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Bon début de semaine à tous!

En Arizona, la Représentante démocrate, Kyrsten Sinema, a remporté ce soir le siège de sénateur laissé vacant par le républicain Jeff Flake, contre Martha McSally, soutenue par Trump; « le premier triomphe démocrate depuis 1976 ». NYT

Il faudra néanmoins attendre la fin de semaine, et le recomptage des voix en Géorgie et en Floride, pour avoir les résultats définitifs des élections de mi-mandat et savoir si les Démocrates, qui ont repris la Chambre des Représentants, ont empêché les Républicains d’obtenir une majorité confortable au Sénat en plus d’avoir rétabli l’équilibre aux élections de gouverneurs des Etats.

La Californie vit un véritable cauchemar avec une nouvelle vague d’incendies encore plus meurtriers et dévastateurs que les feux de forêts de cet été responsables de la destruction de centaines de milliers d’hectares de terrain et des dégâts estimés à près de trois milliards de dollars.

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1. Les quotidiens

  • Les feux de Californie: le « nouvel anormal »

    31 personnes sont décédées dans trois différents incendies qui ont ravagé la Californie ce week-end. Jusqu’à présent, 80 000 hectares de forêts ont brûlé et 272 000 personnes ont été évacuées. Environ 8 2000 pompiers ont été déployés selon les autorités.

    Dans le nord de la Californie, « Camp Fire » a détruit plus de 6 700 habitations, ce qui en fait l’incendie le plus destructeur de l’histoire de l’Etat. Au moins 29 personnes sont mortes lorsque les flammes ont détruit la ville de Paradise, ce qui en fait le troisième incendie le plus meurtrier de l’histoire de la Californie.

    Dans le sud, deux incendies de forêt, celui de Woolsey et celui de Hill, ont obligé plus de 200 000 résidents à fuir leur domicile, y compris les habitants de Thousand Oaks, qui ont dû être évacués au lendemain de la fusillade qui a fait treize morts.
    Seulement 15% de l’incendie de Woolsey est actuellement maîtrisé, ce qui a obligé de nombreuses célébrités à quitter leur résidence, dont les Kardashians et Lady Gaga.
    Dans un tweet, samedi, le président Trump a affirmé que « la catastrophe était due à une mauvaise gestion de forêts  » provoquant les critiques du gouverneur démocrate de l’Etat, Jerry Brown. Buzzfeed

  • Midterms: les Démocrates reprennent la Chambre basse

    Les électeurs démocrates – minorités, jeunes et femmes des zones périurbaines – se sont autant mobilisés que l’électorat républicain blanc des zones rurales lors des élections de mi-mandat, ont permis à la gauche de reprendre la chambre des Représentants et à la droite de garder sa majorité au Sénat. « En attendant 2020, les divisions devraient se creuser entre deux partis dont la base [électorale] et la philosophie ne cessent de s’éloigner l’un et l’autre.”

    Aucune entente, non plus, en vue, au Congrès américain: Trump va devoir gérer la même “cohabitation” à laquelle s’est heurté Obama en 2010, quand les Républicains ont repris la Chambre basse et se sont engagés dans un blocage systématique de ses politiques.

    Pour Mike Allen, la « blue wave », annoncée par les experts et sondages, et moins importante que prévue, prouve qu’ils n’ont toujours pas réussi à comprendre la complexité de l’électorat américain actuel.
    Mais il rapporte également les propos d’un sondeur républicain, Frank Luntz, qui parle lui d’un « vote caché de Trump » estimé à « 2 ou 3% » qui refuse de répondre aux sondeurs estimant « que ça permet aux élites de les contrôler. »

    Les derniers résultats:

    * A la Chambre des Représentants: 227 sièges démocrates contre 198 républicains. Les Démocrates en ont gagné 32 au profit des Républicains. Dix sièges n’ont pas encore été attribués.

    * Au Sénat: 46 sièges démocrates contre 51 sièges républicains. Les Démocrates ont perdu 2 sièges et trois n’ont pas encore été attribués (Floride, Géorgie et Arizona).

