Bondébut de semaine à tous.
A partir d’aujourd’hui, le Kiosque paraîtra trois fois par semaine, le lundi, mercredi et vendredi matin.
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1. Les quotidiens
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Aryan Brotherhood
C’est le témoignage d’un ancien membre du gang des « Aryan Brotherhood », devenu aveugle après avoir reçu une balle en pleine tête de la part de deux jeunes autres membres ayant appris son désir de quitter l’organisation nazie.
Pour être considéré comme un membre de l’ABM [Aryan Brotherhood du Mississippi], une personne doit être parrainée, passer une période probatoire de six mois; Il ou elle doit signer un « pacte », jurer de garder le secret et déclarer son allégeance à vie à l’ABM.
Engelmann s’est engagé à servir le gang pendant quinze ans.« Après quinze ans, ils ne m’ont pas laissé partir. J’en savais trop et je rapportais de l’argent. Les Brotherhood, ça reste le crime organisé.
Pourquoi me laisser partir? Au bout du compte, tout est une question de pouvoir, de drogue, de violence, et en dernier lieu, de racisme.* « Dying to get out » – The Clarion ledger
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Californie: Un suicide maquillé en accident?
Le 26 mars dernier, la famille Hart, Jennifer et Sarah, un couple de femmes et leurs six enfants adoptés, sont morts quand leur monospace s’est écrasé au pied d’une falaise de trente mètres dans le comté de Mendocino au nord de la Californie.
Cinq corps ont été extraits de la carcasse de la voiture, un corps a été découvert non loin de l’épave hier, et deux enfants sont toujours portés disparus.La Highway Patrol de Californie a rapidement conclu que ce n’était pas un accident – aucune trace de freinage n’a été retrouvée et la voiture était arrêtée avant de se jeter depuis la falaise.
Selon les autorités et le témoignage des propres enfants, ces derniers étaient maltraités, physiquement et psychologiquement, par leurs deux mères, toutes les deux âgées de 38 ans, qui ont réussi à échapper aux services sociaux en déménageant d’Etat à plusieurs reprises. The Oregonian
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« The ISIS Files »
Les combattants qui ont fait irruption dans le désert il y a plus de trois ans ont fondé un Etat qui n’a été reconnu par personne d’autre qu’eux-mêmes.
Et pourtant, pendant trois ans, l’Etat islamique a contrôlé un territoire qui, à un moment donné, faisait la taille de la Grande Bretagne, avec une population estimée à 12 millions de personnes.
A son apogée, il comprenait un littoral de 150 km en Libye, une partie des forêts inhabitées du Nigéria, une ville des Philippines et des colonies dans treize autres pays.
La plus importante ville sous leur autorité était Mossoul.C’est dans cette ville que des journalistes du New York Times ont retrouvé des milliers de documents internes abandonnés par les militants de Daech après l’effondrement de leur Califat.
Pris dans leur ensemble, ces documents révèlent le fonctionnement interne d’un gouvernement complexe.
Ils montrent que le groupe, même sur un temps limité, a réalisé son rêve: Etablir son propre Etat, une théocratie qu’ils considérait comme leur Califat, fonctionnant selon une interprétation stricte de l’Islam.
Le monde connaît l’Etat Islamique pour sa brutalité, mais les militants n’ont pas seulement régné à travers la violence: Ils ont exercé leur pouvoir grâce à deux outils complémentaires: La violence et la bureaucratie.* « The ISIS Files » – The New York Times
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Trump n’a rien à voir avec Stormy
- Jeudi, à bord de Air Force One, le président s’est exprimé pour la première fois sur l’affaire Stormy Daniels, a bien entendu démenti l’affaire et affirme ne jamais avoir été au courant des 130 000 dollars offerts par son avocat, Michael Cohen, à l’actrice avant les élections présidentielles de 2016 pour qu’elle garde le silence.Question d’un journaliste: « Pourquoi est-ce que Michael Cohen lui à offert 130 000 dollars si les allégations de Stormy Daniels sont fausses? »Le président: « Il faut demander à Michael Cohen. Michael est mon avocat. Il faudra lui demander. »
La réaction de l’avocat de Stormy Daniels:
C’est un cadeau du ciel ce qui s’est passé cet après midi. Je n’aurai pas rêvé quelque chose de mieux que la déclaration faite par le président dans Air Force One.
2. Trumplandia: « Governing by Bluffing »
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Entre « bluff » et le « match des machos ».
C’est la formule utilisée par Mike Allen pour décrire les méthodes de négociations de Donald Trump: que ce soit avec sa majorité (il a menacé de ne pas signer la proposition budgétaire de trois trillions de dollars avant de le faire); avec son cabinet – il menace de virer John Kelly, puis lui assure qu’il n’a rien à craindre; avec les pays alliés – il annonce la hausse des tarifs douaniers de 25% sur l’acier et 10% sur l’aluminium avant de négocier au cas par cas avec certains pays; et enfin avec la Chine.
