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NY Times: Les séquelles psychologiques de la torture américaine

Le New York Times a publié ce weekend en une de son édition dominicale une longue enquête sur les ravages de la torture pratiquée par l’armée américaine un peu partout dans le monde dans sa guerre contre le terrorisme et donne pour la première fois la parole à ceux qui en ont été victimes

How U.S. Torture Left a Legacy of Damaged Minds

Mis en place à la suite des attentats du 11 septembre, le programme « d’interrogation poussée » de la CIA qui consiste à « priver les prisonniers de sommeils, les asperger d’eau glacée, les jeter contre un mur ou encore les enfermer dans boites semblables à des cercueils », a provoqué des séquelles psychologiques sur la moitié des 39 victimes que le quotidien a retrouvé et interrogé.

Des pratiques autorisées après que « des avocats du gouvernement et officiers du renseignement » se soient assurés qu’elles « n’auraient pas d’effets psychologiques à long terme. Quinze après, c’est clair qu’ils ont tort »

Capture d'écran du New York Times - "How U.S. Torture Left a Legacy of Damaged Minds" - Mohamed Ben Soud et les illustrations évoquant les traitements qu'il a subi
Capture d’écran du New York Times – « How U.S. Torture Left a
Legacy of Damaged Minds » – Mohamed Ben Soud et les illustrations évoquant les traitements qu’il a subi

Beaucoup de ces hommes ont été faits prisonniers sans chef d’inculpation pendant des mois, voire des années, comme la loi américaine l’autorisait à l’époque: « Soldats d’al Qaida et Talibans qui se sont avérés poser peu de risques, d’autres dont on a confondu l’identité et ceux directement impliqués dans les attentats du 11 septembre. »
Si la plupart ont été depuis libérés, certains restent marqués à vie.

Très peu de prisonniers n’ont reçu de diagnostic, ni traitement adéquat pour panser les dégâts causés par la torture durant leur incarcération

Un médecin présent dans la prison de Guantanomo explique avoir été en  « conflit entre le devoir médical vis-à-vis des patients et le devoir de [sa] mission en tant que soldat ».

Un ancien psychiatre militaire, Stephen Xenadis, affirme avoir diagnostiqué un cas de trouble de stress post-traumatique (PTSD) chez le plus jeune détenu de la prison cubaine, un jeune Canadien envoyé par son père chez les Talibans, arrêté et emprisonné à l’âge de quinze ans.
Sept ans plus tard, il présentait les mêmes symptômes que ceux qu’il avait observé quarante ans plus tôt chez les Prisoners Of War fraichement débarqués du Vietnam et mis en évidence dans les années 80 par The Veterans Administration, le Département des Anciens Conbattants des Etats-Unis.
Dans les années qui ont suivi, le professeur a rencontré d’autres anciens prisonniers qui souffraient également de PTSD, et à qui le New York Times donne la parole dans son reportage

La méthode d’interrogation validée par le Department of Justice en 2002 n’a jamais été considérée comme de la « torture », interdite par la loi américaine et internationale, alors qu’elle en possède toutes les caractéristiques.

Un rapport du Sénat daté de 2014 a d’ailleurs condamné des méthodes « brutales » et « inefficaces » utilisées pour extraire des informations ainsi que le recours aux menaces « d’exécuter des prisonniers, de s’attaquer à leurs enfants ou d’aller violer les membres de leur famille ».

Sans le reconnaître officiellement, la commission met en rapport les traitements de la CIA avec les hallucinations, dépression, paranoïa et autres symptômes développés ultérieurement par les prisonniers.
Ils ont également admis qu’un prisonnier sur quatre n’aurait jamais dû être arrêté ou a été mal identifié sans préciser leur nombre exact, estimé à plusieurs centaines d’individus incarcérés entre Guantanamo et les black sites de la CIA dispersés un peu partout dans le monde

Barack Obama a interdit les techniques d’interrogation au lendemain de sa première investiture, en 2009 et son administration a réduit le nombre de prisonniers à Guantanamo à 61 – ils étaient plus de 700 durant l’administration Bush.
20 d’entre eux vont être bientôt libérés, 10 doivent être jugés, et les autres sont trop dangereux pour être remis en liberté sans jamais avoir été inculpés

 

 

 

Published in A lire dans la Presse santé Société Washington