Les Frontpages

1. George H Bush, dernier président de la Guerre Froide

   

   George Herbert Walker Bush est mort vendredi soir à Houston au Texas à 94 ans, huit mois après le décès de sa femme, Barbara.
   Jon Meacham, l’un de ses biographes explique dans Axios:

   Dernier soldat à occuper ce poste, le président Bush appartient à un monde qui a complètement disparu. Elevé dans le privilège, il était aussi aventurier et courageux (il a envisagé de joindre la Royal Air Force après Pearl Harbor, car la RAF engageait les jeunes de l17 ans).
   Les années de guerre, le déménagement au Texas, l’apprentissage de la politique nationale et de la gouvernance – il a eu une vie passionnante dont il a apprécié chaque moment.

   Une des choses les plus fascinantes sur G.H.B, c’est qu’il aurait pu facilement emprunter la voie d’un héritier de la Nouvelle Angleterre, un financier de Wall Street éduqué dans la Ivy League dont la vie tourne autour du Council on Foreign Relations, du River Club et de Greenwich [une ville huppée du Connecticut]
   Mais il a résisté à tout cela, et parce qu’il a choisi une vie différente, il est entré dans la légende.

2. MLB au sommet du G20

   

   Le WSJ révèle aujourd’hui que le « prince héritier MBS a envoyé au moins onze messages à ses proches conseillers en charge de superviser l’équipe qui a tué Jamal Khashoggi, avant et après la mort du journaliste, selon des documents confidentiels de la CIA.  Le contenu des messages n’est pas connu et n’indique pas sous quelle forme ils ont été envoyés.

   Des informations qui viennent confirmer les conclusions de l’agence de renseignement qui a annoncé le mois dernier que « MBS avait très certainement ordonné l’assassinat de Khashoggi » et contredites par Trump, « Peut-être qu’il l’a fait, peut-être pas! »

   PS: Le « high five » très amical entre Poutine et MBS au sommet du G20 était assez glaçant.

3. La caravane: future catastrophe sanitaire?

   

   Les pluies [de jeudi] ont transformé le refuge pour migrants en plein air de Tijuana en un tas de boue, et à la tombée de la nuit, des responsables ont commencé à évacuer des centaines de personnes dans un centre à quinze kilomètres de la frontière.
   Les conditions ont empiré ces dernières semaines dans le refuge surpeuplé de Benito Juarez, en proie à une pénurie de nourriture, à des maladies et une infestation de poux.
   Le refuge, censé accueillir trois mille personnes, en contient le double.

   A 6 heures, Jeudi, des bus ont commencé à arriver avec des représentants de la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mexique, pour convaincre les migrants d’être transférés dans la nouvelle infrastructure, située à environ trente minutes.
   Beaucoup se sont méfiés et seulement cinq cent d’entre eux ont choisi de faire le voyage. D’autres ont refusé d’être séparés après avoir voyagé plus de trois milles kilomètres loin de chez eux. SDUT

 

 

4. Trumplandia

 

• L’enquête (« a total witch hunt ») du procureur indépendant, Robert Mueller, sur le rôle de la Russie pendant les élections présidentielles a pris un tournant dramatique pour Trump cette semaine :
  

  Dans deux développements majeurs cette semaine, le président Trump a été qualifié de « témoin important » dans le jargon des enquêtes pénales, sous le nom « Individu 1 ».

  De nouvelles preuves dans l’enquête de Robert Mueller jettent le doute sur la version d’éléments clés de Trump avec la Russie et posent un risque politique et juridique pour le président.

  Les enquêteurs ont des preuves que Trump était en contact étroit avec ses lieutenants lorsqu’ils ont contacté la Russie et Wikileaks et tenté de cacher l’étendue de leurs activités.

  Jeudi, l’ancien avocat personnel de Trump, Michael Cohen a reconnu avoir menti au Congrès lorsqu’il a affirmé que Trump ne cherchait pas à construire une Trump Tower à Moscou après janvier 2016, et discrédite les propos de Trump selon lesquels il n’a jamais eu d’intérêts économiques avec la Russie. WaPo 

  * A lire aussi: « Inside Trump’s 30-years Quest to bring his Brand to Russia » – WaPo

 

 

 

 

5. Les Moonves, suite et fin

• En juillet dernier, Ronan Farrow révèle dans le New Yorker les différentes accusations de harcèlement et agressions sexuelles dont fait l’objet Les Moonves, président de CBS et l’un des hommes les plus influents de Hollywood.
  Même s’il nie les faits, il a été contraint de démissionner.

  Mais ces accusations n’ont pas directement entraîné la chute de M. Moonves (…) [Selon ses propos], une seule femme serait capable de le faire tomber: « Si Bobbie parle, je suis fini »

  En jeu, les indemnités de départ de Moonves: 120 millions de dollars qui pourraient bien s’envoler à cause des nouvelles révélations du New York Times sur l’affaire Bobbie Philipps.