    * Gouverneurs: 23 Démocrates contre 25 Républicains. Les Démocrates ont remporté sept sièges de gouverneur et deux n’ont pas encore été attribués en Géorgie et en Floride.

  • Recomptage des voix en Arizona, Floride et Géorgie

    En Floride, les écarts extrêmement minces aux élections du sénateur, du ministre de l’Agriculture et du gouverneur ont poussé le Secrétaire de l’Etat, Ken Detzner à ordonner le recomptage obligatoire des trois votes dans l’ensemble de l’Etat … Après avoir reçu [samedi] tous les résultats non-officiels des comtés. Miami Herald

    Jack Tuter [un juge du comté de Broward] a refusé la requête de l’équipe de campagne de Rick Scott qui demandait la saisie des machines [de votes] mais a convenu avec ses avocats qu’il fallait « ajouter une couche de confiance supplémentaire » dans le système de recomptage des voix [du comté] de Broward, dans lequel figure les votes de l’élection du siège de sénateur, entre Rick Scott et le candidat démocrate à sa réélection, Bill Nelson.
    (…)
    Tuter a également mis en garde les avocats des deux partis, et leur a demandé de calmer leurs attaques politiques, car la nation est une fois de plus braquée sur Broward, une référence évidente au recomptage présidentiel très contesté de 2000.

    8,2 millions de bulletins ont été dépouillés dans l’Etat de Floride.
    Dans la course au Sénat, le républicain Rick Scott devance le démocrate Bill Nelson avec 12,562 voix d’avance (soit 0,15%); le républicains Ron DeSantis devance Andrew McGillum avec 33 684 voix d’avance (soit 0,41%) et la Démocrate Nikki Fried devance le républicain Matt Caldwell au poste de ministre de l’agriculture avec 0,18% d’avance, soit 5 326 votes.

  • Midterms: la déception démocrateBeto O’Rourke a été la grande sensation démocrate cette année au Texas:Le parti républicain a maintenu sa domination sur un Etat dont beaucoup pensaient qu’il passerait, enfin, à gauche (…) Après deux ans d’analyses et d’articles qui annonçaient un changement de l’alignement politique au Texas, les Républicains peuvent voir dans les résultats de mardi le revers satisfaisant de cette narration. Et à certains égards, ils ont raison compte tenu de la couverture [extrêmement optimiste] des médias nationaux concernant Beto O’Rourke.
    La défaite d’O’Rourke est due en partie à son incapacité à présenter sa vision progressive qui puisse satisfaire une majorité de l’électorat du Texas.
    Mais les faiblesses de son challenger sont tout aussi flagrantes. Le Texas a une majorité d’électeurs conservateurs, certes. Mais les chiffres très importants des votes anticipés et la mobilisation importante des minorités prouve que l’Etat change non pas dans la manière dont vote ses citoyens, mais qui décide d’aller voter.
    Tout ça pour dire qu’au Texas, [mardi soir], les deux partis ont perdu chacun à leur manière, l’un en ignorant les changements de l’Etat et l’autre en ne prenant pas au sérieux le chemin qui lui reste à parcourir. The Atlantic

 

 

2. Ce que révèlent les Mid-terms

  • Pour le professeur de Journalisme de CUNY, Peter Beinart, les élections de mi-mandat offrent une vérité dure à avaler:

    Auparavant, quand les Démocrates faisaient campagne sur la sécurité économique, les Républicains défendaient les opportunités économiques. Les démocrates promettaient la protection du gouvernement alors que les Républicains voulaient s’en libérer.
    Mais la rhétorique libertarienne anti-gouvernementale de Mitt Romney et Paul Ryan est bien terminée, et depuis longtemps. Malgré le boom de l’économie, les Républicains n’ont pas fait campagne sur la réforme fiscale.

    Aujourd’hui, sous Trump, les Républicains luttent contre la sécurité économique en prônant la sécurité culturelle. Trump a promis de protéger les Américains des meurtriers Latinos et des femmes qui détruisent les vies des hommes en les accusant d’agressions sexuelles.
    Et, dans une large mesure, ça a fonctionné.
    En mobilisant sa base blanche et rurale, Trump a suscité le même engouement que les Démocrates dans des Etats violets comme l’Ohio et la Floride et ont battu les élus démocrates des Etats rouges dans le Dakota du Nord, l’Indiana et le Missouri.

