Dans un article publié sur Buzzfeed News, en septembre dernier, le journaliste David Noriega s’intéresse à Brigitte Gabriel, « la leader la plus influente du lobby américain contre l’islam » qui « vous charmera » dit-il « avant de vous effrayer ».
Cette journaliste, auteur, conférencière, activiste d’extrême droite et islamophobe est née dans une communauté maronite du Liban au milieu des années soixante avant de connaître adolescente la guerre civile libanaise au cours de laquelle des militants islamiques l’auraient obligées, elle et sa famille, à se réfugier en Israël en 1978 pour émigrer aux Etats-Unis en 1989.
J’ai perdu le Liban, mon pays d’origine, à cause de l’Islamisme radical. Je ne veux pas perdre mon pays d’adoption, l’Amérique.
La rhétorique islamophobe de Brigitte Gabriel n’est pas nouvelle comme en témoigne cet article du New York Times daté de 2011 qui mentionne ses prises de parole devant des supporters du Tea Party: « l’Amérique a été infiltrée à tous les niveaux par des radicaux qui veulent frapper l’Amérique » qui « se sont radicalisés dans des mosquées radicales des villes et des communautés de notre pays ».
Déjà, à l’époque et à travers son association ACT! for America, elle est devenue l’une des voix les plus influentes « sur le circuit des détecteurs auto-proclamés du terrorisme qui affirment que les musulmans posent un immense danger » aux Etats-Unis.
Ce qui la singularise dans le champ de la lutte contre l’Islam, c’est une audience bien plus conséquente que ses confrères. ACT! for America créée en 2007 pour « promouvoir la sécurité nationale et enrayer le terrorisme » revendique 300 000 membres répartis en 1000 conseils à travers le pays.
La nomination de Donald Trump comme candidat républicain et sa rhétorique islamophobe, son refus du politiquement correct, ont donné davantage de légitimité aux propos de Brigitte Gabriel et de son association dans le paysage politique même si elle est considérée comme un hate group par des organisations de surveillance de l’extrême droite américaine.
L’un des membres du comité de direction de l’association, un vétéran de l’armée américaine, Michael Flynn, a d’ailleurs rejoint les rangs du candidat républicain au poste de conseillers en sécurité nationale.
Selon le Dallas Morning News, « le général favori de Donald Trump » affirme dans son dernier ouvrage, un New York Times best-seller, que l’islam est une idéologie politique cachée derrière une religion » et l’a même comparé à « un cancer ».
Les deux ouvrages à succès publiés par Mme Gabriel, Parce qu’ils haïssent et On doit les arrêter laissent peu de place au doute sur sa vision des musulmans dans la société: elle considère tous comme des radicaux.
Il n’y a pas de majorité de musulmans inoffensifs qui n’ont rien à voir avec l’Islam radical et des extrêmistes influencés par des organisations étrangères comme ISIS ou al Qaïda, les « musulmans ordinaires qui vivent parmi eux représentent une menace dissimulée » explique David Noriega.
Nos ennemis sont les voisins d’à côté, les médecins qui pratiquent dans nos hôpitaux, et les employés qui partagent notre déjeuner
L’organisation s’est récemment vantée d’être « la NRA de la sécurité nationale » et critique tous ceux qui l’a qualifient d’extrêmiste de « politiquement correct »: Elle et son organisation « ne sont pas contre l’islam. Nous sommes contre l’islam radical et l’idéologie politique derrière le terrorisme ».
Elle a qualifié l’intervention de Khizr Khan, le père de ce soldat américain musulman mort en Irak en 2004, qui a ouvertement critiqué Donald Trump durant la convention nationale démocrate au mois de juillet d’hypocrite: « Brandir la constitution est une fausse représentation puisque sa religion lui enseigne que les lois humaines doivent être supprimées et remplacées par celles du Coran ».
Une sombre affaire de viol sur une fille handicapée de 5 ans, vraisemblablement par trois mineurs réfugiés à Twin Falls dans l’Idaho a déclenché une hystérie collective entretenue par les rumeurs de nombreux sites d’infos conservateurs et orchestrée notamment par Act! for America, Brigitte Gabriel. De nombreux habitants ont dénoncé l’arrivée de ces réfugiés musulmans au sein de leur communauté, affirmé que « ISIS était présent » ainsi que « les frères musulmans ».
Jusqu’ici l’état avait eu peu de problèmes avec les immigrés, compte aussi d’un chômage très faible qui les a communautés réfugies à s’intégrer plus facilement. La fais divers et le passage Trump ont clairement changé la donne.