  En janvier [2018], Mr Aiello [l’avocat engagé par CBS pour faire toute la lumière sur les accusations] a interviewé M.Moonves par téléphone. Ce dernier a admis qu’une femme avait porté plainte contre lui pour agression sexuelle et a également mentionné un incident avec une actrice qu’il n’a pas identifié – M. Philipps – au cours duquel il se serait exhibé et elle « serait partie en courant de la pièce ».
  Quand M.Aiello a demandé davantage de détails, M.Moonves a répondu qu’ils avaient eu une relation consentie sans expliquer pourquoi elle avait fui.

  M.Moonves n’a pas mentionné que CBS cherchait un rôle pour [Bobbie Phillipps].
  M. Aiello a finalement avisé le comité de direction de CBS qu’il n’avait aucune inquiétude à avoir sur M.Moonves.
  (…)
  L’article du New Yorker est paru le [06 août 2018]. « Au moment où j’ai appris qu’il y avait d’autres victimes, j’ai compris. J’ai réalisé que j’avais été manipulée et que me recontacter vingt ans après était louche et que c’était une manière de m’empêcher de parler.
  Ca m’a beaucoup blessée, physiquement et émotionnellement parce que je venais de laisser le même monstre me blesser une seconde fois, la première dans les années 90 et aujourd’hui

  * « Of Bobby Talks, I’m finished » de J.Stewart, R.Abrams & Ellen Gabler – NYT

 

 

 

6. Long Form: « Perversion of justice »

• C’est l’Enquête de la semaine publiée du Miami Herald sur une sombre affaire de pédophilie dans laquelle un milliardaire influent et connecté, accusé du viol de dizaines de mineures, n’a été condamné qu’à treize mois de prison grâce au zèle d’un procureur aujourd’hui pressenti pour diriger le Departement du travail.
  

  Selon la police de Palm Beach, le multi-milliardaire, Jeffrey Epstein, 45 ans, a été accusé d’avoir formé, avec l’aide de jeunes recruteuses, un vaste réseau de mineures pour les forcer à avoir des relations sexuelles dans sa somptueuse résidence au bord de l’eau, ce jusqu’à trois fois par jour (…)

  Face à de telles accusations, Epstein aurait pu finir ses jours dans une prison fédérale. Mais un accord extraordinaire a été trouvé pour dissimuler toute la portée des crimes d’Epstein et le nombre de personnes impliquées.
  Non seulement, Esptein n’a passé que treize mois dans une prison locale, mais l’accord a clos l’enquête du FBI censée déterminer s’il y avait plus de victimes ou si d’autres individus avaient pris part aux crimes sexuels d’Epstein.

  L’accord a obligé Epstein à plaider coupable sur deux accusations de prostitution devant un tribunal d’Etat. Lui et quatre de ses complices ont reçu une immunité face à toutes les accusations criminelles fédérales.
  Encore plus inhabituel, l’accord a inclus un libellé qui offrait l’immunité à « tous les co-conspirateurs potentiels » également impliqués dans les crimes d’Epstein.

  Dans le cadre de l’accord, [le procureur] Accosta a accepté, malgré une loi fédérale l’interdisant, que le pacte ne soit pas divulguée aux victimes. Par conséquent, la clause de non-poursuite est restée scellée jusqu’à l’accord du juge, pour éviter que les filles ou quiconque se présente au tribunal pour protester contre cette décision.

  Voici comment Epstein, aidé par des fonds illimités et représenté par une puissante équipe juridique a été en mesure de manipuler le système de justice pénale, et comment ses accusatrices, encore traumatisées par leur passé pensent avoir été trahis par les procureurs censés les protéger.

  * « Perversion of Justice » de Emily Michot – Miami Herald

 

 

7. « I don’t wanna shoot you brother »

• Confronté à un individu armé et suicidaire, un jeune policier a attendu des renforts avant d’ouvrir le feu … et a été viré pour cela.
  

  [Rob] Alexander, le chef de la police de Weirton [une petite de ville de Virginie Occidentale] n’a pas congédié l’officier qui a tiré [et tué] Williams [un Afro-américain en état d’ébriété qui les menaçait d’une arme qui n’était pas chargé en 2016]. Il a renvoyé Stephen Mader, celui qui a choisi de ne pas tirer.
  Alexander a conclu que le jeune officier n’avait pas réagi comme il le fallait dans un moment aussi dangereux; en refusant d’éliminer la menace que représentait Williams, Mader aurait mis ses collègues en danger.