Après l’annonce de Pekin d’une augmentation des barrières douanières de cinquante milliards de dollars sur les produits américains, Trump a annoncé qu’il pourrait augmenter à nouveau les barrières douanières de cent milliards de dollars sur les produits chinois, et atteindre un total de 150 milliards de dollars.
Contrairement à la plupart des politiciens, il voit l’effet d’annonce non pas comme le lancement d’une politique mais le point de départ des négociations. Le mot que Trump utilise tout le temps en privé, et parfois en public, c’est la « flexibilité ».
Tout peut se négocier.Donc le bluff, c’est juste son style « extrême » de négociations: Lancer le pari le plus fou et improviser tout le long.
Trump sait que son « improvisation sauvage » lui donne un certain avantage et déstabilise ses interlocuteurs. Mais son style laisse place à beaucoup d’incertitude et énerve les marchés financiers.
Selon Jonathan Swan, le président ne plaisante pas sur cette augmentation de cent milliards de dollars dans ce « matcho match » avec le président chinois Xi Jinping, et les risques de « trade war », de guerre commerciale, n’ont jamais été aussi élevés.
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Pruitt, encore de nouvelles révélations
« When it rains, it pours » c’est l’expression américaine pour dire que « quand tout va mal, les choses empirent », comme c’est en train d’arriver à Facebook et … à Scott Pruitt, le directeur de l’Agence de Protection de l’Environnement.
Le « climato-sceptique », devenu le meilleur ami des industries polluantes, est cerné par les scandales: Il reçoit les faveurs des lobbyistes, dont un appartement à DC loué cinquante dollars la nuit, a dépensé trois millions de dollars pour sa sécurité et des centaines de milliers dollars de voyages en première classe pour lui et son staff de vingt personnes. Chicago TribuneOn a également appris que quatre employés qui avaient dénoncé le train de vie du secrétaire, ont été transféré, démis de leur fonction ou poussés au départ. NYT
3. Rififi à The Atlantic
- Décidément, les journalistes conservateurs ont bien du mal à s’intégrer dans des rédactions plus « libérales ».
Le dernier exemple est Kevin Williamson, un ancien de National Review tout juste embauché par The Atlantic, qui vient de se faire virer après la publication d’une seule tribune.
La raison: Il a affirmé il y a quelques années dans un podcast que les femmes qui ont avorté devraient être pendues.Quelqu’un m’a demandé ce que je pensais de l’avortement, du genre « si vraiment tu penses que c’est un crime, alors tu devrais soutenir l’emprisonnement à vie comme si c’était un homicide ».
Et je suis complètement d’accord avec cela. En fait je pensais plutôt à la pendaison.Ce sont les propos de Williamson.
Les journalistes de droite sont venus à la rescousse de Williamson, notamment Jim Gerharty de National Review, qui accuse le rédacteur en chef de The Atlantic, Jeffrey Goldberg, d’avoir « sous estimé la rage des libéraux », « cette foule de gauche en colère », face à l’arrivée « d’un fervent conservateur » dans a rédaction:
Bravo Jeffrey Goldberg, tu t’es hissé à une position de leadership dans une publication importante, tout ça pour laisser la foule « woke » [les libéraux engagés] de Twitter mettre un veto sur tes décisions personnelles.
Qui dirige The Atlantic? L’employé qui se plaindra assez pour te rendre nerveux?La réaction de Carl Abogast dans Red State, est tout aussi critique:
Pour tout le talent et le matériel intéressant que Williamson aurait pu apporter à The Atlantic, le rédacteur en chef de la publication n’a pas osé tenir tête aux guerriers de la justice sociale qui pleurnichent, qui pleurent, qui chialent comme des bébés, en leur disant: « Calmez vous les gosses, il est ici pour rester. »
[Jeff Goldberg] est une disgrâce pour The Atlantic, une disgrâce pour le journalisme, et pour l’héritage de tous les écrivains et journalistes courageux, qui au fil des ans, ont mis leur réputation en jeu en étant honnêtes avec les lecteurs, et en sachant que les éditeurs les soutiendraient.
Pendre les femmes qui subissent un avortement est une position extrême et dangereuse mais elle est loin d’être la seule de Williamson: De Maya Angelou qualifiée de « mascotte culturelle », de la « suprématie blanche » imaginaire, aux « treize millions de paysans mexicains » ou les transgenres qui sont « dérangés ».
