Le Washington Post est revenu sur le scandale qui a frappé le mensuel Rolling Stone avec la publication en décembre 2014 d’un long reportage intitulé « A rape on Campus » (Viol sur le Campus) sur le viol collectif d’une étudiante de l’université de Virginie – qui l’apprendra-t-on plus tard, a été inventé.
La journaliste Sabrina Rubin Erdely s’était concentrée sur l’histoire de Jackie qui aurait été violée par plusieurs étudiants d’une fraternité lors d’une soirée sur le campus.
Sa publication a fait grand bruit à l’époque à cause de l’horreur du récit, de l’impunité des agresseurs, et du désintérêt de l’établissement pour la sécurité de ses étudiants.
C’était aussi le début d’une sensibilisation importante des violences sexuelles dans les campus à travers la prise de paroles de nombreuses victimes, à l’instar de cette étudiante de Colombia University, qui s’était promené avec son matelas pour protester contre l’impunité dont avait bénéficié son agresseur.
Le regain d’attention portée à ce drame a poussé d’autres journalistes et découvrir l’identité des agresseurs, qui n’ont jamais été nommé ni même interrogé par la journliste dans l’enquête initiale. A partir de là, les cinq mois de travail d’Ederly ont été systématiquement démolis, de la tenue de la soirée à la fraternité, aux soi disants témoins et à l’existence même des agresseurs: Elle n’a pu offrir d’autres sources que la seule parole de la victime, Jackie, qui avait par ailleurs changé plusieurs fois de versions.
Comme l’expliquait au mois d’Avril 2015 l’une des rédactrices de Rolling Stone, cette enquête est devenu le symbole d’un échec journalistique qui tient d’une responsabilité collective: La journaliste a reçu le feu vert de ses rédacteurs pour continuer son récit sans avoir l’identité du principal agresseur que la victime n’a jamais voulu identifier.
Deux semaines après la publication en ligne de l’article, et après une ultime conversation avec son témoin principale pour tenter de comprendre les incohérences relevées par les autres médias, Ederly a prévenu sa rédaction que « leur pire cauchemar » était en train de se réaliser, et qu’il fallait préparer une rétractation.
Non seulement Rolling Stone a essuyé l’un des moments les plus humiliants de ses quarante ans d’existence, ruiné la carrière de l’une de ses plus proéminentes journalistes mais plus grave encore discrédité la parole de centaines de milliers de victimes sur les campaus américaine