Bon milieu de semaine à tous.
Les femmes remportent de nouvelles élections, la paille en plastique est en sursis de NYC; Trump a trouvé un nouveau mot magique; la réforme fiscale, véritable poudre de perlimpinpin pour les salariés américains; la drogue rêvée des trafiquants et un doc terrifiant au menu de ce kiosque.
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1. Les quotidiens
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La grammaire des tweets
La caractéristique du fil Twitter du président Trump est qu’il lui ressemble – y compris les fautes de grammaire.
Mais ce n’est pas toujours Trump qui tweet, même quand ça lui ressemble. Les employés de la West Wing qui proposent des tweets utilisent erreurs lexicales et syntaxe saccadée pour imiter le style du président.
Ils abusent du pouvoir d’exclamation! Ils écrivent en capitales pour renforcer l’effet. Des idées jetées sur le tard. Tout cela fait partie d’un processus qui n’est pas aussi spontané que le compte Twitter de Trump le semble souvent.
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Son personnel est devenu tellement efficace à reproduire le ton de Trump que ses plus fidèles abonnés ont de plus en de plus à discerner les tweets effectivement écrits par Trump dans son peignoir devant « Fox & Friends » et ceux concoctés par l’équipe de communication.
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Les tweets rédigés par le staff suivent une sorte de processus: Quand un employé de la Maison Blanche veut que le président tweet sur un sujet, il écrit un mémo au président qui comprend trois ou quatre propositions de tweet et le président choisit celui qu’il préfère (…) Parfois il va changer certains mots ou juste indiquer son favori pour envoyer à ses 52 millions d’abonnés.
Si le personnel utilise consciemment des erreurs grammaticales, ils ne font pas de faute d’orthographe ou d’erreurs sur les noms.* « Inside the Trump Tweet Machine: Staff-written posts, bad grammar (on purpose) and delight in the chaos » – Boston Globe
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La différence entre Santa Fe et Parkland
Cinq jours après, la fusillade du lycée Santa Fe qui a fait dix morts – huit élèves et deux enseignants – fait la une de quelques quotidiens texans mais a déjà perdu l’attention du reste du pays. Un contraste saisissant avec la fusillade de Parkland, quatorze morts en février dernier, qui a provoqué un débat national, l’intervention du président, la république de la NRA … grâce notamment à l’implication des jeunes étudiants survivants de Marjorie Stoneman Douglas.
Les résidents [de Santa Fe] associent largement les armes à la chasse ou à la tradition familiale, et non pas à des fusillades. En mars, quand les étudiants du pays ont protesté contre la violence des armes à feu, une poignée seulement de lycéens de Santa Fe y ont participé.
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Les réponses très différentes aux fusillades à trois mois d’intervalle nous rappellent que dans certaines zones rurales du sud du Texas, les armes font partie de l’histoire, de l’éducation et de la culture, et cette relation est transmise de générations en générations.
Parkland, au contraire, est une banlieue aisée du comté démocrate de Broward. Il n’est pas rare pour des familles de posséder une arme, mais la plupart des étudiants ne grandissent pas en apprenant à tirer. nbcnews.com
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Valdez et Abrams rentrent dans l’histoire
Stacey Abrams a remporté les primaires démocrates pour l’élection du prochain gouverneur de Géorgie et pourrait devenir en cas de victoire en novembre la première afro-américaine à occuper ce poste. CNN
Au Texas, c’est la candidate Guadalupe Valdez, 70 ans, fille de travailleurs émigrés et ancienne shérif du comté de Dallas, qui sera la candidate démocrate au poste de gouverneur du Texas contre le républicain Greg Abbott aux élections de mi-mandat.
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NY: The Last Straw?
Après Seattle, Miami Beach, et Malibu, c’est au tour de New York City de considérer l’interdiction des pailles, l’un des déchets plastiques les plus polluants qui est aussi l’un des plus difficiles à recycler et l’un des plus faciles … à remplacer: Les options en papier, bambou, en métal ou en verre sont déjà disponibles. NYDaily News
Les Etats-Unis utilisent 500 millions de pailles par jour. NYTimes
2. Trumplandia: « SpyGate »
- Dimanche, le président, qui cherche par tous les moyens à saper l’enquête du procureur indépendant Robert Mueller, faute d’oser le renvoyer, a convaincu l’adjoint du Procureur Général des Etats-Unis, Rod Rosenstein, de permettre aux Républicains Devin Nunes, président de la Commission parlementaire sur le Renseignement et Trey Gowdy d’accéder à des documents confidentiels de l’enquête pour vérifier si, selon les propres termes de Trump, « le FBI et le Département de Justice ont infiltré ou surveillé [sa Campagne] pour des raisons politiques – et si de telles exigences ou requêtes ont été faites par des gens de l’Administration Obama!».
