Les femmes n’ont pas vraiment la côte dans les médias conservateurs américains, mais une fois n’est pas coutume, Tomi Lahren, jeune diplômée de 24ans, casse la baraque à coups de discours enflammés, rhétoriques racistes et vidéos diffusées sur Facebook
Une star télé conservatrice à 24ans
Fraichement diplômée de l’Université du Nevada, Lahren s’est directement vue proposer un show sur la chaîne d’infos câblée conservatrice One America News.
Son émission « One Point » a suscité l’intérêt du public au fur-et-à-mesure de ses propos tendancieux: son premier fait d’arme intervient à la suite de la tuerie de quatre marines des mains de Muhammad Youssef Abdulazeez à Chattanooga le 16 juillet 2015. Lahren réagit alors en direct en dénonçant « la mentalité à mi-chemin, à moitié-cuite, sur la pointe de pieds, qui se veut amicale avec les Jihadistes » de Barack Obama.
La séquence à été vue 2,5 millions de fois et un mois après, elle est promue sur une chaîne conservatrice plus populaire, The Blaze.
L’anti-pop culture
The Blaze est un réseau d’information et de divertissement conservateur créé par Glenn Beck, journaliste passé par Fox News, ancien héros du Tea Party, qui lui a offert une nouvelle émission, Final Thoughts qui cartonne désormais quotidiennement.
La jeune journaliste n’a pas déçu en enchaînant les critiques de Beyoncé, lors de sa prestation au Superbowl, lorsque que la chanteuse a rendu hommage aux Black Panthers et Malcom X et plus récemment de Colin Kaepernick, le joueur de football américain, à l’affiche de Time magazine cette semaine, qui refuse de saluer le drapeau américain en signe de protestation contre les violences policières envers les minorités.
The Guardian a consacré une enquête cette semaine sur le phénomène Tomi Lahren, et note que son succès repose en partie sur une dénonciation conservatrice de la pop-culture, d’autant plus acceptable et influente qu’elle appartient à la génération des Millenials.
Très populaire pour ses positions conservatrices « dont elle est passionnée » – ou furieuse, parfois même hystérique, à vous de voir – elle admet ne pas pouvoir prétendre au statut journaliste et accepte celui « commentatrice ».
Indépendante, ambitieuse, « courageuse » selon ses propres termes, Lahren appartient à cette nouvelle génération de conservateurs qui n’ont pas peur d’utiliser le thème de race pour dénoncer les problèmes auxquels fait face l’Amérique quitte à être traitée de raciste – elle l’assume. Elle n’a pas eu de problème non plus à comparer le Ku Klux Klan avec Black Lives Matter, et rejette le politiquement correct, comme Milo Yiannopoulos, le jeune journaliste anglais de Breitbart News interdit à vie de Twitter pour avoir lancé une campagne raciste cet été contre l’actrice Leslie Jones.
Les deux savent aussi que leur physique jouent en leur faveur et ne s’en cachent pas.
Elle est fière d’être blanche comme vous devriez fière d’être « noir » et a du mal à comprendre les protestations des minorités du pays, « qui sont pourtant nées avec les mêmes droits ». Issue d’une famille de Marines, elle respecte le drapeau et le pays, et propose à Kaepernick de le quitter s’il a tant de critiques à lui adresser.
Dans une séquence diffusée Jeudi soir dans le Daily Show de Comedy Central, Treyvor Noah l’a qualifié « d’enfant soldat », un surnom on ne peut plus approprié pour cette férue des armes à feu.
« C’est difficile de savoir si sa colère se dissipera un jour, quelque soit le résultat de l’élection, mais même si elle disparaît, Lahren restera sans doute un bon de temps. Comme le conservatisme américain, elle a plein de ressources et peut facilement s’adapter. »