La semaine dernière le New Yorker, Ed Caesar est longuement revenu sur le best-seller anglais de Anna Lyndsey intitulé « Girl in the Dark » sorti en 2015.
Ce premier ouvrage, un témoignage autobiographique, a fait l’unanimité chez les critiques au Royaume-Uni et Outre-Atlantique :
« Absolument fabuleux » pour le Boston Globe, « mélodieux et pénétrant » pour le New York Times Review of Books, « incroyablement puissant » dans le Guardian, et à fait l’objet d’un portrait dans le supplément magazine T du Times.
Quelques mois après sa sortie, le journaliste du New Yorker est parti interviewer Anna Lyndsey pour comprendre un peu plus le destin incroyable de cette jeune femme active, tombée malade il a dix ans d’une pathologie inconnue qui la rendu extrêmement sensible à la lumière naturelle et artificielle, comme celle émise par son ordinateur.
Les symptômes décrits allaient de l’inconfort à des sensations de brûlures de l’intérieur et sur l’ensemble du corps. Devant l’incapacité des médecins et spécialistes à diagnostiquer sa condition, Anna est partie vivre chez son petit ami, où elle s’est enfermée pendant presque dix ans dans le noir absolu, le seul environnement qui ne la faisait pas souffrir.
C’est dans une chambre close, sans lumière qu’elle a eu l’idée raconter son calvaire. Le manuscrit a été envoyé au printemps 2014 à la maison d’éditions Doubleday qui l’a tout de suite accepté et s’en est suivi le succès que l’on connaît.
Une histoire qui commence mal et qui se termine plutôt bien pour Anna puisqu’en novembre 2015 lorsque Ed Caesar la rencontre, sa condition s’est améliorée « de manière spectaculaire » au cours de l’année précédente grâce à un régime nutritionnel « miracle » conseillé par l’un de ses amis.
Il existe un seul problème pour le journaliste: Comment vérifier cette histoire qui repose sur des « faits » quand l’auteure a tout fait pour brouiller les pistes et empêcher quiconque de recouper ses propos.
Elle a utilisé « un nom d’emprunt et a éliminé tous les détails capable d’identifier les gens du livre pour respecter l’intimité des familles, des amis et associés » et même inventé le nom de la ville ou elle habitait.
Impossible de retrouver le médecin qui l’a ausculté pour la première fois sans pouvoir fournir de diagnostic, ou de retrouver cette thérapeute New Age qui l’aurait offensée en suggérant qu’elle serait à l’origine de sa propre condition.
L’auteure affirme ne pas souffrir du « syndrome Hannelore Kohl », emprunté à la femme de l’ancien premier ministre allemand qui s’est suicidée à cause d’une « hyper sensibilité à la lumière » et que les médecins finalement ont attribué à des facteurs psychologiques.
Quand elle décidé de se prostrer dans le noir, Anna Lyndsey n’a plus jamais consulté de spécialistes, frustrée de l’incapacité et du doute de certains professionnels sur sa condition. Il lui était également impossible de se déplacer à cause de la lumière du jour – même si de nombreux médecins affirment qu’ils auraient pu faire le déplacement une fois la nuit couchée.
Aujourd’hui presque guérie, Anna Lyndsey n’est pas intéressée à comprendre ce dont elle a souffert préférant s’en remettre à des explications plus spirituelles, voire ésotériques.
« Girl in the Dark est la narration affective d’une désolation émotionnelle, mais elle pose autant de questions qu’elle apporte de réponses »
Pourquoi tant de précautions autour de l’interview?
Pas de micro, pas de photos, pas d’entretien avec le conjoint, interdiction de révéler l’identité ou le lieu de vie de l’auteure.
Aucun scientifique ni spécialiste capable d’expliquer la condition de Mme Lyndsey à défaut d’avoir pu la consulter, et encore moins à l’aube de sa récente guérison. La seule possibilité d’explication semble être psychosomatique ce que l’auteure nie à 100%.
Tous les évènements relatés dans « Girl in the Dark » sont véridiques sauf que l’auteur a interdit quiconque d’essayer de se faire sa propre opinion pour préserver une histoire dont elle reste la seule maîtresse.
Et pour cause?