Grâce à une stratégie toujours plus sophistiquée du directeur de campagne de Trump, Steve Bannon, ancien rédacteur-en-chef de Breitbart News, le torchon conservateur, les infidélités de Bill Clinton sont revenues sur le devant de la scène politique et médiatique, tout comme l’affaire Kathy Shelton avec pour unique but: Discréditer et affaiblir Hillary
Le revirement de Trump sur Clinton et ses victimes
Donald Trump avait réuni dimanche avant le débat présidentiel trois femmes qui ont accusé dans le passé Bill Clinton de harcèlement et d’agressions sexuelles lors d’une conférence de presse plus que bizarre: Paula Jones, Juanita Broaddrick, Kathleen Willey
5. I say again "I was 35 when Bill Clinton Raped me and Hillary tried to silence me. I am now 73. It never goes away".
— Juanita Broaddrick (@atensnut) September 28, 2016
Les « victimes » n’ont pas abordé les faits reprochés à l’ancien président mais se sont plutôt attachées à encenser le candidat républicain et minimiser les conséquences de la vidéo dans laquelle il aborde les femmes dans propos orduriers.
Aucun inculpation n’a jamais été retenu contre Bill Clinton: L’affaire Paula Jones (harcèlement sexuel en 1991) a mené à la procédure d’Impeachment du président en 1998 et s’est soldée par le versement de 850 000 dollars à la plaignante; L’affaire Kathleen Willey (harcèlement sexuel en 1991) et enfin celle de Juanita Broaddrick qui a accusé en 1999 Bill Clinton de l’avoir violé 11 ans plus tôt, lorsqu’elle était volontaire dans la campagne du sénateur de l’Arkansas.
Le problème c’est que Trump a pris plusieurs fois la défense de Bill Clinton dans les années 90 et 2000 et attaqué celles qui lui en voulaient, notamment Paula Jones, une loser selon ses termes (ci-dessous).
Dans une autre interview avec Neil Cavuto de Fox News, il affirme à propos de l’ancien président, « ses victimes sont affreuses. il est lui-même une victime (…) Tout ce groupe, Monica Lewinsky, Paula Jones – C’est un groupe vraiment pas du tout attractif. Et je ne parle pas seulement de leur physique ».
Ce à quoi le journaliste répond: « Est-ce que ça aurait été différent si elles avaient été plus jolies? »
« Je pense que ça aurait plus agréable à regarder »
Il prend aussi la défense d’Hillary Clinton, qui « en aurait bavé plus que n’importe quelle autre femme » (ci-dessous)
Hillary Rodham et l’affaire Kathy Shelton
Plus intéressant est l’accusation de la quatrième femme, Kathy Shelton qui accuse la candidate d’avoir ruiné sa vie lorsqu’elle était adolescente dans une affaire de viol dont elle a été victime: « Elle m’a fait vivre une expérience qu’une jeune fille de douze ans n’aurait jamais dû traverser. Alors qu’elle dit qu’elle est pour les femmes et les enfants ».
L’histoire remonte à 1975 en Arkansas où la dénommée Hillary Rodham, avocate fraîchement diplômée, s’est vu assignée par la cour la défense d’un homme de 41 ans accusé du viol d’une jeune fille de douze ans, Kathy Shelton.
Ce dernier avait insisté pour être défendu par une femme et
Clinton n’a pas eu d’autre choix que d’accepter la décision du juge à l’époque, ce que ce dernier a d’ailleurs confirmé.
Dans une stratégie de défense « agressive », Clinton aurait demandé l’évaluation psychiatrique de la jeune fille qui lui a été refusé, et a réussi grâce à la perte de certaines preuves, à des suspicions sur le caractère de la victime, à la condamnation à seulement 10 mois de prison de l’agresseur, qui avait pourtant reconnu les faits.
Interrogé en 2007 par un journaliste de Newsday sur l’affaire, Kathy Shelton n’avait pas de rancunes contre Clinton, en reconnaissant qu’elle avait juste « fait son travail » en « représentant l’accusé ».
En 2014, c’est au tour du Washington Free Beacon, un site internet conservateur, de publier la demande d’examen psychologique faite par Clinton à l’époque, dont la victime n’avait jamais été mise au courant, et une interview enregistrée de Clinton discutant de l’affaire dans les années 80.
Trump a accusé dimanche soir Hillary Clinton d’avoir ri lors de cet interview, « ri du viol d’une jeune fille de douze ans » ce que Politifact a démenti en expliquant qu’elle moque la responsabilité du laboratoire d’analyse dans la destruction de preuves qui auraient du mener à la condamnation de l’agresseur et qui lui a offert en échange un accord favorable.
Le Daily Mail est revenu à la charge cet été avec une interview exclusive de
Kathy Shelton dans laquelle elle dévoile pour la première fois son identité, et essaye de jeter le discrédit sur le travail effectué par Clinton auprès des femmes et des enfants pendant des années.
Trump a utilisé « ces crimes sexuels » avec passion dimanche soir, et même encore une fois les accusations sont fausses ou infondées, il n’hésitera pas à s’en resservir avant la fin de la campagne.