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Les Frontpages

  1. Bush, le dernier président WASP

    « C’est assez révélateur que de nos jours, les moments de calme à Washington soient des funérailles » souligne cette semaine Susan Glasser dans le New Yorker.

    Au moment où George H.W. Bush a rejoint la politique, le Parti républicain évoluait, [de club favori de la Old Money] à celui de pilier du Sud américain, défini par sa réaction contre l’adhésion démocrate aux droits civils. Pour prospérer dans le nouveau GOP, Bush a dû s’entendre avec le Zeitgeist.
    Lorsqu’il s’est présenté au Sénat en 1964, il a contrecarré les efforts de Lyndon Johnson pour promouvoir l’égalité (…) une tendance que l’on peut retrouver tout au long de sa carrière: un homme qui voulait être considéré comme un agent du progrès racial, mais qui s’est souvent retrouvé du côté abject du racisme.

    Les hommes présentent George H.W. Bush comme le dernier des Républicains. En réalité, il est un archétype du parti moderne, un homme dont le sens du devoir lui a échappé quand il a fallu résister à la montée des forces libertaires racistes. Il a incarné un establishment qui écrivait des cartes de remerciements très gentilles.
    Mais les bonnes manières sont bien loin du courage moral; la prudence est parfois dure.
    Ceux qui pleurent le décès de l’ancien président devraient eux aussi considérer ses nombreux échecs.

    The Last WASP president de Franklyn Foer – The Atlantic

  2. De blasio, detesté des New Yorkais

    Pas une semaine sans que l’un des deux tabloïds new yorkais ne critique en première page – et parfois violemment – le maire démocrate de New York: la dernière bourde de de Blasio, la gestion de la violente tempête de neige qui a recouvert la Big Apple en quelques heures il y a trois semaines, à l’origine de blocages monstres dans les transports et pour lequel il a finalement viré le responsable des plans d’urgence de la ville. Sauf que le renvoi s’est fait dans la cacophonie la plus totale, et après trois jours de flou et d’informations contradictoires, le maire a confirmé le renvoi de Joe Esposito, au milieu des critiques.

    Le mois dernier, des emails du maire ont fui sur ses relations clientélistes avec certains donateurs; en juillet la mairie a reconnu n’avoir rien fait pour limiter l’empoisonnement de centaines d’enfants au plomb dans les HLMs (“projects”) de la ville. Sans compter ses relations détestables avec la presse et le gouverneur démocrate de la ville, Andrew Cuomo, qui vient d’être réélu.

  3. Fraude électorale en Caroline du Nord.

    Donald Trump brandit depuis des mois le spectre de la fraude électorale, mais elle n’a rien à voir avec qui a lieu en Caroline du Nord, et qui pourrait bien entraîner de nouvelles élections.

    Le Républicain Mark Harris devance son adversaire démocrate, Dan McCready, de 905 voix dans la 9ème circonscription de l’Etat. La Commission électorale mixte de Caroline du Nord refuse de valider les résultats à cause « de nombreuses irrégularités et activités frauduleuses liées au vote par correspondance.

    Une personne affirme qu’une femme est venue chez elle pour prendre son vote par correspondance. Lorsque la femme a pris le vote, il était non scellé et l’électeur ne l’a pas signé.
    Une autre affirme qu’une femme est venue prendre son vote sur lequel elle n’avait sélectionné que deux scrutins [sur les multiples que propose un bulletin de vote] et qu’elle lui aurait dit ne pas se soucier du reste et qu’elle s’en chargerai pour elle.

    Au centre de ce scandale, Leslie McCrae Dowless Jr., un élu condamné pour fraude dans les années 80 et 90 qui a déjà fait de la prison, et aurait été payé 40 000 dollars si Mark Harris remportait les élections.
    Il aurait eu 80 personnes sous sa responsabilité lors des élections [et aurait soumis illégalement 500 bulletins de vote]. CNN

    Trump – qui a passé des années à affirmer sans fondement que les démocrates étaient à l’origine d’une fraude électorale massive et a même créé une « task force » pour y remédier à la Maison Blanche – n’a encore fait aucun commentaire sur cette affaire. Axios 

4. Trumplandia

 

  • C’était la semaine des coups-bas sur la twittosphère de Washington pendant que l’Amérique faisait ses adieux au 41ème président des Etats-Unis:
    L’actuel président – le 45ème – a salué lundi « le cran » de son allié de longue date et « agent provocateur » autoproclamé, Roger Stone qui a juré de ne « jamais témoigner contre Trump » – Pour information, Stone a fait ses armes à Washington auprès de son idole, Richard Nixon, puis Ronald Reagan, avec un certain … Paul Manafort, actuellement emprisonné dans le cadre de l’enquête sur l’ingérence russe dirigée par le procureur indépendant Robert Mueller.