    C’est la vieille stratégie que W.E.B Du Bois qualifie de « salaire psychologique ».
    Plutôt que de protéger les blancs des difficultés économiques, on les protège des démons raciaux qu’on a mis dans leurs têtes. Et Trump en est le maître incontesté de notre époque. Il a compris que si les Américains ont peur de perdre leurs soins de santé, il peut les effrayer encore plus – avec l’aide de Fox News – grâce aux demandeurs d’asile honduriens. Maintenant que l’élection est terminée, la caravane va disparaître des écrans de Fox et du fil Twitter de Trump – jusqu’à ce qu’il en ait à nouveau besoin.

    La vérité, c’est que le racisme fonctionne. Les coalitions interraciales pour la justice économique sont l’exception dans l’histoire américaine. Mobiliser les blancs pour protéger leur domination est la norme.
    La leçon de 2018 n’est pas que la politique américaine retourne à la normale.
    Ce n’est pas Trump qui se heurte à la tradition américaine, c’est le peuple qui tente – avec courage et un succès mitigé – de l’arrêter.

    * « The Harsh Truth Exposed by the Midterms Elections » de Peter Beinart – The Atlantic

  • Et ce n’est pas le seul à penser cela: Jeff Flake, le sénateur sortant de l’Arizona qui quittera ses fonctions en janvier – et qui n’a plus de compte à rendre à Trump, ni au parti républicain, a publié dans le Washington Post, une colonne très critique envers le GOP, dans laquelle il appelle ses collègues à dépasser le culte de la personnalité de Trump.

    Si j’avais 18 ans aujourd’hui et que je devais dire ce en quoi les Conservateurs croient en ce moment, en considérant la campagne [électorale] qui vient de se terminer, je dirai que le parti conservateur des Etats-Unis est celui qui vous effraye pour que le souteniez. C’est un parti alimenté par la colère, par le ressentiment racial et culturel, par des théories conspirationnistes extravagantes, et par une peur irrationnelle de l’immigration.

 

 

3. Trumplandia: Sessions OUT! Whitaker IN!

  • Trump en rêvait depuis les premiers mois de l’administration lorsque son ministre de la Justice, Jeff Sessions, a décidé de se récuser de l’enquête sur la Russie, et laissé à Rosenstein, son adjoint choisi par Trump, le soin de nommer le procureur indépendant Robert Mueller, pour poursuivre l’enquête, toujours en cours, qualifiée par le président de « Witch Hunt ».Les Midterms lui en ont donné l’occasion.Mercredi, Jeff Sessions, ancien sénateur de l’Alabama, l’un des premiers à soutenir le candidat Trump en campagne, considéré comme l’un des agents les plus efficaces du programme « America First » de l’administration, a été forcé de donner sa démission.
    Matthew Whitaker, ancien chef de cabinet de Sessions et conseiller occulte de Trump – que ce dernier affirme ne pas connaître – remplace provisoirement son ancien patron en attendant la nomination d’un nouvel Attorney General.
  • Problème: Avant de travailler pour Sessions en septembre 2017, Whitaker est intervenu à plusieurs reprises publiquement pour dénoncer « la chasse aux sorcières » de Mueller, et les Démocrates redoutent que l’indépendance de la justice soit compromise avec un pion de Trump à la tête du Département de Justice.Comme le dénonce Jonathan Chait dans New York magazine:

    Whitaker a publiquement attaqué le FBI pour ne pas avoir inculpé Hillary Clinton dans l’affaire de la messagerie privée. Il a défendu la décision de Donald Trump Jr. de rencontrer un agent russe qui promettait des informations compromettantes sur Hillary Clinton. Il s’est opposé à la nomination d’un procureur indépendant pour enquêter sur l’ingérence russe. Whitaker a demandé à Rosenstein de limiter l’enquête de Mueller, notamment eu égard aux finances de Trump – y compris celles liées à la Russie. Il a exhorté les avocats de Trump à ne pas coopérer avec l’équipe « de voyous » de Mueller