Comme l’explique Jack Shafer dans Politico:
Depuis l’avènement de Donald Trump, Williamson est le critique le plus éloquent et énergique de cette classe ouvrière blanche qui a voté pour Trump. C’est un « blue-collar » texan qui critique régulièrement l’échec moral de ses compatriotes blancs, leur amour de l’homme fort et le fait qu’ils aient abandonné les valeurs américaines qu’ils prétendent incarner pour se jeter dans la décadence de l’apitoiement de soi et des conspirations.
Il est devenu le provocateur préféré du centre-gauche, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Goldberg le voulait à bord. Mais au delà du « trumpisme », il a des positions sur des sujets sociaux que ce même centre-gauche déteste, et il est excellent à les articuler.
Il est le genre d’éditorialiste que les libéraux ignorent à leurs risques et périls.
4. Il faut sauver le Denver Post
- C’est l’édito extraordinaire des journalistes du Denver Post, en rébellion contre leur propriétaire, un hedge fund new yorkais, qui a licencié les trois quarts de la rédaction depuis son acquisition en 2010.
Lundi, plus d’une vingtaine de reporters, de rédacteurs, de photographes, designers, producteurs numériques et éditorialistes du Denver Post vont être licenciés.
Le nombre devrait augmenter d’ici la fin du mois de juillet.Ce développement dramatique, qui en suit beaucoup d’autres ces dernières années, avec un personnel qui est passé de 250 à moins de cent personnes aujourd’hui, annonce-t-il la fin de la Voix de « l’Empire des Rocheuses »?
Les licenciements, soutenus par notre propriétaire, le hedge fund new yorkais, Alden Global Capital, sont un mystère du point de vue de ceux qui veulent diriger une rédaction sérieuse digne de la ville dont il porte le nom.
Les experts locaux et nationaux se demandent pourquoi notre futur paraît si sombre alors que beaucoup d’autres journaux enregistrent encore des profits importants et nous-mêmes avons engrangé des bénéfices l’année dernière.Nous appelons désormais à l’action. Considérez cet éditorial, et les opinions de ce dimanche, comme une demande sincère destinée à Digital First Media, l’un des plus importants propriétaires de journaux dans le pays, à repenser sa stratégie commerciale.
Considérez aussi cela comme un appel aux leaders de notre communauté à exiger davantage.
Denver mérite que le propriétaire de son principal quotidien soutienne sa rédaction.
Si Alden n’a aucune intention de faire du bon journalisme ici, il devrait vendre The Post à ceux qui le souhaitent.* « As vultures circle, The Denver Post must be saved » – The Denver Post
Un appel désespéré pour sauver le quotidien du Colorado, vieux de 125 ans, qui s’inspire de la rébellion des employés du Los Angeles Times contre son propriétaire Tronc et qui a précipité sa vente à un milliardaire californien local.
Digital First Media fait partie des plus importantes chaînes de journaux du pays avec plus de 90 quotidiens y compris, The Pioneer Press de St. Paul dans le Minnesota.; The Mercury News of San Jose en Californie; The Orange County Register et The Boston Herald.
La compagnie réduit drastiquement les coûts pour engranger des profits, avec des licenciements dans plusieurs de ses journaux, dont The Mercury News et The Herald.* « Denver Post Rebels Against Its Hedge-Fund Ownership » – The New York Times
5. La trahison
- Henry, 17 ans, a écrit sur un cahier de classe les expériences traumatisantes qu’il a vécu au sein du MS-13, le gang salvadorien le plus dangereux des Etats-Unis, depuis son initiation – et premier meurtre à 12 ans, au Salvador – jusqu’au massacre de deux lycéennes de son propre lycée de Brentwood de Long Island- la grande banlieue de New York – où il est venu rejoindre sa mère il y a trois ans.
Mais Henry voulait échapper à cette vie qui le suit depuis le Salvador. Il savait qu’il mourrait s’il restait dans le gang. Il avait besoin d’aide.
Il a donc déchiré les pages [de son cahier], les a cachées dans la copie d’un devoir à rendre, comme un message dans une bouteille jetée à la mer.
Il s’est dirigé vers son professeur, et lui a remis sa copie.Une semaine plus tard, Henry a décidé, pensant être protégé par les autorités, de coopérer avec le FBI, qui a réussi grâce à lui un « coup de filet » en arrêtant plusieurs membres du MS-13, responsable de vingt cinq meurtres à Long Island ces deux dernières années.
Dans des circonstances normales, la décision de Henry aurait dû le sauver.
En collaborant avec la police, il voulait fuir le gang et recommencer à zéro. Mais pas sous la présidence de Trump, où tous les immigrés sont devenus des cibles et la police locale de villes comme Brentwood, les agents d’une campagne nationale de détention et d’expulsion. Sans le savoir, Henry a choisi le mauvais moment pour aider les autorités.