  L’attitude de Mader devant le 119 Marie Avenue en mai 2016 est immédiatement devenue le sujet discussion et de ragots dans les rangs de ce minuscule département où le mot « lâche » a commencé à circuler.
  Kuzma et Baker [ses deux coéquipiers] ont pris l’initiative rare de demander à Alexander de ne plus les faire travailler avec Mader.
  (…)
  Dans sa plainte [contre le Département de police], Mader affirme qu’à l’exception de sa déposition le soir de l’accident, il n’a jamais eu la chance de s’expliquer. Il n’a jamais été interrogé par quiconque au sein du Département de police, y compris le capitaine qui a recommandé son renvoi et Alexander qui l’a validé

  « Le Département de Police de Warton a viré M. Mader pour avoir refusé d’utiliser son arme à feu pour tuer un afro-américain qui était suicidaire » affirme la plainte.

  * « I don’t want to shoot you brother » de Joe Sexton – Propublica

 

 

 

8. La livraison rapide, le nouvel esclavage moderne

 

• A la suite de la parution d’une longue enquête du New York Times la semaine dernière sur les conditions inhumaines de travail dans les entrepôts de XPO, une entreprise américaine spécialisée dans le transport et la logistique; le Charleston a consacré son éditorial de jeudi, aux dangers que représentent cette nouvelle industrie en pleine expansion.
  

  L’entrepôt est chaud, il atteint presque les 40 degrés, tandis que les ouvriers dépaquettent et empaquettent des smartphones à un rythme effréné, pour les livrer à temps aux clients, devant des responsables qui les critiquent et leur demande d’accélérer leur cadence sur la chaîne.

  Ces dernières années, plusieurs ouvrières ont fait des fausses-couches, sans doute parce que leur employeur refusait de les laisser rentrer chez elles, de leur donner des taches plus légères, ou encore de leur indiquer le nombre d’heures de travail.

  Un jour, un corps gisait sur le sol. Une ouvrière est morte après s’être plainte d’épuisement et de bouffées de chaleur. Des pylônes ont été placés autour de son corps comme si on avait renversé quelque chose sur le sol, pour que les ouvriers continuent leur travail.

  On entend ce genre d’histoires sur ces ateliers de misères dans les régions pauvres du monde. Sauf que c’est arrivé à Memphis, dans le Tennessee, dans un entrepôt de Verizon sous-loué à un contracteur spécialisé en logistique.

  Ces emplois dans ces entrepôts ont remplacé ceux de la vente ou de la manufacture qui existaient aux Etats-Unis pour ceux qui n’ont pas de diplôme. Le mauvais traitement de ces employés et leurs problèmes de santé qui en résultent sont liés à la demande croissante de la livraison rapide des consommateurs.

  Tous ces ateliers de misère sont horribles et personne ne devrait travailler près d’un cadavre comme s’il s’agissait d’une machine en panne. Le fait que cela commence à se produire aux Etats-Unis est alarmant (…) Et les Américains devraient sacrifier certains inconvénients pour s’assurer de al santé et du bien-être de leur concitoyen.

  * Editorial » Warehouses working employees to death » – The Charleston Gazette.

  * »Miscarrying at Work » de Jessica Silver-Greenberg & Natalie Kitroeff – NYT
  * « The Human Too of Instant Delivery » – The Daily – NYT

 

 

 

 

9. On vit une époque formidable

• La marque de vêtements Outdoor, Patagonia, a décidé de donner 10 millions de dollars économisés grâce à la réforme fiscale « irresponsable » de Trump à des associations environnementales.
• L’espérance de vie des Américains a décliné encore en 2017 à cause de la hausse du nombre de suicides et d’overdoses mortelles.
  

  Les données révèlent le déclin durable le plus long de la durée de vie depuis un siècle, un constat effrayant encore jamais vu depuis la période 1915-18 marquée par la première guerre mondiale et la grippe espagnole qui a fait 675 000 morts aux Etats-Unis et plus de 50 millions à travers le monde. WaPo

• Sinclair, le plus grand réseau de chaînes locales du pays, accusé de faire la propagande de Trump avec des segments « préparés à l’avance et imposés à toutes les chaînes » a pris ses distances avec l’un de ses animateurs vedettes, Boris Epshteyn, ancien employé de la campagne du président, après que ce dernier a défendu l’utilisation de gaz lacrymogènes contre le migrants à la frontière mexicaine. WaPo
• Seize jours après sa sortie, « Becoming » de Michelle Obama s’est vendu à 2 millions d’exemplaires – tous supports confondus – devenant le livre le plus sur Amazon en 2018. 3,4 millions copies papier sont en cours d’impression.
• La compagnie aérienne SouthWest a du s’excuser après qu’un de ses employés s’est moqué d’une jeune passagère prénommée ABCDE, que l’on prononce AB-City.
• Sheryl Sandberg, la COO de Facebook, a bien demandé à son staff d’effectuer des recherches sur les intérêts financiers de George Soros après que le milliardaire a publiquement attaqué le réseau social. CNBC