    Le point d’Andrew McCarthy dans la conservatrice National Review:

    Matthew Whitaker est-il un remplaçant capable de gérer le procureur indépendant Robert Mueller jusqu’à ce que le président Trump décide de choisir un successeur permanent à Jeff Sessions, procureur général destitué? C’est possible, mais il est aussi concevable que ce soit aussi une audition pour le poste [de Procureur général].
    Ayant l’impression d’avoir été trahi une première fois, et coincé dans les deux années qui ont suivi avec un Procureur Général qu’il ne pouvait plus supporter, le président aimerait sans doute essayer avant de décider de son remplacement permanent.
    (…) 

    Fun Fact: Whitaker avait été pressenti pour remplacer Rosenstein fin septembre après que le NYT a révélé que ce dernier voulait mettre Trump sur écoute. A l’époque, le quotidien expliquait:

    Les dispositions prises pour promouvoir M.Whitaker montrent comment les conseillers de la Maison Blanche ont profité de l’incertitude entourant [le départ de] M.Rosenstein pour placer un homme de confiance à la tête d’un département dont l’indépendance traditionnelle a longtemps frustré le président.
    M. Whitaker est le genre de personnage que Trump préfère (…)
    Leonard Leo, l’influent responsable de l’organisation conservatrice Federal Society qui s’absente de temps en temps pour conseiller le président, a suggéré que M. Whitaker travaille avec Sessions. (…) « Il a la confiance de nombreuses personnes au sein du ministère de la Justice et des forces de l’ordre, mais aussi de la Maison Blanche » a déclaré M.Leo à propos de M.Whitaker

     

4. La tuerie de Californie: La 307ème de 2018

 

 

  • La fusillade qui a eu lieu jeudi dernier en Californie à Thousand Oaks, au Borderline Bar & Grill, fréquenté par les étudiants, a fait douze morts, un officier de police, et une vingtaine de blessés.
    Le meurtrier, un ancien soldat de l’armée américaine âgé de 28 ans et atteint de PTSD, s’est donné la mort peu après.C’était la 307ème fusillade aux Etats-Unis en 311 jours cette année.
  • Ce n’est pas la première fois qu’un ancien soldat souffrant de troubles de stress post-traumatique.
    Chris Kyle, le célèbre « American Sniper » immortalisé à l’écran par Bradley Cooper dans le biopic éponyme de Clint Eastwood sorti en 2014, a été tué avec un ami, en 2013, par un vétéran de l’armée américaine, Eddie Routh, qui souffrait de TSPT, et qu’il tentait d’aider.
    Son histoire a fait l’objet d’un article fascinant de Nicholas Schmidle publié dans le New Yorker:

    Kyle a promis à Jodi [la mère de Routh] « de faire tout ce qui était en [son] pouvoir pour aider [son] fils. Ils se sont serrés dans les bras, longtemps, se souvient Jodi. Elle a commencé à pleurer.
    « J’étais tellement heureuse que quelqu’un écoute et soit prêt à m’aider. Je savais qu’il le pensait, je savais qu’il voulait aider Eddie même s’il ne le connaissait pas, et ne l’avait jamais vu. Mais il savait, de ce que je lui avais raconté sur les souffrances de mon enfant, qu’il souffrait énormément, et il savait aussi que j’en souffrais beaucoup. C’était la première fois depuis longtemps que je ressentais un peu de soulagement. J’ai eu de l’espoir pour Eddie, que tout n’était pas mauvais et que quelque chose de bien pouvait lui arriver.
    Jodi est rentrée à la maison et a mis le numéro de téléphone de Kyle sur le frigo.
    (…)
    Le matin du samedi 2 février, Kyle et sa femme sont allés voir leur fils s’entraîner. Puis, un ami de Kyle, Chad Littlefield, les a rejoints. Les deux se sont rencontrés lors d’un match de football de leurs enfants et sont devenus rapidement amis. Ils traînaient ensemble à chaque fois que Kyle avait du temps – entre les signatures de livre, les conférences. Ils sont montés dans le pick-up de Kyle et sont partis chercher Routh pour l’emmener au stand de tir.
    Routh avait hâte de faire cette excursion. Il avait besoin de ce genre de compagnie et cette solidarité que Kyle semblait capable de fournir. « Il avait besoin de quelqu’un pour comprendre ce qu’il ressentait, que c’était O.K pour d’autres personnes de passer par là » explique Jen [fiancée de Routh à l’époque].
    (…)A 16h55, un guide a remarqué que le drapeau [signalant une activité en cours au stand de tir] était encore levé. Il s’est dirigé vers la plateforme et a remarqué plusieurs armes prêtes à être utilisées, mais le pick-up de Kyle avait disparu. De loin, le guide a cru discerner ce qui semblait être un sac. En s’approchant, il a réalisé que c’était un cadavre. Littlefield était sur le dos criblé coup de feu à la poitrine; son pistolet était resté dans son jean (…) Quelques mètres plus loin, Kyle était allongé sur le ventre. Il avait reçu une balle dans le dos et à l’arrière de la tête. Le sang a recouvert sa casquette de baseball. Son pistolet gisait dans le sable à portée de main.
    Le guide a appelé 911, puis s’est penché sur Kyle pour essayer de le réanimer, en vain. Il était mort. 

