Happy Thursday.
Les Etats-Unis ont célébré hier les cinquante ans de la mort de Martin Luther King Jr, assassiné à Memphis, le 04 avril 1968.
Tous les problèmes qu’il a soulevés vers la fin de sa vie [la pauvreté, les inégalités des revenu, le racisme et la ségrégation, la guerre] n’ont jamais été aussi pertinents que dans notre société actuelle.
Taylor Branch, New York Times
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1. Les quotidiens: les 50 ans de la mort de MLK
Toute la semaine, les quotidiens américains ont évoqué la mort brutale du champion des droits civiques, dans un motel de Memphis, les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs villes des Etats-Unis le lendemain, et la résonance actuelle du message du pasteur.
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« They Killed Martin »
A Seattle, il était 4 heures de l’après midi ce jeudi 4 avril 1968 quand Martin Luther King Jr a été touché d’une seule balle dans la tête. C’était une balle blindée à bout rond, tirée d’un puissant
fusil, qui s’est ouverte à l’impact. King se tenait sur le balcon d’un motel de Memphis, Tennessee, où il était venu soutenir les éboueurs noirs en grève.
Mortellement touché, son dernier mot a été « Oh ».
Le révérend est mort officiellement à 5 heures de l’après midi, Heure du Pacifique, à l’hôpital St Joseph.Sheryl Willert, qui habite aujourd’hui Seattle, avait treize ans à l’époque et vivait à Columbia en Caroline du Sud quand la télé a annoncé l’assassinat: « J’étais dévastée. J’étais très en colère car pour moi, c’était un moyen de faire taire les Afro-Américains dans tout le pays.
Le Docteur King avait 39 ans et était père de quatre enfants.
* « ‘They Killed Martin’: MLK’s assassination is seared into Seattle Memories » – Seattle Times
- Le témoignage du seul journaliste présent sur les lieux de l’assassinat, Erald Cardwell, dans le NYTimes:
Earl Cardwell a écrit l’histoire dans la soirée du 4 avril 1968 en offrant le premier témoignage sur l’assasinat de Martin Luther King au New York Times.
Mais il avait déjà marqué l’histoire en devenant le premier journaliste noir du Times à être envoyé pour suivre le militant des droits civiques.
- Le témoignage du seul journaliste présent sur les lieux de l’assassinat, Erald Cardwell, dans le NYTimes:
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Les émeutes qui ont suivi
Betty Johnson, 16 ans, rentrait chez elle quand elle a trouvé sa mère en train de remplir le coffre de la voiture de vêtements et de conserves, alors que son père et ses frères étaient sur le toit en train d’essayer d’éteindre avec un tuyau d’arrosage les maisons voisines incendiées.
C’était le 5 avril 1968, au lendemain de la mort du pasteur Martin Luther King, et le West Side avait explosé.
Les gardes nationaux se tenaient de l’autre côté de la rue armés de fusils à baïonnettes tandis que la mère de Johnson encerclait pour les protéger, ses dix frères et soeurs.
En s’éloignant de leur maison du West Side, Johnson s’est demandé si elle retrouverait un jour leur précieux appartement.Deux jours plus tard, il ne restait que des cendres et des gravats.
La majorité des résidents n’ont pris aucune part dans les destructions mais ont retrouvé une vie quotidienne entourée de ruines. Beaucoup pensait que leur quartier serait reconstruit. Mais aujourd’hui, cinquante ans plus tard, beaucoup de ces rues sont encore démolies.MUST SEE and READ: « Rage, Riots and Ruin » – Chicago Tribune
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Et maintenant, on fait quoi?
Le meurtre de King a été un jour noir pour tous les Américains soucieux de justice et d’égalité.
Se souvenir de sa vie et des valeurs qu’il défendait est important, particulièrement aujourd’hui, face à la rhétorique explosive et intolérante tout droit sortie des plus hautes sphères du gouvernement à l’opposé du discours humaniste de King.Mais après cela?
On assiste aujourd’hui à une vague d’engagement civique et d’activisme à travers le pays, dans le même esprit avec lequel King critiquait la guerre du Vietnam, soutenait la grève des éboueurs noirs et des blancs modérés critiqués parce qu’il soutenait le changement.
Attraper et surfer cette vague pourrait nous amener plus près de la justice raciale et économique que King envisageait.Comme l’a déclaré Eric Holder, ancien Procureur Général des Etats-Unis, lors du discours prononcé à Memphis dans le cadre du #MLK50: « Choisissez une cause »
* « Editorial: Reflect on Dr. King’s legacy, then pick a cause » – Chicago Sun-Times
C’est à Washington D.C., Baltimore et Chicago que les émeutes qui ont suivi la mort de Martin Luther King ont été les plus violentes. A New York, des altercations ont lieu à Harlem, et BedStuy, un quartier Brooklyn, mais aucune émeute importante, ni confrontations sanglantes avec la police, ni incendies qui ravagent des pâtés de maison. NY Daily News
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« Cinquante ans plus tard, qu’est-ce qu’il aurait pensé »
A un président qui dit non aux « Dreamers », qui pense que les suprémacistes blancs sont des gens « bien » et dont l’idée d’une politique étrangère consiste en un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, comment répondrait Martin?