    En raison des liens qui unissent Stone, conseiller de Trump pendant la campagne présidentielle de 2016, à Julian Assange, le chef de Wikileaks, qui a publié les emails volés au Parti démocrate, il est au centre de l’enquête de Mueller sur l’ingérence de la Russie dans les élections et une possible coordination entre la campagne de Trump et le Kremlin. Newsweek

  • En revanche, Trump s’est lâché contre son ancien avocat, Michael Cohen, qui lui, a collaboré avec Mueller et avoué avoir menti sous serment sur les projets immobiliers de Trump en Russie pendant la campagne électorale.
    Le président a souhaité qu’il soit condamné à une peine de prison « maximale » – une démarche inhabituelle pour le premier fonctionnaire de l’Etat.
  • Cette tentative d’influencer le cours de la justice n’a pas échappé à l’époux de Kellyanne Conway, la conseillère du président, qui a fait référence dans un tweet à la loi fédérale sur la falsification de témoins … et provoqué l’ire d’Eric Trump, le fils cadet du président, généralement assez discret.Ce dernier a dénoncé « le total manque de respect » et les « actions horribles » de George Conway envers « sa femme, sa carrière, son travail et tout ce pour quoi elle s’est battue pour réussir. »
    La tirade d’Eric a provoqué les moqueries de nombreux internautes qui lui ont remémoré quelques exploits de son père – les insultes envers les politiques, son aventure avec Stormy Daniels quelques semaines seulement après la naissance de son dernier fils Baron, … Daily Mail

    * A voir le doc sur Roger Stone, « Get Me Roger Stone » sur le Netflix US

 

 

 

5. La France, « The Sick Republic »

 

  • Les médias américains suivent de près les violences qui agitent la France depuis plusieurs semaines, et offrent des analyses intéressantes à l’instar d’Ishaan Tharoor dans le WaPo:

    « Une autre France »

    Dans ces territoires marqués par l’absence de lendemain, il existe une forme de désespoir post-industriel qui ronge maintenant la classe moyenne et ouvrière qui a été durement touchée par la crise de 2008 et les coupes budgétaires qui ont suivi.
    Les fissures se creusent en France – et le désespoir post-industriel enraciné dans les provinces – semblent familiers aux Américains, aux Anglais et autres démocraties occidentales. Tout comme l’incapacité des politiciens à réduire les écarts/divisions. Au-delà de la taxe sur l’essence, Macron a du mal à faire adopter une série de réformes ambitieuses, qui selon lui, libéreront l’économie française. Il y a un ressentiment généralisé à l’égard de son style de gouvernance, hautaine et l’impression persistante qu’il dirige le pays dans l’intérêt d’une élite métropolitaine.

    Sur le programme sur le climat:

    Sur l’agenda environnemental de Macron, il cherche à devenir un leader mondial – peut-être le leader mondial en la matière, contre le président Trump et autres qui essayent de saper les efforts pour réduire les émissions. Mais son intérêt pour le réchauffement climatique a alimenté la colère de certains « gilets Jaunes ».

    Le président parle « de la fin du monde » déclare un manifestant, alors que nous, « on parle de la fin du mois ».

    * « France Protests mark a broader crisis for Western Democracy » – Ishaan Tharoor – WaPo

  • Autre analyse très intéressante sur Buzzfeed de l’influence de Facebook dans la propagation de la grogne sociale à l’origine du mouvement des Gilets Jaunes:

    Mais ce qui se passe actuellement en France ne se produit pas en vase clos. Le mouvement des Gilets Jaunes est une bête née entièrement de Facebook. Et qui devient de plus en plus populaire. Des sondages récents indiquent que la majorité de la France soutient les manifestants.
    Les Gilets Jaunes communiquent presque entièrement sur de petites pages Facebook décentralisées. Ils se coordonnent via des mèmes et des vidéos virales.

    Parce que les changements d’algorithmes réalisés plus tôt cette année ont rencontré un engagement acharné au niveau local et régional en France, le pays est actuellement confronté aux pires émeutes de ces dernières années – et à Paris, les pires depuis cinquante ans.

    Donc Facebook a peaufiné son algorithme et les « groupes en colère » locaux se sont répandus sur le Facebook français à une vitesse surprenante. Les groupes ont pu organiser une douzaine de manifestations d’une taille décente l’hiver dernier.
    Les départements français sont numérotés, donc entre janvier et février, on a vu apparaître des manifestations appelés « Colère 24 » ou « Colère 87 » pour protester contre des réformes telles que la réforme du droit du travail, la réduction du droit du travail, la réduction de la limitation de vitesse sur des routes très fréquentées ou sur le plan de vaccination obligatoire.

