« Framed, A Mystery in six parts » écrit par le journaliste Christopher Goffard, est paru ce weekend dans le Los Angeles Times: La réalité rejoint la fiction dans cette histoire de Desperate Housewife d’une banlieue chic de Californie, qui mêle vengeance, manipulation, égocentrisme et sentiment d’impunité et qui va provoquer la déchéance d’une famille toute entière.
- « L’appel »
C’est l’histoire incroyable d’une « PTA Mom », PTA pour « Parents Teachers Association », ces mères de familles et femmes au foyer très impliquées dans l’éducation de leurs enfants et actives dans la vie associative de leur écoles.L’après midi du 16 Février 2011, Kelli Peters a été interpellée par la police sur son lieu de travail, à l’école élémentaire Plaza Vista, à côté de Newport Beach en Californie, où sont également scolarisés ses enfants.
Le motif: le coup de téléphone reçu une heure plus tôt de la part d’un parent d’élève qui affirme l’avoir vue conduire dans un état second aux alentours de l’école, et signalé la présence de drogues à l’intérieur de la voiture. Il aurait reconnu la mère de famille volontaire à Plaza Vista, ainsi que sa voiture et même enregistré la plaque d’immatriculation.Effectivement, les policiers vont trouver dans la voiture de Kelli 17 grammes de Cannabis et des pilules de Vicodin et Percocet, des anti-douleurs très puissants uniquement disponibles sur prescription.
Selon l’inculpé, ces drogues auraient volontairement été placés dans sa voiture.Ce soir là, il a fallu le flair d’un policier expérimenté pour donner raison à la mère de famille: Aucune trace physique de consommation ni de présence de drogues dans son appartement. Quant au coup de fil, le numéro laissé par l’interlocuteur s’est avéré être un faux.
Interrogée sur l’origine des drogues, Kelly a signalé qu’elle avait eu des ennemis dans le passé, un jeune couple dynamique du voisinage, Kent et Jill Easter.
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- Le « Power Couple »
Un an plus tôt, Mme Peters a été la victime d’une campagne violente demandant son licenciement du PTA, pour lequel elle opérait depuis des années, et était appréciée des parents d’élèves, des élèves et du personnel.
A l’origine de cette plainte, la mère d’un enfant que Kelli avait oublié par mégarde quelques minutes devant l’école, avant d’être ramené rapidement à ses parents, les Easter, auprès de qui elle s’est confondue en excuses.C’est là que l’affaire a commencé pour Jill Easter: mécontente du traitement humiliant, voire criminel subit par son fils, elle est allée se plaindre à la direction de l’établissement qui a pris fait et cause pour l’employé, puis à la police qui n’a rien trouvé de probant.
L’inimitié a tourné au harcèlement lorsque cette dernière a essayé de convaincre d’autres parents de l’école de soutenir le renvoi de Peters, demandé une ordonnance de protection pour elle et son fils à son encontre et même essayé de lui intenter un procès, qu’elle a fini par abandonner.Le couple Easter avait globalement perdu sa campagne de dénigrement contre Kelly Peters, qui a entre temps été élue présidente du PTA. - La déchéance
Les policiers ont commencé à suivre le couple, dont l’un des téléphones portables avait été détecté près de la maison de Peters la veille de l’incident, et après avoir mis en examen le couple, ils ont trouvé dans la voiture du mari les mêmes pilules que celles collectées dans la voiture de Peters, avec l’ADN de deux époux dessus.
Au moment des faits, l’épouse entretenait une aventure avec un pompier des environs, et dont elle s’est vengée lorsque ce dernier l’a quitté en allant tout raconter à sa femme, photos et emails à l’appui. - Le procureur
Il a fallu plus d’un an et l’arrivée d’un nouveau procureur en charge des affaires sensibles pour que le couple soit officiellement arrêté sans les précautions d’usage qui leur auraient évité une mise en examen très médiatique.Les deux ont été inculpés de complot pour avoir disposer des médicaments dans la voiture de Peters en vue de son arrestation. Si le paiement d’une caution les a rapidement libérés, les mugshots du couple ont fait la une des news locales.Kent Easter à perdu son job d’avocat à 40 000 dollars par mois.
« Le pouvoir et la médiocrité des accusés comparés à la vulnérabilité de la victime a engendré une indignation qu’on a retrouvé dans peu d’autres affaires (…) Les Easter sont devenus le symbole de ce milieu obsédé, voire dérangé, par leur statut, les auteurs d’un crime inexplicable, à la croisée des chemins entre psychose de banlieue et privilèges de classe. » - Le Procès
Les Easter ont bénéficié d’un procès commun auquel a échappé l’épouse, qui a plaidé coupable du dépôt des drogues dans la voiture de Mme Peters a été condamnée pour tentative d’emprisonnement par tromperie, et radiée du barreau.Sa condamnation: 60 jours dans une prison du comté et 100 heures de travail d’intérêt général.Le procès de Kent Easter a débuté en Novembre 2013.
Sa ligne de défense: Rejeter toute culpabilité sur Jill, les réprimandes, les mensonges et tromperies, le sentiment de culpabilité vis-à-vis de leur enfant.
Le jury n’a pas trouvé de verdict.Le second procès a reconnu Kent Easter coupable de toutes les charges et passible de trois ans de prison finalement réduits à 180 jours d’emprisonnement dans un prison locale et 100 heures de travail d’intérêts général en Octobre 2014
Entre temps, il a demandé le divorce. Sa femme elle, a changé de nom.
- La Ruine
En février 2016, Kent Easter est passé devant un tribunal civil après que Kelly Peter ait demandé de millions de dollars de dommages et intérêts pour l’épreuve émotionnelle endurée quelques années plus tôt. » A 41 ans, Kent Easter était un homme cassé. Un diplômé de UCLA qui partageait son appartement avec ses parents. Ses économies de près d’un quart de million de dollars parties en frais d’avocats lors de ses deux procès. Interdit de conduire des Uber ou des Lyft à cause de sa condamnation et reposant sur l’aide de ses proches pour des petits boulots, tout en restant l’unique gagne-pain de ses trois enfants de 8, 10 et 12 ans »Il a été condamné à 5.7 millions de dollars de dommages et intérêts à verser à Kelley Peter pour lequel il a fait appel.
Il pourrait réappliquer pour sa licence d’avocat après les cinq ans de suspension.« L’histoire qu’on ne connait c’est pourquoi est-ce que ces gens ont fait cela », commente le procureur, « tout le monde me demande mais je n’ai aucune réponse »