Non seulement Trump viole la règle de non intervention des présidents dans les enquêtes criminelles, mais il cible une enquête dont il est l’objet, avec d’autres membres de sa famille et proches collègues. New Yorker
Pendant la campagne présidentielle 2016, le FBI enquêtait déjà sur les menaces d’ingérence russe, et les rapports entretenus entre des agents russes et certains membres de la campagne de Trump et a envoyé un informateur pour tenter de leur soutirer des informations.
Le président parle de « plus grand scandale politique de tous les temps! » et a même trouvé le terme qui résonnerait le mieux dans les médias: « Spygate »Mardi, un groupe de Représentants conservateurs a demandé à ce qu’un second procureur soit nommé pour déterminer si le FBI et le Département de Justice et le Département de Justice ont commis des erreurs [en enquêtant sur Trump pendant la campagne présidentielle].
Chicago TribunePlus l’enquête de Mueller avance, plus ses adversaires intensifient les critiques pour discréditer l’enquête et son origine.
Une équipe disparate de stars politique de l’ère Clinton et une bande de parlementaires républicains pro-Trump accaparent Capitol Hill, les chaînes d’informations et les médias pour démolir Mueller, le FBI et les médias.
Ces voix tentent de fragiliser l’enquête contre Trump et ses justifications.
Les sondages montrent que ça marche très bien chez les Républicains.Le seul à rester silencieux et impassible dans ce cirque politico-médiatique, c’est Robert Mueller, et malheureusement une majorité des Américains – 59% – ne savent pas qu’il a déjà inculpé 17 personnes et cinq ont déjà plaidé coupable, dont Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump. Vox
3. La fameuse pièce
- Le président américain, qui a rencontré son collègue sud-coréen hier à Washington, a affirmé qu’il n’était plus vraiment sûr de la rencontre tant attendue avec le leader nord-coréen prévue le 12 juin prochain à Singapour.
Quoi qu’il se passe, le Bureau militaire de la Maison Blanche a déjà créé une pièce de collection dans laquelle Kim Jong UN a triple menton.
4. Entreprises et actionnaires: les grands gagnants de la réforme fiscale
- La seule législation du programme de Trump effectivement votée par le Parlement qui ne s’inscrit pas dans la destruction systématique de l’héritage de son prédécesseur est la réforme fiscale qui prévoit des baisses d’impôts pour les contribuables (les plus aisés) et surtout pour les entreprises dont l’impôt sur les sociétés est passé de 35 à 21%.Ce « Un grand, gros et bon cadeau de Noël » du président et la majorité républicaine devait pousser les entreprises à investir, à embaucher, et à en faire profiter à leurs salariés. C’est ce qu’on fait certaines entreprises (American Airlines, Disney, AT&T) à la fin de l’année dernière pour booster leur communication et apparaître dans les tweets du président: En tout trois millions de salariés auraient reçu un bonus d’environ mille dollars de leur entreprises.Mais comme le soulignait en janvier dernier CNN:
Ces bonus représentent une petite portion des milliards de dollars que les entreprises vont économiser à grâce à ces réductions d’impôts.
Les analystes de Wall Street s’attendent à ce que les entreprises publiques dépensent une grande partie de cet argent à racheter leurs propres actions et augmenter le dividende de leurs actionnaires.
C’est l’une des grandes raisons pour laquelle les marchés boursiers ont flambé. - C’est exactement ce qu’il s’est passé pour Harley-Davidson, la compagnie américaine de motos:
En septembre 2017, le porte-parole de la Chambre des Représentants, Paul Ryan, a affirmé dans l’une des usines de Harley Davidson que « la réforme fiscale allait aider des entreprises américaines [comme elle] a être plus concurrente au niveau international tout en gardant ses emplois aux Etats-Unis.
(…)
Quatre mois plus tard, les 800 employés de l’usine Harley de Kansas City dans le Missouri ont appris leur licenciement et le rapatriement des de leurs activités dans l’usine de Pennsylvanie – soit une perte nette de 350 emplois.