(…)
Après avoir aidé la police, Henry pensait recevoir rapidement un formulaire de protection des témoins. Quand il a eu 18ans, il a commencé à dire à ses amis et enseignants qu’il disparaîtrait bientôt pour la Californie.
Et puis un matin du mois d’août, les fédéraux se sont finalement présentés à l’usine où il travaillait. Mais ce n’était ni le FBI, ni le programme de protection des témoins.
C’était l’ICE – Immigration and Custom Enforcement. La même unité que Henry a aidée à arrêter des membres de MS-13 cherchait désormais à l’expulser, en utilisant les informations qu’il leur a fournies comme preuves à charge.L’un des membres qu’Henry a dénoncé aux autorités a été libéré par l’ICE.
Contrairement à Henry, il n’a jamais admis être un membre de MS-13, et l’ICE a été incapable de le prouver. En tout, un quart des 200 immigrés arrêtés dans les raids anti-gang de l’ICE à Long Island ont été relâchés faute de preuves.
Donc Henry est non seulement condamné à mort par le MS-13 [dans la prison où il attend son sort] et devrait être expulsé mais certains membres du gang qu’il a dénoncés été relâchés.Enfermé dans une prison surpeuplée, entouré de membres du MS-13 qui veulent le tuer, Henry attends d’être fixé sur son sort.
- A la suite de la publication de cet article, le juge en charge du sort de Henry, « Triste » pour les membres de son ancien gang, a demandé à ses avocats davantage de preuves de sa collaboration avec le FBI et les autorités du comté de Suffolk, Long Island, avant de décider de l’expulser ou non des Etats-Unis.
La prochaine audience aura lieu en mai prochain. NYmag* « The Betrayal of Triste » – New York magazine & ProPublica
6. Les 50 ans du New York magazine
- L’une des plus belles découvertes que j’ai faites en arrivant à New York il y a dix ans: New York magazine, un hebdomadaire devenu bi-mensuel il y a trois ans, qui décrypte la société américaine, la politique et New York City avec flair, finesse et pertinence, fête ses cinquante ans.* « Le contenu du premier numéro de New York magazine »
* « L’histoire du premier numéro de New York magazine par ceux qui l’ont créé »
7. On vit une époque formidable
- Donald Trump ne participera pas au White house Correspondants Dinner, une fois de plus cette année. C’est le dîner qui réunit tout le gratin de la presse nationale et internationale, les journalistes que le président insulte allègrement chaque jour sur Twitter.
- A VOIR: « The Last Generation » un document intéractif de Frontline sur les îles Marshall et ses cinquante mille habitants qui risquent d’assister, pour les plus jeunes, soit la moitié de la population, à sa disparition causée par la montée des eaux. « Cette dernière génération » est racontée par trois adolescents de l’île. Top.
- « Rallying Nation »: Un Américain sur cinq est descendu dans la rue ou a participé à un rassemblement politique depuis le début de 2016.
20% d’entre eux n’avaient jamais participé à ce genre de manifestations auparavant. C’est la plus grande réussite de cette présidente, le réveil « politique » d’une nation. WaPo - L’année dernière il gagnait le Pulitzer avec son quotidienne local, le Charleston Gazette-Mail de Virginie Occidentale; aujourd’hui, il est licencié pour des raisons économiques. HuffPost
- Sur la politique – très symbolique – de la coupe de cheveux, notamment chez les femmes et sur celles qui ont décidé de tout couper! NYTimes
- Les loyers astronomiques de propriétaires peu scrupuleux et le commerce en ligne toujours plus attractif ont transformé certains blocks de Manhattan en quartiers fantômes. NYPost
8. Couverture du Jour
- Le prince héritier d’Arabie Saoudite a effectué sa première visite officielle aux Etats-Unis et y a été reçu comme une véritable star:
Il a parlé cinéma avec Michael Douglas, Morgan Freeman et Dwayne Johnson lors d’un dîner organisé par Rupert Murdoch. Il a discuté voyages dans l’espace avec Richard Branson dans le désert californien, philanthropie avec Bill Gates et technologie avec Jeff Bezos à Seattle.
Il a visité Harvard et le Massachusetts Institute of Technology, conclu des contrats d’armement avec le président Trump et s’est assis avec les financiers de Wall Street, il a même rencontré Oprah Winfrey (…) Le trip se termine cette semaine au Texas, où il rencontre les dirigeants de l’industrie du pétrole et deux anciens présidents, George W. Bush et George HW Bush.
* « Oprah Rupert Murdoch, Harvard: Saudi Prince’s US Tour » – The New York Times
Et il a aussi remporté sa première couverture du Time.