un tabloïd américain dont le patron est un ami de Trump, aurait acheté l’exclusivité de son histoire soumis à un contrat de confidentialité pour 150 000 dollars; tout cela pour ne jamais la publier.
      Ronan Farrow a publié une longue enquête sur cette affaire en février dernier dans le New Yorker, et McDougal a donné une interview à CNN jeudi soir dernier.
    • Stormy Daniels
      Le 12 janvier dernier, le Wall Street Journal révèle que l’avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, a offert à l’actrice porno Stormy Daniels, 130 000 dollars, quelques jours avant les élections de 2016, pour qu’elle garde le silence sur la relations sexuelle qu’elle a eu avec le candidat républicain dix ans plus tôt.Cohen nie les faits.Quelques jours plus tard, le magazine people In Touch Weekly publie les extraits d’une interview de Stormy Daniels, donnée de 2011, dans laquelle elle affirme avoir eu une relation avec le milliardaire et qui n’avait été publié après les menaces d’un certain … Michael Cohen.
      Stormy Daniels a expliqué dans son interview accordé à « 60 Minutes » dimanche soir qu’elle a été menacée à l’époque, par un inconnu, qui lui a demandé « laisser Trump tranquille ».Mi-février, Cohen avoue finalement avoir payé cette somme à Daniels, de ses propres deniers. Les avocats de Daniels affirment que l’avocat a rompu le contrat de confidentialité et que leur cliente n’est plus soumise au silence.Mi-mars, NBC News révèle que la Trump Organization aurait fait partie des négociations concernant le contrat de 130 000 dollars reçue par Daniels.

 

  • L’interview vérité

    Si l’interview de Stephanie Cliffords, Also Known As Stormy Daniels a pu convaincre les 20 millions de spectateurs qui ont explosé l’audience de l’émission de CBS dimanche soir, le président à continué de démentir ces « fake news » qui n’ont jamais été aussi « importantes » et « inexactes ».

    Le problème pour Michael Cohen aujourd’hui, c’est que ces 130 000 dollars, offerts dix jours avant le scrutin du 8 novembre 2016, peuvent être considérés comme une contribution illégale de campagne visant à influencer le cours des élections et passibles de sanctions légales.

 

 

 

3. Trump ne fait plus peur

  • Ci-dessus, la lettre de Michael Cohen adressée à l’avocat de Stormy Daniels juste après la diffusion de « 60 Minutes » dimanche soir qui accuse l’actrice de diffamation.
    Une méthode d’intimidation qui semble avoir ses limites selon David Frum dans The Atlantic, car Cohen n’a ni convaincu Stormy Daniels de garder le silence, ni réussi à interdire la sortie du brûlot de Michael Wolff, « Fire & Fury », en janvier dernier.

    Quand il était homme d’affaires, Trump a appris à utiliser la loi comme une arme. La leçon qu’il a retenue, c’est que si tes poches sont assez remplies – et que ta conscience te pose peu de problèmes – peu importe d’avoir tort ou raison du moment que tu peux ruiner ton adversaire avant de perdre (…)

    Ces trois dernières décennies, Trump a fait face à 3 500 procès, la plupart pour des factures impayées. Sa stratégie consistait à tout nier et à ne jamais abandonner: « Les équipes de Trump sont pleines d’argent et écrasent les adversaires plus faibles en épuisant leurs ressources. Certains abandonnent simplement les poursuites ou se contentent d’une moindre compensation. D’autres ont fini par faire faillite et ont dû fermer boutique.

    Mais en tant que président, et surtout un président aussi impopulaire, Trump a découvert  que ses anciennes techniques ne fonctionnent plus. Pire, ces vieilles techniques se retournent désormais contre lui.
    Aujourd’hui, la nouvelle règle, c’est si tu es assez connu et assez détesté, peu importe que tu aies tort ou raison car la partie adverse deviendra mondialement célèbre et riche avant que tu aies une chance de gagner.

    La lettre de l’avocat de Trump n’a pas effrayé Stormy Daniels. Elle l’a donnée au New York Times qui l’a publiée et elle a dominé l’actualité le lendemain.
    Faire la une de l’actualité apporte à Stormy Daniels de nombreuses opportunités professionnelles et financières tandis qu’elle affaiblit la présidence.

    Les mises en demeure de Trump n’effrayent plus personne. Elles fonctionnent comme une monnaie virtuelle, libellée en millions de dollars. Une de ces lettres a enrichi Wolff [l’auteur de « Fire & Fury »]; maintenant c’est au tour de Daniels – et qui sait qui sera le prochain ou la prochaine?

    Maintenant, c’est Trump qui ne peut pas se permettre de porter plainte, pas à cause du coût financier, mais des risques concernant sa réputation. En tant que star de la télé réalité, marié une troisième fois sous un accord prénuptial strict, Trump pourrait ignorer ces risques de réputation. En tant que président, il ne peut pas, car ils influencent directement les sondages.

    * « Trump’s Legal Threats Backfire » – The Atlantic

 

 

 

 

4. Facebook, le cauchemar continue …

  • « When it rains, it pours »

    Après les révélations de la semaine dernière sur l’utilisation frauduleuse de dizaines de millions de profils Facebook d’électeurs américains, par une société de communication stratégique britannique, qui travaillait pour la campagne de Trump, pendant les élections présidentielles, Ars Technica, a révélé dimanche que la compagnie a enregistré et conservé pendant des années les sms et appels des usagers de certaines applications Facebook sur des smartphones Androïd.

    La compagnie a reconnu l’enregistrement de ces données personnelles, mais précisé l’avoir fait avec la « permission des usagers »:

    Les personnes qui ont « soi-disant » choisi de laisser Facebook récupérer les données de leur smartphone l’ont fait en acceptant que l’entreprise importe leurs contacts téléphoniques pour pouvoir utiliser [les applications] Messenger ou Facebook Lite – mais la plupart n’ont pas compris qu’ils acceptaient d’avoir leurs appels et SMS enregistrés.