Aux policiers qui confondent le téléphone portable d’un homme non-armé – ou un porte feuillle, ou un jouet – avec une arme à feu, et lui tirent huit balles dans le dos dans le jardin de ses grands-parents, comment répondrait Martin?
Aux jeunes étudiants témoins d’une tragédie inimaginable dans leur propre école, qui sont attaqués par des amoureux des armes et autres politiciens qui pensent que cette jeunesse militante devrait la fermer et apprendre les gestes de survie, dites-moi s’il vous plaît, comment répondrait Martin?
(…)
Quand je ferme les yeux, j’aperçois les éboueurs noirs [en grève à Memphis en avril 1968, qui avait poussé King à s’y rendre] fatigués mais déterminés à se battre pour leur dignité dans la ville où mon propre père est né et a grandi dans la ségrégation et le manque de respect.
Avec autour du cou, de simples pancartes qui expliquent la raison de leur mouvement – et celui de King: « Je suis un homme ».
* « What Martin Luther King Jr. would say if he say America today » – NY Daily News
- « I AM A MAN »Hier des milliers de manifestants ont défilé à Memphis avec les mêmes pancartes que celles portées par les éboueurs noirs en grève de 1968.
2. Trumplandia
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Enquête de Mueller: Trump peut souffler
Mardi, le Washington Post a révélé que le procureur indépendant Robert Mueller avait informé le président le mois dernier qu’il n’était qu’un témoin dans l’enquête sur la Russie et qu’aucune charge criminelle ne pesait – pour le moment – contre lui.
Mueller aurait demandé une nouvelle fois à interviewer le président, qui ne s’y est jamais opposé, mais les négociations avec ses avocats n’ont toujours rien donné.
« Le procureur a également annoncé aux avocats de Trump qu’il préparait un rapport sur les actions du président, dans le bureau ovale, et sur une éventuelle entrave à l’exercice de la justice, selon deux personnes au courant de la conversation. »
Le producteur de Modern Family, et fervent critique de Trump, a réagi hier aux deux principales infos concernant le président.
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La garde nationale à la frontière mexicaine: « La menace est réelle »
La caravane de réfugiés, provenant pour la plupart d’Amérique centrale, qui traverse en ce moment et à pied le Mexique pour demander l’asile aux Etats-Unis, représentait hier « une menace réelle » selon la Secrétaire à la Sécurité Intérieur, Kirstjen Nielsen.
L’administration a affirmé qu’elle travaillait avec les gouverneurs des Etats frontaliers, le Texas, l’Utah et le Nouveau Mexique, pour déployer la garde nationale à la frontière et arrêter si nécessaire la caravane, dispersée entre temps par les autorités mexicaines, mais surtout combler le vide laissé par l’absence du Mur, toujours pas construit et dont on ne sait pas comment il va être financé.
Même si les arrestations à la frontière ont atteint le niveau le plus bas depuis 46 ans, c’est toujours « INACCEPTABLE » pour le président. Quartz
3. Pruitt, le prochain?
- Scott Pruitt, le directeur de l’Agence de Protection de l’Environnement qui s’acharne depuis quatorze mois à annuler toutes les mesures favorables à la protection de l’environnement mises en place sous Obama, qui a convaincu Trump de sortir du Traité de paris sur le Climat et qui est devenu le meilleur ami des industries polluantes, pourrait bien être le prochain à quitter l’administration.Non pas parce qu’il est l’un des exécuteurs les plus efficaces de la politique de Trump, mais parce qu’il accumule les scandales depuis plusieurs semaines:
- On a appris qu’il louait un appartement de la capitale cinquante dollars la nuit, un prix bien en dessous du marché, à un couple de lobbyistes, dont l’époux travaille pour une compagnie d’énergie de l’Oklahoma, où Pruitt était Procureur Général, et qui lui ont régulièrement fait des dons lors de ses précédentes campagnes électorales. CNN
- Il aurait dépensé des dizaines de milliers de dollars en utilisant les avions du gouvernement, voyages en première classe et hôtels luxueux pour des « raisons de sécurité ».
- Enfin, Pruitt affirme ne jamais avoir été au courant de l’augmentation de salaire de 80 000 dollars reçue par ses deux principaux conseillers, sans l’accord préalable de la Maison Blanche.
- Vanity Fair résume bien le dilemne: »Est-ce que le chef de l’EPA, Scott Pruitt, peut sauver son poste? Tout dépend s’il arrive à empoisonner assez l’environnement.
4. Sinclair: Les employés muselés
- Sinclair Broadcast Group, c’est le plus grand groupe de chaînes de télévision locales aux Etats-Unis, à qui il impose de diffuser certains programmes, « must-runs », orientés à droite, et à ses présentateurs de répéter les mêmes mise-en-garde contre les mensonges soit-disant véhiculés par les « Médias Mainstream », comme l’a rapporté ce week-end Deadspin.La question que tout le monde se pose après les révélations sur les méthodes de travail assez arbitraires et biaisées de Sinclair: Pourquoi ces journalistes restent-ils travailler pour cette entreprise?
