Ryan quitte la campagne de Trump
Paul Ryan, le porte parole des Républicains à la Chambre des Représentants vient d’annoncer ce matin qu’il ne défendrait plus Donald Trump durant les 29 derniers jours de campagne pour tenter de conserver la majorité dans les deux chambres du Congrès américain.
Il n’a ni annoncé qu’il lui retirait son soutien, ni avancé la victoire de Clinton mais ça reste catastrophique pour la campagne du candidat qui espérait sans doute avoir rassuré ses confrères après le débat d’hier.
Je suis un « gentleman » qui « respecte les femmes »
Les échanges étaient directs, personnels, et parfois violents entre les deux candidats hier soir, et malgré les attaques de Trump contre Bill Clinton, la présence de trois femmes qui ont accusé l’ancien président de viol, et les insinuations selon lesquelles Hillary aurait « violente » à leur égard n’a pas réussi à déstabiliser la candidate démocrate qui est resté posée, souriante, et ferme.
« Une femme compétente qui débat avec un homme qui n’a pas idée de quoi il parle » résume Matthew Yglesias dans Vox, « Trump n’a aucune idée du fonctionnement du gouvernement américain ni des politiques publiques ».
Le journaliste de citer une vidéo de Trump durant les Primaires républicaines face à Marco Rubio au cours de laquelle il est incapable d’expliquer son programme de réformes de l’assurance maladie.
Il n’a aucune idée de quoi il parle mais a tout de même essayé de rassurer les téléspectateurs en affirmant « avoir beaucoup de respect pour les femmes. Personne n’a plus de respect pour les femmes que moi » et en déclarant que sa rivale n’avait « que de la haine dans son coeur »,
Jeter sa rivale en prison
Trump a également promis une commission d’enquête spéciale pour juger à nouveau Clinton et la jeter en prison s’il le faut des propos qui relevaient plus « d’une république bananière que d’une démocratie ».
Le format du débat, un jeu de questions-réponses avec un panel de citoyens permettait aux candidats de se déplacer sur le plateau, ce que Trump n’a pas arrêté de faire tout au long des 90 minutes du débat, se tenant parfois derrière Clinton, lorsqu’elle prenait la parole, la pointant du doigt à plusieurs reprises a parfois mis mal à l’aise, surtout après les propos orduriers prononcés à l’encontre des femmes dans la vidéo diffusée ce weekend par le Washington Post.
The Guardian termine son analyse du débat de cette manière: « L’histoire devra vraisemblablement juger la première femme président à accéder à la Maison Blanche en s’imposant contre l’un des derniers grands porcs machistes »
Donald Trump a sans doute rassuré sa base en faisant du Trump mais il n’a pas pu convaincre les indécis, ceux dont il a besoin pour gagner les élections comme l’a signalé le commentateur républicain Neil Newhouse
Trump playing to his base. Reinforcing every voter who was already for him. 40% of the vote isn't going to be enough.
— Neil Newhouse (@KCkid) October 10, 2016
« Un moment profondément abject pour la politique américaine » selon le New York Times, « une grande victoire » pour Mike Pence, le colistier de Trump et ses supporteurs.
Pour le Los Angeles Times, un « débat médiocre » que le candidat républicain a terminé dans la « même mauvaise condition que celle où il avait commencé: Avec des Républicains inquiets de la trajectoire de sa campagne, et certains qui l’appellent à abandonner sa candidature ».
La décision de Paul Ryan de quitter la campagne de Trump ce matin ne fait que confirmer les inquiétudes du parti, et même si l’ancien colistier de Mitt Romney aux élections de 2012, a appelé ses collègues à « choisir ce qui est le mieux pour [eux] » d’autres parlementaires devraient vraisemblablement suivre sa décision.
Enfin un autre quotidien conservateur, le Birmingham News, le plus important d’Alabama, s’est rangé derrière Clinton: »
Les élections de 2016 ne sont pas normales et Donald Trump n’est pas un candidat normal, c’est un homme qui n’est pas absolument pas fait pour être président et elle le seul moyen de l’en empêcher.