    La compagnie a affirmé que les utilisateurs pouvaient désactiver cette fonction depuis leur smartphone, et promis n’avoir jamais vendu ces informations à un tiers, mais à la lumière du scandale de Cambridge Analytica, on a le droit de s’interroger sur ces déclarations.

    La boycott #DeleteFacebook a continué sur Twitter ce week-end, et des utilisateurs connus comme Elon Musk, ont effacé la page de leur compagnie sur le réseau social.
    Mark Zuckerberg a accepté ce week-end ce matin de venir témoigner devant une commission du Congrès.

    * « Facebook Admits It May Collect Data About Your Calls » – Time

 

 

 

 

5. « Comment une jeune femme a perdu son identité »

  • C’est une enquête passionnante et terrifiante à la fois, celle publiée dans le New Yorker de cette semaine sur Hannah Upp, une jeune institutrice d’une trentaine d’années, qui a disparu pour la première fois, la veille de la rentrée scolaire de 2008, à New York City. Lorsque les policiers l’ont retrouvée à moitié noyée dans l’un des « piers » de la Hudson River, trois semaines plus tard, elle est incapable d’expliquer ce qu’il s’est passé. Aucun souvenir de ces vingt jours, passés à errer, dormir et manger sans argent, ni contacts, dans la métropole.Les médecins ont conclu qu’elle souffrait d’une syndrome très rare de fugue dissociative, « un trouble psychiatrique rare caractérisé par une amnésie concernant l’identité personnelle ».Elle a disparu à nouveau quelques années plus tard, là encore à la veille d’une rentrée scolaire, après un voyage à l’étranger avec son père missionnaire, et une fois de plus elle a été retrouvée dans l’eau, ou plutôt c’est l’eau qui semble l’avoir ramenée à la réalité.
    La dernière disparition de Hannah remonte à septembre dernier, après le passage de l’ouragan Irma, sur la petite île de St Thomas, dans les iles vierges britanniques, où elle enseignait. Ca fait six mois que personne ne l’a aperçue.

    La première fois que j’ai parlé avec la mère de Hannah, [Barbara], plus tôt cette année, elle m’a dit que c’était important d’écrire un article sur l’expérience de sa fille qui « reste aujourd’hui un mystère ».
    Elle décrit la condition de Hannah comme « à limite de la connaissance [humaine] » et ne veut pas lancer de fausses interprétations.
    (…)
    Presque toute la littérature médicale suggère que les états de fugue dissociative adoptent de nouvelles identités, mais pour Barbara, dans le cas de Hannah, c’était plutôt l’absence totale d’identité, une sorte de « dangereux néant ».
    Aucun proche d’Hannah ne l’a jamais vu dans un état de fugue, au delà des images de surveillance de l’Apple Store [retrouvées lors de sa première disparition]. Rien de ce que nous savons indique qu’elle s’est construite une nouvelle identité – à moins qu’elle en ait construit une qu’elle a perdue lorsqu’elle a retrouvé sa vraie identité.

  • La mère de Hannah s’est installée depuis plusieurs mois dans les îles vierges, à la recherche de sa fille.* « How a Young Woman Lost Her Identity » – The New Yorker

 

 

 

6. A Voir: « Paterno »

 

 

  • « Paterno » diffusé sur HBO le 7 avril prochain, est la troisième collaboration de Al Pacino avec la chaîne câblée, après « You Don’t Know Jack » en 2010 et « Phil Spector » en 2013.C’est avec l’affaire Nassar, cet osthéopate de l’équipe de gymnastique qui a abusé des centaines de jeunes athlètes et récemment condamné à la prison à vie, l’un des pires scandales sexuels du sport universitaire américain de ces dernières décennies: Jerry Sandusky a été l’entraineur assistant de l’équipe de football américain de l’université de Pennsylvanie pendant trente ans, sous la direction du légendaire coach Joe Paterno. C’est à travers son association d’aide aux enfants en difficulté, The Second Mile, créée en 1977, qu’il abusé de jeunes garçons pendant toutes ces années.L’affaire éclate en 2011, Jerry Sandusky est inculpé puis reconnu de coupable d’abus sexuels sur 45 personnes adolescents entre 1994 et 2009. Il a été condamné à la prison à vie.Mais l’autre scandale, révélé par une enquête du FBI, c’est le silence complice de Paterno, depuis les années soixante dix, concernant les exactions de son adjoint sur de jeunes garçons; il aurait même convaincu l’université de ne pas rapporter à la police certaines accusations sur Sandusky. Il est mort en 2012, à l’âge de 85 ans, disgracié, après avoir été viré de Penn State et avoir perdu tous ses trophées universitaires.

    J’avais écrit un article la dessus pour Rue89 à l’époque des faits, « L’Affaire Sandusky, un prédateur à l’université », aujourd’hui disponible sur L’Obs

 

 

 

7. Couverture du Jour

  • La dernière cover story du New York Times magazine, sur James Mattis, le Secrétaire à la Défense, et considéré aujourd’hui comme la dernière voix de la raison dans l’administration Trump:

    Après un an de présidence, Mattis [ancien général de l’armée américaine] est devenu une figure centrale d’une administration qui enchaîne les purges. Il pourrait devenir le seul membre du cabinet à avoir gardé son statut et sa dignité intactes, et dans le même temps son Pentagone – sans doute aujourd’hui la seule institution du pays qui fonctionne normalement – a hérité d’un pouvoir exceptionnellement important dans la direction de la politique étrangère américaine

    * « The Last Man Standing » – New York Times magazine

Published in Revue de presse