Donald Trump m’a critiqué pour m’être préparée pour ce débat. Et effectivement, je l’ai fais. Et vous savez pour quoi d’autre je me suis préparée? Pour devenir présidente
Hillary n’a pas déçu ce soir à Hofstra University durant les 90 minutes les plus bizarres qu’on ait pu voir dans un débat présidentiel. Trump a su parler à son électorat en restant lui-même, en faisant l’éloge de son empire et de sa réussite et coupant systématiquement la parole à son adversaire.
Si Clinton a su convaincre davantage d’électeurs, Trump a sans doute échouer dans cet objectif, en ayant souvent l’air « de ne pas savoir de quoi il parlait ».
Un premier entre deux personnalités très distinctes: un businessman qui improvise, élève la voix et une politicienne préparée et calme
Lester Holt, très discret, avait prévu 6 thèmes différents sur lesquels les candidats étaient censés décrire leur politique puis débattre directement l’un avec l’autre.
Un businessman qui improvise.
Le mot qui est revenu ce soir de la bouche de Trump, c’est l’argent.
L’argent qui est nécessaire aux gens riches comme lui pour pouvoir créer des emplois, et qui ne doivent pas être trop lourdement taxé.
L’argent qui est déclarée sur ses feuilles d’imposition mais qu’il refuse de rendre public prétextant quinze années d’audit du fisc – Clinton l’a d’ailleurs taclé sur le sujet en suggérant qu’il n’avait pas autant d’argent qu’il le proclame, qu’il ne donnait rien aux associations caritatives ou encore qu’il ne payait aucun impôt – ce que Trump n’a pas démenti en expliquant qu’il tirait avantage de tous les vides juridiques du pays … comme un businessman.
Lorsque Clinton donne l’exemple d’un architecte qui n’a pas été payée par Trump pour la construction de l’un de ses golfs, ce dernier répond que « c’est sans doute parce qu’il avait fait du mauvais boulot ».
Il s’est défendu de ses attaques contre l’OTAN en expliquant que les Etats-Unis perdaient des milliards de dollars en finançant l’organisation et que si le pays avait mis la main sur tout le pétrole d’Irak, ISIS ne serait pas devenu la puissante organisation qu’elle est aujourd’hui.
Trump ne s’est pas préparé et ça s’est vu et entendu: Beaucoup de ses arguments étaient incompréhensibles, et on se demande même comment Clinton et le modérateur ont pu suivre le fil de son raisonnement, à l’exception de propos répétées durant toute sa campagne, contre « la politique traditionnelle » incarnée par Clinton qui « repose uniquement sur des mots et pas d’action ».
Beaucoup de soupirs, de mimiques, et de reniflements et de ré-hydratation mais peu de consistance et beaucoup de hausses de ton envers Clinton qui est restée de marbre et concentrée.
L’exagération, car les Etats-Unis sont un « pays du Tiers monde », « en retard », « qui a perdu de la vitesse », « rongé par la violence. Il prône le retour de la « Loi et L’ordre » pour lutter contre les problèmes de race, les violences urbaines, et les sans papiers. Interrogé sur l’économie du pays, et comment retrouver la prospérité, il est parti sur le Mexique qui volaient les emplois des Américains et sur la Chine qui se servait des Etats-Unis comme d’une tirelire pour reconstruire leur pays. Ni fait ni à faire.
Un ego surdimensionné
« Fier » était également l’un des mots les plus entendus ce soir de la part du candidat républicain, fier de son parcours, fier de son business et de l’argent qu’il gagne et qui devrait être un modèle pour les citoyens américains. Sa réforme fiscale, la plus ambitieuse depuis celle de Reagan ou encore l’idée que l’OTAN a mis en place une commission spéciale chargé du terrorisme grâce à sa proposition.
Hillary plus présidentiable
Hillary a été professionnelle et n’a pas eu peur des attaques de son adversaire qu’elle a su utiliser à son profit.
Elle a bien gérée l’interminable polémique sur l’utilisation d’une messagerie privée quand elle était Secrétaire d’Etat, « une disgrâce » pour Trump, pour laquelle elle s’est excusée et a refusé de rentrer dans le jeu de Trump qui lui a proposé de révélé ses feuilles d’impôts si elle diffusait les 30 000 emails personnels qu’elle a effacé de sa messagerie.
Elle a expliqué les conditions du retrait des troupes américaines d’Irak, fixées par George Bush, qui ont marqué le début de l’expansion de ISIS et qui contredisent les accusations selon lesquelles Obama et elle seraient à l’origine du mouvement terroriste.
Elle n’a pas non plus relevé quand Trump l’a accusé d’être à l’origine de la polémique du »birther » sur la nationalité d’Obama, qui a au contraire marqué le « début de sa carrière politique. »
« Je sais que vous vivez dans votre propre réalité » a-t-elle asséné avec succès à son adversaire, en appelant plusieurs fois les téléspectateurs à aller vérifier la véracité de ses propos.
« Les mots comptent lorsqu’on fait campagne pour devenir président » affirme-t-elle, « et surtout lorsqu’on est président » avant de revenir sur les différentes insultes que Trump a proféré à l’encontre des femmes et qui ont clôt sa participation au débat.
Clinton s’est même exprimée à la manière d’une présidente en réaffirmant aux nombreux chefs d’Etats « inquiets » que les Etats-Unis respecteraient les traités en vigueur.
Malgré les critiques de Trump sur son manque de style et de charisme, c’était bien elle ce soir, qui était la plus convaincante au poste de Commander-in-Chief.
A savoir maintenant si les sondages vont suivre