    * « In the Crosshairs » de Nicholas Schmidle – The New Yorker

 

 

 

 

5. “Losing Laura”

  • Peu après la mort accidentelle de Laura Levis, décédée d’une violente crise d’asthme à l’âge de 34 ans, dans un hôpital de Boston, son mari, un écrivain local, a écrit à tout le personnel de tous les efforts qu’ils avaient déployés pour la sauver. La lettre publiée dans le New York Times, est devenue virale sur les réseaux sociaux, et a fait le tour du monde.C’était sans savoir les minutes qui ont précédé la mort de Laura:Je savais qu’un jour, il faudrait que je retrouve l’endroit où elle s’est effondrée. Que je m’y coucherais pour être avec son esprit, pour la réconforter, car elle a dû être tellement effrayée.
    J’ai depuis appris où était cet endroit. Et ce n’était ni une rue qui menait au Somerville Hospital, ni un lieu isolé. Laura est arrivée jusqu’à la salle des Urgences cette nuit-à, seule, comme elle l’avait indiqué, mourante. Elle a pu apercevoir la salle d’attente des Urgences à travers la baie-vitrée – elle a vu le panneau rouge et blanc à l’intérieur, mais elle n’a pas pu rentrer. A son grand désarroi, la porte était verrouillée.

    La crise s’aggravant, elle a appelé le 911 et expliqué à l’opérateur qu’elle était là, mais ne pouvait pas entrer.
    Les secours n’était qu’à quelques mètres de l’autre côté de la porte. Mais, incroyablement, cette aide n’est jamais arrivée.

    C’est l’histoire de la façon dont la vie de ma femme a été gâchée par les actions des personnes chargées de sauver des vies. C’est l’histoire d’un système d’intervention d’urgence qui peut nous faire complètement défaut, à partir du moment où on appelle le 911 et que le GPS « satellite » du téléphone portable peut se tromper de quelques centaines de mètres.
    C’est l’histoire des failles et les erreurs, commises non seulement par le Somerville Hospital, mais à travers tout notre système de santé – les problèmes de communication, le staff surmené, le manque de mesures de sécurité – qui a entraîné la mort inimaginable d’une personne.

    Et c’est l’histoire d’un système judiciaire qui ne rendra pas à justice à ce qui est arrivé à Laura, car les hôpitaux publics du Massachusetts et du reste du pays sont protégés contre les plaintes pour fautes professionnelles et négligences, laissant les patients sans aucune ressource lorsqu’ils ne sont pas pris en charge correctement ou qu’on leur ment.

6. Les « Thelma et Louise » du corps de presse

  • C’était la façon dont Marie Colvin, décédée dans une frappe ciblée lors du siège de Homs en Syrie en février 2012, et Lindsey Hilsum, aimaient s’appeler depuis leur rencontre dans les années 90.