    * « The ‘Yellow Jackets’ Riots in France Are What Happens When Facebok Gets Involved With Local News » de Ryan Broderick – Buzzfeed

 

 

 

7. Tumblr, vers la fin d’internet?

 

 

Aujourd’hui Tumblr a annoncé son intention d’interdire tout contenu destiné aux adultes 9 à quelques exceptions près pour les seins nus) dan deux semaines. Après cela, la pornographie deviendra invisible pour tout le monde, sauf pour le propriétaire du blog sur lequel elle est postée.
Ca va tuer une petite mais importante partie de l’internet et il est difficile d’envisager même comment mesurer son impact – j’imagine que des centaines de milliers (millions?) vont être fermés et disparaître à jamais. Certains ont été abandonnés il y a des années mais d’autres sont toujours très actifs. et Dieu sait combien de millions de messages individuels contiennent ce qui est considéré comme du contenu pour adultes.

Vers 2020, on va se réveiller, regarder autour de nous et réaliser que toutes nos vieilles photos de collège ont disparu. On ne pourra plus vois les anciens messages de nos amis sur notre mur car on aura supprimé Facebook pour protester contre un ultime scandale de 2019, et nous n’auront plus rien pour nous branler.

* « Tumblr will ban all adult content on December 17th » de Shannon Liao – The Verge

 

 

 

 

8. Les Pure players en berne

 

C’est à la même époque l’année dernière que les choses ont commencé à mal tourné pour les licornes numériques, autrefois branchées, de l’industrie des médias. Buzzfeed et Vice ont tous les deux annoncé qu’ils n’avaient pas atteint les revenus espérés. Mashable a été bradé. Vox media a été obligé de licencier 5% de son personnel.

Ces compagnies, qui annonçaient jadis les débuts d’une nouvelle ère médiatique, marquées par des valorisations importantes, des levées de fonds considérables et le sex-appeal des millenials, présentent aujourd’hui les mêmes symptômes que les marques qu’elles étaient censées bousculer: grosses, moins agiles et de plus vulnérables vis-à-vis de Facebook et Google; et encerclées par des concurrents familiers et nouveaux.

D’un côté, une nouvelle génération de petites entreprises influentes qui cherchent à monétiser leurs relations directes avec les consommateurs, comme Axios, TheSkimm, Crooked Media. De l’autre, un tandem d’héritiers revitalisés, comme le New York Times et le Washington Post qui ont réussi à convertir des abonnés à un niveau jamais vu pour l’ère Trump.

Un an plus tard, les défis sont les mêmes. Mic a licencié la majorité de son personnel la semaine dernière dans le cadre d’une vente de dernière minute à Bustle pour environ 5 millions de dollars, soit 95 millions de moins que sa précédente valorisation. Vice, qui vient de nommer une nouvelle CEO, Nancy Dubuc, est en train de réduire son effectif mondial de trois mille personnes, selon le Wall Street Journal qui fait état de pertes de plus de 50 milliards de dollars en 2018. Chez Refinery29, 10% de la main d’oeuvre est partie cet hiver. Et Jonah Peretti, [fondateur et président] de Buzzfeed a annoncé dans le New York Times, l’idée d’une fusion entre Buzzfeed, Vice, Vox Media, Groupe Nine Media et Refinery29, pour revitaliser le duopole Facebook-Google.

 

* »Everyone is for sale » de Joe Pompeo – Vanity Fair

 

 

 

 

9. On vit une époque formidable

  • Les femmes ont remporté 60% des sièges de Représentants que les Démocrates ont repris aux Républicains lors des midterms, et ont depuis obtenu des rôles postes clés au sein du parti, y compris dans les campagnes pour les élections nationales, et celles des Etats. Axios
  • … Ca tombe bien puisque la plupart électrices pensent que les femmes, plus que les hommes, possèdent les qualités de dirigeants dont a besoin Washington, selon une étude de l’American University
  • Drake est l’artiste a été le plus écouté cette année sur toutes différentes plateformes de streaming (8,2 milliards de fois) grâce à son album « Scorpion ». Chez les femmes, c’est Ariana Grande Variety
  • Je vous conseille l’édition spéciale de Quartz sur « l’avenir de l’université »: Alors que l’internet a rendu le savoir presque gratuit, le prix de l’enseignement traditionnel augmente. Quand le marché du travail se transforme toujours plus vite chaque année, comment réinventer l’enseignement pour rester dans la course.
  • Netflix devrait réaliser sept cent productions originales cette année à travers le monde. Variety

 

 

 

 

10. Couverture du jour

  • C’est la liste annuelle des « cinquante icônes et innovateurs qui ont contribué à changer le paysage du business mondial cette année: le Chef José Andrés, foundateur of World Central Kitchen, le CEO de Patagonia, Rose Marcario, pour son engagement en faveur de l’environnement, Alexandria Ocasio-Cortez, la plus jeune Représentante démocrate élue aux Midterms; Audrey Gelman, co-fondatrice et CEO de The Wing (le working space/social club dont je suis membre), le groupe de pop coréenne, BTS, …

Published in Revue de presse