Quelques jours plus tard, la compagnie a annoncé une hausse des dividendes et le rachat de 15 millions de ses actions, pour un montant de 696 millions de dollars (594 millions d’euros).
C’est un scénario qui ne cesse de se répéter depuis la réduction de l’impôt sur les sociétés – les compagnies et les actionnaires récoltent tous les bénéfices et les salariés sont mis de côté. Le rachat d’actions par les entreprises a atteint le record de 178 milliards de dollars lors des trois premiers mois de 2018; le salaire horaire a lui augmenté de 75 centimes l’année dernière.
Harley Davidson est un symbole de l’Amérique et Trump l’a cité comme un exemple de réussite des entreprises. Mais tout en recevant ces réductions d’impôts, l’entreprise compte ouvrir une usine en Thaïlande et enrichie ses actionnaires. Vox
5. Médias: Le choix, au coeur de l’économie à la demande
- Super enquête de Sarah Fisher, journaliste médias de Axios, sur les nouvelles habitudes de consommateurs concernant les médias.
Les Américains sont de plus en plus difficiles, impatients, distraits et exigeants – et leur régime médiatique a changé tellement rapidement que les industries traditionnelles ne peuvent plus suivre.
Le consommateur moderne a complètement remodelé la création et la consommation de contenu. La plupart des entreprises de médias, agences de publicité et entreprises de télécommunications ne l’ont soit pas vu venir, l’on vu et l’on ignoré ou ont agi trop tard.- Au coeur de l’économie à la demande se trouve le consommateur qui veut pouvoir choisir: Ils veulent payer pour le contenu qu’ils aiment et rien d’autre. Résultat: ils abandonnent le câble, très cher [92 dollars soit 80 euros en moyenne par mois] et ses centaines de chaînes qu’ils ne regardent pas pour des forfaits bien plus limités avec les chaînes qu’ils aiment et bien moins cher [$40 soit 32 euros en moyenne par mois]
- Ils veulent regarder leurs émissions préférées à n’importe quel moment et sur n’importe quel support, smartphone, tablettes, ordinateurs, ou smart télévision.
- Ces services ont rendu les usagers tellement impatients et distraits qu’environ 177 millions d’adultes américains utilisent un outil numérique tout en regardant la télévision.
- Les consommateurs refusent la publicité, ce qui a complètement bouleversé son industrie. Ils sont habitués à la vidéo à la demande sans interruption, d’où une baisse de la publicité qui devient plus interactive.
- Les consommateurs se détournent des émissions en direct, ce qui a fait baisser le prix des abonnements et obligé les ligues sportives et entreprises de divertissement à partager les droits de diffusion avec les réseaux sociaux et les compagnies de streaming.
- « Impatient, distracted consumers upend the media landscape » – Sara Fischer / Axios
6. Fentanyl, la drogue rêvée des trafiquants
- Le Fentanyl est l’analgésique opioïde le plus puissant et dangereux aujourd’hui en circulation, au coeur de l’épidémie d’opioïdes qui frappe les Etats-Unis, responsable de plus de vingt mille morts en 2016, soit un tiers de l’ensemble des décès par overdose recensés cette année là.Ce médicament synthétique est essentiellement contrefait et commercialisé par la Chine, qui malgré les restrictions sur l’exportation d’une centaine de produits à base de Fentanyl, n’a pas réussi à empêcher son trafic international et l’apparition d’une nouvelle génération de barons de la drogue à l’instar de Yan Xiaobing, 41 ans, distributeur de médicaments originaire de Wuhan, accusé par les autorités américaines de diriger un empire basé sur la fabrication et la vente de ces faux médicaments.
Le médicament est tellement puissant qu’il est prescrit au millionième de gramme. Deux milligrammes, soit l’équivalent de sept graines de pavot, peuvent tuer. Il est souvent dilué, ce qui empêche les toxicomanes de savoir combien ils en consomment.
Le succès du médicament a coïncidé avec celle du dark web, des applications de messagerie cryptée et de la cryptomonnaie comme le Bitcoin, qui permettent aux fabricants de garder l’anonymat. Ils peuvent transporter des centaines de milliers de doses en utilisant la poste américaine ou FedEx – et échapper aux douaniers habitués à chercher des stupéfiants par camions entiers.