    « In Extremis: The Life and Death of the War Correspondant Marie Colvin » est un acompte extraordinaire d’une des reporters les plus courageuses, dont le dévouement lui a finalement été fatal. La rédactrice internationale de Channel 4 News en Grande-Bretagne et ancienne journaliste de guerre, Hilsum a été l’une des nombreuses collègues entraînée dans l’orbite de Colvin.
    Elles ont volé de Djibouti à Asmara dans un coucou ukrainien pour couvrir la guerre de 1998 entre l’Ethiopie et l’Erythrée; ont dîné ensemble à Tripoli, en Lybie; ont fait la fête chez Colvin à Londres, et discuté sur Skype juste avant que Colvin soit tuée. Membres d’une minuscule clique de femmes journalistes de guerre exerçant une profession presque exclusivement assumée par des hommes, la paire se voyait, Hilsum raconte, comme les « Thelma et Louise de la presse de guerre ». Mais si Hilsum a fini par prendre moins de risques, Colvin n’a jamais pu quitter la ligne de front.

    A travers une centaine d’interviews d’anciens maris, amants, membres de la famille, amis et collègues, Hilsum dessine avec empathie le portrait d’une femme dont le courage a souvent frôlé l’imprudence, que ce soit dans les zones de combats et en dehors.
    (…)
    Colvin est devenue très tendue et malheureuse les dix dernières années. Beaucoup de ses collègues quittaient le champ de bataille, mais elle n’a jamais envisagé autre chose. En 2001, elle a rejoint les rebelles des Tigres Tamouls dans le nord du Sri Lanka et a été blessée par une explosion de grenade lors d’un retour nocturne périlleux dans le territoire contrôlé par l’Etat.
    Elle se détendait en buvant beaucoup, craignait de perdre son apparence, et a dû accepter avec tristesse de ne pas avoir d’enfants. Et elle a pris plus de risques. Dans son journal, elle écrit en 2010: « Utiliser mes talents d’écriture pour aider ceux qui ne peuvent trouver justice ailleurs (…) Agir malgré la peur, c’est ça qui est important »
    Pendant l’hiver 2012, contre l’avis de tous, elle a rejoint les rebelles syriens dans un voyage sans retour dans la ville assiégée de Homs, encerclée par l’armée d’Assad. Les renseignements syriens ont retracé ses appels téléphoniques (techniquement peu sophistiqués, en ignorant ici aussi les mises en garde) à un centre médiatique tenu par les rebelles, et ont ciblé le bâtiment à l’artillerie, la tuant ainsi qu’un jeune photographe français.

    Colvin ne s’est jamais arrêtée pour écrire ses mémoires. Maintenant, grâce au livre de Hilsum, dûment et passionnément écrit, elle a l’histoire qu’elle mérite.

    * « She reported From the World’s Combat Zones, at the cost of Her life » de Joshua Hammer – NYT

    Pour aller plus loin:

    * « In Extremis: The Life and Death of War Reporter Marie Colvin » de Lindsey Hilsum – Editions Farrar, Straus and Giroux/McMillan

    * Le documentaire « Under The Wire » de Chris Martin sur les derniers mois la journaliste

    * « Marie Colvin’s Private War » de Marie Brenner pour Vanity Fair qui a inspiré le film éponyme sorti la semaine dernière aux Etats-Unis

 

 

 

7. On vit une époque formidable

 

  • Ruth Bader Ginsburg, la juge la plus âgée – et la plus célèbre – de la Cour Suprême des Etats-Unis a été hospitalisée à la suite d’une chute dans son bureau de Washington au cours de laquelle elle s’est cassée trois côtes. Politico
  • La Maison Blanche a retiré au journaliste Jim Acosta, son accréditation à la suite de son échange musclé avec Donald Trump et après avoir été accusé par Sarah Sanders d’avoir « un contact physique violent » avec une stagiaire – qui a posté sur son compte Twitter officiel un montage en accéléré de la scène réalisé par InfoWars, le site complotiste.

 

 

8. Couverture du jour

 

  • Cette couverture géniale de Barry Blitt en hommage à la diversité des nouveaux élus, Représentants et sénateurs, femmes, gays, lesbiennes, musulmans, black, amérindiens, … « Welcome to Congress »

 

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