Selon Bloomberg, les employés n’auraient pas les moyens financiers de quitter la rédaction:
« Certains employés sont soumis à une clause de dommages et intérêts pour tout départ anticipé: une somme, qui peut s’élever à 40% du salaire annuel perçu, doit être remboursée à la compagnie.
A cela s’ajoute une clause compromissoire de non-concurrence de six mois [« non compete clause »] et d’arbitrage forcé [l’employé doit soumettre tout différend à un arbitrage interne de l’entreprise et doit renoncer à son droit de poursuivre l’entreprise, de participer à une recours collectif ou de faire appel]
Ce genre de conditions ne sont pas rares dans cette industrie, notamment chez les présentateurs télé, sauf que Sinclair semble les suivre à lettre, comme a pu s’en apercevoir Jonathan Beaton, un ancien employé.
Il a expliqué au Orlando Weekly que Sinclair lui avait demandé 25 000 dollars pour une rupture de contrat alors qu’il gagnait seulement 44 000 dollars par an. Incapable de payer, il a quand même quitté la compagnie qui a porté plainte en lui réclamant 5 700 dollars de dommages et intérêts.
- Une autre enquête du HuffPost affirme que Sinclair surveillerait de près ses employés, leurs écrits et activités au sein de l’entreprise.
Certains employés sont frustrés d’avoir à promouvoir la politique conservatrice de leur employeur. D’autres aimeraient en faire davantage mais ils se méfient de la politique et des pratiques de Sinclair qui consistent à surveiller de près leurs employés.
La charte de l’employé de Sinclair, recueillie par le HuffPost, stipule que la société « peut surveiller, intercepter et examiner, sans autre préavis, les activités de chaque employé en utilisant les ressources électroniques et les systèmes de communication de la société (…)
« Pour être très clair, n’ayez aucune attente en matière de vie privée dans toutes les communications appartenant à l’entreprise. » - Pour ceux qui habitent aux Etats-Unis, vous pouvez vérifier grâce à Vox, si votre chaîne locale préférée appartient ou non à Sinclair.
5. Photos du jour
- Les nouvelles poubelles à compost créées dans d’anciens petits kiosques à journaux – ici à Williamsburg – par la designer Debbie Ullman, avec le jeu de mots… Fallait y penser!
6. Vidéo: « Do you trust this computer? »
- Un nouveau documentaire, réalisé par Chris Paine, et on ne peut plus actuel, sur l’intelligence artificielle, et le risque qu’elle devienne un jour plus intelligente que l’homme, et que ce dernier perde la main sur sa propre création.
Pas du tout rassurant mais c’est une réalité qu’il faut savoir et essayer de comprendre. Deadline La première a lieu ce soir à Los Angeles.
7. On vit une époque formidable
- La ville de Deerfield dans l’Illinois, 18 225 habitants au dernier recensement de 2010, vient d’interdire les fusils automatiques, et quiconque refuse de les rendre aux autorités sera sanctionné d’une amende de mille dollars. Buzzfeed News
- Les habitants et amateurs de sport de Philadelphie n’ont plus de raison de se plaindre: Après la victoire des Eagles au SuperBowl, les Wildcats de Villanova, située dans la banlieue de Philly, ont remporté le championnat universitaire de basket. WaPo
- La démocrate Rebecca Dallet a battu Micheal Screnok dans la course au siège de la Cour Suprême du Wisconsin – la première fois en 23 ans qu’un candidat libéral, qui n’est pas réélu, remporte un siège à la Haute Cour de l’Etat – et donne beaucoup d’espoir aux Démocrates pour les élections de mi-mandat. Milwaukee Journal Sentinel
- Tiffany Trump, « l’autre fille » de Donald Trump, celle qu’il a eu avec sa deuxième femme, Marla Maples, ne voit presque jamais son père, et se sent mal-à-l’aise à ses côtés. On se demande pourquoi. Vanity Fair
- Zuckerberg a révélé que Cambridge Analytica avait utilisé les données personnelles de 87 millions de profils Facebook d’électeurs américains. Un chiffre en hausse par rapport au nombre initial de cinquante millions. Buzzfeed News
- Un nouveau mouvement est né sur Facebook, « Barefoot is Legal », 61 150 abonnés, qui milite pour le droit de marcher pieds nus. Ils ont un site internet éponyme, barefootislegal.org.
- Plus de trois mille employés de Google ont signé une pétition pour demander que la compagnie arrête de travailler avec le Pentagone sur un projet d’intelligence artificielle. The Verge
8. Couverture du Jour
- La dernière cover story du New York Times magazine sur l’équipe de basket des “Arlee Warriors” du lycée de la réserve indienne de Flathead dans le Montana. “Pendant la saison, l’équipe est devenue la porte parole d’une communauté frappée par le suicide” qui tente à travers des victoires de véhiculer un message d’espoir et de courage et de solidarité au sein de la réserve.Must Read: « What the Arlee Warriors Were Playing For » – The New York Times magazine