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Les marges astronomiques du Fentanyl ont entraîné sa prolifération rapide. Quand [les officiers] Gibbons et Metcalf se sont infiltrés et ont acheté un kilo en Chine pour 3 800 dollars (3 200 euros), ils auraient pu les revendre sous forme de comprimés dans la rue pour un total de 30 millions de dollars (26 millions d’euros). Un kilo d’héroïne acheté 50 000 dollars ne génère en comparaison, que 200 000 dollars.
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« Le Fentanyl est la drogué rêvée du trafiquant » explique Scott Stewart, ancien agent du Département d’Etat américain. C’est compact, c’est précieux. C’est facile à trafiquer et c’est terrible pour les autorités.
Pas besoin de cultiver d’immenses champs de pavots qui doivent être protégés des intempéries, de la concurrence et de la surveillance du gouvernement. Les matières premières et l’équipement ne coûtent pas cher. La fabrication prend environ une semaine et consiste à suivre les indications d’une recette. Ces dernières années, des chimistes hors-la-loi ont découvert des formules [de drogues équivalentes] créées par des chercheurs il y a des décennies qui n’ont jamais été utilisée. Les vendeurs offrent ce genre de variations avant que le gouvernement ne les interdise.
La pureté et l’efficacité varient. Une dose peut produire un effet euphorique puissant, alors que l’autre va tuer sur le coup.* « Deadly Chinese Fentanyl is creating a new Era of Drug kingpins » de Esmé E Deprez, Li Hui and Ken Wills – Bloomberg Businessweek
7. Trailer: « Roll Red Roll »
- « Roll Red Roll est l’un des pires documentaires que je n’ai jamais vu et tout le monde devrait le regarder » explique Lena Wilson dans Slate.
Le doc s’intéresse au fait divers qui a secoué l’équipe de football du lycée de Steubenville, dans l’Ohio, dont deux joueurs ont été accusés et condamnés pour le viol d’une de leur camarade, ivre et inconsciente, lors d’une soirée en août 2012.
J’avais écrit sur l’affaire en janvier 2013 pour Rue89n et disponible aujourd’hui sur L’obs: « Une affaire de viol collectif divise une petite ville et l’internet mondial »* « Roll Red Roll » de Nancy Schwartzman présenté au Tribeca Film Festival le 22 avril dernier.
8. On vit une époque formidable
- Selon le Pew Research Center, seulement 18% des Américains ont confiance dans le gouvernement américain, contre 65% en 1968.
- L’application Starbuck est la plus utilisée par les consommateurs – devant Apple, Google ou Samsung – comme moyen de paiement grâce notamment à son programme de fidélité qui attire de nombreux consommateurs. Pacific
- Les constructeurs automobiles ont écrit une lettre à la Maison Blanche pour lui demander que l’administration coopère avec la Californie sur les normes d’efficacité énergétique qu’elle a fixé concernant la consommation de carburant des voitures car le « changement climatique est bien réel ». Businessweek
- La Fédération National de Football américaine (NFL) va désormais pénaliser tous les joueurs qui protestent lors de l’hymne américain, dont le fameux genou à terre initié en septembre 2016 par Colin Kaepernick mais les autorise tout de même à rester dans les vestiaires pendant le « Star-Spangled Banner » . The Hill
- 4,5% des Américain.e.s s’identifient comme lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre, en hausse de 1% par rapport à 2012.
Et 67% des Américains soutiennent aujourd’hui le mariage pour tous.
- Une juge fédérale a interdit à Trump de bloquer ses critiques sur Twitter, car les réactions aux tweets du président s’inscrivent dans l’exercice de la liberté d’expression protégée par le Premier Amendement.
- Raheem Kassam, le rédacteur en chef de Breitbart à Londres va quitter la compagnie et rejoindre le conseil scientifique de l’Issep, l’académie de sciences politiques (d’extrême droite) lancée par Marine Le Pen. The Atlantic
9. Couverture du Jour
- Une enquête en deux parties du New York Times magazine sur l’affaire Joe Bryan, un proviseur de lycée condamné en 1986 à 99 ans de prison par un tribunal du Texas pour le meurtre de sa femme, retrouvée assassinée dans leur maison. Il clame toujours son innocence.
L’accusation était largement fondée sur des présomptions jusqu’à ce qu’un détective de police d’une petite ville, spécialisé dans la reconstitution de crimes – en analysant les traces de sang laissés sur une scène de crime – donne le sentiment de preuve scientifique à un ensemble de faits.
Ce qu’il a expliqué aux jurés était-il vrai?* « Blood Will Tell » de Pamela Colloff – Part 1 New York Times magazine